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 Sujet du message: Le Masque de Syhl.
MessagePublié: Dim 26 Juil, 2009 17:52 
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[Partie I - L'Aube]



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Un vent frais soufflait calmement cette nuit-là, lorsque Syhl sortit sur la terrasse qui bordait ses appartements.

La journée avait été chargée en travail, comme chaque jour que la jeune femme avait eu à vivre depuis que Stouf avait déposé les rênes du clan entre ses mains avant de se retirer, épuisé par des mois passés au service des siens. Plus de la moitié de la nuit s’était écoulée en lecture de rapports, rédaction de courriers, mise en place de stratégie, avant que la jeune cheftaine n’ait estimé avoir rempli ses obligations du jour et ne s’accorde un peu de repos avant d’enchaîner la journée suivante.
Désirant souffler un instant pour décompresser (sachant bien qu’elle ne saurait s’endormir immédiatement après une telle journée de travail) elle avait décidé de passer quelques instants sur sa terrasse, dans le calme de la nuit, profitant de la clarté de la pleine lune.

L’air frais qui l’enveloppa la surprit agréablement. Elle s’avança jusqu’à la balustrade et s’y appuyant, elle ferma les yeux, dénoua ses cheveux jusque-là étroitement emprisonnés en un épais chignon et les laissa flotter à leur guise, taquinés par la brise joueuse ; ce qui eut pour conséquence de libérer sa tête de la tension provoquée par le chignon, et de soulager quelque peu la migraine qui l’avait progressivement envahie durant la journée.
Elle ferma les yeux et laissa un instant ses pensées vagabonder, tandis que peu à peu les raideurs qu’elle ressentait dans la nuque s’estompaient.
Soudain, un genre de glapissement retentit dans l’air, la faisant rouvrir les yeux et se tendre à nouveau. Elle regarda dans la plaine qui se déroulait face à elle, au delà de la forteresse BITT, pour se rendre compte qu’elle assistait là à un spectacle des plus rares.

Trois loups gris semblaient se battre sous la lune. A y regarder de plus près, seuls deux d’entre eux, les plus petits, semblaient se chercher des noises, tandis que le troisième s’était écarté, comme désireux de partir, mais semblant attendre que les autres le suivent.
De toute évidence, ce dernier était un mâle dans la force de l’âge. Syhl devina que l’un des deux autres loups était une louve, plus claire, et plus petite ; mais de là où elle était, impossible de savoir quel était le 3e. Vu sa taille et son air craintif, elle supposa qu’il s’agissait d’un des petits de la louve… impression qui lui fut confirmée quand elle vit la louve qui tentait de rejoindre le mâle. Le troisième loup tenta de lui emboîter le pas, mais la louve se retourna en un éclair et gronda, en position d’attaque. Comme il ne se repliait pas assez vite, elle lui donna un coup de dent qui le fit glapir et bondir en arrière de quelques mètres, tête basse. Il essaya à nouveau de la suivre, à bonne distance cette fois, lorsqu’elle reprit son chemin ; mais elle ne se contenta pas d’un avertissement et se prépara à le charger sans ménagement…

Syhl observait les tentatives du louveteau avec un regard d’enfant, toute fatigue ayant brusquement disparu sous la magie de l’instant. Le jeune animal était parvenu à l’âge adulte et ne comprenait pas encore que sa voie était de partir de son côté fonder sa propre meute…

Finalement, après une énième approche du jeune, la louve se résolut à la sanction et chargea le louveteau, le bousculant sans ménagement, le mordant à plusieurs reprises, tant et si bien qu’il décampa en glapissant, la queue entre les pattes, allant se réfugier dans les bois à proximité. La louve, quand à elle, alla rejoindre son compagnon, et ils partirent à petites foulées dans la direction opposée ; et tandis qu’ils disparaissaient derrière la bâtisse BITT, sortant du champ de vision de la jeune femme, celle-ci murmura sans s’en rendre compte :

- " Alors, ma belle… te voila à nouveau libre… il n’est plus temps pour toi d’être Mère… ce temps reviendra à coup sûr, mais d’ici là… tu vas pouvoir à nouveau vivre pour toi-même… "

Vaincue par la fatigue, Syhl quitta sa terrasse et rentra en ses quartiers, et s’étendit sur sa couche, sombrant rapidement dans un sommeil profond et hanté par la vision d’un masque dans lequel brillaient deux yeux canins…




Au petit matin elle fut réveillée comme toujours par la jeune servante chargée de lui monter de l’eau pour sa toilette dès les premières lueurs du jour. Elle se leva difficilement, n’ayant dormi encore une fois que cinq petites heures, et remercia la jeune fille avant de la congédier pour se glisser dans son bain.

Comme chaque jour, elle s’accorda un petit quart d’heure de détente avant d’enchaîner sur la journée qui allait s’écouler à un rythme endiablé pour la mener jusqu’à tard dans la nuit.
Laissant la chaleur de l’eau l’engourdir, elle repensa à la scène de la veille, à cette louve qui avait quitté son petit, obéissant à sa nature, qui avait quitté sa vie de Mère pour revenir à sa vie d’Être…
Et brusquement…
Syhl envia cette liberté retrouvée…


Pour la première fois, elle écouta son corps lui crier sa fatigue par toutes les fibres de son être.
Pour la première fois, elle prêta attention à son cœur silencieux qui depuis si longtemps ne battait plus pour elle, mais pour les autres.
Pour la première fois, elle entendit son âme lui hurler son besoin de paix et de sérénité au milieu du chaos des données qu’elle avait à mémoriser pour son quotidien.

Pour la première fois, elle en eut assez.
Assez des crises à gérer, qu’elles soient d’ordres diplomatiques, internes, ou externes.
Assez de devoir porter le clan à bout de bras parfois, quand les choses se passaient mal ou échappaient à son contrôle.
Assez de devoir faire front continuellement, avec le sourire, quand bien même la haine la plus noire ou la colère la plus dévastatrice grondait en elle.
Assez de s’obliger à brider son avis, à taire ses opinions, à passer sous silence ses désirs, pour porter haut la parole de sa communauté.

Quasiment neuf mois s’étaient écoulés depuis que la jeune femme avait repris le clan, secondée avec brio par son amie Sonja…
Oh oui, une amie… fidèle et dévouée comme Syhl en avait rarement connue… elle s’était révélé un appui précieux et efficace pour la jeune femme, et sans elle, Syhl en était intimement persuadée, elle n’aurait pas réussi à diriger le clan et à l’amener là où il était aujourd’hui.

Neuf mois, déjà…
La coïncidence fit sourire Syhl. Elle avait porté ce clan à bout de bras… « porté »… au sens propre comme au figuré… comme neuf mois de gestation…
Peut-être que le temps de la Délivrance était venu pour la jeune femme ?
Peut-être était-il temps pour elle de se retrouver, et comme la louve, quitter ce rôle de protectrice pour revenir à sa vie d’individu…
Quitter la vie publique pour reformer sa sphère privée…
Quitter la place publique et retrouver l’anonymat…
Oui, il était temps…



Syhl sortit du bain. Sa résolution était prise.

Il lui faudrait agir en douceur, prévenir les uns, rassurer les autres… Faire comprendre ce besoin de se sentir vivre à nouveau, de pouvoir s’épanouir et exister pour soi… démentir toute rancœur et toute impulsivité… et permettre à celui, celle (ou ceux ?) qui reprendrait sa place de le faire sereinement, sans être la cible d’à-priori ou de jugements hâtifs… préserver jusqu’à la dernière minute ce pourquoi elle avait dépensé neuf mois de sa vie sans compter : le bien-être des siens et l’existence de son clan.

Mais elle était confiante.

Elle passa un fin peignoir et s’approcha de sa glace, se contemplant dans la psychè de sa chambre. Elle posa sa main sur le masque rouge qui couvrait toujours son visage… puis d’un mouvement souple elle l’ôta… révélant un visage torturé, couturé de cicatrices et de plaques, à l’aspect rugueux et horrible … un visage de cauchemar dans lequel étaient comme sertis deux yeux gris clairs…
Elle repensa à sa souffrance, d’abord physique, mais morale aussi, lorsque son ennemi de toujours, Lunerousse, l’assassin alors au service des Sylves, l’avait agressée en ses quartiers et lui avait pris ses traits… Elle ne pourrait jamais oublier cette humiliation d’avoir été surprise en ses quartiers, puis l’horreur et la folie qui avaient failli l’emporter quand, une fois les plaies en surface refermées, elle avait osée affronter un miroir et son propre regard sur elle… Horrifiée, perdue en se reconnaissant – ou ne se reconnaissant pas – dans le miroir, elle s’était raccrochée à ce masque comme à une bouée… elle l’avait d’abord haï, comme symbole de sa souffrance… puis peu à peu, s’était attachée à cet objet qui la définissait aujourd’hui et par lequel elle était connue et reconnue… Il était devenu sa marque… comme si Syhl, sans masque, n’était pas vraiment Syhl… comme si il était devenu une légitimité à son existence…

Elle reposa le masque sur ce qui restait de ses traits. Un jour peut-être viendrait où elle aurait la force de l’enlever définitivement. Mais pour l’instant, il n’était pas encore temps. Ce qu’elle allait accomplir ce jour allait bouleverser son existence déjà, elle avait besoin d’être entière, d’être elle-même… et pour cela elle avait encore besoin de son masque…


Tandis que les premières lueurs du jour s’affirmaient, la jeune guerrière achevait de s’habiller et de se préparer. La journée allait être longue et rude, certainement douloureuse aussi, lorsqu’elle mettrait en ordre ses papiers, ou lorsqu’elle ferait face à la tristesse de ceux qui ne comprendraient pas son geste… elle savait qu’elle ne pourrait pas empêcher ses propres larmes de couler lorsqu’elle prendrait conscience enfin de la signification de tout cela… neuf mois… mais quelle est la Délivrance qui ne provoque pas un peu de souffrance ?

....

Les dernières flammes des lampes achevèrent de se consumer lorsque la jeune femme franchit enfin le seuil de ses appartements, et la porte se referma sans bruit, provoquant un déplacement d’air qui vint souffler la dernière lueur rougeâtre qui émanait encore de la torchère proche de la porte.

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Dernière édition par Syhl le Dim 26 Juil, 2009 18:15, édité 1 fois au total.

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MessagePublié: Dim 26 Juil, 2009 17:53 
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[ Partie II - La transaction ]


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Le jour commençait à tomber sur le royaume humain.
En cette fin d’après-midi, les habitants achevaient de démonter leurs étals sur la place du Marché où s’était tenue la traditionnelle foire du Printemps.


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La fête avait battu son plein pendant près de trois jours, et la fatigue se faisait maintenant ressentir de part et d’autre. La fin officielle de la manifestation avait été marquée par l’embrasement d’un immense bûcher la veille, pour brûler une effigie de tissu sensée représenter l’hiver et ses souffrances, et toute la nuit avait retenti des cris, chants et danses qui eurent lieu autour de ce brasier. Le réveil avait été long et difficile pour tous le lendemain ; malgré tout, les participants, encore nombreux, étaient tenus de nettoyer maintenant la cité pour que la vie puisse reprendre son cours normal.

Et sur la place du Marché, l’activité était importante. Les yeux bouffis de sommeil, les commerçants et artisans s’occupaient qui à emballer ses marchandises invendues, qui à nettoyer son emplacement, qui à charger une charrette pour le retour. Dans cette fourmilière qui tournait au ralenti, personne ne prêta attention aux deux silhouettes qui traversèrent la Place et allèrent se perdre dans les petites ruelles conduisant aux entrepôts situés en arrière.


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Ces deux silhouettes, l’une svelte et grande, l’autre maigre et voûtée, mais toutes deux couvertes d’une cape et le visage couvert par une lourde capuche, avancèrent en silence, se frayant un passage au milieu des tonneaux éventrés, des déchets au sol et des étals démontés. Plus elles s’enfonçaient vers le quartier des entrepôts, plus le brouhaha de la Place s’estompait. Lorsque le silence fut enfin complet autour d’elles, elles quittèrent la sombre ruelle pour s’enfoncer sous un porche, et restèrent un instant pour échanger quelques propos. La silhouette droite restait quasi immobile, ne faisant qu’un minimum de geste, tandis que son interlocuteur semblait se courber exagérément à chaque échange.
Après un geste d’agacement, une main blanche et fine sortit de sous la cape de la silhouette immobile, tenant une bourse qu’une main sale et rude s’empressa de prendre et dont elle ouvrit les cordons pour en vérifier le contenu. Apparemment insatisfaite du résultat, cette main se tendit vivement et avec menace vers la silhouette droite, et simultanément, on vit émerger un peu de la cape de la silhouette droite non pas une, mais trois fines lames de métal qui se pointèrent vers la main exigeante, laquelle se réfugia instantanément sous la cape de son propriétaire…
Après une nouvelle courbette inutile, la silhouette maigre quitta le refuge du porche et s’enfonça plus avant dans la ruelle sombre, tandis que son interlocuteur tournait la tête vers elle pour surveiller son départ. Puis elle pivota pour quitter à son tour la ruelle par son autre extrémité ; et quiconque se serrait trouvé dans la rue aurait pu entr’apercevoir, au niveau du trou sombre de la capuche que portait cette silhouette, un œil… un œil vif, un œil d’une couleur gris clair rappelant celle de l’opale, un œil entouré par un morceau de tissu rouge…

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MessagePublié: Dim 26 Juil, 2009 17:54 
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[Partie III - L’attente]


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Syhl rentra dans la misérable chambrée qu’elle avait louée pour la semaine au royaume humain. Elle déposa sa lourde cape sur une chaise, secoua un peu la tête pour laisser ses cheveux se remettre en place, puis alla s’étendre sur le lit, faute d’autre meuble dans la pièce pour s’y poser.
Déjà deux jours qu’elle était rentrée au royaume et qu’elle parcourait la cité en tout sens, passant dans des lieux plus ou moins bien fréquentés de la ville, distribuant des piécettes à droite et à gauche en quête d’un renseignement… deux jours de recherches qui avaient finis par payer, puisqu’elle avait fini par obtenir un rendez-vous avec un intermédiaire influent au sein de la plus importante confrérie des voleurs et brigands du royaume. Personne mieux que cet homme pourrait lui donner le renseignement dont elle avait besoin pour accomplir ce qu’elle s’était juré de faire. Elle l’avait payé la moitié de la somme convenue, pour avoir la garantie qu’une réponse lui serait faite, et devait attendre maintenant qu’on la contacte à nouveau.

Attendre… rien n’avoir à faire d’autre qu’attendre…
La jeune femme savoura l’instant.


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Il y avait une dizaine de jours maintenant qu’elle avait quitté toutes ses fonctions officielles au sein du clan, et chaque jour qui passait loin du tumulte des affaires lui offrait un nouveau souffle, lui rendait cette paix intérieure à laquelle elle avait tant aspiré. Ne plus s’occuper que de soi était une re-découverte pour la guerrière, qui pouvait enfin se consacrer à une promesse qu’elle s’était faite bien des mois auparavant… lorsque sa vie avait basculé dans l’horreur… lorsqu’un assassin nommé Lunerousse lui avait volé son visage, lorsqu’il avait emporté avec lui sa beauté et sa dignité…
La promesse de le retrouver et de lui faire payer ce qu’elle considérait presque comme un viol de sa vie…
Maintenant qu’elle avait du temps à revendre pour s’acquitter de son serment, pour s’atteler à sa vengeance… maintenant que le processus était en marche et qu’il ne restait plus que quelques heures, quelques jours au pire, à tenir, avant qu’elle n’obtienne réparation… La jeune femme avait du mal à contrôler son impatience… Pourtant elle ne devait rien précipiter, au risque de tout gâcher au dernier moment.
Il lui fallait juste... attendre… Flash Back.

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MessagePublié: Dim 26 Juil, 2009 17:59 
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[Partie IV - La Malle]


LuneRousse a écrit:
... Nombreux furent les convois partant en colonne des campements Born In The TearDrop et se dirigeant lentement en direction du Mur Noir. L’un d’eux fût stoppé par la cassure soudaine et inhabituelle d’un essieu.
Longue fut l'attente et laborieuse la décharge des sacs, caisses et tonneaux pour faciliter la réparation.
Nul ne remarqua non plus une malle déjà présente sur les lieux de l’incident, légèrement en retrait dans l’ombre des fougères


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Après de longues heures, les humains s’attelant à recharger le véhicule furent attiré par le passage d’une nuée de mésanges, portant ainsi leur attention sur l’objet.
Les boucles ornementées du seau des Born In The TearDrop et portant en gravure le nom de SYHL confondit la vigilance BITT à contrôler son contenu et celle-ci fût aussitôt chargée avec l’ensemble.
Le voyage se termina dans les appartements dédiés à la dignitaire et Abred attendit patiemment l’absence de ses porteurs pour s’en extraire et se glisser dans les voilages de l’imposante literie. Il ne bougea plus, limitant sa respiration à son stricte minimum vital. Il ferma alors les yeux et se mit en Etat de Veille...



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Syhl a écrit:
La jeune femme parcourut seule les sombres couloirs de la résidence BITT avec lenteur et délices. Un énième réunion venait de s'achever; il était tard, et la diplomate avait eu une journée chargée, une de plus...


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Elle poussa la lourde porte qui fermait les appartements des dignitaires, traversa un ultime couloir éclairé par des torchères, salua les gardes de faction qu'elle croisa, et s'arrêta enfin face à ses appartements.
Elle y entra, repoussa la porte et s'y adossa en soupirant d'aise.
Chez elle.
Enfin.
Syhl étira son dos douloureux en traversant la pièce richement meublée.
Bien ses malles avaient été déposées dans sa chambre... parfait.
Elle alla vers le lourd paravent en bois sur lequel une fin déshabillé en coton blanc avait été négligemment jeté. Elle passa derrière et délaça son corset de velours noir, puis elle dégraffa sa robe de velours vert et la laissa glisser à ses pieds, ainsi que ses deux bas noirs. Elle délaça la lanière de cuir qui maintenait un fin stylet dissimulé sur sa cuisse. Elle prit ensuite le déshabillé en coton qu'elle enfila.
La diplomate BITT alla s'asseoir à sa coiffeuse et dénoua le lourd chignon qui maintenait ses cheveux, qui retombèrent en cascade sur ses épaules.
Puis elle se releva et alla s'allonger sur son lit.


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Elle contempla la pièce paresseusement, le sommeil commençant à la gagner, lorsqu'elle aperçut une malle dont l'aspect ne lui était pas connu... une malle qui, visiblement, ne lui appartenait pas...

 
 

LuneRousse a écrit:
... L’attention que porta Syhl sur la malle fit aussitôt ouvrir les yeux de l’assassin et son instinct meurtrier prit très vite le dessus sur l’instinct de survie de la diplomate.
Il pointa un index armé d’une longue et fine pointe empoisonnée qu’il enfonça aussitôt dans sa nuque. La paralysie fut instantanée.
Sans pouvoir émettre le moindre son, le regard figée devant elle, elle se fit allongée sur le lit par Abred qui prit soin de bien écarter jambes et bras.
La dignitaire BITT respirait encore quand il sortit une imposante paire de ciseaux aux formes étranges ainsi qu’une petite boite contenant un pigment rouge.
Il marqua alors un trait continu sur son corps comme pour délimiter le verso d’un recto.
Incisant dans un premier temps au niveau du visage il découpa soigneusement en suivant sa funèbre ligne jusqu’à en faire le tour complet.
Elle ne respirait plus…
Il fallait faire vite. Il plia la peau et quitta les lieux pour rejoindre un bivouac plus au sud. Là, un chaudron bouillonnant l’attendait. Il gratta soigneusement la graisse et les lambeaux de chairs de Syhl. Il lava et malaxa l’ensemble dans l’eau chaude savonneuse puis rinça le tout avec soins.
Il fixa la peau en la clouant sur un cadre de fortune en bois et la sécha devant les flammes ardentes du feu toute la nuit, puis le jour, puis la nuit.
Patiemment, il se constitua une seconde peau avec celle de la guerrière qu’il s’appliqua , ajusta et modela par l’herbe sèche et l’argile sur sa cuirasse, renforçant ça et là avec des lanières de cuir la fragile membrane.
Le leur ainsi constitué, il prit la direction d’une plaine et retrouva rapidement la trace de sa véritable cible.
Il se faisait nommer le bourreau du Lorndor.
Quand il crut apercevoir dans la pénombre crépusculaire les traits familier de l’humaine il baissa sa vigilance naturelle de prédateur quelques instants. Avant qu’il ne comprenne et ne réagisse, Abred le frappa par trois fois, lui tranchant gorge, ventre et attributs faisant de lui un mâle.
Il se dit qu’on ne retrouva que son tronc… nul ne sait encore ce qu’il advint du reste de sa dépouille.

 
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Syhl a écrit:
Epilogue.
 
Lorsque la jeune femme mourrut, au paroxysme de la douleur, elle se sentit transportée par un souffle d'une puissance peu commune...
Un voix lui parvint... forte, grave et apaisante...
La voix des Ombres...
" Renais, jeune guerrière... reviens à la vie... pour te venger de l'affront qui te fut fait... pour venger ton frère tombé comme toi... je te rends la vie... mais tu ne pourras laver l'affront que te fit ton agresseur que dans son sang..."
Syhl rouvrit les yeux, péniblement... quelqu'un (ou quelque chose?) l'avait amenée en son royaume, où elle fut soignée.
Elle se remit de ses blessures, làs, son beau visage serait à jamais défiguré...
Les paroles mystérieuses lui revinrent en mémoire... elle pouvait retrouver sa beauté...
Mais pour cela...
Quelques jours plus tard, une jeune femme étrange quitta le royaume. On la sentait animée d'une détermination calme et froide. Cette jeune femme donnait l'impression d'être vraiment belle... mais un masque couvrait son visage...
Elle leva le poing vers le ciel, fixant un point vers l'horizon...
Quiconque passant près d'elle aurait pu l'entendre murmurer:
  • " A très bientôt... où que tu sois..."

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MessagePublié: Dim 26 Juil, 2009 18:00 
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[Partie V - Le môme]


Le gamin l’avait surprise dans une taverne relativement bien fréquentée (enfin, au regard de toutes les tavernes par lesquelles elle était passée les jours précédents) du quartier sud de la ville. Sale, couvert de haillons d’une couleur indéfinissable, il s’était approché d’elle avec cette assurance qu’ont les gamins de la rue, et s’asseyant en face d’elle comme si de rien n’était, il avait tendu la main avec insistance.


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Un peu perplexe, mais s’attendant à tout de ce genre de gamins, elle l’avait envoyée bouler sans lui prêter vraiment attention ; mais il était resté assis sans broncher, et son immobilisme avait surpris la jeune femme, qui avait interrompu son maigre repas et l’avait attentivement observé.

Sur le poignet de la main qu’il tendait, ouverte, Syhl avait vu un genre de marque faite au fer rouge… une marque qui l’alerta immédiatement… c’était cette même marque qui devait lui permettre d’identifier son contact à venir.
Une conversation à mi-voix s’était alors engagée entre les deux personnes.

- " Toi ? T’es pas un peu jeune pour ce genre de chose, dis-moi ? "
- " Y a pas d’âge pour gagner des ronds, Dame. "
- " Bon… je t’écoute. "
- " Tatata. Vous raquez d’abord. "
- " C’est ça, oui. Puis tu vas filer dans la rue, avec mon renseignement, et je vais me retrouver comme une idiote. "
- " Si vous payez pas, c’est c’qui va aussi s’passer, Dame. Vous z’aurez juste économisé 8 sous."


Elle avait considéré la maigreur de l’enfant, et ses yeux attentifs avait cru déceler des traces de coups sous la crasse de sa peau. Il ne devait pas avoir une vie facile dans ce genre de milieu. Elle avait décidé de ne pas insister et avait sorti la somme convenue, la posant sur la table dans une petite bourse sur laquelle la main de l’enfant s’était vivement refermée avant de la glisser dans ses haillons. Puis il lui avait tendu un morceau de papier aussi sale que lui, plié en quatre, qu’elle avait consulté, ses yeux s’agrandissant sous la surprise ; puis à son tour elle l’avait vivement empoché.
Elle s’était levée de table rapidement, l’excitation la gagnant, en jetant la loque qui lui servait de serviette sur les genoux de l’enfant.

- " Merci pour le service, gamin. Reste là et finis-moi ce repas, il est déjà payé, autant qu’il ne soit pas gâché. "

Elle allait sortir lorsque le gamin l’avait retenue par la manche, un peu hésitant.

- " Dame, z’avez été chic avec moi… j’vais vous dire c’qu’ON m’a dit en me donnant vot’commission. "
- " Oui ? "
- " Sa nature. "
- " Hein ? "
- " Faites gaffe à sa nature. C’est c’qu’ON a dit. Qu’vous alliez avoir du mal avec sa nature. "


Elle avait sourit froidement mais sans méchanceté à l’encontre de l’enfant.
- " Sa nature, je la connais… c’est un monstre, un assassin sans pitié et sans cœur… je l’ai déjà vu à l’œuvre à plusieurs reprises… mais merci quand même. "

Puis elle était sortie de la taverne.

Et maintenant elle courrait à perdre haleine, enchainant rues, ruelles et avenues alors que la nuit commençait à tomber.
Au royaume !
Il était là, dans le royaume !
Encore plus près que tout ce qu’elle aurait pu espérer… elle n’aurait qu’à étendre la main pour l’atteindre, qu’à refermer sa griffe sur lui pour le broyer, pour le détruire, pour lui infliger les mêmes douleurs et les mêmes horreurs que celles qu’elle avait vécues cette nuit là, et les jours suivant…
Son sang…
Rien ne pourrait plus l’apaiser dorénavant que la vue et l’odeur de son sang se mêlant à la poussière du sol…

Elle se précipita vers l’auberge où elle avait loué la chambrée. A quelques minutes d’y être, elle arrêta sa course et acheva le trajet en marchant, en tâchant de maîtriser les battements désordonnés de son cœur dans sa poitrine.
Et de retrouver ses esprits, car aujourd’hui plus que jamais elle se devait de garder les idées claires si elle voulait que son plan réussisse.

Rapidement les premières questions vinrent. Combien de temps disposait-elle pour agir ? Et que faisait-il au royaume humain, d’ailleurs ? Quel projet avait-il encore manigancé en ces lieux ?
Une légère moiteur apparut sur ses tempes… se pouvait-il… se pouvait-il qu’il ait eu vent de son plan et qu’il soit là pour elle… comme une ultime fanfaronnade ? Connaissant son penchant pour les défis et les situations extrêmes, oui, c’était bien possible… Elle allait devoir redoubler de prudence…

Syhl entra calmement dans l’auberge et alla récupérer ses affaires, avant de redescendre régler le solde de son séjour. Ces quelques préparatifs permirent à la nuit de s’installer complètement, et c’est dans une relative pénombre qu’elle sortit et se mit en quête de parcourir la distance qui la séparait du quartier nord, là où normalement son objectif devait se trouver… si on ne s’était pas moqué d’elle.

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MessagePublié: Dim 26 Juil, 2009 18:02 
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[Partie VI - La Traque]



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Après avoir marché près de vingt minutes, elle atteignit enfin les faubourgs des quartiers nord. Maintenant commençait réellement sa chasse. Se souvenant des mots inscrits sur le papier, elle se dirigea vers une chose qui avait du être autrefois un parc entretenu, mais qui avait peu à peu perdu de sa superbe en cédant du terrain aux taudis construits aux alentours qui avaient peu à peu grignoté son espace, de sorte qu’il n’en restait plus maintenant qu’une vague zone verte plantée et en fouillis, au centre de laquelle elle savait trouver les restes en ruine d’un petit bassin d’ornement. Syhl entra sous le couvert des arbres, et ne fut bientôt plus visible de la rue.
C’est à proximité de ce terrain que Lunerousse avait été vu, selon les indications qu’on lui avait fourni. La jeune femme se dit que le parc faisait un bon point de départ dans ses recherches, lorsque, prête à déboucher au centre du parc, elle aperçut une silhouette sombre assise, enveloppée d’une cape brune, sur le petit parapet à demi effondré du bassin d’ornement…

Son cœur dut se figer dans sa poitrine, car tout le sang se retira de ses veines. De là où elle était, il lui était impossible de jurer de l’identité de cette silhouette… mais quelque chose au fond d’elle sut à ce moment là que c’était lui.
Enfin.


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Face à elle… et vulnérable.
Syhl se força à prendre trois grandes respirations tremblantes pour reprendre le contrôle de ses nerfs qui commençaient à être gagnés par une fureur aveugle. L’assassin allait sûrement être sur ses gardes, plus que jamais, car il était en plein royaume des Hommes…
Elle déposa silencieusement les affaires qui pourraient la gêner, ôta sa cape qu’elle laissa dans les fourrées, puis elle entreprit de contourner son objectif par la droite, de façon rester le plus longtemps possible sous le couvert sombre des arbustes, et d’arriver dans le dos de Lunerousse. Elle s’efforça d’avoir une démarche souple et silencieuse, tel un chat, pour ne risquer de faire craquer aucune brindille sous son pied. Rien ne devait alerter la victime que son bourreau approchait.

Arrivée à moins de dix mètres de lui, elle s’arrêta. Elle pouvait maintenant détailler précisément la vêture de la personne qui lui tournait le dos, et lorsque cette dernière tendit le bras pour toucher l’eau du bassin, elle reconnut sans peine l’armure de cuir et surtout, le gant droit de l’assassin… ce gant qui l’avait touchée, qui avait meurtri sa chair et étouffé ses cris de douleur tant de fois…
La jeune femme était coincée ; elle ne pouvait faire un pas de plus sans sortir de la pénombre, car la Lune, pleine ce soir là, éclairait la scène d’une lumière blanche et forte. Tandis que Syhl réfléchissait, cette lumière s’atténua brusquement et la scène fut plongée dans l’obscurité… Levant la tête, elle vit qu’un imposant nuage venait de couvrir l’astre, et vu la lenteur de son déplacement, elle comprit qu’elle tenait là sa chance…

Elle se ramassa sur elle-même, concentrant son énergie pour la libérer en une seule action… les griffes sorties…
Et dans un silence impressionnant…
Elle bondit.
Elle atterrit dans le dos de l’assassin, les griffes plantées dans ses épaules, cherchant à faire le maximum de dégâts au niveau de ses bras, pour handicaper toute riposte à venir.
Lunerousse dut sentir venir l’attaque au dernier moment, car il essaya de se lever... mais trop tard. Sous la violence de l’impact, il bascula en avant, entraînant Syhl à sa suite, et tout deux tombèrent dans le bassin.


Image


Syhl se dégagea de l’assassin, et se redressa le plus rapidement possible. L’assassin fit de même, un peu gêné par sa cape mouillée et alourdie, et Syhl se prépara à recevoir un assaut… qui ne vint pas. Peut-être l’avait-elle sérieusement blessé ? En tout cas, l’effet de surprise était maintenant passé. Elle allait devoir donner le maximum d’elle-même… quitte à y laisser la vie une bonne fois pour toute.

Elle se stabilisa sur ses pieds et d’une impulsion, elle bondit pour essayer d’atteindre le cou de l’assassin d’un coup de griffe. Celui-ci contra son attaque à l’aide d’une dague apparue comme par magie en ses mains, immobilisant ses griffes en l’y coinçant. Les deux adversaires étaient au corps à corps, proches comme jamais ils ne l’avaient été. Syhl pouvait sentir le souffle chaud et rapide de Lunerousse sous l’effort, mais dans l’obscurité elle ne put qu’imaginer le sourire de défi que son visage devait arborer, comme c’était le cas à chacune de leurs rencontres.
Du coin de l’œil la guerrière vit un mouvement et se jeta en arrière, devançant le mouvement de la main restée libre de l’assassin, mais pas assez vite cependant pour l’empêcher de se refermer sur le fin tissu de velours rouge qu’elle avait sur le visage et qui fut arraché dans le mouvement, révélant le visage de la guerrière… un visage à la peau blanche et lisse, aux contours purs… un visage parfaitement normal

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MessagePublié: Dim 26 Juil, 2009 18:06 
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[Partie VII - Révélations]


Car Syhl avait retrouvé ses traits… cela lui était arrivé en plein sommeil, quelques jours auparavant… une brusque bouffée de chaleur l’avait envahie, comme un feu intérieur qui l’avait consumé en quelques minutes, et elle se souvenait d’avoir eu un genre de rêve éveillé dont elle avait été incapable de se rappeler le lendemain matin… la seule preuve qu’elle n’avait pas tout imaginé, elle l’avait eu ce matin là, en se contemplant dans le miroir… en voyant son visage qui lui était revenu… sans aucune explication… intervention divine ? Miracle ? Sorcellerie ? Aucune idée… autant de questions qui restaient sans réponses…
Pour quelle raison avait-elle gardé cela secret ? Pourquoi n’en avait-elle pas parlé aux siens, à ses amis, pas même à son époux ? Elle n’aurait pas pu le dire… Elle s'était sentie comme nue, à contempler son visage, à toucher cette peau qui était la sienne et dont elle n'avait plus l'habitude... Ce masque, symbole de sa souffrance, avait fini par devenir un bouclier pour la jeune femme... mais aussi une arme... bon nombre de ses interlocuteurs avaient été troublés au premier regard en se heurtant à un visage rendu inexpressif par le velours rouge... ce masque était devenu sa force et lui avait donné l'assurance nécessaire à son rang lorsqu'elle s'était jetée à corps perdu dans le grand Jeu de la Diplomatie.
Et c'est pourquoi elle avait continué à le porter, par habitude, mais aussi parce qu’elle ne se sentait pas prête à exposer à nouveau son visage à la foule, comme si ôter ce morceau de tissu allait définitivement la rendre plus vulnérable…

Et c’était là la seconde raison de sa quête obstinée à retrouver l’assassin… non seulement pour lui faire payer, pour assouvir et calmer cette haine et cette rage qui grondait en elle depuis si longtemps… mais aussi pour tenter d’obtenir des réponses concernant le retour miraculeux de son visage… car elle savait que, pour une raison ou pour une autre, cela avait un rapport avec Lunerousse… comme tout ce qui avait put lui arriver d’étrange ou de terrible dans sa vie.



Reprenant ses esprits, elle se tint un instant immobile, blessée dans son amour-propre, dans cette espèce de pudeur faussement froissée de se sentir ainsi dévoilée, et, grondant, elle se jeta à nouveau sur Lunerousse, qui accueillit son attaque en la parant, les poings croisés au dessus de sa tête. Lui attrapant le poignet, il lui tordit légèrement le bras droit pour l’obliger à mettre un genou à terre, ce qu’elle fit en laissant échapper un petit cri de douleur ; mais s’appuyant sur le sol à l’aide de son autre main, elle lança l’autre jambe en un mouvement circulaire qui cueillit l’assassin au niveau des jambes, lui faisant perdre l’équilibre et tomber à nouveau à la renverse sur le fond du bassin dans une gerbe d’éclaboussures.
Profitant de l’occasion, elle bondit sur lui, tombant à genoux sur lui pour l’empêcher de se relever, et dans un cri de triomphe, elle leva la main pour lui porter le coup de grâce…
Lorsque soudain, un rayon de lune vint se poser juste sur le visage de l’assassin…
Et une petite voix enfantine résonna soudain dans la tête de la jeune femme, se répétant encore et encore à mesure que son esprit comprenait enfin le spectacle qu’elle avait sous les yeux…

" Faites gaffe à sa nature. C’est c’qu’ON a dit. Qu’vous alliez avoir du mal avec sa nature. "
" Faites gaffe à sa nature. C’est c’qu’ON a dit. Qu’vous alliez avoir du mal avec sa nature. "
" Faites gaffe à sa nature. C’est c’qu’ON a dit. Qu’vous alliez avoir du mal avec sa nature. "
" Faites gaffe à sa nature… "


Syhl avait devant elle les traits de Lunerousse…
Des traits humains.


Image

 
Elle eut un vertige en comprenant enfin la signification de l’avertissement.
Lunerousse n’était plus un elfe... mais un être humain… un membre des Hommes…
La surprise, l’incompréhension, le choc paralysait la jeune femme, qui resta un long moment ainsi, à genoux, ses cheveux humides collés le long de son visage, cherchant à reprendre son souffle, les yeux agrandis par la stupeur, les griffes toujours prêtes à se planter… face au visage serein et souriant d’un Lunerousse humain, terriblement humain, horriblement humain même, visiblement ravi de l’effet produit…

Syhl, assommée, laissa retomber ses mains mollement, ses griffes trempant dans l’eau du bassin, une plainte comme un sanglot s’échappant de ses lèvres. Puis, se laissant tomber sur le côté, elle s’assit à côté de l’assassin, secouant la tête comme pour réfuter ce qu’elle voyait.
Libéré, Lunerousse se releva, ce qui la fit reculer un peu, comme terrifiée par lui, mais il ne chercha pas à l’attaquer. Bien au contraire, il s’adressa à elle en souriant.

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MessagePublié: Lun 14 Déc, 2009 21:29 
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[ Partie VIII – Entretien ]



- "Je dois dire avoir douté un instant de votre venue… noble ennemie..."


Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre, et dans sa tête régnait l’incompréhension la plus totale. Toujours assise dans la faible épaisseur d’eau du bassin, elle considérait le visage de celui qu’elle avait traqué jusque dans ses rêves, avec un mélange d’horreur et de fascination.

Ces traits tant haïs n’étaient pas si différents aujourd’hui que ceux d’hier. Si la lune n’avait pas éclairé la scène au moment fatidique, jamais elle n’aurait pu se rendre compte de la transformation dans la semi-obscurité.
Plus que tout, c’était ça qui la faisait frémir. Elle qui avait toujours combattu les elfes, qui avait mis toute son énergie pour les anéantir, elle qui avait repoussé de toutes ses forces cette race infâme et fourbe, responsable de tant de malheurs dans sa vie…

Voila qu’elle avait devant les yeux deux visages du même être, deux visages en théorie différents…
et qui se superposaient pourtant parfaitement…
elfe, humain…
qui se fondaient l’un sur l’autre…
humain, elfe…
qui s’épousaient…


- "Et bien, vous voilà bien silencieuse… Ne restez pas ainsi dans l’eau, vous pourriez prendre froid… "


Toujours souriant, il pointa du doigt l’eau de la fontaine croupie tout en en secouant ses mains gantées de cuir pour tenter d’évacuer l’eau témoin de sa brève chorégraphie avec l’humaine, puis tendit la main vers elle.

Syhl frissonna et recula sur les mains pour se mettre hors de portée de l’assassin. Elle se releva d’elle-même, toujours tremblante, mais la surprise n’était plus responsable de son état. La vue d’un Lunerousse humain, tel l’apparition blafarde d’un fantôme, avait fait vaciller pour un instant ses convictions les plus profondes, et cela lui avait permis de retrouver cette rage froide et dévastatrice qui l’avait habité depuis des mois. Rage renforcée par cet instant de faiblesse qu’il avait, une fois de plus, réussi à provoquer chez elle.

Elle se redressa aussi dignement que la lourdeur de ses vêtements gorgés d’eau le lui permit, et planta son regard dans celui de l’assassin, qui laissa sa main retomber lentement à son côté. La phase de combat physique était achevée, une autre allait commencer. Plus subtile. Et tout aussi dangereuse. L’heure des joutes verbales.


- " Puisque vous vous obstinez dans le silence, je vais donc faire la conversation pour deux… Vous me voyez ravi de vous revoir autant en charme et beauté. Vos traits vous vont indubitablement mieux à vous qu’à moi… Dame Syhl de Parravon…"
- " Taisez-vous. "



L’ordre claqua comme un coup de fouet. La guerrière s’était remise à trembler en dépit de tous ses efforts pour se maîtriser. L’assassin venait de lui lancer en pleine figure un nom provenant tout droit des limbes, un nom qu’elle s’était efforcé d’oublier, qu’elle avait effacé de sa mémoire…un nom porteur de trop de souvenirs, de douleurs et de haine… son propre nom.

Alors que des images des terres sylvaines apparaissaient dans le reflet de la fontaine, en surface d’une Innocente à demi immergée que n’avait pas remarqué Syhl sur le moment.

Imagehttp://g.imageshack.us/img33/meduzai.jpg/1/

- " Et vos yeux… je n’ai eu besoin que d’un simple regard de votre part pour savoir que vous étiez celle que je recherchais depuis des mois… Dame Syhl de Parravon… peut-être aussi ce parfum si distinct que j’avais déjà remarqué lors de notre premier repas au chandelle. Souvenez vous … "


Flash Back.

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MessagePublié: Lun 14 Déc, 2009 21:40 
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[ Partie IX - Le dînner ]




LuneRousse a écrit:
Seigneur LuneRousse ? devons nous préparer le convoi diplomatique?

le diplomate affairé à sa plume glyphant les parchemins accumulés sur son bureau ne répondit pas sur l'instant.

Oui? oui... d'accord d'accord. Préparez plutot une calèche marqué du sceau je vous prie.Image
Que l'attelage soit aussi conduit par un sourd. Merci...


Euh... attendez! la pourpre conviendra parfaitement. Prenez également ce bagage.... reprit-il en pointant du doigt un coffre de cuir.

Vous pouvez disposez noble elfe...


LuneRousse a écrit:
Les faubourgs de la cité sylvestre changeait de visage et les brumes rampantes offertes par le fleuve mettait en scène presque comme à chaque soir… les résidents de la nuit s’affairant à leurs activités nocturne.

La monture attelée fut équipée d’œillères et le cochet sourd d’une large cape noire recouvrant son visage.
A vive allure elle se dirigea vers le quartier où seul le bruit des sabots sur le pavé et les souffles haletant du cheval rythmait le calme pesant et humide des bords de fleuve.

Arrivé en quartier des Born in The TearDrop, la calèche fit halte et attendit la venue de la dignitaire Shyl.
Seul le rideau pourpre voilant l’intérieur était parfois entrouvert, laissant à LuneRousse le soin d’observer les ombrageux alentours.


[BITT]Syhl a écrit:
Un bruit de sabot et de roues, puis un silence suivit d'un hénissement faible et discret...
Son escorte était là.

Syhl tendit un fin rouleau de velin noué d'un ruban vert à un messager, avec pour consignes d'aller le porter auprès de Dame Sonja. Officiellement, elle l'informait de son indisponibilité à traiter les affaires du clan pour la soirée. Officieusement et à mots couverts, elle lui laissait ses instructions pour le cas improbable où... La jeune diplomate ne pensait pas qu'il serait nécessaire d'en venir là, mais deux précautions valant mieux qu'une...

Puis elle déverouilla la porte et tira à elle les deux lourds panneaux de bois. Elle resta un instant sur le pas de la porte, droite, noire silhouette encapuchonnée autour de laquelle les brumes du fleuve venaient jouer, comme autant de mains l'enlaçant dans une funeste étreinte. Puis elle sortit du bâtiment, tandis qu'on venait refermer les portes derrière elle.

Pour ses yeux habitués à la nuit, nul besoin de torche ou de flamme. Elle distinguait nettement l'attelage qui l'attendait, au bout de la sente.
Elle parcourut l'allée avec grâce et légèreté, entourée par la brume, qui se soulevait et s'écartait à chacun de ses pas, à chaque appel d'air que générait sa mante, comme des esprits invisibles s'écartant sur son passage....

Lorsqu'elle arriva près de la calèche, un silhouette fantomatique en descendit et la porte lui fut ouverte.
Remerciant de la tête, la jeune femme monta dans le véhicule et s'assit face à son interlocuteur.
Tandis que l'attelage s'ébranlait, Syhl s'adressaà son hôte, rompant le silence.
- "Bien le bonsoir, Seigneur Lunerousse... J'espère ne pas vous avoir fait attendre trop longtemps...", dit-elle, souriante, en abaissant sa capuche. "Une femme devant un miroir a parfois tendance à oublier le temps qui passe..."


LuneRousse a écrit:
Le chef de la Diplomatie vit pour la première fois le sourire de Syhl mais cacha sa surprise derrière un regard de convention.
Il observa avec attention les attitudes féminines de la dignitaire Born In The TearDrop qui de petits gestes en attitudes s'asseya sur la banquette de velour pourpre face à lui. De toute évidence, le respect protocolaire de son rang fut minutieusement préparé, ajusté, surement par habitude.


... Et bien je dois dire n'avoir jamais douté de votre arrivée.
reprit-il avec amusement.
Le miroir a sa vertu hypnotique... on dit de lui qu'il est une porte au songes qui nourrissent nos espoirs.


LuneRousse sifflota alors en direction d'une mésange posée sur un petit trapèze fixé au plafond. Celle-ci prit aussitôt son envol et rejoignit le cochet. Nous entendîmes un leger bruit de fouet annonçant le mouvement de l'attelage sur les pavés.


[BITT]Syhl a écrit:
- " ... une porte aux songes qui nourissent nos espoirs? Voila une bien jolie phrase, Seigneur...
Las, mon miroir à moi est bien sombre actuellement... Peut-être n'êtes vous pas au courant, mais... mon époux et moi-même sommes séparés de corps et de bien depuis quelques jours maintenant."


La jeune femme avait baissé les yeux un instant, et bien que sa voix resta calme et impassible, elle ne put dissimuler entièrement l'émotion violent qui l'étreignait en ce moment précis. Sa main droite se mit à trembler imperceptiblement mais suffisamment pour alerter l'attention de son interlocuteur.

Ramenant sa main sous sa mante dans un geste qu'elle voulut anodin, Syhl redressa la tête et dit d'une fausse voix enjouée:

- " Mais, je vous prie, Seigneur, laissons-là ces tristes pensées... je m'en voudrais de gâcher plus avant votre soirée avec l'égoïsme de mes plaintes..."

La calèche sur les pavés les secouaient doucement, faisant tressauter les deux occupants de la calèche.
- " A ce propos, c'est surement de la curiosité féminine, mais... où m'emmenez-vous?"


LuneRousse a écrit:
Par pudeur LuneRousse observait le paysage de la cité sylvestre défiler sous ses yeux où nous pûmes apercevoir le spectacle d’un feu de cité rougissant les cieux crépusculaires de teintes ardentes, sanguines.

Image

… Mon Renseignement m’a informé de votre rupture Dame Syhl. Je ne sais quoi vous dire.

Les bruits de sabots et les sons d’activités nocturnes rencontrées reprirent le dessus quelques instants.

… Si ce n’est qu’un Amour se cultive à deux.
Ensemencer, cultiver sa Terre Arable, cueillir le Fruit demande beaucoup d’attention et de patience à l’ouvrage d’un couple.
Cet humain ne vous a peut-être jamais considéré à votre juste valeur d’humaine, Dame Syhl.
Peut-être tout au plus une pâle représentation de ce que vous reflétez aux yeux des autres, telle une parure honorant son Orgueil de vous savoir à lui.
A-t-il réellement chercher à lire votre Cœur ? Simplement par curiosité si la passion ne lui fût pas familière ?
Combien de nuit avez-vous passé en position fœtale à vous questionner de la sorte ? inondant vos espoirs de désillusion jusqu’à la noyade…

…D’ailleurs, on dit que par delà les fonds des eaux troubles il y ait un monde à la forme de bulle ou chacun peut respirer enfin. Cet Abysse nous permet de s’élever à nouveau, comme une nouvelle naissance.
N’est-il pas temps pour vous de renaître ?


[BITT]Syhl a écrit:

Syhl sentit sa nuque se hérisser à chaque phrase que lui disait le diplomate sylvain. Chaque mot, chaque intonation venait se ficher dans sa chair comme d'innombrables aiguilles, ravivant doucement une blessure qui commençait à cicatriser...

C'est pourtant d'une voix douce et en souriant, la tête légèrement inclinée, que la jeune femme répondit:


- " Renaître? pour quoi faire? Renaître c'est tout effacer, repartir de zéro, admettre que l'on a raté sa vie, et tenter de s'en écrire une nouvelle...
Pour rien au monde je n'effacerais ces cinq mois de bonheur que sa présence m'a inspirée.
Contrairement à ce que vous pensez croire, Mon Seigneur Stouf ne ma jamais considérée comme une parure, un ornement, une chose. Nos sentiments étaient sincères et réciproques... mais bien trop forts...

Nous avons failli sombrer, nous avons manqué de nous détruire mutuellement dans le brasier qui nous consumait... Avoir la force de prendre la terrible de décision a été l'ultime preuve à mes yeux de son attachement sincère pour moi..."


Elle vrilla ses yeux immenses et brillants dans ceux de Lunerousse, et poursuivit, avec une très légère pointe d'exaltation:

- " Par cet acte, si horrible et égoïste à première vue, il m'a donné l'occasion et la possibilité de transformer ma peine en colère, ma douleur en force, mon désespoir en envie de me battre...
il s'est sacrifié pour donner un exutoire à ma souffrance... lui n'avait rien... il a souffert pour deux: de la séparation, et de se savoir cause de ma propre souffrance... jusqu'au bout, il aura tout fait pour me protéger."


Un moment de silence plus tard, elle termina, d'un ton posé et doux qui laissait transparaître une sérénité assez surprenante :

- " Une telle abnégation, un tel dévouement sont des choses rares et précieuses à qui sait les voir... Le Seigneur Stouf est et sera toujours celui vers qui s'orienteront mes pensées... Même si son bonheur est d'être loin de moi. S'il est heureux... alors je lui suis aussi."


LuneRousse a écrit:
... pardonnez moi, mais nous considérons cela comme une "soumission de l'Esprit" chez nous chère Syhl.
Notre fonctionnement doctrinal s'oppose à toute architecture pyramidale de pouvoir pouvant nourrir une domination d'un esprit sur un autre et que votre communauté, et à vous entendre, applique bel et bien si je ne me trompe.
Cela nous permet d'éviter ainsi toute dérive dévote ou idolâtre...
Mais j'accorde le fait qu'une image fantomatique du Passé puisse continuer à hanter votre Etat d'Etre, surtout si c'est votre coeur qui en fut le Premier Témoin.


La calèche stoppa devant le Palais Diplomatique , et un large dispositif se mit en place autour.

... pardonnez-moi pour se déploiement sécuritaire mais vous n'êtes plus protégée par les accords de non agressions que vous disposez dans le quartier qui vous est dédié.
Je vous avais promis un repas. C'est chose faite.


Le Chef de la Diplomatie accompagna la représentante BITT jusqu'à une dépendance ou les couverts avaient été dressés.
Ils prirent alors tout deux place à une tablée au raffinement particulièrement soigné et le Personnel apporta les premiers mets sous cloche d'argent.


... Dite-moi dignitaire BITT ? On m'a rapporté un chantier d'envergure en sud-Est du Mur Noir, où plusieurs d'entre vous aurait été apperçu à la tête de convois d'ouvriers. Auriez-vous envisagé la reconstruction d'un édifice communautaire ?


[BITT]Syhl a écrit:
La jeune femme écouta la réponse du diplomate sylvain avec attention, et au fur à mesure que celui-ci parlait, il put lire dans ses yeux une infinie tristesse, voire même... une certaine forme de pitié.

- "Seigneur Lunerousse... avez-vous déja vraiment aimé? Je vous parle coeur, sentiment, et vous me répondez hiérarchie, structure démographique...
peut-être pensez vous que les humains sont incapables de maîtriser leurs émotions et se crééent uène vie de souffrances inutiles... mais contrairement à vous, notre vie est courte... et nous préférons en vivre intensément chaque minute."


L'attelage s'arrêta, et elle fut conduite sous bonne escorte jusqu'à la salle prévue pour le repas.
Puis alors que les premiers plats arrivaient, son hôte lui posa une question qui prouvait par la même que le temps des banalités poliment intéressées était révolu... la deuxième phase de la soirée commençait. Celle que préférait de loin la jeune femme.


Prenant ses couverts, elle répondit en souriant avec un petit grondement feint dans la voix:
- "Oh... Seigneur Lunerousse... J'ai beau être très jeune par rapport à vous, aussi bien en terme d'âge que d'expérience de la diplomatie, je ne suis pas tombée de la dernière pluie... ma blondeur n'est qu'apparence", ajouta-telle en riant.

Puis, tandis qu'on lui remplissait son verre, elle reprit, avec un petit sourire en coin et un air coquin:

- " Vous le savez parfaitement bien, sinon, vous ne m'auriez pas posé la question... vous le savez d'autant plus que vous êtes venu nous rendre une petite visite récemment... une histoire de dentelles et de chiffon ..."

Elle examina rapidement son verre et le porta à ses lèvres, n'en prélevant qu'une petite gorgée, pour bien le goûter. Température parfaite pour un vin parfait.
- " D'ailleurs, suis-je bête, nous aurons bientôt une occasion de vous y recevoir, pour fêter la noce, comme il se doit...
Vous avez l'air surpris? Vous le savez bien, pourtant? non? Votre Makieu, et votre... non, notre Liptikos (c'est fou, ça, je n'arrive toujours pas à m'y faire ^^ ), vont bientôt se promettre l'un à l'autre... Nous allons devenir une belle grande famille, Lunerousse..."
termina-t-elle en portant un toast à son interlocuteur, l'air gouailleuse.


LuneRousse a écrit:
Il stoppa net la bouchée encore fumante du feuilleté qu'il s'apprêtait à manger.
Il observa quelques instants son interlocutrice ravie de l'effet d'annonce pour le moins surprenant et reprit lentement et silencieusement son mouvement gustatif.
Après s'être essuyé la bouche en toute convenance, il reprit...


... comment trouvez-vous ce plat ?
J'ai demandé à nos meilleurs artisans culinaires de composer pour l'occasion.

Hmm, je dois dire que nous n'étions pas encore au courant de cet événement. Et il faudra nous entretenir avec avec M à ce sujet.
Et vous ? comment voyez-vous cette union pour le moins particulière Dame Syhl ?



[BITT]Syhl a écrit:
Intérieurement, la diplomate était ravie de la tournure des évènements. Elle avait réussi a marquer un point chez l'ennemi.
Peu importait la suite de la soirée, elle avait montré à son interlocuteur
qu'elle aussi, en dépit de son jeune âge, connaissait les rouages du Grand Jeu et qu'elle pouvait jouer dans la cours des grands...


- " Je ne vous donnerais que ma propre position sur la question...
Je suis BITT, Lunerousse... que croyez vous que je pense d'une telle union? Outre l'abomination que m'inspire la vision d'un de mes frères aux côtés d'un des vôtres... je pense que cela n'apportera que de la souffrance pour chacun des deux.
Je parle en connaissance des faits, j'ai moi même vécu une situation de ce genre, sauf que nos clans n'étaient pas ennemis, encore moins ennemis éternels...

J'ai été franche avec vous, je serais curieuse de voir votre point de vue, Seigneur Lunerousse..."


Portant à ses lèvres une nouvelle bouchée du feuilletée, elle ajouta:

- "Vous complimenterez vos artisans pour moi... j'ai toujours aimé la cuisine au miel. Ce plat est particulièrement réussi."


LuneRousse a écrit:
Le premier diplomate eut un large sourir en observant la dignitaire des Born In The TearDrop prendre un infini plaisir à la matière qui lui était offerte.

... Je ne vous savais pas aussi fine bouche Dame Syhl.
Je transmettrai à nos maitres cuisiniers vos éloges des mets ainsi goûtés.
C'est un excellent porc... qui vient d'un vieil ami humain fermier et dont je dois dire qu'il me fournit à chaque "occasion" les meilleures viandes.
En effet... "la lune et le miel" nous offre souvent des parfums très, très particuliers.



La Rose Noire a écrit:
[ CHRONIQUES MEURTRIERES - le cochon ]


... Il y eut le noir complet… puis le réveil de Shakra dans le sac de bure.
Le gant noir frappa à la porte d’une veille et vétuste ferme.


Quand le paysan ouvrit, il recula d’un pas en reconnaissant la silhouette de Père à contre-jour. Puis sans rien dire accompagna l’assassin dans l’arrière cour.

…elle est dans le sac, sur la monture. Prépare-là !

Le gueux ne se fit pas attendre et déchargea l’humaine jusqu’au box. Il l’accrocha alors à un mangeoire puis ouvrit une barrière attenante à celui-ci.
Des bruit de groins reniflant le sol si fit alors entendre et un porc à l’imposante masse s’approcha de la BITT.


… c’est un très bon morceau ! il a toujours faim !
reprit le fermier en recevant d’Abred une bourse de pièces d’or.

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… quand il aura terminé avec elle, badigeonne la d’eau sucrée et fais entrer les autres. Il ne doit rien rester.

L’assassin quitta alors le lieu sous les sons de la bête et prit la direction d’un étrange chantier qu’il avait repéré non loin du rapt de Shakra, zone de construction qui méritait une plus ample observation…


Citer:
[12:34:43] @ shakra : ... T'ES UN COCHON!

Le pouvoir contenu dans votre arme n'a pas réussit à se liberer Vous avez blessé séverement Shakra et lui avez fait perdre 73 point(s) de Vie ! Ce coup vous a fait perdre 6 Points de réputation humain Vous avez empoisonné cette personne Shakra a succombé à votre attaque !


il leva alors son verre...

... je ne peux que parler personnellement mais je dois dire que ce mariage ne peut se faire à mes yeux. Il est hors de question qu'un sylvain s'unisse officiellement avec un ennemi eternel, qui plus est un traitre hybride qui a rejoint la cause anti-elfe dans un but avoué de nous nuire.
Mais dans l'absolu... avons nous le pouvoir de s'opposer à deux êtres qui s'aiment ?


[BITT]Syhl a écrit:
La jeune femme s'arrêta de mastiquer une fraction de seconde, elle n'aima pas le sourire un peu trop marqué de l'elfe face à elle... trop... satisfait...
Même si elle ne pensait pas avoir été empoisonnée. Ca aurait été vraiment trop stupide pour quelqu'un d'aussi réfléchi que Lunerousse... Il devait y avoir là quelque chose qu'elle ne pouvait pas saisir.

De toute façon, elle ne pouvait plus reculer. Elle posa sa fourchette pour prendre une gorgée de vin et faire passer le dernier morceau de feuilleté, sa gorge s'étant un peu nouée dans l'inquiétude.
Puis elle posa ses couverts, son assiette étant vide, et s'essuyant délicatement les lèvres, elle répondit:


- " S'opposer à deux êtres qui s'aiment? Comme c'est étrange venant de vous Lunerousse, qui m'avez parlé si froidement de l'amour tout à l'heure, considérant cela comme une soumission de l'Esprit pour reprendre vos paroles...

De toute façon, n'ayez aucune inquiétude. Cette caricature de mariage n'aura pas lieu. Nous avons apposé notre véto à cela. Lipti a sagement fini par renoncer. Personnellement, j'avoue que je n'aurais pas pu tolérer cela dans nos rangs. "


Elle posa sa serviette dont un coin était maintenant marquée d'un sceau rouge sombre et ajouta en souriant:

- " Etrangement, Liptikos nous aura permis d'être au moins une fois d'accord sur un point... quelle ironie quand on considère les choses ..."


LuneRousse a écrit:
… Oui en effet, Dame de Parravon.

Abred regarda avec attention Syhl, ne manquant pas de suivre du regard et avec juste attention l’ensemble de ses lignes de visage (cf: [CHRONIQUES MEURTRIERES – la malle] )

Dites-moi ? tenez-vous vos traits de Viviel ou de Kéran noble ennemie ?


[BITT]Syhl a écrit:
La jeune femme était occupée à suivre des yeux les serveurs qui venaient débarrasser la tablée...
Les mots du diplomate sylvain frappèrent de plein fouet un cœur qui ne s'étaient pas préparé à les recevoir.

Dame Syhl tourna brusquement la tête et vrilla ses yeux au fond de ceux de son hôte. Leur teinte translucide avait viré au gris acier.

* Comment est-ce possible? Comment ce sylvain peut-il connaître les prénoms de... de mes parents? J'ai abandonné mon titre et mon nom voila près de dix ans... Il connaît aussi bien mes parents, il connaît ma véritable identité... mais qui est-il vraiment?? *

Une goutte de sueur, discrète, perla sur la tempe de la jeune femme. Lorsqu'elle voulut prendre sa serviette pour l'enlever, elle vit que sa main s'était légèrement crispée sur la nappe...
Se forçant à maîtriser les battements désordonnés de son cœur, elle baissa la tête, puis souriante, pris sa serviette et s'épongea délicatement le front, et parla d'une voix calme, le regard presque serein, comme si rien ne s'était passé :


- " Ouh, pardonnez moi, mais je me sens un peu étourdie... cet excellent vin doit me monter un peu à la tête."

Elle eut un petit rire en reposant sa serviette, puis poursuivit, le regard fixé sur son interlocuteur:

- " Puisque vous semblez si bien les connaître que vous vous passiez de leur donner leur titre, vous devez bien le savoir... mais c'est curieux, j'ai beau chercher, je n'ai pas souvenir de vous avoir jamais rencontré... par le passé... Vous seriez bien aimable de rafraîchir une mémoire défaillante et quelque peu embrumée par le vin", acheva-t-elle avec un froid sourire qui venait démentir ses propos.

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MessagePublié: Ven 01 Jan, 2010 1:23 
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[ Partie X - Lumières ]



-" Et vos yeux… je n’ai eu besoin que d’un simple regard de votre part pour savoir que vous étiez celle que je recherchais depuis des mois… Dame Syhl de Parravon… peut-être aussi ce parfum si distinct que j’avais déjà remarqué lors de notre premier repas au chandelle. Souvenez vous …"


- " Taisez-vous…"
- " Car voyez-vous, Regard & Parfum sont le vibrant témoignage de votre lignée… Dame… Syhl… de Parravon… "
- " JE VOUS AI DIT DE VOUS TAIRE !! "



Hurlement quasi bestial. Il n’y avait plus aucune maîtrise chez la jeune guerrière. Ses tremblements avaient pris de l’ampleur, les jointures de ses mains étaient devenus blanches à force de serrer les poings, et son front était recouvert d’une fine pellicule de sueur.
Elle ferma les yeux et prit trois grandes respirations qui lui permirent de reprendre un peu le dessus sur sa rage aveugle.

- " Ne m’appelez plus jamais ainsi. Je ne vous en donne pas le droit. Ce nom est mort. Enterré à jamais."
- " Enterré… tout comme les vôtres ? "
- " Comment… !!? "


Syhl regarda Lunerousse qui lui opposa un sourire en retour. Un sourire. Son sourire. Ce même sourire froid et calculateur qui avait accompagné chacune de leurs funestes rencontres. Elle eut envie de déchirer ce visage à coups de griffes, pour faire disparaître à jamais cet horripilant rictus.
Comment savait-il, pour les siens… comment pouvait-il connaître ce pan de sa vie qu’elle n’avait révélé à personne depuis qu’elle avait décidé de tourner la page il y avait de cela maintenant près de huit ans ?


- " Qui… qui êtes-vous ? "
- " Je suis votre Passé. Je suis votre présent. Je suis votre A Venir."
- " Arrêtez de parler par énigmes ! Vous savez… vous savez des choses sur moi, sur ma vie, sur mon passé. Dites-les moi. Dites-moi comment vous pouvez savoir autant de choses. DITES LE MOI ET MAINTENANT !"


Lunerousse s’approcha d’un pas souple, ses pieds ne faisant jaillir que très peu d’eau à chaque déplacement, puis il leva sa main gantée de noir et la tendit vers le visage de la jeune femme, qui attrapa le poignet de l’assassin au vol, le figeant dans l’action.

- " Vous êtes encore plus belle lorsque vous êtes en colère, Dame Syhl… Vous avez la même fureur gracieuse qu’Ethan… "

Nouveau nom. Nouveau choc. Comme un coup de poing en plein estomac qui fait perdre le souffle.



Depuis le début de cet affrontement des mots, Syhl n’avait jamais réussi à avoir le dessus. L’assassin lui avait asséné vérités après vérités comme autant de coups de poignards qui l’avaient percée de part en part. Et elle n’avait rien su lui opposer, rien d’autre que sa faiblesse et sa perte de contrôle. Et maintenant… Ethan.

Des images l’assaillirent en une fraction de seconde. Suivies par des émotions qu’elle croyait enfouies au plus profond de son être. Amour. Haine. Violence. Espoir. Trahison. Souffrance. Mort.
Ethan… Un nom qu’elle aurait voulu oublier. Presque trois ans s’étaient écoulés depuis la dernière fois que ce nom avait franchi ses lèvres. Depuis la dernière fois qu’elle avait vu son jeune frère.
La fois où elle l’avait tué.

Syhl lâcha le poignet d’Abred qu’elle tenait toujours et laissa retomber son propre bras. Elle fit quelques pas en arrière, comme sonnée. Puis son talon rencontra le muret du bassin où ils pataugeaient tous deux et elle s’y laissa tomber assise.


- " Comment … "
- " Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que votre frère a fait durant ces six années qu’il passa loin de vous ?
N’avez-vous jamais cherché à savoir ce qu’il était devenu ? Qui ?… il avait connu ? Qui ?… l’avait pris sous son aile ? "
- " Vous… vous ?? "


Lunerousse esquissa à nouveau ce terrible sourire qui enflammait si facilement la fureur de la guerrière. Il n’acquiesça pas. Mais ne démentit pas non plus. Rien dans son attitude ne permit à la jeune femme d’obtenir la réponse à sa question.

- " Peu importe le comment ni le pourquoi de notre rencontre. Cela ne vous regarde pas.
Lui m’a parlé. Des vôtres, de votre lignée. Il m’a fait part aussi de son espoir de vous revoir un jour, après être revenu vous chercher dans votre contrée sans vous retrouver, vous, l’absente en ce lieu où il laissa en rituel témoignage son épée au lieu dit du Souvenir… Savait-il seulement qu’elle deviendrait un jour la marque de sa tombe… ? "
- " Sa tombe ? "
- " Oui, Dame Syhl… sa tombe… celle que j’ai fait creuser après qu’il eut rendu son ultime souffle. Celle que j’ai marquée de l’Epée familiale, vestige rouillé et désuet des combats ayant ruiné à jamais l’histoire de ces lieux. Et ?… Ce dernier mot qu’il nomma avec Amour avant de mourir… c’est vous."
- " Vous mentez ! Il n’a pas pu vous parler ainsi ! "
- " Il vous aimait, Syhl de Paravon… Il vous a toujours aimé je crois… En dépit de vos actes, en dépit de vos convictions idéologiques hordeuses qui vous ont emmenées sur un abred bien loin de celui des vôtres, en dépit des souffrances mortelles que vous lui aviez infligées. "
- " Non ! "
- " Un contrat est un contrat voyez vous. J’ai alors avec le temps voyagé avec le Son de votre Nom comme seule indication, jusqu’à remonter à la Source de votre lignée dont les tombes retrouvées ça et là sans votre Glyphe inscrite dessus présageait un jour de vous trouver enfin. "


La jeune guerrière s’était remise à trembler, les poings sur les tempes. Elle avait baissé la tête et accusait chacun des « coups » que lui assénait son interlocuteur par un léger sursaut. L’ultime round du combat allait commencer, et Syhl avait déjà un genoux à terre avant même que la cloche ne résonne.


- " Mais que me voulez-vous à la fin… pourquoi vous acharnez-vous de la sorte…"
- " Ne craignez pas ce que je vous ai fait endurer jusqu’alors. Paradoxalement, cela n’avait que pour objectif de vous faire prendre dans le temps conscience de ce que vous étiez devenu.
Un contrat est un contrat. J'ai donc agit en conséquence. Je savais aussi que le moyen pour vous approcher jusqu’à cet instant allait être long et laborieux."
- "... Qu’attendez-vous de moi ? "
- " Quittez votre haine de l’elfe tout comme j’ai fait le choix de quitter ma nature pour rejoindre la votre. Quittez les Born In The Tear Drop ainsi que l’esprit hordeux qui à détruit votre Terre Arable. Quittez-les et je vous dévoilerai plus avant ce qui a cultivé notre lien. Quittez-les en mémoire de votre frère et, apaisée, revenez vers la voie que les vôtres ont tracé depuis des siècles. Pour ma part, mon Abred s’arrête ici-même, tout comme mon hostilité à votre égard. Un contrat est un contrat."
- " Vous me demandez de croire en votre parole… vous me demandez de renoncer à tout ce en quoi je crois, pour me parler de ce en quoi je ne crois plus..."
- " Je ne vous laisse pas le choix… vous le ferez. Je le sais. Ne serait ce que pour obtenir de moi toutes les informations concernant Ethan."


C’était terminé. Syhl avait fermé les yeux. Abdiquant, les mains sur le visage. Tremblante. Depuis quelques minutes déjà, elle ne regardait plus l’assassin.
Le combat était achevé, l’issue s’était révélée évidente dès les premières passes d’arme.
Un bruit de tissu froissé, le son cristallin de quelque gouttes retombant dans le bassin, un mouvement sur la droite, et le poids d’une main sur son épaule...

- " Dès l’Acte accompli… vous aurez les réponses à vos questions. Toutes les réponses. Je saurais vous trouver. Ne me cherchez pas. Ne me suivez pas."

La main se retira… nouveau bruit de tissu feutré, puis des pas qui s’éloignent…

Syhl se recroquevilla sur elle-même , fragile petite chose définitivement brisée. Son corps fut parcouru de violents sursauts tandis qu’elle se laissait glisser au bas du muret comme si ses jambes ne pouvaient plus la porter et se retrouva à nouveau dans l’eau, petite boule de chair perdue dans l’immensité de la nuit. Entre les doigts toujours posés sur le visage, des sillons humides se dessinèrent tandis que les larmes s’échappaient secondes après secondes, tandis que sa gorge se serrait et que les sanglots contenus menaçaient de l’étouffer…

Et dans la nuit noire, quelque part au milieu du royaume humain, une plainte déchirante monta vers le ciel.

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MessagePublié: Ven 01 Jan, 2010 1:25 
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[ Epilogue]



La dernière lanière fut ajustée avec soin.
Syhl se redressa et testa la solidité de l’arrimage. Bien. Rien ne bougerait.
Elle s’écarta et flatta les flancs de sa jument qui hennit doucement, impatiente. Le départ était imminent.



Après sa rencontre avec l’assassin, Syhl était retournée vers les siens. Brisée. Ravagée par ce que Lunerousse lui avait révélé. Complètement désemparée, et vide, si vide à l’intérieur…
Sans un mot, la jeune femme s’était retranchée dans ses appartements, prétextant la fatigue pour ne recevoir personne. Elle s’était murée dans le silence et la solitude.
Et une fois certaine que personne ne viendrait la déranger… elle s’était mise à pleurer.

A pleurer sur elle-même, sur son passé, sur sa vie.
Sur tout ce qu’elle s’était efforcé d’oublier, d’enfouir en elle, et qui avait brusquement ressurgi et revenait la tourmenter.
Les circonstances tragiques qui l’avaient amenée à combattre et tuer son propre frère. Ce frère qui l’avait trahie et qui avait préféré suivre des troupes elfes plutôt que de rester auprès d’elle lorsqu’elle avait eu besoin de lui. Ce frère qui avait passé six ans à vivre avec ces mêmes elfes, qui lui avaient bourré le crâne avec leurs beaux principes allianceux, qui l’avaient à jamais changé en un être aussi vil et insensible qu’eux… qui l’avaient transformé en un monstre à abattre. Et qu’elle avait abattu, le laissant pour mort derrière elle.

C’est ce qu’elle avait toujours cru, ce dont elle avait toujours été persuadée. C’est ce qu’elle avait voulu croire à tout prix quand elle l’avait tué. Pour que toute cette horreur puisse finalement prendre un sens. Pour que son acte de mort puisse revêtir à ses yeux une autre signification que le simple fratricide.
Et c’était sur cette croyance de « justice » qu’elle avait bâti sa haine des elfes, qu’elle avait sciemment quitté cette voie de tolérance que son père lui avait enseignée et qu’elle avait parcourue en compagnie des Chevaliers de la Peste Noire, qu’elle avait tout quitté pour rejoindre les Born In The Teardrop…

Et aujourd’hui, un être qu’elle avait autrefois combattu et haï, qui l’avait poursuivie et torturée, lui annonçait avoir recueilli les dernières paroles de son frère agonisant. Et quelles paroles… des paroles d'Amour là où elle aurait voulu voir de la Haine... qui venaient balayer ces croyances… qui venaient réduire à néant ses efforts… qui venaient achever de détruire cette carapace de haine qu’elle avait fini par construire autour d’elle… qui la forçaient à ouvrir les yeux sur ce qu’elle avait toujours voulu oublier.
En quelques phrases, en quelques mots, Lunerousse avait réussi à faire voler en éclat l’équilibre fragile qu’elle avait mis près de trois ans à construire. En quelques minutes, il avait pris ses convictions et les lui avait jetées au visage. En quelques paroles, il l’avait obligée à se voir telle qu’elle était réellement… la froide meurtrière d'un frère aimant.



La jeune femme imagina un instant que l’assassin ait pu lui mentir, la manipuler, la faire souffrir comme tant de fois il avait pu le faire. Après la chair, il aurait très bien pu s’attaquer à l’esprit…
Mais non… il avait donné bien trop de détails, bien trop de choses vraies qu’il ne pouvait savoir que par l’entremise d’Ethan pour être un mensonge… et quel intérêt aurait-il eu à la torturer de la sorte ? Elle avait beau chercher, elle n’en voyait aucun.
Se pouvait-il… se pouvait-il que pour une fois, l’assassin ait pu lui dire vrai… se pouvait-il que sa haine des elfes soit une erreur… se pouvait-il que ses choix de vie aient été des erreurs tout le long… se pouvait-il que Lunerousse ait encore des choses à lui révéler sur son frère, sur sa lignée… sur elle-même…

Trop de questions… et durant tant d’années, les ténèbres autour d’elle.
Trop de questions… et durant tant d’années, un besoin immense de savoir.
Trop de questions… et durant tant d’années, la certitude que jamais elle ne pourrait en trouver les réponses, tant et si bien qu’elle avait fini par les enfouir en elle comme une honte que l’on cache ou une faiblesse qu’on dissimule.

Et soudain… apparaissait devant elle une personne semblant détenir ces réponses qu’elle croyait à tout jamais inaccessibles
Une personne qu’elle avait haï pendant des années pour les souffrances physiques infligées, une personne qu’elle haïssait encore aujourd’hui pour l’avoir mise à nu, pour avoir chamboulé son existence, pour l’avoir broyée comme dans un étau, pour l’avoir obligée à mourir et à renaître…
Abred Lunerousse… l’assassin elfe ayant fait le choix de ne pas rejoindre le Mithlond de ses ancêtres.



Syhl dénoua les rênes et fit quitter sa jument de la stalle, puis sortit de l’écurie. Elle leva la tête vers la bâtisse qui abritait ses compagnons. Elle eut un coup au cœur pour chacun d’entre eux. Sonja. Stouf. Jeg. Belgarathh. Ryu-San. Shannok. Drogan. Javed. Lorya. Xtremmath. Et d’autres encore. Certains qui étaient partis. D’autres qui étaient tombés sur le champ de bataille. Tant de noms. Tant de vies. Tant d’amitiés. Tant de gens qu’elle allait regretter. Tant de souvenirs partagés.
Mais elle avait besoin de savoir. Elle avait besoin de comprendre. Un rai de lumière vive avait percé les ténèbres autour d’elle. Un rai dont elle voulait remonter le cheminement. Peu importait pour elle si cette lumière cachait un brasier infernal dans lequel elle se consumerait en l’atteignant.



Elle se mit en selle. Elle allait maintenant le retrouver. Le rejoindre. Pour lui arracher ses secrets un à un. Pour assouvir cette soif de savoir qui la brûlait. Et après, quand enfin elle saurait, après… après, elle verrait bien.
L’assassin lui avait dit de ne pas le chercher. Mais elle ne pouvait rester auprès de ses anciens compagnons. Ils ne comprendraient pas. Elle devait partir, par respect pour eux… et par amour pour eux aussi.

Elle rabattit sa capuche noire et dirigea sa monture vers la porte principale de la bâtisse, croisant en chemin quelques gardes qui se pressaient vers la salle commune.
L’écho des pas de sa jument martelant le pont levis résonna violemment en elle, et elle sentit son cœur se serrer comme si elle allait étouffer… mais elle ne se retourna pas. Inutile d’aviver une douleur qui vous ronge déjà.
Les derniers avant-postes passés, elle pressa sa monture qui s’éloigna au petit trop. Là, quand elle fut enfin hors de vue de la bâtisse, loin des regards, elle laissa enfin une larme couler, qui descendit silencieusement sur sa joue avant d’aller s’écraser sur le sol de cette Terre qu’elle avait tant chérie et qu’elle avait mis toute sa force à défendre, comme un ultime hommage, un ultime adieu.

Et au détour d’un virage, à l’orée du bois, elle le vit. Silhouette droite et noire sur sa monture, telle une apparition funeste. Qui semblait l’attendre, immobile, au milieu du chemin, sous un tilleul.
Elle frissonna à sa vue, arrêta sa jument et resta en retrait. Ils demeurèrent tous deux silencieux, s’observant, se jaugeant du regard, en un ultime échange muet. Questions et réponses qui n’avaient plus besoin de paroles. Après quelques minutes de cet espèce d'entretien, la jeune femme ferma les yeux et baissa la tête.

L’assassin fit alors pivoter sa monture et entra sous le couvert du bois.
Après une demi-seconde d’hésitation, Syhl pressa les flancs de sa propre monture, et s’y engagea à sa suite.

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