Forum Heroes' Chronicles


Nous sommes actuellement le Sam 27 Avr, 2024 7:32

Heures au format UTC + 1 heure





Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 11 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Les récits du conteur aveugle
MessagePublié: Lun 21 Fév, 2005 16:38 
Hors-ligne
Héros Légendaire
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Ven 04 Fév, 2005 8:16
Messages: 1108
Localisation: Sur un tas de fleurs
Récit du conteur, 1ère partie : La métamorphose d'Agon

Le soleil était déjà bas sur l'horizon quand j'arrivai aux portes de la ville. Après plusieurs jours de marche forcée et plusieurs nuits à la belle étoile, j'allais enfin pouvoir dormir au chaud. Je montrai patte blanche aux gardes puis me fis indiquer l'auberge la plus proche. Je les remerciai (non sans mettre la main à ma bourse) avant de me rendre à "La Croisée des Chemins", l'établissement qu'ils m'avaient désigné.
A première vue, l'endroit était plutôt banal. Je pouvais entendre le brouhaha des conversations, qui étouffait la musique d'un quelconque ménestrel. Une délicieuse odeur de viande rôtie me parvenait, faisant gronder mon ventre affamé. Je poussai alors la porte et entrai dans la salle commune. Une trentaine de client occupait déjà les lieux, divisés pour la plupart en petits groupes qui bavaardaient gaiement. Se trouvait là une majorité d'humains, mais également des nains et gnômes discutant autour d'une carte, deux elfes à l'air hautain assis à l'écart, un massif tauren au visage farouche semblant défier l'assistance du regard, ou encore quelques orcs ayant manifestement abusé de la bière locale. Sur une estrade, un jeune elfe jouait de la cytare, ignoré de tous. Le plus intéressant, du moins de mon point de vue, était le superbe quartier de boeuf cuisant à la broche dans une grande cheminée au fond de la pièce.
Je m'installai à une table d'angle, afin d'avoir l'oeil sur tous les autres et de garder un mur dans mon dos. Je débouclai mon ceinturon et posai mon épée au bord de la table, la lame légèrement dégagée du fourreau. Enfin, je vérifiai le sort dissimulant mon apparence véritable avant de rejeter mon capuchon en arrière. Mes préparatifs terminés, je demandai une bière et un repas chaud à la fille d'auberge venue prendre ma commande, puis je m'aperçus que les conversations et la musique s'étaent arrêtés. Je tournai alors mon attention vers l'estrade. Un vieux conteur aveugle avait remplacé le cytariste, et les clients lui accordaient toute leur attention. Il commença alors ce récit:

Dans un paisible petit village de Lordnor dont l'histoire n'a pas retenu le nom vivait un jeune homme appelé Agon. Fils de forgeron, et destiné à reprendre l'entreprise paternelle, il était solidement charpenté. Il possédait en outre un visage candide aux traits fins et réguliers et un coeur d'or. Il aurait pu attirer la convoitise de la plupart des damoiselles du village. Mais il se trouvait dans cet âge un peu fou où le coeur amoureux s'attache tant à l'objet de son désir que l'on serait prêt à n'importe quoi pour obtenir ses faveurs. Et notre Agon était fort épris d'une jeune villageoise aux cheveux d'ébène et aux yeux de biche nommée Liane, qui se moquait éperdument de ses approches maladroites.
Ce jour-là, le garçon s'en alla porter une commande à la ville voisine, ce qui lui prit tout l'après-midi. Il en profita pour acheter un cadeau à sa belle, et il rentrait le coeur léger, quand il aperçut au loin un panache de fumée noire et épaisse. Inquiet, il se mit à courir et se retrouva en plein cauchemar: une troupe d'orcs assaillait son village, pillant, tuant, brûlant et se livrant à des atrocités sans nom. Fou de rage, Agon se précipita, désarmé, à la rencontre des féroces créatures, et fut transpercé par plusieurs épées. Il agonisait encore, se vidant de son sang, lorsque les orcs se retirèrent, emportant richesses et jeunes femmes.
Aux portes de la mort, son désespoir, sa fureur, son désir de vengeance attirèrent une sombre divinité. Tout à ses émotions, le jeune homme conclu sans réfléchir un pacte avec l'Inhumain, qui le renvoya dans son corps, mais à quel prix?
Agon se releva. Il ne sentait plus la douleur. Sans plus attendre, il se mit à la poursuite de ceux qui l'avaient laissé pour mort, et il les rattrapa étonnament vite. Les orcs avaient planté un campement, et venaient manifestement de fêter leur dernière réussite. Sentant sa rage revenir, Agon se glissa dans le camp, s'empara d'une épée et se mit à massacrer les créatures avec une facilité incroyable et une force qu'il ne se connaissait pas. En peu de temps, il ne resta plus un orc vivant. Sa soif de sang apaisée, il se mit en quête des femmes capturées. A sa vue, toutes s'enfuirent en hurlant. Surpris, il poursuivit Liane qu'il avait reconnue. Il cria: "Liane! C'est moi Agon! Arrête-toi! Que se passe-t-il donc?" Mais il ne reconnaissait pas le timbre de sa propre voix.
Le hasard voulut qu'il accule la jeune femme au bord d'un précipice, essayant toujours de la rassurer, lui parlant doucement. Terrorisée, elle se jeta dans le vide. Il ne parvint pas à la rattraper.
Agon resta un long moment au bord du gouffre, les yeux dans le vague, accablé de tristesse. Enfin, il se jeta à sa suite, sans un cri, et s'écrasa sur les rochers en contrebas. C'est alors que la puissance qui l'avait ressucité se manifesta de nouveau:
"Pauvre fou! Tu ne m'échapperas pas ainsi. Nous avons un pacte! Ton âme m'appartient, et tu me serviras pour l'éternité. Je te renverrai dans ton corps autant de fois qu'il le faudra. Tu ne connaîtras pas de repos tant que je ne serai pas satisfait de tes services. Mais tu ne me seras pas utile sous ta forme actuelle. Va trouver le mage Darell, il te formera pour ce que j'attends de toi. Pars vers l'ouest, je te guiderai vers lui. Allez, lève-toi maintenant, et obéis!"


Le conteur se tût un instant, puis repris: "Je suis désolé mais à mon âge on se fatigue vite. J'ai suffisamment parlé pour ce soir. Bonne nuit à tous."
Sur ces dernières paroles, il descendit de l'estrade et quitta la pièce, appuyé sur son bâton, la démarche hésitante.
Je terminai mon repas, et allai demander une chambre pour la semaine à l'aubergiste. Je montai dès qu'elle fut prête, et me couchai à mon tour.

_________________
Image


Dernière édition par hebinokage le Lun 14 Nov, 2005 18:55, édité 2 fois au total.

Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Jeu 31 Mars, 2005 12:29 
Hors-ligne
Croqueuse de Chroniques
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Ven 11 Mars, 2005 17:53
Messages: 4806
Localisation: Sous Terre
Un petit up pour ce conte dont il me tarde de lire la suite : :P

_________________
Sondage : Quelles sont vos séries préférées ?
The the : Armageddon Days are Here (Again)
Image


Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Jeu 09 Juin, 2005 7:00 
Hors-ligne
Héros Débutant
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Sam 21 Mai, 2005 10:49
Messages: 59
Localisation: Semi-elfe guerrier dont le seul plaisir est de voir ses ennemis morts
A quand la suite ?

_________________
-=Mon Histoire=-
http://lessombresexecuteurs.forumactif.com
Image


Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Mer 26 Oct, 2005 21:09 
Hors-ligne
Héros Mythique
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Sam 15 Oct, 2005 0:29
Messages: 1093
Localisation: calin!
s'il-te-plaît Hebinokage, ne nous fais pas plus languir!
livre nous cette suite tant attendue! :oops:

_________________
Elyra, l'elfe de lumière


Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Jeu 27 Oct, 2005 12:31 
Hors-ligne
Héros Légendaire
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Ven 04 Fév, 2005 8:16
Messages: 1108
Localisation: Sur un tas de fleurs
lol vous etes allés le déterrer :lol:

ça m'oblige à m'y mettre ça! Bah, la suite dans les prochains jours alors ^^

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Lun 07 Nov, 2005 11:47 
Hors-ligne
Héros Mythique
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Sam 15 Oct, 2005 0:29
Messages: 1093
Localisation: calin!
et alors cette suite?
tu as promis! ne fais pas semblant d'oublier, j'y veille....
(sinon je confisque les lunettes de soleil :lol: )

_________________
Elyra, l'elfe de lumière


Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Lun 07 Nov, 2005 11:53 
Hors-ligne
Héros Légendaire
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Ven 04 Fév, 2005 8:16
Messages: 1108
Localisation: Sur un tas de fleurs
Hem... ça arrive (je suis de plus en plus surbooké alors... (j'ai même pas mes week-ends) de plus j'ai modifié le concept du truc en cours de rédaction... même si au final je serais le seul à voir la différence ^^ mais ça vient!

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Lun 14 Nov, 2005 18:53 
Hors-ligne
Héros Légendaire
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Ven 04 Fév, 2005 8:16
Messages: 1108
Localisation: Sur un tas de fleurs
[HRP]Hop, j'ai (enfin) tapé cette seconde partie... J'en également rédigé la suivante que je dois taper... et il y en a d'autres prévues derrière ^^ finalement ça risque de me prendre longtemps ce truc là. En attendant, bonne lecture, et n'hésitez pas à commenter... [/HRP]

Récit du conteur, 2ème partie :Le professeur

Je ne dormis pas de la nuit, et me levai tôt le lendemain. Je trainai un peu dans la salle commune, prenant un solide petit déjeuner et badinant avec la serveuse, même si le coeur n'y était pas. Puis je sortis visiter la ville. Elle ressemblait à toutes les villes que j'ai connues sur ces terres: à la périphérie, d'agréables allées bordées par les principales boutiques, ce qui évite aux marchands un trop long trajet après les portes, une place du marché animée où l'on achète et vend de tout, des auberges réputées confortables (mais surtout coûteuses)... L'on s'enfonce ensuite dans la partie résidentielle, avec des maisons de moins en moins luxueuses à mesure que l'on s'éloigne du quartier marchand. Puis ce sont les bas-fonds: baraques délabrées, tavernes miteuses, ruelles coupe-gorge... L'endroit idéal pour une personalité de mon acabit, là où se concluent les meilleures affaires et où s'échangent les renseignements les plus précieux, pour peu que l'on sache les dénicher. J'y passais la journée, collectant des informations pour de futurs voyages, puis retournai à La Croisée Des Chemins pour la soirée.
L'ambiance à l'auberge était quasiment identique à celle de la soirée précédente.
Je m'installai à la même table, sirotant en silence une pinte de bière en attendant l'arrivée du conteur.
Lorsqu'il arriva enfin, il paraissait plus vieux que le soir précédent, comme si avoir commencé son histoire avait raccourci ses jours. Il s'installa sur l'estrade et reprit son récit:

Je vous salue de nouveau, amis. Où en étais-je? Ha oui, je me souviens...

"Agon resta un moment là où il se trouvait, désorienté. Puis, avec les mouvements saccadés d'une marionnette, il se mit en route dans la direction qui lui avait été indiquée, incapable pour l'instant de former la moindre pensée. Il marcha ainsi à travers bois, sans croiser la moindre créature vivante, jusqu'au lever du jour. L'apparition du soleil remua quelque chose en lui, qui relança son esprit, et sa mémoire... Ce fut pour lui un nouveau choc. Il se laissa tomber au pied d'un chêne et laissa libre cours à sa souffrance, gémissant, se roulant dans l'humus, frappant le sol de ses poings mais incapable de verser la moindre larme, ni de ressentir la moindre douleur physique. Lorsqu'il se reprit enfin, il reprit un à un ses souvenirs de la nuit et se posa cette question brûlante: qu'est-ce qui avait terrorrisé Liane à ce point? Sentant que la réponse serait loin d'être à son goût il se laissa néanmoins aller à la curiosité et chercha un point d'eau, où il pourrait se voir à la lueur du petit jour. Comme il l'avait supposé, Agon regretta amèrement l'examen de son reflet.
L'on ne pouvait que très difficilement distinguer le visage du jeune et séduisant forgeron derrière l'horrible masque grimaçant qui lui rendait un regard vitreux à la surface de la petite mare. En effet sa peau avait presque entièrement disparu, laissant apparaître ses chairs noircies, à travers lesquelles on pouvait entrevoir par endroits l'éclat ivoirin de l'os encore frais. Il lui semblait que ses tissus subissaient une putréfaction accélérée, sans doute la marque de l'Innommé qui l'avait pris sous son aile écailleuse. La folie de son pacte désespéré lui apparu alors dans son ensemble. Comment avait-il pu espérer autre chose? Les règles de la vie et de la mort ne pouvaient être transgressées sans une lourde sanction en retour... Il n'était plus à présent qu'un pitoyable mort-vivant qui errait, démarche claudiquante, vêtements en lambeau maculés de sang séché et rictus éternellement figé sur ce qu'on ne pouvait plus appeler un visage.
S'efforçant alors de ne plus penser, d'éloigner son esprit de la souffrance qu'il éprouvait, Agon marcha, nuit et jour, sans s'arrêter, évitant toujours les villes,les villages, les routes, et tout endroit où il aurait été susceptible de croiser un être humain. Il ne ressentait ni la faim, ni la soif, ni aucun des besoins qui rythment le passage du temps chez les vivants. Il n'avait plus qu'une certitude: la seule façon pour lui d'améliorer sa condition était de se plier à la lettre aux ordres de son nouveau maître.
Ainsi, bien longtemps après qu'il eut cessé de compter les jours, le mort-vivant arriva au pied d'une vieille tour en ruine et il sut être arrivé à destination. Son intellect, qui n'avait plus été sollicité depuis le début de son périple, se remit brutalement au travail, et Agon pris conscience de son environnement. Des arbres morts, de la roche grise, pas le moindre signe de vie. Une masse de nuages sombres obscurcissait le ciel. Un lieu qui n'était pas fait pour les vivants, un lieu qui semblait rejeter l'idée même que la vie puisse exister... Exactement le genre d'endroit qu'il aurait évité du temps où il n'était qu'un simple habitant d'un petit village tranquille. Il pouvait à présent s'y promener sans crainte, se fondant parfaitement dans ce décor, s'attendant presque à croiser quelques camarades zombies lancés dans une quelconque danse macabre.
Il s'approcha alors de la porte de la tour et, ne voyant que faire d'autre, frappa. Chacun de ses coups faisait vibrer les gonds tandis que du mortier réduit en poussière s'écoulait en cascade autour de lui. Pas de réponse. Sa nouvelle forme ne lui permettant pas de crier, Agon frappa de nouveau, plus fort, dans l'espoir de se faire entendre. La porte céda et s'effondra avec fracas. Le mort-vivant contempla ce désastre, absourdi. Il n'avait pas compté sur la force qu'il possédait à présent... et dont il ignorait les limites. Il entenditt alors des pas et un drôle de vieillard, voûté et chenu, appuyé sur une cane, sortit de l'ombre.

- Qui est-tu donc, toi qui viens de démolir ma porte? croassa-t-il. Crois-tu franchement que tu vas te faire apprécier de cette façon? Tu mériterais que je te réduise en cendre sur le champ!

Le mort-vivant, penaud, tentait d'articuler une réponse, quand une présence, imposante quoiqu'invisible et intangible, se manifesta par un rire déplaisant.

- Ha! Ha! Ha! Ha! Ainsi te voilà arrivé ici... J'espère que ta longue route t'auras permis de réfléchir à ton avenir... Le petit homme voûté que tu vois est Darell, l'enchanteur auprès duquel je t'ai envoyé. Darell, je te présente Agon, un jeune campagnard naif et présomptueux qui s'est laissé emporter par son désir de vengeance. Comme tu peux le constater, malgré la puissance dont j'ai du faire preuve pour le ramener, il n'est à présent qu'un zombie pathétique. Il m'est donc totalement inutile. Je me demande d'ailleurs maintenant s'il me servira un jour à quelque chose... N'importe quel autre aurait compris que je l'avais doté de certains pouvoirs avant de lui offrir la renaissance. A quoi bon sinon? Et à lui, ça ne lui est même pas venu à l'esprit... Enfin, nous verrons plus tard ce qu'il adviendra. En attendant vieux mage, fais-en ce que tu peux. Je veux l'outil le plus performant possible.
- Je vois... en effet, il risque d'être difficile de tirer quelque chose de ce tas de chairs mortes... mais je ferais de mon mieux, maître.
- J'espère que personne ne me décevra... En une éternité d'existence, j'ai eu le temps d'imaginer de nombreux châtiments... Enfin, nous verrons cela plus tard.

Sur ces mots, la présence disparut. Darell toisa Agon.

- Allez, suis-moi donc.

Le petit mage conduisit le mort-vivant en sous-sol, dans une petite pièce équipée de tous les accessoires que l'on trouve habituellement dans la chambre d'un vivant: lit, nécessaire de toilette, coffre à vêtements... Il y avait également un petit bureau encombré de matériel d'écriture, parchemin, plumes et encriers entassé un peu nimporte comment.

- C'est ici que tu vas vivre, ou plutôt passer le temps d'existence supplémentaire qui t'es alloué. Apparemment, tu n'as jamais reçu d'instruction correcte, ni au niveau mental, ni du point de vue du maniement des armes. Nous allons arranger cela. Nous allons reprendre ton éducation à zéro. De toute façon... *Le vieillard toisa Agon* nous n'avons pas vraiment le choix. Une fois que tu auras rattrapé le niveau d'un homme normal, nous passerons à la phase supérieure. Je t'enseignerai les arcanes occultes, ainsi que la stratégie, l'art du commandement, et tout ce qui pourra faire de toi quelqu'un d'utile auprès du maître. Alors, penses-tu être capable d'apprendre? Et as-tu des questions à poser?

Il avait de nombreuses questions à poser... mais les sons qu'il émettait ne pouvaient être assimilés à des mots...

- Et bien, tu n'es même pas capable de t'exprimer correctement? ça n'a pourtant rien de compliqué... Effectivement peut-être resteras-tu un zombie stupide... Applique-toi donc un peu!

Agon ne voulait surtout pas être exclu de l'enseignement du mage. C'était là sa seule chance de s'élever un tant soit peu. Il fallait qu'il lui montre ce dont il était capable. Il arrêta de s'agiter dans tous les sens et proférant des croassement inarticulés et pour la première fois depuis sa transformation, il se concentra. Il ressentit alors des courants autour et à l'intérieur de lui, très nombreux, et de natures très variées. En fixant son attention sur Darell qui lui parlait, il put voir une déformation dans ses toutes nouvelles perceptions, qui partait de la bouche du mage et formait les mots... Mentalement, il se représenta une de ces vagues d'énergie partant de sa propre bouche, et allant vers l'oreille de son interlocuteur. Quelle ne fut pas sa surprise quand une sorte de ligne colorée apparut là où il l'avait imaginé. Toujours en esprit, il entreprit de tordre cette ligne, de l'obliger à transmettre au mage ses pensées sous forme de ce qu'il pensait être des sons. Très vite, il se mit à utiliser ce procédé aussi facilement qu'il parlait lorsqu'il était en vie.

- Je... voudr...ais sa...voir com-ment deve-nir utile... et je se-rais ravi de ... recevoir votre enseignement. Je vous promet d'acquérir le plus vite ... possible toute connaissance que vous accepterez de ... m'offrir.

Darell se fendit d'un sourire.

- Et bien voilà, quand tu veux. Finalement on pourra peut-ête tirer quelque chose de toi.
- Merci... maître?
- Professeur, s'il te plaît. Le titre de maître est réservé à notre seigneur.
- Oui professeur
- Bien. Tu te rendras vite compte que mon enseignement repose beaucoup sur l'autoformation. Du moins quand nous aurons débuté ce qui nécessite un minimum d'intelligence. Tu dois te demander pourquoi cet endroit est aménagé comme pour un vivant n'est-ce pas?
- Et bien... oui, à vrai dire je me posais la question
- La réponse est simple: ta première tâche pour obtenir le droit d'être initié aux arts occultes, c'est de parvenir par toi-même à récupérer une apparence humaine, tout comme tu es parvenu à t'exprimer. Jusque là, je ne t'apprendrais que des choses simples... écriture, mathématiques, logique, bonnes manières également, ainsi qu'obéissance et humilité. J'espère que le programme te conviens, car de toute façon je ne te laisse pas le choix. D'ailleurs, ça suffit pour aujourd'hui. Je reviendrai te voir quand bon me semblera. En attendant, fais ce que tu veux du moment que tu ne sors pas de cette pièce.

Avant qu'Agon ait pu répondre, le mage disparu dans un nuage de fumée. Le mort-vivant s'assit alors sur le lit, et commença a penser à son avenir...


Sur ses mots la voix du conteur s'éteignit. Puis il reprit:

- Ce sera tout pour aujourd'hui mes amis. J'espère que vous serez là demain soir.

Il sorti ensuite de la pièce, s'appuyant lourdement sur son bâton.
Peu désireux de me mêler à la compagnie de l'auberge ce soir, je me rendit à ma chambre, non sans adresser au passage une oeillade concupiscente à la serveuse, en lui souhaitant la bonne nuit. Au rouge qui lui monta aux joues, ainsi qu'à la lueur fugitive qui brilla dans ses yeux avant qu'elle ne détourne le regard, je compris qu'elle ne me rejoindrait pas ce soir, mais que ce n'était pas forcément à exclure pour les nuits suivantes. Le sourire aux lèvres, je me couchai et m'endormit aussitôt grâce à un sort de sommeil.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Mar 15 Nov, 2005 13:45 
Hors-ligne
Héros Mythique
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Sam 15 Oct, 2005 0:29
Messages: 1093
Localisation: calin!
Youpi!
Hebi a mis la suite! Merci! continue comme ça!

_________________
Elyra, l'elfe de lumière


Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Mar 24 Jan, 2006 14:57 
Hors-ligne
Héros Légendaire
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Ven 04 Fév, 2005 8:16
Messages: 1108
Localisation: Sur un tas de fleurs
[HRP]Bon, ça faisait longtemps que je n'avais pas remis cette histoire d'actualité. Voici donc le troisième chapitre, ainsi que mes excuses pour le temps qui s'écoule entre chaque nouvelles parties. Je vous promet d'essayer de raccourcir les délais ^^ Bonne lecture![/HRP]

Récit du conteur, 3ème partie: apprentissage

Le lever du jour me trouva encore plongé dans le sommeil artificiel induit par mon sortilège. N'ayant rien de prévu pour la journée, j'avais conçu le charme afin qu'il ne se dissipe pas avant que le soleil ne soit haut.
Lorsqu'enfin je sortis de mes rêves (eux-aussi méticuleusement concoctés par mes soins), je me rendis à la salle commune. Certains des aventuriers que j'avais remarqués lors de mon arrivée se trouvaient là également. Sans doute avaient-ils, comme moi, décidé d'attendre la fin de l'histoire du conteur avant de reprendre leurs pérégrinations. Un couple d'humains, trois nains, deux gnômes, deux elfes et le fier tauren, qui avaient tous retenu mon attention, s'étaient apparemment assemblés pour bavarder. Alors que je les observait, mon regard croisa celui de la femme. Nous nous fixames quelques instants, puis elle sourit et s'adressa à moi:

- Vous aussi vous êtes là depuis le début non? Ne restez pas dans votre coin, joignez-vous à nous!

Je n'hésitai qu'un instant.

- Et bien, si personne n'y voit d'inconvénient, j'accepterais volontiers votre invitation.

Les nains, fort bruyamment, s'empressèrent de faire une place à côté d'eux, et d'appeler le tavernier. Le tauren haussa les épaules, manifestant ainsi son indifférence. L'homme quand à lui me lança un regard ou semblait percer une once de jalousie, mais ne s'opposa pas à mon arrivée. Je m'installai donc, tandis qu'un gnôme commandait une tournée d'une voix haut perchée. Un nain au visage buriné et à la barbe noire prit la parole:

- Bien le bonjour aventurier. Laisse-moi donc te présenter notre joyeuse tablée. Je suis Rocor, et voici mes camarades Hörim et Ragir. Nous venons des montagnes du Nord. Flïn et Nourf, les deux gnômes ronchons que vous voyez ici, nous accompagnent dans nos pérégrinations...

La voix de Flïn le coupa:

- Hé! N'inverse pas les rôles, tu veux! En réalité mon bon monsieur, mon associé et moi-même avons engagé cette petite troupe de nains en tant que gardes du corps. Ce que nous regrettons parfois...

Rocor grommela:

- N'empêche que c'est nous qui faisons le gros du travail pendant que ces majestés... Mais cessons-là! ordonna-t-il tandis que leur employeur s'apprêtaient manifestement à protester de nouveau. Messires Lorelyn et Sylmelyn viennent tout droit de la forêt d'Antelorn, au sud.

Les elfes sylvains me gratifièrent d'un bref signe de tête.

- Le massif combattant impassible en face de vous se nomme Terloof ForteHache, et nous ne savons pas grand-chose de lui vu qu'il ne parle guère. Mais je ne désespère pas! Peut-être après quelques pichets arriverais-je enfin à lui débloquer la mâchoire!

Pour toute réponse, le tauren se contenta d'émettre un léger grognement qui pouvait passer pour un rire...

- Et enfin, fleur exquise parmi la piétaille que nous sommes, doux rayon de soleil illuminant l'obscurité de nos pensées, délicate épice relevant nos conversations insipides...

- Décidemment, vous ne vous arrêterez jamais, honteux flagorneur... Existe-t-il de par le monde une recette capable de faire taire un nain? Si oui, je paierais cher pour que l'on m 'enseigne se prodige.

La jeune dame qui m'avait invité à cette table souriait en disant cela, et ne paraissait pas si mécontente... elle continua ainsi, de sa voix pure et cristalline:

- N'ayant pas envie d'attendre jusqu'à ce que messire Rocor se trouve à court de flatteries, ce qui pourrait d'ailleurs ne jamais advenir, je vais me présenter moi-même, ainsi que mon compagon. Je suis Melodia de Castelhymne, et ce grand échalas renfrogné à ma droite est mon frère Carl. Enchantée de faire votre connaissance messire...

Mon tour était donc venu...

- Je m'appelle Tarek, enchanté de vous rencontrer, et honoré par l'attention que vous me portez. Quand à vous dire d'où je viens... Je me considère comme apatride, et je vais où le destin me pousse.

- Oh... Vous devez avoir vécu de nombreuses aventures alors... Vous siérait-il de nous les conter? Cela pourrait nous permettre de passer agréablement les jours à venir.

- Ma foi... pourquoi pas? D'autant que l'affaire qui m'a conduit ici est quelque peu singulière. Mais j'ai peut-être une meilleure idée. Je suppose que personne autour de cette table n'est là par hasard.

Tous s'entre-regardèrent, avec quelques murmures d'assentiment. Je décidai de poursuivre.

- Dans ce cas, il serait sans doute bon que chacun nous narre son périple. Je pense que ces histoires seront longues, et que la journée est déjà trop avancée pour que nous puissions commencer aujourd'hui. Mais pourquoi ne pas établir un tour de rôle, et commencer demain?

- Excellent! - reprit Melodia - Je suis entièrement pour!

- Mais comment déterminerons-nous l'ordre de passage? demanda Nourf.

- Tirons au sort! rugit Rocor, manifestement très enthousiaste. Voilà qui est bellement pensé! A moins que quelqu'un ne s'y oppose bien sûr... Nous ne pouvons forcer personne à parler...

Mais tous, y compris Terloof vers qui le nain coulait un regard en biais, exprimèrent leur assentiment.

- Qu'il en soit donc ainsi! En attendant, buvons et palabrons joyeusement!

Ce que nous fîmes, le tavernier ayant apporté la première tournée... qui ne fut pas la dernière de la journée. Nous tuâmes ainsi le temps jusqu'à ce qu'enfin, une fois la nuit tombée, le conteur fasse son apparition. Alors le silence s'établit, et nous nous plongeâmes de nouveau dans le récit de la vie d'Agon...

« Je suis vraiment ravi de vous voir aussi nombreux ce soir. Nous avions donc laissé notre mort-vivant à ses interrogations, dans sa chambre, à la tour de Darell. Pour lui, le temps ne signifiait plus rien.Il se plongea pleinement dans ce nouveau monde de magie qui s'offrait à lui. Peut-être accélérait-il ainsi sa corruption, mais il n'en avait cure. Que pouvait-il faire d'autre? Il n'entrevoyait pas le moindre espoir de rédemption. Aussi s'entraina-t-il à la manipulation de ces champs colorés qu'il entrevoyait. Au début, il eut bien du mal à s'en faire obéir, mais il était déterminé à prouver au mage qui allait être son professeur qu'il valait bien mieux que l'image pitoyable qu'il avait offert jusqu'à présent. Absorbé par ses exercices, il n'entendit pas Darell entrer dans la pièce.

- Oh... Alors on se lance dans les choses sérieuses jeune zombie? Te voilà bien pressé dis-moi... Ah, l'impatience de la jeunesse. Bon, trêve de nostalgie, cesse donc à présent et viens avec moi. Tu te souviens de ce que je t'ai dit à propos des premières leçons j'espère...Et bien nous allons commencer de suite.

Alors qu'Agon suivait docilement le petit homme à travers les sombres corridors, en se demandant qui avait bien pu creuser toutes ces galeries, le mage poursuivait:

- Pour ce qui est de l'obéissance et de l'humilité, je ne pense pas que tu poses de problèmes pour l'instant, puisque tu n'as aucun moyen de te rebeller de toute façon. Quoique cela ne te dispensera pas de certaines tâches plutôt ingrates... Ce donjon a besoin d'une bonne réfection, et la magie ne fait pas tout. Parfois il vaut mieux une bonne paire de bras solides. Et comme je t'ai sous la main...
Nous allons établir un découpage de tes journées. Peut-être ne vois-tu déjà plus le temps qui passe, l'acquisition de l'immortalité a parfois de tels effets, mais il est important de ne pas se laisser aller en la matière, et de s'organiser. Aussi, voilà comment cela va se passer: le matin, lever à l'aube. Cette partie du jour sera consacrée au remplissage de ta caboche. L'après-midi quant à lui, sera dédié à l'exercice physique. Concrètement, tu vas devoir te faire maçon... Nous prendrons également des repas, aux heures considérées comme normales par les vivants, pendant lesquels je te fournirai quelques rudiments de bonnes manières. Les nuits sont à toi, fais-en ce que tu veux. Des questions?

- Non professeur, c'est très clair.

- Parfait. Ah, voici notre salle de classe. Je t'ai accompagné afin que tu repères le chemin, mais à partir de maintenant ce sera à toi de te présenter à l'heure devant cette porte. Et je ne pense pas que tu apprécierais de savoir ce qui t'attend en cas de retard...

Ils entrèrent alors dans une petite pièce sobrement aménagée. Des murs nus, un bureau, une petite table, deux chaises, papier, plumes et encriers. Derrière le bureau se trouvait une petite bibliothèque comprenant sans doute une centaine d'ouvrages. La lumière était fournie par des torches, fichées dans les appliques le long des murs. Sans hésitation, Darell alla s'asseoir, enjoignant Agon à faire de même. Ce dernier se souviendrait toujours de cet endroit, de son atmosphère sereine si particulière, des leçons dispensées par le petit mage, d'une voix tantôt doctorale, tantôt sarcastique et parfois amicale, en fonction de sa vitesse de compréhension et de ses progrès.

C'est ainsi que son enseignement avait débuté, et il se poursuivit longtemps, tout comme Darell l'avait prévu. Le jour, il suivait scrupuleuseument les ordres de son mentor, et la nuit, il tentait d'apprivoiser la magie. Et chaque jour, il en apprenait un peu plus. Peu à peu, il se surprit à éprouver de l'affection envers son professeur, en dépit de sa situation. Et enfin, une nuit...

Multicolores, multiformes, les champs magiques sont vraiment déroutants pour celui qui ne s'y est jamais aventuré. Mais à force de persévérance, on peut y discerner des trames, des motifs, des signatures propres à différents matériaux, phénomènes ou être vivants. Et ceux qui possèdent le don peuvent agir sur tout cela, et ainsi obtenir ce qu'ils désirent.
Agon avait longuement navigué dans ces courants, et il pensait être fin prêt. Il avait repéré, à force d'observations, ce qui avait modifié sa nature et il s'estimait capable non pas de revenir en arrière, car il ne pouvait aller contre la volonté d'un Dieu, aussi démoniaque fut-il, mais au moins de restaurer son corps. En réalité, cela faisait bien un mois qu'il voyait de quelle façon s'y prendre... Toutefois, il s'était perdu dans les affres de l'hésitation. Du moins jusqu'à ce soir-là.
Prenant son courage à deux mains, s'efforçant de rester résolu jusqu'au bout, il se lança dans le flot de magie, se pencha sur son cas et, pour la première fois depuis son arrivée en ces lieux, agit de son propre chef, opérant les modifications qu'il pensait appropriées... Au fur et à mesure, il sentait ses forces étrangement décliner... Voilà une chose qu'il n'avait pas prévue: pour obtenir un résultat, il faut dépenser de l'énergie, ce à quoi il n'était pas habitué. Néanmoins il persévéra, voulant à tout prix réussir... Et finalement il sombra dans l'inconscience.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, ce fut pour voir ceux de Darell qui le fixaient.

- Tu es un imbécile, sais-tu? C'était beaucoup trop tôt pour tenter ce genre de chose. Un jour, ton impatience risque de te faire tuer, mais définitivement. Et à ton avis, qu'arrive-t-il à un mort-vivant lorsqu'il meurt vraiment? Je te laisse imaginer mais crois-moi, c'est loin d'être un paradis...

Agon ne sentait plus son corps. Il tenta de se mouvoir, en vain. Le mage reprit:

- Et pourtant, contre toute attente, tu as réussi et tu as survécu. C'est impressionnant. Il semblerait que je t'aie légèrement sous-estimé. Ainsi, tu as passé l'épreuve et gagné l'accès à mon savoir. Attention, cela ne t'affranchis pas de mes ordres pour autant, et bien que cette tour ce soit embellie depuis ton arrivée, il reste encore fort à faire... -Il sourit- Mais nous devrions pouvoir caser tout ça dans ton nouvel emploi du temps. Ne t'en fait pas pour ta paralysie, ce n'est que temporaire. Exceptionnellement, je t'accorde un jour de repos. A demain.

Et il disparut.
L'esprit d'Agon était partagé entre la fierté et la peur. Certes, il était heureux d'avoir enfin prouvé sa valeur... mais oserait-il recommencer après ce qui lui était arrivé? Finalement, il écarta ces réflexions pour se concentrer sur son corps, qui se rappelait douloureusement à lui... Une journée de repos... Quelle bonne blague! Cela suffirait à peine à le remettre sur pied.

Le lendemain, son premier plaisir en se levant fut d'aller se contempler dans le miroir. Il avait retrouvé figure humaine. Toutefois, son apparence n'avait rien avoir avec celle du jeune forgeron avenant de son ancienne vie. Sa peau était d'une blancheur d'ivoire, et ses lèvres rouge sang. Ses cheveux avaient viré du châtain clair au noir corbeau. Il ne possédait plus son ancienne musculature, quoique sa force n'en fût pas diminuée pour autant, au contraire... Son nouveau corps, aux membres fins, dissimulait une vigueur supérieure à celle de n'importe quel homme vivant.
Lorsqu'il eut fini de s'inspecter, il se rendit à la salle de cours. Mais Darell ne s'y trouvait pas. Intrigué, il attendit un instant. Puis la voix du mage résonna dans sa tête:

- Pas ici, triple buse! Tu as passé l'épreuve, tu te souviens? Le programme à quelque peu changé. Dorénavant, une partie des leçons se déroulera dans la bibliothèque principale. Une autre dans mon laboratoire. Mais pour l'instant, je t'attends dehors, pour ton premier contact avec le maniement des armes.Dépêche-toi donc un peu, je t'attends!

Agon se rendit donc à l'extérieur. Son professeur l'attendait, accompagné d'un inconnu en armure.

- Je pourrais me charger moi-même de cet enseignement, n'en doute pas... mais pour les bases, ton dégrossissage pourrait-on dire, Hrolf ici présent te conviendra mieux. Je me chargerais de la finition. Rejoins-moi à la bibliothèque quand il t'aura relâché. Bon courage!

Puis, comme a son habitude, il s'évapora.

- Ne restes pas là à révasser, mollusque. Tu ressembles fort à un jeune dandy. Je te previens, pas de maniérisme avec moi. Regarde les armes contre le mur, derrière toi.

Se trouvaient là une rapière, des dagues, un arc avec son carquois de flèches, une hache, quelques javelots et une lance.

- C'est le minimum que tu devras maîtriser pour pouvoir te débarrasser de moi. Et je ne connais qu'une façon d'apprendre: la pratique. Alors choisis-en une et viens devant moi.

Agon s'approcha des armes, se saisit de la rapière, et vint se planter en face de Hrolf. Qui l'invectiva aussitôt.

- Et bien alors qu'est-ce que tu fais? Tu crois que dans un combat ton adversaire attend ton bon vouloir pour te trucider? En garde et attaque-moi! Plus vite que ça!

Maladroitement, il s'éxécuta. Il tenta de frapper de taille en direction du torse du guerrier, qui déjoua facilement l'assault et le désarma.

- Qu'est-ce que c'était ça? Du nerf, bon sang! Je te préviens, la prochaine fois, non seulement je te désarme, mais en plus je te tape dessus. Allez, recommence.

Et la matinée passa ainsi, le mort-vivant copieusement injurié et frappé par le maître d'arme. Lorsqu'il put enfin partir, il le fit en piteux état, et se rendit devant Darell avec la ferme intention de se plaindre.

- C'est ainsi que je suis récompensé pour avoir réussi votre...

- Suffit!

Le mage avait à peine élevé la voix, mais il n'en fallait pas plus pour réduire Agon au silence.

- Il y a une chose que tu ne dois pas oublier: je ne suis pas ton ami, mais ton professeur. Et encore, ton forgeron devrais-je dire. Car je dois faire de toi une arme pour notre seigneur, ni plus, ni moins. Tu es encore au stade du minerais brut, quoique tu puisses en penser. Et tu dois bien savoir qu'il faut d'abord chauffer et battre le métal avant de pouvoir le travailler en finesse. Alors ravale l'arrogance qui commençait à pointer son nez dans ta petite tête, et fait comme on te le dit. Tu rejoindras Hrolf tous les matins dans la cour. Et ton étude de la magie ne sera pas plus reposante, crois-moi. Sur ce, commençons la leçon.

Le mort-vivant se tut, dompté.

Le second cycle de son apprentissage avait débuté. Il s'entraîna sans relâche, et acquit en plus de ses compétences une hargne envers ses professeurs, qui ne lui faisaient aucun cadeau. Durant toute cette période il fut sans cesse rabaissé, conspué, houspillé, frappé... Mais pas en vain. En effet, sa vitesse d'apprentissage augmentait avec sa rage. Combien de temps cela dura-t-il? Impossible de le dire avec certitude, mais pas moins de cinq années. Jusqu'à l'intervention de l'Innommé, et de son examen de passage...


Sa voix déraillait déjà depuis quelque phrases. Le conteur parvint tout de même à croasser un au revoir et à souhaiter une bonne nuit aux clients de l'auberge, avant de se retirer.

- Il nous laisse sur notre faim, fit remarquer Melodia, vivement demain soir.

J'acquiescai en silence, puis me levai.

- Et bien moi aussi je m'en vais vous souhaiter la bonne nuit. A demain, que nous puissions commencer à échanger nos récits. Il me tarde déjà.

Tous me saluèrent chacun à leur tour, et je montai me coucher, satisfait de ma journée.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message:
MessagePublié: Ven 22 Sep, 2006 11:25 
Hors-ligne
Héros Légendaire
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscrit le: Ven 04 Fév, 2005 8:16
Messages: 1108
Localisation: Sur un tas de fleurs
[HRP]Bon bah voilà. J'étais tout content de poster ce chapitre et j'allais faire plein de commentaires allègres, mais le départ de Seytahn m'en a ôté l'envie. Donc juste voilà.[/HRP]


Récit de Rocor: Le livre de Dem

J'avais passé la nuit en opérations magiques diverses, nécessaires pour la suite des opérations. Enfin, les desseins auxquels je travaillais depuis tant d'années prenaient forme. Bientôt... Mais il n'était pas encore temps de se répandre en congratulations. Peu après l'aube, je descendis l'escalier de bois menant à la pièce principale de l'auberge, sachant que les compagnons rencontrés hier ne tarderaient pas à me rejoindre.
Ce qu'ils firent peu après que je me fus attablé, l'un après l'autre... La discussion débuta mollement, s'animant ensuite tandis que les esprits sortaient des brumes du sommeil. Une fois de plus, ce fut dame Melodia qui lança le sujet que nous attendions tous.

- Je ne voudrais pas déranger vos tergiversations messieurs, mais peut-être serait-il temps de commencer ce dont nous avons parlé hier. Je prévois de longs récits, et le soleil ne ralentira pas sa course pour les écouter avec nous.

Je souris à ces derniers mots. La dame ne savais pas à quel point ils étaient bien choisis...

- Aussi, reprit-elle, nous devrions procéder sans tarder à ce fameux tirage au sort.

- Vous parlez vraiment d'or chère amie, et cela ne peut que vous attirer les faveurs d'un nain. Ma foi, j'ai déjà préparé ce qu'il nous faut afin que le destin désigne ses élus.

Rocor posa alors sur la table un casque contenant plusieurs morceaux de papier pliés.

- Que chacun tire son chiffre! A chaque jour nouveau, celui dont ce sera le tour pourra nous abreuver du flot de ses histoires merveilleuses, nous rassasier de contes mystérieux, nous faire rêver à ses voyages extraordinaires...

- Oh assez! -le coupa la voix aigüe de Nourph- J'ai suffisamment enduré vos insupportables envolées lyriques! Pourquoi diable n'êtes-vous point capable d'être concis? Faites circuler ce casque et allons-y!

-Bon, bon, du calme. Je propose d'accorder le privilège de la première main à celle qui nous prouve sa générosité sans égale en nous accordant le privilège incommensurable de contempler sa magnificence, à la plus... heu...

Le nain, sous les regards courroucés, ravala la tirade qu'il s 'apprêtait à déclamer.

- Enfin bref, dame Melodia, à vous.

Avec un sourire, cette dernière pris le casque, tira un papier, puis me tendit l'objet. J'exécutai la même manoeuvre et le suivant répéta l'opération, jusqu'à ce que chacun fût servi. Nous dépliâmes ensuite les morceaux de parchemin.

- Alors, de qui est-ce le tour?

- Et bien, il semblerait que je sois le premier! Je vais donc commencer par...

- Minute môssieur le nain! Je vous signale que nous sommes cinq. Même si c'est notre histoire qui est sortie, je ne vois pas pourquoi c'est vous qui devriez la raconter!

- Et bien môssieur Flïn, je pense qu'étant le chef de ceux qui vous ont aimablement amené ici en vie et en un seul morceau, il serait logique que...

- Que rien du tout! Nourf et moi-même vous payons pour ça, cela n'a rien à voir. Et puis tout a commencé avant que vous n'arriviez, alors quelles âneries allez-vous inventer pour remplacer ce que vous ignorez?

- Vous n'avez peut-être pas tort... Chacun notre tour alors?

Le gnôme médita cette idée quelques instants, puis céda devant l'impatience évidente du petit groupe.

- Bon d'accord, je vous laisserai la parole plus tard. C'est donc à moi...

Il se mit debout sur sa chaise et s'éclaircit longuement la gorge, avant de commencer à raconter, de sa petite voix aigüe



Cette histoire commence dans la ville de Gräk Burïm, à l'entrée de la chaîne de montagne constituant la frontière septentrionale de notre contrée. Nourph et moi-même y tenons un commerce florissant. Nous nous enorgueillissons en effet de pouvoir fournir à nos clients n'importe quel ouvrage jamais écrit, ou de savoir le cas échéant à quel endroit il se trouve. D'ailleurs, si l'un d'entre vous s'intéresse aux livres rares, nous avons toujours le temps pour une petite transaction, et nos prix sont vraiment compétitifs compte tenu de ce que nous sommes parfois obligé de faire pour mettre la main sur les pièces de collection que l'on nous commande... Enfin bref.

Or donc il advint qu'un certain soir, alors que nous nous apprêtions à fermer boutique pour prendre un repos bien mérité, un vieil homme, vêtu de façon élégante, entra dans notre boutique. Appuyé sur sa canne finement ouvragée au pommeau de rubis, il nous toisa un long moment de ses yeux d'un bleu de glace. Nous restâmes figés, sans rien dire. Certes, nous aurions pu mettre cet énergumène à la porte pour aller nous coucher, mais le rubis sur sa canne était le plus gros que nous ayons jamais vu. On ne met pas dehors un client potentiel qui a l'air aussi riche! Lorsqu'il en eut assez de contempler notre magnificence, réhaussée par la superbe décoration de notre établissement, il remonta sur son nez ses lunettes à monture d'or, lissa sa moustache immaculée et nous proposa de parler affaire, comme ça, de but en blanc. Avec affabilité, nous le conduisîmes à notre bureau et commençâmes à marchander. Je ne vous décrirais pas notre conversation par le menu, car je dois conserver secrets nos procédés de marchandage, qui sont d'une rare efficacité, vous vous en doutez. Toujours est-il que nous sommes parvenus à un accord. Ce fin collectionneur désirait mettre la main sur un ouvrage rarissime, le livre de Dem, un tome de magie rédigé dans une langue qui nous est incompréhensible mais qui revêt pour certains une grande importance. Et justement, nous avions récemment appris où il se trouvait! Le hasard fait vraiment bien les choses, non? Aussi nous fournit-il une avance, pour nos frais, et nous lui promîmes de lui procurer l'objet au plus vite. Car voyez-vous, ce qui fait notre succès sur le marché, c'est que nous allons nous-même chercher la commande du client et que nous la lui livrons. Pas comme la plupart de nos concurrents qui se contentent d'envoyer quelqu'un faire le boulot, quelqu'un qui risque de tout faire de travers! On n'est jamais mieux servis que par soi-même, surtout en affaires.

Dès le lendemain, Nourph et moi écumâmes les tavernes de Gräk Burïm, à la recherche d'aventuriers réputés qui pourraient nous servir de gardes du corps durant notre épopée. Nous avions décidé de partir sans tarder, compte tenu de la somme colossale que notre client avait mis dans la balance la veille au soir. C'est alors qu'entrant à « L'Elfe Gourmet », auberge d'excellente réputation, à la recherche d'équipiers de qualité à qui proposer un partenariat profitable, nous recontrâmes le Sieur Rocor et ses compagnons, dont les exploits étaient chantés par tous les ménestrels de...


-Il suffit Flïn! Je le savais, vous commencez à déformer les choses! Vous avez raconté ce qui c'était produit avant notre rencontre, très bien. Pour la suite, je devrais pouvoir me débrouiller. Nos amis méritent un récit authentique, et je vois bien que vous allez leur servir des fadaises.

Le gnôme prit une inspiration, s'apprêtant visiblement à protester, mais le regard furieux de Rocor l'en dissuada. Le nain se lança alors dans la suite du récit.


Récemment chassé de la garde du roi de la montagne et condamné à l'exil pour avoir été surpris dans la chambre de la fille dudit roi, attendant la belle dans le plus simple appareil, le général Rocor, accompagné de ses deux meilleurs amis, chassait ses idées noires à l'aide d'un tonneau de bière fraîche, dans un bouge crasseux de Gräk Burïm. Il lui fallait quitter le royaume au plus vite, mais il ne savait vers où se diriger. Prêtant l'oreille aux conversations alentours tout en se livrant à ses libations, il repéra les voix aigües de deux gnomes qui se lamentaient de ne parvenir à mettre la main sur quelques valeureux guerriers pour les accompagner sur les routes. Il sourit, car il connaissait les causes de leur échec: la réputation de pingrerie de Flïn et Nourph était si bien ancrée dans la ville que personne ne se risquerait à accepter un travail de leur part, à moins de se trouver sur la corde raide. Mais n'était-ce pas son cas? S'excusant mentalement d'avance auprès d'Horïm et de Ragir, il héla les marchands.

- Dites les gars, z'avez bien dit qu'il vous fallait des gardes du corps non? Venez donc à notre table! P't'être allons nous pouvoir arranger ça.

Les gnomes se regardèrent un instant d'un air dégouté, puis soupirèrent de concert avant d'accepter l'invitation du nain à l'élocution rendue laborieuse par la quantité d'alcool qui courait dans ses veines. Lorsqu'ils furent installés, Flïn engagea la conversation:

- Et bien, il se trouve qu'en effet nous aurions besoin d'aventuriers fort courageux, et habiles de surcroît, pour entreprendre un périple dans une contrée fort lointaine. Ceux-ci auraient pour tâche de nous aider à repousser les bandits et les bêtes sauvages qui pullulent sur les routes... Malheureusement, il semblerait que tous les professionnels soient actuellement occupés ailleurs.

- J'pense alors que nous pourrions 'ventuell'ment faire affaire ensemble, si mes compagnons n'y voient pas d'incm...d'ingv... de problème.

Lesquels compagnons, dans un état second, ne purent qu'acquiescer mollement de la tête.
Les gnomes se jetèrent quelques coups d'oeil, tandis que leurs mains esquissaient des signes rapides sous la table, puis Flïn reprit:

- Et bien oui, pourquoi pas, j'ai justement sur moi un petit contrat... Nous vous fourniront bien entendu le gîte et le couvert pendant le voyage, et un salaire assez substantiel. Si vous vouliez bien apposer votre signature ici...

Il tendit à Rocor une plume et un morceau de parchemin que Nourph venait de sortir d'une besace. Le nain trop soûl pour voir les lignes fit semblant de lire attentivement le texte, puis se saisit de la plume et griffona son nom, ainsi que ceux d'Horïm et de Ragir, à l'endroit que Flïn lui désignait.

- Et bien messieurs, voilà qui est parfait. Nous viendrons donc vous chercher demain matin.

Il s'en allèrent prestement, laissant les nains à leur beuverie.

Le lendemain, des coups frappés à la porte de la chambre qu'ils partageaient réveillèrent les trois compères. Conséquence de leurs activités nocturnes, il leur semblait qu'on martelait leurs crânes au même rythme que la porte.

- Qu'est-ce qu'il y a? Vous allez cesser ce raffut oui?

- Comment? -hurla une voix perçante qui leur vrilla les tympans- Vous n'êtes pas encore prêts? Je vous ai pourtant bien spécifié hier que nous partions à l'aube! Dépêchez-vous donc!

- Quoi?-rugit Rocor- A l'aube? Vous aviez dit « demain matin », vous n'avez jamais parlé de l'aube!

- Lorsque le soleil se lève, c'est le matin, tout le monde sait cela. Maintenant cessez de discuter et préparez-vous en vitesse, nous vous attendons dehors.

Horïm et Ragir jetèrent un regard surpris à Rocor, qui leur expliqua le marché passé la veille, pendant qu'ils enfilaient leurs vêtements et empaquetaient leurs affaires. Ils furent loin de se montrer enchantés, mais reconnurent qu'ils tenaient là une bonne occasion de se faire oublier.
Lorsqu'il sortirent de l'auberge, ils trouvèrent les deux gnômes, juchés sur une charrette pleine de bagage, tractée par un âne. Aparemment, eux-mêmes étaient censés aller à pied. Ils tentèrent bien de protester, mais les gnômes leur mirent sous le nez le contrat signé la veille. Les trois nains pâlirent. Rocor regretta soudain de ne pas avoir été en état de lire le texte... Le fameux couvert qui leur était fourni se composait de rations de voyage et d'eau claire, le gîte, de paillasses autour d'un feu à côté de la tente des gnômes lors de bivouacs en pleines nature, le salaire, d'une bourse d'or qui ne leur suffirait même pas pour couvrir un mois d'inactivité. Et par-dessus tout, ils se voyaient condamnés à ne pas boire la moindre goutte d'alcool tant qu'ils n'auraient pas récupéré ce qu'ils allaient chercher.
Ce fut en maugréant et en traînant des pieds qu'ils se mirent en route, mais leur bonhommie naturelle finit par leur revenir peu à peu à mesure que s'estompait leur gueule de bois.
Le voyage sur les routes fut long et monotone. Leurs haches venaient facilement à bout des quelques malfrats pouilleux qui les assaillaient de temps à autre. Le bruit qu'ils faisaient en se déplaçant suffisait à effrayer la plupart des animaux sauvages. La nuit, ils montaient le campement, préparaient le repas puis montaient la garde à tour de rôle. Et pendant tout ce temps, leurs employeurs ne faisaient rien, sinon discuter entre eux de tractations commerciales, et guider l'expédition à partir d'une vieille carte sur laquelle ils semblaient se reposer entièrement et dont il refusèrent de dévoiler la provenance.
Ils traversaient rapidement les villes, ne s'arrêtant que pour reconstituer leur réserve d'eau et de nourriture.
Enfin, la petite troupe atteignit l'endroit où elle devait quitter les sentiers battus pour s'enfoncer dans une vaste forêt. Et les nains se retrouvèrent chargés de porter les bagages des gnômes en plus des leurs, suite à l'abandon de la charrette. Leurs protestations se heurtèrent de nouveau au contenu du contrat, et Flïn leur fit remarquer qu'il aurait également pu vendre l'âne, ce qui leur aurait fait encore plus de poid à transporter. La mort dans l'âme, ils s'engagèrent dans la forêt, pour trois longs jours de marche forcée jusqu'à leur destination.

Il faisait nuit lorsqu'ils atteignirent le mausolée en ruine. L'édifice se tenait au milieu d'une clairière, comme si les arbres eux-mêmes avaient jugé plus sage de maintenir une distance de sécurité. Ils installèrent le camp, et, sans savoir pourquoi, discutèrent à voix basse.

- Qu'est-ce que nos deux fêlés de patrons peuvent bien venir chercher ici? -demanda Ragir-

- Je ne sais pas, mais je pense que nous allons bientôt le découvrir, car je gage qu'ils comptent sur nous pour y aller.

- Allons les gars, ça ne peut pas être si terrible, sinon ces deux poltrons ne se seraient jamais déplacés en personne.

- Toi Rocor, tu n'as jamais peur de rien de toute façon. Mais si nous venons pour nous emparer d'un trésor, je propose que nous l'empochions avant de planter les tyrans ici!

- Comment? Et le respect de la parole donnée, qu'est-ce que tu en fait Horïm?

- La parole que TU as donnée nom d'un chien! Déjà, c'est à cause de toi que nous avons dû partir...

- Minute, je ne vous avait pas demandé de me suivre quand je suis parti! Et puis, qui culbutait les femmes de chambre afin qu'elles ne viennent pas nous déranger, la fille du Roi et moi?

Les trois nains se regardèrent, puis éclatèrent d'un rire qui détendit l'atmosphère, malgré les protestations énergiques de Nourph qui semblait-il désirait dormir.
Une fois le jour levé, les gnomes se décidèrent enfin à expliquer à leurs « employés » ce qu'ils étaient venus faire.

- Un livre!!! On a fait tout ce chemin pour un satané bouquin! Et il faut aller le chercher chez un mage mort en plus? C'est une blague!?

- Pas du tout messieurs, pas du tout, nous sommes on ne peut plus sérieux. Cela n'a rien de compliqué, il suffit d'entrer, de trouver la bibliothèque, d'ouvrir la cache secrète comme écrit au dos de notre carte, puis de repartir. Je ne vois pas ce qui pourrais nous poser le moindre problème. Et si tout se passe bien, nous vous offrons une nuit dans la meilleure auberge de la ville la plus proche! Bien sûr, nous y resterons plus longtemps que ça, puisque c'est là que nous attendrons notre client, mais vous vous débrouillerez pour payer le reste, nous ne faisons pas la charité.
Bon, assez tergiversé, allons-y!

Sur quoi les marchands se dirigèrent d'un bon pas vers le sinistre bâtiment, balançant négligemment leurs besaces. Les nains, encore quelque peu hébétés, suivirent. Quelque chose leur disait que tout ne se passerait pas comme prévu... Impression qui fut confirmée lorsque le sol se déroba sous leur pieds, et qu'ils glissèrent sur une pente de terre pour atterrir rudement dans une sombre caverne.

- Alors ça c'est malin!
- Aïe mon dos!
- Vire ton pied de ma figure toi!
- Vous n'avez même pas été capable de repérer ce piège! Mais pourquoi est-ce que l'on vous paie?
- Surement pas pour supporter les jérémiades de deux tyrans miniatures!
- SILENCE!

Tous se turent sur cette injonction de Rocor.

- Maintenant on se relève, on voit où l'on est et on agit. Horïm, Ragir, en formation autour de ces deux « messieurs ». Et surtout, pas un mot!
Rocor avait utilisé une voix de commandement... Les deux nains obéirent promptement.

Ils se trouvaient dans une grande pièce souterraine, dont le plafond était soutenu par de massifs piliers de pierre. Ils était apparemment tombés non dans un piège, mais dans un tunnel creusé par quelqu'un qui avait été fort désireux d'entrer ici... Mais qui avait regretté son geste par la suite, comme le démontrait le squelette appuyé contre le pilier le plus proche.
Ils se mirent en marche dans la direction supposée de l'ancienne demeure du mage Dem, attentifs au moindre son, au moindre mouvement dans les ombres... mais rien ne les avait préparé à une attaque provenant d'en haut. Une dizaine de créatures étranges, sortes de lutins ailés contrefaits d'un mètre de haut, leurs tombèrent dessus sans crier gare, de courtes épées à la main. Ils les encerclèrent rapidement, et l'un deux s'adressa à la troupe d'une voix rauque.

- Halte-là, qui etes-vous? Que venez-vous faire ici?

- Qui nous le demande? -répondit Rocor-

- Ce n'est pas à vous de poser des questions. Mais sachez que nous sommes les gardiens de ces lieux, et que nous vous tuerons sans hésitations si vous refusez de vous identifier.

- Bien que je ne doute pas que nos haches nous permettraient aisément de nous frayer un chemin où bon nous semble, je vais tout de même vous répondre: nous avons chût dans un trou bêtement creusé dans le sol alors que nous nous rendions dans l'ancienne habitation du mage Dem pour nous procurer certain ouvrage qui nous intéresse.

- Et bien réjouissez-vous, car vous vous trouvez justement dans l'édifice que vous vouliez rejoindre. Mais ne commettez pas l'erreur de nous sous-estimer, vous regretteriez amèrement tout geste inconsidéré... Si vous aviez été une créature démoniaque, le bouclier qui entoure la clairière vous aurait arrêté... Je dois en conclure que vous êtes de vulgaires voleurs non-affiliés aux ténèbres... Je n'ai donc point besoin de vous tuer. Si vous allez chercher le Livre, vous mourrez à coup sûr.

- Comment cela? Et pourquoi prononcez-vous « le Livre » avec tant d'emphase, comme s'il s'agissait d'une relique sacrée?

- C'est très simple, notre rôle est d'éliminer les démons qui réussiraient à passer le bouclier, ou bien, le cas échéant, de prévenir les idiots qui viennent ici du danger qu'ils encourrent en approchant le Livre. Et si j'en parle ainsi, c'est parce qu'il n'est point fait pour les mortels. Il recèle une puissance que vous ne pouvez imaginer, et il ne se laissera jamais emmener par quelqu'un qui ne le mérite pas. Si vous voulez vraiment persister sur cette voie, continuez jusqu'à l'escalier, au fond. Il vous mènera directement à la bibliothèque. Pour ressortir, il vous suffira de monter encore un étage pour arriver au vestibule. Je vous conseillerais de filer directement vers la sortie... car si vous entrez dans la bibliothèque, je doute que vous en ressortiez. Enfin, faites comme il vous plaira.

Les créatures s'envolèrent alors de concert et disparurent rapidement dans les ombres.

- Qu'est-ce qu'on fait?

- On va chercher le livre bien entendu! Ne vous inquiétez donc pas tant, il ne représente aucun danger! Nous savons comment le neutraliser. Peut-être son gardien vous causera-t-il quelque ennuis, mais je suis sûr que vous en viendrez à bout.

- Minute! Comment ça le gardien? Et qu'est-ce que vous entendez par neutraliser le livre? Il y a encore beaucoup de détails que vous nous avez caché comme ça?

- Nous vous disons ce que vous avez besoin de savoir quand vous avez besoin de le savoir, voilà tout. Cessez de discuter, en route!

Ils suivirent les indications des lutins volants, et parvinrent sans encombre à la bibliothèque. Là, les gnomes les conduisirent jusqu'à un cercle de runes gravé sur le sol.

- Allez, tous dans le cercle! Nous allons mettre la main sur cet ouvrage en un tour de main!

Les nains s'entre-regardèrent, inquiets, puis s'exécutèrent. Après tout, leurs employeurs semblaient mieux renseignés qu'eux. Mais ils restaient chagrinés par ces histoires de gardiens et de livres capables de se défendre. En tant que soldats, on leur avait appris à se méfier de la magie, de ceux qui la pratiquaient, et de tout objet entré en contact avec elle.
Flïn sortit de sa besace un petit objet, une pierre gravée semblait-il. Il la posa au sol et récita une courte incantation, dans une langue inconnue des nains.
Alors, le monde changea autour d'eux...

Ils se trouvaient en plein milieu d'un désert. Une chaleur écrasante s'abbatit immédiatement sur le petit groupe. Le reflet de la lumière sur le sable blanc les aveugla quelques instants.

- Mais... où sommes-nous? -demanda Ragir-

- Ne vous inquiétez pas, tout ceci est parfaitement normal. A présent, montez la garde pendant que nous nous occupons de rendre le livre innofensif.

- Vous voulez dire que c'est le livre qui nous a envoyé là?

- Pour simplifier, on peut dire ça ainsi. En réalité, ce décor autour de nous n'existe pas. Mais ce n'est pas vraiment une illusion... si on vous y tue, vous mourrez. Alors cessez de poser des questions inutiles et faites attention à ce qui se passe autour de vous. Nourph, mettons-nous au travail! Heureusement que ce vieil homme était bien documenté sur l'objet qu'il désire tant...

Sans plus s'occuper de leurs gardes du corps, les gnômes sortirent divers objets de leurs sacs, et commencèrent une sorte de rituel.
Le nains se placèrent autour d'eux, inquiets quand au gardiens qui pourrait leur être envoyé. D'autant que ce terrain n'était pas vraiment à leur avantage.
Ce fut Horïm qui donna l'alerte le premier: il lui avait semblé voir le sable remuer de bien étrange façon... En effet, lorsque Ragir et Rocor y prirent également garde, ils s'aperçurent que tout autour, quelque chose dessinait de grands « S » mouvants sur le sol... qui se dirigeaient doucement vers eux...
Ils jurèrent copieusement et empoignèrent leurs haches, prêts à les abattre sur tout soulèvement de sable intempestif qui s'approcherait un peu trop.
Avant que cela n'arrive, les créatures responsables du mouvement se montrèrent. Les têtes d'une dizaine de serpents démesurés aux écailles d'or émergèrent du sol, leurs yeux vicieux braqués sur ceux qu'ils considéraient déjà comme leur futur repas. Ils accélérèrent. Les nains brandirent leurs armes tandis que les marchands continuaient leurs simagrées sans même se rendre compte de ce qui se passait. Le temps de quelques battements de coeur, et ce fut le contact. Rocor trancha la tête du premier reptile qui, s'étant trop précipité, avait tenté de mordre Ragir. Mais déjà les autres monstres fondaient sur eux; Ce ne fut plus alors que cris, sang et furie guerrière. Une tragédie se jouait qui n'avait d'autre témoin que l'immensité silencieuse du désert. Soudain, tout disparut..

Ils se trouvaient dans une petite pièce carrée aux murs de pierres grises. Sous leur pieds, ils pouvaient voir un cercle de runes gravées identique à celui qui les avait conduit ici. Et en face d'eux, posé sur un lutrin d'ébène, gisait le Livre. Il irradiat de mauvaises intentions, et les nains se sentaient oppressés par les miasmes de malveillance qui emplissaient les lieux.
Mais les deux marchands ne semblaient pas le moins du monde affectés. Bousculant leurs gardes du corps ébahis, ils saisirent l'objet, l'emballèrent soigneusement dans une peau tannée et le rangèrent dans leur besace; Flïn se frottait les mains.

- Et bien voilà encore une affaire rudement menée. Nous allons même être en avance sur la date prévue; il nous faudra vivre quelques temps à l'auberge.

- Mais... le désert... les serpents...

- Nous vous l'avons dit nous, Aucune réalité. Dès que nous avons bridé le pouvoir du livre, pfuiiiit. Une simple formalité. A quoi vous attendiez-vous? A de hauts faits, des combats épiques, des sortilèges anciens tapis dans tous les coins? Non non non, il ne s'agissait là que de récupérer une commande. Merci quand même de nous avoir obtenu le temps nécessaire à la réalisation du rituel.Maintenant rentrons avant que les créatures contrefaites qui nous ont accueillies en ces lieux se rendent compte que nous ne sommes pas aussi morts qu'ils l'avaient escompté...

- Nous nous repartons tout simplement, comme ça?

- Et bien, je ne vous empêcherais pas de rester là si vous le voulez, mais personnellement je préfère vider les lieux. Faites comme bon vous semble.

Le trajet jusqu'à la ville la plus proche fut ridiculement simple. Les gnômes, l'air hautement satisfaits d'eux-mêmes, se montrèrent bien plus sympathique qu'à l'aller. Mais les trois nains ne pouvaient s'empêcher de leur jeter des regards courroucés, taraudés par une impression de tâche inachevée... Impression qui ne les a toujours pas quitttés, bien qu'ils aient retrouvé de leur jovialité après quelques jours à l'auberge de « La croisée des chemins »...


- Et voilà, cette histoire est terminée mes bons amis.

Cette phrase de Rocor nous sortit tous de la torpeur dans laquelle le récit semblait nous avoir plongé.

- Bien sûr, je suis passé rapidement sur certains détails inutiles, mais vous savez maintenant ce que nous faisons ici: nous attendons le client de ces deux marchands insupportables.

- Donc ce Livre est toujours ici?

- Oui ma dame, mais personne n'y jettera le moindre coup d'oeil avant notre commanditaire, foi de gnôme!

- Et bien, et bien... la journée est bien avancée... Si nous mangions avant que le conteur n'arrive? Nous aurons tout le temps ensuite de revenir sur les implications de cette aventure, vous ne pensez pas?

- Excellente idée messire Lorelyn!

Nous hêlâmes le tavernier afin de commander notre repas, pendant lequel nous commentâmes allègrement ce que nous venions d'entendre. Je souriais intérieurement...


Haut
 

Afficher les messages publiés depuis:  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 11 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure



Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant actuellement ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 20 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum

Rechercher pour:
Aller vers:  
cron
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  
Design By Poker Bandits     
Updated By Kieron Thwaites (Ron2K)  
Traduction réalisée par Maël Soucaze © 2010 phpBB.fr