Un petit poème décrivant un champ de bataille après que Les Poètes Oubliés soient passés pour faire remonter le post:
Les doux corps calcinés consomment mes narines,
Cet encens enivrant de mort et de souffrance,
Avatars du malheur, de pêchés et d’épines :
Du fond de la terre montent des odeurs rances.
Les suaves chimères d’un monde utopique
Dansent et tournoient dans le triste sablier gris
Et chantent et hurlent ce refrain mélancolique :
« Tous ceux que nous aimions, vous nous les avez pris ».
Maintenant que la prompte Fortune a choisi,
Que reste-t-il alors des enfants orphelins,
Seuls au pied des dépouilles sales et moisies :
Mon Dieu ! puisses-tu leurs donner quelques séraphins.
Les flammes feutrées fascinent mon regard morbide,
L’ombre frénétique s’allonge sous mes pas,
Des cadavres grisés brûlent mes yeux acides,
Le spectre me poursuit comme un terrible appas.
Le sang flamboyant s’écoule nonchalamment
Et laisse sur les dalles anthracites, un lied
Teinté d’amertume, de larme, de déchirement :
Dans l’aube lourde et pénétrante, je m’assied.
La contemplation de ce maladif spectacle,
L’odeur perverse de ces livides reliques,
Laissent dans ma pensée, infranchissable obstacle,
Des images moroses, des senteurs apathiques.
J’étouffe, je me noie dans le noir brasier dansant,
Des sons amers et froids subliment mes pensées,
Sépulcrales, fauves, sauvages, grondants, incandescents,
Ils ôtent à mon âme la notion du passé.
Alisnas, Poète Suprême.