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Le Masque de Syhl. http://forumheroes.nainwak.org/phpbb3/viewtopic.php?f=7&t=21457 |
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Auteur: | Syhl [ Lun 14 Déc, 2009 21:29 ] |
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[ Partie VIII – Entretien ] - "Je dois dire avoir douté un instant de votre venue… noble ennemie..." Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre, et dans sa tête régnait l’incompréhension la plus totale. Toujours assise dans la faible épaisseur d’eau du bassin, elle considérait le visage de celui qu’elle avait traqué jusque dans ses rêves, avec un mélange d’horreur et de fascination. Ces traits tant haïs n’étaient pas si différents aujourd’hui que ceux d’hier. Si la lune n’avait pas éclairé la scène au moment fatidique, jamais elle n’aurait pu se rendre compte de la transformation dans la semi-obscurité. Plus que tout, c’était ça qui la faisait frémir. Elle qui avait toujours combattu les elfes, qui avait mis toute son énergie pour les anéantir, elle qui avait repoussé de toutes ses forces cette race infâme et fourbe, responsable de tant de malheurs dans sa vie… Voila qu’elle avait devant les yeux deux visages du même être, deux visages en théorie différents… et qui se superposaient pourtant parfaitement… elfe, humain… qui se fondaient l’un sur l’autre… humain, elfe… qui s’épousaient… - "Et bien, vous voilà bien silencieuse… Ne restez pas ainsi dans l’eau, vous pourriez prendre froid… " Toujours souriant, il pointa du doigt l’eau de la fontaine croupie tout en en secouant ses mains gantées de cuir pour tenter d’évacuer l’eau témoin de sa brève chorégraphie avec l’humaine, puis tendit la main vers elle. Syhl frissonna et recula sur les mains pour se mettre hors de portée de l’assassin. Elle se releva d’elle-même, toujours tremblante, mais la surprise n’était plus responsable de son état. La vue d’un Lunerousse humain, tel l’apparition blafarde d’un fantôme, avait fait vaciller pour un instant ses convictions les plus profondes, et cela lui avait permis de retrouver cette rage froide et dévastatrice qui l’avait habité depuis des mois. Rage renforcée par cet instant de faiblesse qu’il avait, une fois de plus, réussi à provoquer chez elle. Elle se redressa aussi dignement que la lourdeur de ses vêtements gorgés d’eau le lui permit, et planta son regard dans celui de l’assassin, qui laissa sa main retomber lentement à son côté. La phase de combat physique était achevée, une autre allait commencer. Plus subtile. Et tout aussi dangereuse. L’heure des joutes verbales. - " Puisque vous vous obstinez dans le silence, je vais donc faire la conversation pour deux… Vous me voyez ravi de vous revoir autant en charme et beauté. Vos traits vous vont indubitablement mieux à vous qu’à moi… Dame Syhl de Parravon…" - " Taisez-vous. " L’ordre claqua comme un coup de fouet. La guerrière s’était remise à trembler en dépit de tous ses efforts pour se maîtriser. L’assassin venait de lui lancer en pleine figure un nom provenant tout droit des limbes, un nom qu’elle s’était efforcé d’oublier, qu’elle avait effacé de sa mémoire…un nom porteur de trop de souvenirs, de douleurs et de haine… son propre nom. Alors que des images des terres sylvaines apparaissaient dans le reflet de la fontaine, en surface d’une Innocente à demi immergée que n’avait pas remarqué Syhl sur le moment. http://g.imageshack.us/img33/meduzai.jpg/1/ - " Et vos yeux… je n’ai eu besoin que d’un simple regard de votre part pour savoir que vous étiez celle que je recherchais depuis des mois… Dame Syhl de Parravon… peut-être aussi ce parfum si distinct que j’avais déjà remarqué lors de notre premier repas au chandelle. Souvenez vous … " Flash Back. |
Auteur: | Syhl [ Ven 01 Jan, 2010 1:23 ] |
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[ Partie X - Lumières ] -" Et vos yeux… je n’ai eu besoin que d’un simple regard de votre part pour savoir que vous étiez celle que je recherchais depuis des mois… Dame Syhl de Parravon… peut-être aussi ce parfum si distinct que j’avais déjà remarqué lors de notre premier repas au chandelle. Souvenez vous …" - " Taisez-vous…" - " Car voyez-vous, Regard & Parfum sont le vibrant témoignage de votre lignée… Dame… Syhl… de Parravon… " - " JE VOUS AI DIT DE VOUS TAIRE !! " Hurlement quasi bestial. Il n’y avait plus aucune maîtrise chez la jeune guerrière. Ses tremblements avaient pris de l’ampleur, les jointures de ses mains étaient devenus blanches à force de serrer les poings, et son front était recouvert d’une fine pellicule de sueur. Elle ferma les yeux et prit trois grandes respirations qui lui permirent de reprendre un peu le dessus sur sa rage aveugle. - " Ne m’appelez plus jamais ainsi. Je ne vous en donne pas le droit. Ce nom est mort. Enterré à jamais." - " Enterré… tout comme les vôtres ? " - " Comment… !!? " Syhl regarda Lunerousse qui lui opposa un sourire en retour. Un sourire. Son sourire. Ce même sourire froid et calculateur qui avait accompagné chacune de leurs funestes rencontres. Elle eut envie de déchirer ce visage à coups de griffes, pour faire disparaître à jamais cet horripilant rictus. Comment savait-il, pour les siens… comment pouvait-il connaître ce pan de sa vie qu’elle n’avait révélé à personne depuis qu’elle avait décidé de tourner la page il y avait de cela maintenant près de huit ans ? - " Qui… qui êtes-vous ? " - " Je suis votre Passé. Je suis votre présent. Je suis votre A Venir." - " Arrêtez de parler par énigmes ! Vous savez… vous savez des choses sur moi, sur ma vie, sur mon passé. Dites-les moi. Dites-moi comment vous pouvez savoir autant de choses. DITES LE MOI ET MAINTENANT !" Lunerousse s’approcha d’un pas souple, ses pieds ne faisant jaillir que très peu d’eau à chaque déplacement, puis il leva sa main gantée de noir et la tendit vers le visage de la jeune femme, qui attrapa le poignet de l’assassin au vol, le figeant dans l’action. - " Vous êtes encore plus belle lorsque vous êtes en colère, Dame Syhl… Vous avez la même fureur gracieuse qu’Ethan… " Nouveau nom. Nouveau choc. Comme un coup de poing en plein estomac qui fait perdre le souffle. Depuis le début de cet affrontement des mots, Syhl n’avait jamais réussi à avoir le dessus. L’assassin lui avait asséné vérités après vérités comme autant de coups de poignards qui l’avaient percée de part en part. Et elle n’avait rien su lui opposer, rien d’autre que sa faiblesse et sa perte de contrôle. Et maintenant… Ethan. Des images l’assaillirent en une fraction de seconde. Suivies par des émotions qu’elle croyait enfouies au plus profond de son être. Amour. Haine. Violence. Espoir. Trahison. Souffrance. Mort. Ethan… Un nom qu’elle aurait voulu oublier. Presque trois ans s’étaient écoulés depuis la dernière fois que ce nom avait franchi ses lèvres. Depuis la dernière fois qu’elle avait vu son jeune frère. La fois où elle l’avait tué. Syhl lâcha le poignet d’Abred qu’elle tenait toujours et laissa retomber son propre bras. Elle fit quelques pas en arrière, comme sonnée. Puis son talon rencontra le muret du bassin où ils pataugeaient tous deux et elle s’y laissa tomber assise. - " Comment … " - " Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que votre frère a fait durant ces six années qu’il passa loin de vous ? N’avez-vous jamais cherché à savoir ce qu’il était devenu ? Qui ?… il avait connu ? Qui ?… l’avait pris sous son aile ? " - " Vous… vous ?? " Lunerousse esquissa à nouveau ce terrible sourire qui enflammait si facilement la fureur de la guerrière. Il n’acquiesça pas. Mais ne démentit pas non plus. Rien dans son attitude ne permit à la jeune femme d’obtenir la réponse à sa question. - " Peu importe le comment ni le pourquoi de notre rencontre. Cela ne vous regarde pas. Lui m’a parlé. Des vôtres, de votre lignée. Il m’a fait part aussi de son espoir de vous revoir un jour, après être revenu vous chercher dans votre contrée sans vous retrouver, vous, l’absente en ce lieu où il laissa en rituel témoignage son épée au lieu dit du Souvenir… Savait-il seulement qu’elle deviendrait un jour la marque de sa tombe… ? " - " Sa tombe ? " - " Oui, Dame Syhl… sa tombe… celle que j’ai fait creuser après qu’il eut rendu son ultime souffle. Celle que j’ai marquée de l’Epée familiale, vestige rouillé et désuet des combats ayant ruiné à jamais l’histoire de ces lieux. Et ?… Ce dernier mot qu’il nomma avec Amour avant de mourir… c’est vous." - " Vous mentez ! Il n’a pas pu vous parler ainsi ! " - " Il vous aimait, Syhl de Paravon… Il vous a toujours aimé je crois… En dépit de vos actes, en dépit de vos convictions idéologiques hordeuses qui vous ont emmenées sur un abred bien loin de celui des vôtres, en dépit des souffrances mortelles que vous lui aviez infligées. " - " Non ! " - " Un contrat est un contrat voyez vous. J’ai alors avec le temps voyagé avec le Son de votre Nom comme seule indication, jusqu’à remonter à la Source de votre lignée dont les tombes retrouvées ça et là sans votre Glyphe inscrite dessus présageait un jour de vous trouver enfin. " La jeune guerrière s’était remise à trembler, les poings sur les tempes. Elle avait baissé la tête et accusait chacun des « coups » que lui assénait son interlocuteur par un léger sursaut. L’ultime round du combat allait commencer, et Syhl avait déjà un genoux à terre avant même que la cloche ne résonne. - " Mais que me voulez-vous à la fin… pourquoi vous acharnez-vous de la sorte…" - " Ne craignez pas ce que je vous ai fait endurer jusqu’alors. Paradoxalement, cela n’avait que pour objectif de vous faire prendre dans le temps conscience de ce que vous étiez devenu. Un contrat est un contrat. J'ai donc agit en conséquence. Je savais aussi que le moyen pour vous approcher jusqu’à cet instant allait être long et laborieux." - "... Qu’attendez-vous de moi ? " - " Quittez votre haine de l’elfe tout comme j’ai fait le choix de quitter ma nature pour rejoindre la votre. Quittez les Born In The Tear Drop ainsi que l’esprit hordeux qui à détruit votre Terre Arable. Quittez-les et je vous dévoilerai plus avant ce qui a cultivé notre lien. Quittez-les en mémoire de votre frère et, apaisée, revenez vers la voie que les vôtres ont tracé depuis des siècles. Pour ma part, mon Abred s’arrête ici-même, tout comme mon hostilité à votre égard. Un contrat est un contrat." - " Vous me demandez de croire en votre parole… vous me demandez de renoncer à tout ce en quoi je crois, pour me parler de ce en quoi je ne crois plus..." - " Je ne vous laisse pas le choix… vous le ferez. Je le sais. Ne serait ce que pour obtenir de moi toutes les informations concernant Ethan." C’était terminé. Syhl avait fermé les yeux. Abdiquant, les mains sur le visage. Tremblante. Depuis quelques minutes déjà, elle ne regardait plus l’assassin. Le combat était achevé, l’issue s’était révélée évidente dès les premières passes d’arme. Un bruit de tissu froissé, le son cristallin de quelque gouttes retombant dans le bassin, un mouvement sur la droite, et le poids d’une main sur son épaule... - " Dès l’Acte accompli… vous aurez les réponses à vos questions. Toutes les réponses. Je saurais vous trouver. Ne me cherchez pas. Ne me suivez pas." La main se retira… nouveau bruit de tissu feutré, puis des pas qui s’éloignent… Syhl se recroquevilla sur elle-même , fragile petite chose définitivement brisée. Son corps fut parcouru de violents sursauts tandis qu’elle se laissait glisser au bas du muret comme si ses jambes ne pouvaient plus la porter et se retrouva à nouveau dans l’eau, petite boule de chair perdue dans l’immensité de la nuit. Entre les doigts toujours posés sur le visage, des sillons humides se dessinèrent tandis que les larmes s’échappaient secondes après secondes, tandis que sa gorge se serrait et que les sanglots contenus menaçaient de l’étouffer… Et dans la nuit noire, quelque part au milieu du royaume humain, une plainte déchirante monta vers le ciel. |
Auteur: | Syhl [ Ven 01 Jan, 2010 1:25 ] |
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[ Epilogue] La dernière lanière fut ajustée avec soin. Syhl se redressa et testa la solidité de l’arrimage. Bien. Rien ne bougerait. Elle s’écarta et flatta les flancs de sa jument qui hennit doucement, impatiente. Le départ était imminent. Après sa rencontre avec l’assassin, Syhl était retournée vers les siens. Brisée. Ravagée par ce que Lunerousse lui avait révélé. Complètement désemparée, et vide, si vide à l’intérieur… Sans un mot, la jeune femme s’était retranchée dans ses appartements, prétextant la fatigue pour ne recevoir personne. Elle s’était murée dans le silence et la solitude. Et une fois certaine que personne ne viendrait la déranger… elle s’était mise à pleurer. A pleurer sur elle-même, sur son passé, sur sa vie. Sur tout ce qu’elle s’était efforcé d’oublier, d’enfouir en elle, et qui avait brusquement ressurgi et revenait la tourmenter. Les circonstances tragiques qui l’avaient amenée à combattre et tuer son propre frère. Ce frère qui l’avait trahie et qui avait préféré suivre des troupes elfes plutôt que de rester auprès d’elle lorsqu’elle avait eu besoin de lui. Ce frère qui avait passé six ans à vivre avec ces mêmes elfes, qui lui avaient bourré le crâne avec leurs beaux principes allianceux, qui l’avaient à jamais changé en un être aussi vil et insensible qu’eux… qui l’avaient transformé en un monstre à abattre. Et qu’elle avait abattu, le laissant pour mort derrière elle. C’est ce qu’elle avait toujours cru, ce dont elle avait toujours été persuadée. C’est ce qu’elle avait voulu croire à tout prix quand elle l’avait tué. Pour que toute cette horreur puisse finalement prendre un sens. Pour que son acte de mort puisse revêtir à ses yeux une autre signification que le simple fratricide. Et c’était sur cette croyance de « justice » qu’elle avait bâti sa haine des elfes, qu’elle avait sciemment quitté cette voie de tolérance que son père lui avait enseignée et qu’elle avait parcourue en compagnie des Chevaliers de la Peste Noire, qu’elle avait tout quitté pour rejoindre les Born In The Teardrop… Et aujourd’hui, un être qu’elle avait autrefois combattu et haï, qui l’avait poursuivie et torturée, lui annonçait avoir recueilli les dernières paroles de son frère agonisant. Et quelles paroles… des paroles d'Amour là où elle aurait voulu voir de la Haine... qui venaient balayer ces croyances… qui venaient réduire à néant ses efforts… qui venaient achever de détruire cette carapace de haine qu’elle avait fini par construire autour d’elle… qui la forçaient à ouvrir les yeux sur ce qu’elle avait toujours voulu oublier. En quelques phrases, en quelques mots, Lunerousse avait réussi à faire voler en éclat l’équilibre fragile qu’elle avait mis près de trois ans à construire. En quelques minutes, il avait pris ses convictions et les lui avait jetées au visage. En quelques paroles, il l’avait obligée à se voir telle qu’elle était réellement… la froide meurtrière d'un frère aimant. La jeune femme imagina un instant que l’assassin ait pu lui mentir, la manipuler, la faire souffrir comme tant de fois il avait pu le faire. Après la chair, il aurait très bien pu s’attaquer à l’esprit… Mais non… il avait donné bien trop de détails, bien trop de choses vraies qu’il ne pouvait savoir que par l’entremise d’Ethan pour être un mensonge… et quel intérêt aurait-il eu à la torturer de la sorte ? Elle avait beau chercher, elle n’en voyait aucun. Se pouvait-il… se pouvait-il que pour une fois, l’assassin ait pu lui dire vrai… se pouvait-il que sa haine des elfes soit une erreur… se pouvait-il que ses choix de vie aient été des erreurs tout le long… se pouvait-il que Lunerousse ait encore des choses à lui révéler sur son frère, sur sa lignée… sur elle-même… Trop de questions… et durant tant d’années, les ténèbres autour d’elle. Trop de questions… et durant tant d’années, un besoin immense de savoir. Trop de questions… et durant tant d’années, la certitude que jamais elle ne pourrait en trouver les réponses, tant et si bien qu’elle avait fini par les enfouir en elle comme une honte que l’on cache ou une faiblesse qu’on dissimule. Et soudain… apparaissait devant elle une personne semblant détenir ces réponses qu’elle croyait à tout jamais inaccessibles Une personne qu’elle avait haï pendant des années pour les souffrances physiques infligées, une personne qu’elle haïssait encore aujourd’hui pour l’avoir mise à nu, pour avoir chamboulé son existence, pour l’avoir broyée comme dans un étau, pour l’avoir obligée à mourir et à renaître… Abred Lunerousse… l’assassin elfe ayant fait le choix de ne pas rejoindre le Mithlond de ses ancêtres. Syhl dénoua les rênes et fit quitter sa jument de la stalle, puis sortit de l’écurie. Elle leva la tête vers la bâtisse qui abritait ses compagnons. Elle eut un coup au cœur pour chacun d’entre eux. Sonja. Stouf. Jeg. Belgarathh. Ryu-San. Shannok. Drogan. Javed. Lorya. Xtremmath. Et d’autres encore. Certains qui étaient partis. D’autres qui étaient tombés sur le champ de bataille. Tant de noms. Tant de vies. Tant d’amitiés. Tant de gens qu’elle allait regretter. Tant de souvenirs partagés. Mais elle avait besoin de savoir. Elle avait besoin de comprendre. Un rai de lumière vive avait percé les ténèbres autour d’elle. Un rai dont elle voulait remonter le cheminement. Peu importait pour elle si cette lumière cachait un brasier infernal dans lequel elle se consumerait en l’atteignant. Elle se mit en selle. Elle allait maintenant le retrouver. Le rejoindre. Pour lui arracher ses secrets un à un. Pour assouvir cette soif de savoir qui la brûlait. Et après, quand enfin elle saurait, après… après, elle verrait bien. L’assassin lui avait dit de ne pas le chercher. Mais elle ne pouvait rester auprès de ses anciens compagnons. Ils ne comprendraient pas. Elle devait partir, par respect pour eux… et par amour pour eux aussi. Elle rabattit sa capuche noire et dirigea sa monture vers la porte principale de la bâtisse, croisant en chemin quelques gardes qui se pressaient vers la salle commune. L’écho des pas de sa jument martelant le pont levis résonna violemment en elle, et elle sentit son cœur se serrer comme si elle allait étouffer… mais elle ne se retourna pas. Inutile d’aviver une douleur qui vous ronge déjà. Les derniers avant-postes passés, elle pressa sa monture qui s’éloigna au petit trop. Là, quand elle fut enfin hors de vue de la bâtisse, loin des regards, elle laissa enfin une larme couler, qui descendit silencieusement sur sa joue avant d’aller s’écraser sur le sol de cette Terre qu’elle avait tant chérie et qu’elle avait mis toute sa force à défendre, comme un ultime hommage, un ultime adieu. Et au détour d’un virage, à l’orée du bois, elle le vit. Silhouette droite et noire sur sa monture, telle une apparition funeste. Qui semblait l’attendre, immobile, au milieu du chemin, sous un tilleul. Elle frissonna à sa vue, arrêta sa jument et resta en retrait. Ils demeurèrent tous deux silencieux, s’observant, se jaugeant du regard, en un ultime échange muet. Questions et réponses qui n’avaient plus besoin de paroles. Après quelques minutes de cet espèce d'entretien, la jeune femme ferma les yeux et baissa la tête. L’assassin fit alors pivoter sa monture et entra sous le couvert du bois. Après une demi-seconde d’hésitation, Syhl pressa les flancs de sa propre monture, et s’y engagea à sa suite. |
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