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Riddick------------------------------------------------------
L’homme fuyant cherche les ombres mais est-ce vraiment le lieu le plus sûr ?
Le petit groupe avançait lentement entre les sapins ne faisant pas plus de bruit qu’un félin en chasse, ne déplaçant ni pierres ni feuilles mortes. Leur pas était rapide mais assuré.
Nul être vivant n’aurais pu les distinguer, nul être humain en tout cas.
Le chef stoppa brutalement la compagnie d’un geste de la main. En effet à quelques centaines de pas une lumière dansait doucement entre les sapins, une lumière facilement repérable lorsque l’on est doté de l’infravision. Les sombres elfes s’approchèrent resserrant leur manteau de camouflage nocturne sur leurs corps fins et agiles. A quelques pas de la source de la lumière Kargak, le chef, se retourna.
- Dépliez-vous pour les encercler, dit-il en langage des signes –un langage très complexe que seul les races elfes utilisent de nos jours-
Se retournant, il disparut vers la lumière sachant que ses hommes, entraînés depuis leur plus jeune âge, exécuteraient ses ordres.
Il y avait en effet une dizaine de gardes autour d’un feu. Des piliers datant d'anciens temps, calmes et purs, les entouraient.
L’un d’eux scrutait l’obscurité sans même discerner le groupe noir tapi dans l’ombre.
Les ombres se déplacèrent tel des spectres avec célérité et discrétion.
Déjà les gardes étaient encerclés.
- Sombre nuit, dit l’un des gardes en rajoutant du bois dans le feu, les bêtes ne nous approcheront pas comme ça.
- Je ne vois rien, dit le garde qui scrutait toujours l’obscurité, pas âme qui vive, la zone est su…
Le garde s’écroula, un carreau d’arbalète enduit de somnifère dans la gorge.
Les autres paniquèrent, se regroupant autour du feu lames sorties, ils s’attendirent à voir surgir une créature démoniaque à la lueur du feu.
Ils ne la virent jamais.
Une sphère noire s’abattit sur eux, les plongeant dans les ténèbres les plus profondes, celles qu’adoraient leurs sombres ennemis.
L’un d’eux voulut crier mais le son fut arrêté par le métal froid et tranchant d’une lame elfique.
D’autres parèrent quelques coup avant de s’écrouler le dos hérissé de carreaux.
Riddick reçu un carreau d'arbalète de poing dans le bas de la jambe. Il eut le réflexe de plonger dans les fourrés avant que la sphère noire ne s'abatte sur sa compagnie.
Il vit une drow habillée d'une robe noire fermée par une araignée mauve sortir du bois se dirigeant vers deux de ses compagnons encore vivants. Elle égorgea l'un d'eux avec la pointe fixée au bout de son fouet mais préparant sa deuxième exécution, Riddick s'élança, prit appuis sur sa jambe encore valide et planta ses deux lames entre les omoplates de l'elfe. Il retomba lourdement sur le sol.
Epuisé et fortement détruit par le puissant somnifère, Riddick tomba dans un profond sommeil sachant que son geste n'allait certainement pas sauver son compagnon et que lui-même ne survivrait peut être pas.
Lorsque la sphère noire disparue, plus un homme n’était debout et le feu avait été éteint par le sang qui recouvrait l’herbe auparavant verte. Des volutes grises de fumé s’éloignaient emportées au Sud par le vent, vers les montagnes du Golem.
Les elfes noirs ne sortaient presque jamais de leur monde souterrain, seulement pour quelques raids encouragés par Loth leur déesse araignées, et ce n’était que très rarement qu’ils exterminaient leurs proies. On jugeait d'un Drow au nombre de ses esclaves.
Lorsque Riddick se réveilla, sa mémoire et son corps avaient comme disparus. Etait-il mort, était-il avec les Dieux, ou au plus profond de la Terre ?
Il ouvrit un oeil, le massacre qu’il put voir fit revenir ses souvenirs au galop. Une attaque, des elfes noirs d’après ce qu’il en avait vu, tous ses compagnons morts. Mais pourquoi pas lui ?
Il se souvenait vaguement d’un dard planté dans la cuisse. Il avait atrocement mal à une main. Il ouvrit l’autre œil, il faisait nuit. Sa main droite n’était plus là, un moignon difforme la remplaçait.
Pourquoi ne l’avaient pas achevé ? L’avait-ils laissé survivre pour donner un exemple de cruauté à son peuple ? Etait ce une erreur de leur par ? Il ne pouvait le croire.
Il se remit debout en boitillant. Il s’efforçait de ne pas regarder ses compagnons, ou ce qu’il en restait. L'un d'eux été encore vivant mais pour combien de temps? Riddick s'approcha de celui qui l'avait toujours servi et honoré et, à sa demande, il l'acheva et lui trancha la main pour l'emmener au temple le plus proche.
Après de concises funérailles, Riddick se mit en marche vers la citée de Nimlost qui n’était qu’à quelques jours de marche tout au plus. Cette citée, mi-humaine, mi-elfe se situait dans le Sud de Lorndorn. Il ne pouvait marcher que la nuit, mais là bas il se ferait soigner de ses blessures et peut être un mage lui rendrait-il la main qu'il avait perdue. Riddick se mit en marche mais une fois en vue de Nimlost, des gardes elfes et humains ne le laissèrent pas passer et s'amusèrent de son état de fatigue, fou de rage envers eux Riddick patienta cependant jusqu'à la nuit et passa silencieusement les murailles.
Il fut arrêté le lendemain matin par les même gardes rentés de patrouille.
Le soleil disparaissait au-dessus des montagnes embrumées du Golem et baignait de rouge les murs de la citée fortifiée de Nimlost, la Citée blanche. Cette citée entièrement bâtie de marbre blanc avait été offert par le peuple nain en remerciement de l’aide qu’avaient apportés les humains dans l’immense bataille menée contre les hordes maléfiques du Sud. On la disait imprenable car d’immenses runes étaient gravées dans les murailles elles-même, entourant la citée d’une aura d’une pureté rarement égalée.
Des centaines de marchand affluaient chaque jour apportant nourriture, matières premières et armes au marché de la citée d’avant poste.
Dans la tour blanche, le gouverneur Ellumnor de Nimlost siégeait sur son trône de marbre et d’or représentant un aigle aux ailes déployés.
- Faites entrer le suivant ! , cria-t-il au chef de la garde.
- Il arrive monseigneur, il est en chemin, répondit celui-ci.
Riddick ne voyait rien, les muscles tétanisés de ses bras ne pouvait pas bouger. Il devinait autour de lui les habitants le regarder monter à la tour blanche, prés à le percer d’une flèche au moindre mouvement agressif, les mères rappeler leurs enfants trop curieux et les conversations se taire lorsqu’il passait.
Riddick était cagoulé d’un sac de cuir noir et fortement ligoté. La chaîne qu’il avait entre les dents laissait un goût métallique dans sa bouche. Il entendait le martèlement des bottes des gardes de la citée sur les pavés glissants. Au bruit quatre tout au plus.
Aucune chance de s’échapper. Tel qu’ils l’avaient ligoté, il ne pourrai sortir de cette ville vivant.
L’air se fit plus lourd, ils étaient arrivés. On le conduisit le long d’un corridor, sur les murs duquel les torches crépitaient. Il montait légèrement. Ils arrivèrent bientôt sur un escalier en colimaçon. Après quelques instant qui parurent une éternité pour ses jambes fatiguées, Riddick arriva dans une salle bien éclairée et fortement parfumée.
On lui ôta sa cagoule.
Riddick ferma les yeux, depuis sa naissance il avait acquit un don, ou plutôt une malédiction pour le monde de la surface. Riddick était nyctalope. Ne pouvant ouvrir les yeux à la surface, il avait élu domicile dans les égouts de Nimlost où il avait rencontré la dame de la Source.
Face à lui toute une tablée de hauts-seigneurs de la ville présidée par le gouverneur le regardait.
Le gouverneur pris la parole :
-Vous êtes revenu, pauvre fou !!! Après avoir décimé votre compagnie, vous aviez la main d'un compagnon dans votre poche!!! Je savais que malgré vos excellentes aptitudes au combat, on n'aurait pas dû vous sortir de cette prison. La Dame de la Source n'est qu'une imbécile...
A ces mots, Riddick bondit furieusement sur le gouverneur poignard à la main. Les chaînes se tendirent, il retomba lourdement sur le sol pavé.
Les gardes sautèrent sur lui et lui remirent sa cagoule de force et de coups.
- Pourquoi est-il armé ! Vous serez blâmés ! Emmenez ce sauvage, cette fois ni Dame de la Source, ni aucun Dieux ne pourront rien pour lui. Il sera exécuté dans deux jours, à l’occasion de la pleine lune.
Mais Dame de la Source, puissante enchanteresse et en quelque sorte sa mére puisqu'elle l'avait recueillit et élevé dans le seul endroit où il était en sécurité: les égouts, vint une fois de plus lui rendre visite dans sa cellule et sortant de sa poche la main de son camarade elle lui dit:
- C'est une main, celle de ton défunt camarade, elle t'aidera à venger tes compagnons en tuant toute forme de mal ainsi que toi-même en tuant les espèces du bien qui t'ont repoussé dans ton malheur et ta faiblesse. Mais faisons vite, les défenses antimagie de la prison sont puissantes et c'est seulement parce que j'ai aidé à les créer que je peux venir ici.
Puis commençant à disparaître, elle lui demanda sa main. Ils disparurent tous deux de la cellule et se retrouvèrent dans les égouts de la ville.
- Excuse-moi, dit-elle, je ne peux t'emmener plus loin, je ne suis plus toute jeune comme tu le sais et ces petits voyages m'épuisent. J'ai pris beaucoup de risques et les mages de la ville doivent déjà être à ma poursuite.
Lui accolant le moignon et la main, elle se concentra et commença à débiter des formules rituelles.
Un flux d'énergie pur frappa Riddick du sommet du crâne aux pieds. Il s'éleva de quelques pieds sans même s'en rendre compte.
Après lui avoir rendu ses armes, elle disparue dans un nuage de fumée pourpre. Ses deux cimeterres d'os et d'acier apparurent dans ses mains. Les chaînes d'aciers qui le retenaient prisonnier peu de temps au part avant les reliaient à ses avants bras.
Le cimeterre d'os lui avait été légué par un non-mort ou undead appelé Thanos en reconnaissance de ses talents de tueurs durant les guerres naines et qui doté de pouvoirs volés à la mort ne voyait plus l'utilité de celui-ci.
L'autre, en acier fin et tranchant, lui avait été offert par un elfe, Eldorin Sombre-Espoir, avec qui il avait, il y a longtemps, parcouru les égouts interminables de Nimlost. Tué par un homme polymorphe, Riddick lui avait pris son arme et souillé le fin acier du sang de la créature. Ce cimeterre avait été ensorcelé et, sur ordre psychique, glaçait l'air ou tout objet qu'il touchait.
Riddick, bien qu'éloigné depuis longtemps du lieu le reconnu, il était dans l'aile Nord des égouts. Il commença à marcher vers la "chambre de recueillement" comme il l'appelait autrefois devait son nom au fait qu'Eldorin Sombre-Espoir y était enseveli.
Riddick y passait autrefois de nombreuses heures à méditer et communier avec son défunt ami.
Elle se situait dans la zone centrale qui avait été un point stratégique dans sa jeunesse lorsqu'il avait dû tuer les trois quarts des bêtes de ces lieux: parfois humanoïdes, d'autre fois incomparable avec d'autres espèces.
Il marchait depuis près d'une heure quand à une faible distance de sa crypte, des pas légers et rapides se firent entendre. Riddick se précipita dans l'ombre et attendit quelques instants.
Un "clic" qu'il ne pourrait jamais oublier se fit entendre. D'une main il dévia le carreau d'une arbalète de point drow.
Cimeterres parés, il sortit de l'ombre et se fendit, visant le tireur à l'épaule de son cimeterre d'os alors que l'autre tournait dans l'air pour le refroidir et brouiller ainsi la vision infrarouge de l'elfe noir.
Celui-ci, épée en main gauche, para puis se replia en position défensive.
Riddick se garda de revenir inconsidérément à la charge; son adversaire n'était pas un débutant. Assuré de trouver tôt ou tard une ouverture, il rongea son frein.
Le drow se fendant en position basse, Riddick esquiva d'un bond en arrière et contre attaqua. A son tour, le drow l'évita. Parant une nouvelle feinte, celui-ci visa le plexus solaire de son adversaire. N'importe qui en aurait été au moins quitte pour une égratignure mais Riddick esquiva sans peine.
Le sombre elfe, s'impatienta, il ne trouvait pas autant de résistance chez tous les hommes et de plus sa vision était maintenant presque nulle: seul des ondulations bleues bougeaient devant ses yeux.
Riddick projeta l'un de ses cimeterres selon l'angle idéal pour que le drow ne voie plus que lui.
Le drow bondit pour parer et frappa l'épée à la pointe. Le lancer de Riddick étant bien calculé, l'elfe avait l'impression que Riddick le tenait encore. Il abattit sa lame qui traversa le globe noir pour frapper son adversaire au cœur.
Mais Riddick n'était plus là...
Une atroce douleur le traversa puis le quitta, il baissa les yeux, du givre commençait à recouvrir son corps endormi.
- Que fait-tu ici ? lui demanda Riddick crispé sur la garde du cimeterre d'acier.
L'elfe ne broncha pas. Riddick d'une pression de la main droite, destinée à venger son compagnon, fit remonter la lame vers le plexus solaire de celui-ci.
L'elfe qui semblait parler toutes les langues de la surface dit d'une voix douce mais ponctuée de forts accents:
- Je savais que je te trouverais ici. Sache que je ne céderais pas, mais je veux prononcer mon nom avant de mourir pour pouvoir servir mes déesses après ma mort. Je suis Kargak Do'Baren.
Sa respiration devenait de plus en plus dure au fur et à mesure de la progression lente de la glace dans son organisme.
Son cœur et ses poumons ralentissaient leur rythme.
- La guerre entre nos peuples ne fait que commencer, l'invasion se prépare, ta vie va devenir un enfer. Je vois que tu as retrouvé l'usage de tes deux mains, j'aurais dû les couper toutes les deux pour te punir de l'assassinat de notre prêtresse en chef. Ta compagnie, je l'ai exterminé et j'en suis fie...
Sans même s'en rendre compte, Riddick avait ordonné à la lame de la faire taire. Il la sortit du corps froid et continua vers la chambre.
Des drows étaient occupés à déterrer le corps de son compagnon, certainement pour le réincarner en liche, créatures aussi atroces que dangereuse. Riddick en avait tué une une fois avec Eldorin dans l'aile Ouest des égouts. Un cadavre de liche était bien pire que tout autre cadavre.
Riddick s'élança en faisant siffler l'air avec ses moulinets givrants. Sans même que ceux ci aient le temps de réagir, deux drows étaient décapités.
Il retomba agilement sur le sol. Un drow vint de sa droite, l'autre de sa gauche alors que les deux derniers commençaient à psalmodier un sortilège.
Bras et lames tendus à l'horizontale, l'homme prit appui sur ses jambes écartées, légèrement fléchies, puis se redressa en frappant à la vitesse de l'éclair. Sa lame gauche s'abattant en avant, la droite sembla s'envoler en arrière...
Les deux drows furent foudroyés en plein élan...
Une sphère noire, spécialité drow, s'abattit sur Riddick le plongeant dans l'obscurité. Nullement handicapant pour lui, l'homme se retourna et vit un drow qui passait dans son dos.
Il vit le cadavre mis à nu d'Eldorin. Riddick chargea, animé d'une furie qu'il n'avait jamais connue. Son but était de tuer. Chaque coup était suivi de deux ou trois autres, à droite, à gauche, en haut, en bas, ne laissant à son adversaire aucune chance de parade.
Il le bloqua contre un mur et le transperça de part en part. Le drow dans un ultime effort le blessa à l'épaule et à la poitrine. Riddick lui trancha la gorge.
Tout à coups, ses cimeterres s'animèrent d'eux même tentant de le toucher. Le dernier drow esquissa un sourire. Riddick ne pouvait lutter, l'emprise était trop dure. Il recula jusqu'à être dos contre le mur.
Le drow s'approcha tout en continuant de manier les armes de Riddick par télépathie. Il semblait réellement s'amuser.
- Tu n'aurais jamais dut venir, commença t-il.
Les lames commençaient à rentrer dans la chair tendre de son cou, mais tout à coup, à la surprise des deux adversaires, la nouvelle main de Riddick s'illumina d'une aura bleu argent. Sa main se battait contre l'emprise télépathique.
Riddick repris le contrôle de ses cimeterres et s'empressa de tuer le drow par des frappes nettes et précises du bas du ventre à l'épaule.
Il tomba exténué mais heureux d'avoir sauvé son ami d'une vie qu'il n'aurait pas souhaité.
Riddick, comprenant que jamais Lorndorn ne serait paisible et pure comme le veut l’alliance ou baignant dans le chaos et le sang selon les désirs de la Horde, créa l'ordre secret des Sombres Exécuteurs. Cet ordre, nourrit par l’espoir d’une vengeance contre l'Alliance et la Horde, frappe à l'écart des regards indiscrets.
Lorsqu’il créa le cercle Riddick posa des règles :
“ I.- Un Sombre Exécuteur doit sceller son union avec le cercle par la lame, l’exécution et le sang.
II.- Celui qui frappe sans se faire voir ni entendre est le plus apte à insuffler la terreur dans le cœur de mes ennemis.
III.- Les Sombres Exécuteurs s'habillent d'ombres, et depuis les ombres ils frappent, leurs lames délivrant une mort soudaine et silencieuse.
IV.- La dévotion au cercle doit être totale et l’implication irréprochable. Tout membre trop distrait sera banni puis exécuté afin que les stratégies du cercle ne soient pas révélées.
Et enfin en souvenir de ses compagnons:
V.- Tout homme mort au combat sera honoré et vengé par le cercle. ”
(extrait du règlement des Sombres Exécuteurs)
En souvenir de ses compagnons.... il reviendra, mais avec qui ?...
