Forum Heroes' Chronicles


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 Sujet du message: Les chroniques de la Veuve noire
MessagePublié: Dim 13 Nov, 2005 15:33 
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Hop, histoire de me motiver pour écrire la suite, voilà le début de l'histoire à laquelle j'avais fait allusion à la fin de ma fiche de perso ;)

Pour les motivés qu'un bon gros pavé n'effraie pas, je recommande la lecture des secrets d'Eltherith avant de commencer ce récit.
Mais je resitue un peu, juste pour que personne ne soit totalement dans le brouillard^^

Où ?
> dans une région extérieure au Lorndor, quelque part dans l'est, et plus précisément dans la capitale, Aelred.

Quand ?
> une dizaine d'années avant mon arrivée en ces contrées accueillantes (bastooooooon !!!! :P)

Qui ?
> ben, moi^^
Enfin, sous mon apparence drow (oui, je fais elfe ou drow selon mon humeur... comme c'est original...) que j'avais adoptée pour tenter de repartir sur de nouvelles bases après que j'aie découvert que mon père adoptif était l'assassin de ma véritable famille (cf ma fiche perso).

L'histoire me sert juste à développer mon personnage rp... d'ailleurs ma personnalité va finir par atteindre un tel degré de complexité que je vais finir par m'y perdre moi-même :lol:

Commentaires autorisés (ça me donnera le temps d'écrire le reste^^)

---------------------------------------------------------------------

1. Deux voleurs
*
- Aux voleurs ! Arrêtez-les ! Arrêtez-les !

Un grand bruit de cavalcade se fit entendre dans les rues pavées d'Aelred. Deux minces silhouettes déboulèrent d'une venelle étroite et dérapèrent dans une flaque de boue.

- Eh-là ! Ce n'est pas le moment de se retrouver les quatre fers en l'air, Ziyardan !
- Ce n'est pas le moment de faire de l'humour non plus !
- Tais-toi et cours !

Les adolescents -un garçon et une fille, d'après leurs voix- repartirent au grand galop entre les hautes maisons à colombages dont le torchis prenait des teintes rousses dans les premières lueurs de l'aube.
Un coup d'oeil jeté par-dessus l'épaule les fit accélérer : un groupe suant et vociférant venait de tourner à l'angle de la ruelle, et tout ce remue-ménage commençait à attirer un peu trop l'attention...
La jeune fille attrapa brusquement son compagnon par l'ourlet de son manteau flottant, le stoppant net.


- Une patrouille du guet vient à notre rencontre !

Le garçon scruta la rue déserte devant eux.

- Mais qu'est-ce qui te fais dire que...

Il secoua la tête, ce qui lui fit tomber devant les yeux une mèche rebelle couleur de jais.

- D'accord. Qu'est-ce qu'on fait ?
- Demi-tour ! Et vite !
- Quoi ?!

Avant que Ziyardan ait pu en dire plus long, sa complice rebroussa chemin vers une venelle sombre qu'ils avaient dépassée un peu plus tôt, rapide comme une flèche.

Pas assez rapide cependant pour s'y engouffrer avant que le meneur de leurs poursuivants ne lui mette la main au collet.


- Aha ! Je te tiens, sacripant ! Tu pensais vraiment que j'allais te laisser filer alors que tu as essayé de me détrousser ? Je vais te...

L'homme ne put en dire plus long : l'adolescente venait de lui envoyer un grand coup de pied dans le bas-ventre.

Le temps que la troupe des justiciers retrouve ses esprits, ses proies s'étaient faufilées dans le passage et avaient escaladé une palissade qui se dressait un peu plus loin en travers du chemin.


Les deux voleurs coururent un moment sans parler.

Dans une ruelle d'aspect misérable et malsain, ils descendirent les trois marches boueuses qui menaient à un battant de bois verdi et pourri au pied d'une maison abandonnée.
Personne n'avait dû habiter dans ce taudis depuis des années : un fatras de plaches et de vieux bouts de métal rouillé encombrait le sol de terre rendu humide par l'eau qui avait suinté sous la porte disjointe. Une odeur de pourriture et de champignons rendait l'air quasi irrespirable.

Sans s'en préoccuper, les adolescents repoussèrent un vieux tonneau, découvrant une trappe qui, une fois ouverte, laissa entrapercevoir une volée de marches dans la lueur pâle du matin filtrant entre les interstices d'un volet au niveau de la chaussée.

Ziyardan prit un petit sac pendu à sa ceinture pour y prélever une pincée d'une poudre duveteuse aux reflets argentés. Il souffla doucement dessus, puis murmura quelques mots. Les particules en suspension autour d'eux se mirent à dégager une douce lumière.
Et quand les jeunes gens s'engagèrent dans les souterrains, le hâlo les suivit, repoussant les ténèbres devant leurs pas.

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Ils avancèrent le plus vite et le plus silencieusement possible, jusqu'à une petite salle dont l'irrégularité trahissait l'origine naturelle.
Là, Ziyardan s'adossa à une des parois avant de laisser échapper un profond soupir.


- Nom d'un gnoll ! On l'a échappée belle ! La prochaine fois, si tu veux faire les poches de quelqu'un, évite de choisir un mercenaire, Dwärna !

Sa compagne s'appuya à côté de lui puis abaissa le capuchon de son ample manteau couleur muraille. La lueur magique accrocha un pâle reflet de lune sur sa chevelure d'un blanc laiteux.
Un léger sourire éclot sur ses lèvres, adoucissant ce que ses traits d'elfe noire pouvaient avoir de dur et de figé.


- Mais je t'assure que j'ai bien fait attention en le choisissant...

Ses yeux violets pétillèrent avec malice.
Son compagnon passa une main dans sa tignasse ébourrifée en fronçant son nez en trompette.


- Evidemment, tu l'as fait exprès...

Dwärna se mit à rire sileucieusement et fit un pas de côté pour éviter le coup de poing amical que le jeune homme lui envoya dans les côtes.

- Manqué !
- Tssst ! Pour être manqué, c'est manqué. Si au moins tu avais réussi à lui piquer son argent, à ce gros tas de muscles...

Le garçon s'interrompit abruptement, le regard fixé sur la bourse de cuir rebondie que sa complice faisait sauter en l'air avec une moue ironique.

- Non ! Tu... alors c'est pour ça que tu t'es laissé attraper par le col tout à l'heure ?! Oh, tu... tu...
- Je ?
- Tu es complètement cinglée, voilà !

Ziyardan croisa les bras et prit une expression butée. Dans le mouvement, ses cheveux lui tombèrent une nouvelle fois devant les yeux.

La drow le trouva soudain très... mignon. "Mignon" ? Elle s'ébroua, comme pour se réveiller.


- Viens, mieux vaut ne pas trop traîner dans ces souterrains...

Au bout de quelques minutes, le jeune voleur la fixa, songeur.

- Parfois je me demande... qu'est-ce que tu cherches comme ça ?
- Comme ça quoi ? s'étonna Dwärna.
- Eh bien... ce n'est pas la première fois que tu fais ça... prendre des risques. Je l'ai remarqué depuis un moment. Et ça ne cesse d'empirer. Est-ce que tu cours après quelque chose, ou bien est-ce que tu es en train de fuir ? J'ai souvent l'impression que tu te caches de quelqu'un... J'aimerais savoir...
- De quoi tu te mêles, Ziy ?

La voix de l'elfe vibra sourdement, basse, mais avec une telle colère que le jeune mage eut un mouvement de recul.

- Non, écoute, j'essaye juste de te comprendre...
- En usant de tes pouvoirs de mage spirit ? En tentant de fouiller dans mon esprit ?

L'adolescent blêmit.

- N-non, je...

Il se retrouva plaqué au mur, un étau serré autour du cou.

- Ne mens pas ! Je t'ai senti lorsque tu as voulu le faire, il y a un instant !
- Oui ! Oui, je l'ai fait ! Parce que je m'inquiète pour toi et que j'ai peur de te voir faire une bêtise !

Dwärna le lâcha brusquement et il glissa au sol, haletant.

- Ne t'avise jamais plus d'employer tes pouvoirs sur moi, tu entends ?

La jeune elfe tourna les talons et s'enfonça dans l'obscurité sans se retourner.


Ziyardan se frotta le cou tout en essayant de reprendre sa respiration.
Un peu chancelant, il se releva et longea le tunnel, les sens aux aguets, aussi silencieux et prudent que possible : ces souterrains étaient le territoire exclusif de la guilde des voleurs. Ce ramassis d'assassins et de gibiers de potence de tous poils sans lien particulier n'aurait pas vu d'un très bon oeil l'intrusion d'un tire-laine provincial de petite envergure dans son royaume...
Mais ce n'était évidemment pas la première fois que l'adolescent empruntait ces couloirs sombres et étouffants : il ne marqua aucune hésitation aux nombreux carrefours qui se présentèrent et aboutit très vite à un mur de terre en partie éboulé. Il repoussa les vieilles planches qui dissimulaient ce passage à l'extérieur puis se glissa dans une rue déserte.

A quelques mètres de là se dressait une massure à étage dont les murs lépreux ne semblaient résister que parce que les bâtiments voisins les soutenaient. Une simple grille qui ne pendait plus que par un gond ouvrait sur une étroite cour intérieure toute en hauteur. De là, des escaliers pourrisants grimpaient cahin-caha vers les étages.

Avec l'assurance de l'habitude, le jeune homme grimpa les marches branlantes, évitant les degrés trop fragiles sans même y penser. Une fois sous les combles, il poussa une porte qui grinça avec force.

Quelques ardoises brisées laissaient filtrer la lumière du soleil. De vieux coffres vermoulus se casaient tant bien que mal dans la longue pièce basse, et des tas de couvertures élimées jetés dans un angle complétaient l'ameublement.

Ziyardan leva le nez et découvrit l'elfe à son endroit favori : assise sur une poutre, un genou ramené sous le menton, le regard perdu dans le paysage visible à travers un grand trou dans la toiture. Elle ne bougea pas mais ses yeux glissèrent dans sa direction.
Le mage se râcla la gorge.


- Ecoute... je m'excuse pour avoir...
- Non, tu n'as pas à t'excuser, soupira la drow d'un air sombre. J'ai réagi trop violemment... alors qu'il est normal de s'inquiéter pour un ami...

Ses traits se détendirent un peu et elle sourit.

- Je suis contente que tu sois là, Ziy.

Elle se laissa tomber en arrière et retomba souplement sur ses pieds.

- Laisse-moi mes secrets, tu veux ? murmura-t-elle en lui posant une main sur l'épaule. Je préfère les oublier, mais un jour, peut-être...

**
- Psssst !
- Quoi ?
- Grouille ! Je gèle, moi ! Et puis le guet ne va pas tarder à venir faire ses rondes dans le secteur !

Avec un soupir exaspéré, Dwärna quitta la fenêtre par laquelle elle se penchait et, en contrebas dans l'impasse, Ziyardan se remit à aller et venir pour tenter de se réchauffer. Son haleine formait un léger nuage dans la nuit froide. De sombres nuages voilaient la lune.
Le garçon se prit à regretter leur repaire misérable empli de courants d'air : au moins, enroulé dans ses couvertures trouées et callé entre leurs vieux coffres, il se sentait en sécurité, alors que là...
Un bruit d'ailes au-dessus de sa tête le fit sursauter.


- Mais pourquoi je me suis enfui de mon école de magie, moi ? Dwärna, par pitié, dépêche-toi !

La drow reparut, une réplique cinglante aux lèvres, mais un bruit si lointain qu'elle seule pouvait le percevoir lui frappa les oreilles.

- Des soldats ! Mais je croyais qu'ils devaient passer plus tard !

Elle fronça les sourcils.

- Ils arrivent par ici. On n'a plus le temps de filer par la rue. Ne nous restent que les toits. Grimpe, Ziy !
- Va savoir pourquoi, je me doutais que tu allais dire ça...

Il n'avait pas fini sa phrase que sa compagne avait enjambé le rebord de la fenêtre et escaladé les élégantes corniches de la façade jusqu'aux goutières de marbre terminées de gargouilles de fonte.

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Elle jeta sur son épaule un sac de toile qui émettait un bruit métallique avant de se redresser, ses prunelles améthyste fixées sur l'angle de la ruelle.


- Ziy ! Active-toi, bon sang !

Dwärna se pencha pour le tirer par le poignet. Mais un cri d'alarme leur indiqua que les hommes du guet les avaient déjà repérés.
Vifs comme l'éclairs, ils filèrent le long des toits, passant de maison en maison, franchissant les minuscules ruelles d'un bond.

Ce soir, la chance n'était pourtant pas avec eux : à peine eurent-ils posé le pied sur une place tranquille, pensant avoir semé leurs poursuivants, qu'une seconde troupe fit son apparition.

Ni une, ni deux, les fuyards plongèrent dans un puits qui s'ouvrait dans un angle de l'esplanade.
Le contact de l'eau glacée leur coupa le souffle, mais leur coeur fit un bond de soulagement lorsque, une fois remontés à la surface, ils découvrirent que le puits se prolongeait à l'horizontale par une galerie basse.

Les souterrains formaient un lacis incroyablement dense et étendu sous toute la ville. Nombre de puits et de caves communiquaient avec les tunnels, ce qui facilitait merveilleusement la besogne de la guilde... Le guet faisait de son mieux pour découvrir et condamner ces passages, mais il y en avait tant...

Les adolescents nagèrent dans le couloir inondé, claquant des dents. Les imprécations des soldats penchés sur la margelle qui résonnaient dans leur dos s'assourdirent, puis le silence reprit ses droits.
Le tunnel se mit à remonter et les jeunes gens purent bientôt sortir de l'eau, bleus de froid. Dans le noir, Ziyardan tâtonna à la recherche de son sachet de poudre de lumière.


- Oh zut ! Elle est trempée...

Il y eut un léger craquement et la lueur d'une flamme jaillit entre les mains de l'elfe.

- Sans combustible, je ne pourrais maintenir ce sortilège bien longtemps. Pas assez pour nous guider jusqu'à une sortie, ni même assez pour nous sécher un peu...Tu vas devoir t'en remettre à moi. J'y vois dans le noir... mais j'ignore totalement où nous sommes exactement...

Le mage déglutit péniblement.

- Je n'ai pas trop le choix, de toute façon...

Déjà, la langue de feu commençait à pâlir. Puis ils se retrouvèrent de nouveau plongés dans l'obscurité la plus complète.

Main dans la main, ils se mirent en marche.

Plusieurs fois, Dwärna s'immobilisa, alertée par quelque rumeur lointaine que seuls ses sens aiguisés pouvaient percevoir.
Une fois, même, elle poussa son compagnon contre la paroi et lui plaqua la main sur la bouche tout en s'aplatissant à ses côtés.
Le jeune homme sentit quelque chose passer, invisible dans les ténèbres. Quelque chose d'énorme qui produisait un crissement très léger et dont émanait une odeur douceâtre.
Les yeux écarquillés, il tenta vainement d'apercevoir quelque chose, mais le crissement s'éloigna puis s'éteignit. Tournant la tête, il se rendit compte que la drow avait fermé les yeux au passage de la chose.


- Mais qu'est-ce que c'était ? chuchota Ziyardan d'une voix chancelante.

Les prunelles de crépuscule de sa compagne scintillèrent de nouveau et le fixèrent.


- Si tu tiens à la raison, il est préférable que tu n'en sâches rien.
- Et pourquoi ? Je sais qu'il existe des créatures si...
- Il y a une différence entre savoir et voir de ses yeux. Vous autres humains avez souvent tendance à retirer une dangereuse assurance de ce que vous croyez connaître, alors que...
- Ca va, j'ai compris ! Arrête de faire l'elfe, c'est insupportable !

Un petit rire moqueur lui tinta aux oreilles.

- D'accord, d'accord. Remettons-nous en route : cet endroit n'est vraiment pas sûr. Nous devons être dans une zone particulièrement reculée des souterrains...


A mesure qu'ils progressaient, l'air se faisait plus respirable. Dwärna semblait les avoir menés dans la bonne direction.
La guilde rappelait sa présence par les curieuses petites pierres lumineuses qui jonchaient le sol : des torches auraient rapidement empli les couloirs de fumée, alors que ces cailloux scintillants balisaient parfaitement la voie à suivre...

Ziyardan était tellement occupé à examiner le sol à ses pieds qu'il buta contre l'elfe.


- Eh, mais pourquoi tu t'arr...

Il n'acheva pas sa question, car la réponse lui apparut sous la forme d'une épée d'une longueur formidable. Louchant sur la lame, le mage avala péniblement sa salive avant de relever les yeux sur les cinq silhouettes soigneusement masquées qui les cernaient.

- La guilde...

***
- Sang de dragon ! Cette petite vipère a les dents longues ! éructa un des bandits en jetant sans ménagement Dwärna ligotée sur le sol d'une immense caverne.
- Prends garde : on ne sait jamais... les morsures de drow sont peut-être empoisonnées ! ricana un autre sbire.

Ziyardan rejoignit bientôt l'elfe par terre.
Quelques gredins sortirent bientôt des recoins de la salle.


- Qu'avons-nous là ? Des intrus ?
- Ils ne portent pas la marque, donc oui, des intrus. Qu'allons-nous faire d'eux ?
- Bah, le fil d'une lame sous le menton, et on n'en parle plus.
- Tant qu'ils sont là, on pourrait s'amuser un peu...
- Le gamin a l'air à deux doigts de tourner de l'oeil... en revanche, la fille...
- Tssst ! Tu ne viendras pas te plaindre si elle t'égorge dès que tu l'auras détachée ! Encore un peu et j'y passais, moi...

Quelques ricanements s'élevèrent.

- Et si nous les jetions au klerg ?

Un rugissement d'approbation fit vibrer les stalactites de la caverne.
Aussitôt, les adolescents furent soulevés jusqu'à un grand trou dans le sol et y furent précipités sans cérémonie.

La chute avait été rude, et Ziyardan était livide. Lividité qui s'accentua quand un crissement se mit à monter d'un puits au centre du trou. Un tonnerre d'acclamations salua l'apparition d'une créature effroyable, cuirassée de corne et d'écailles, perchée sur de longues pattes d'insecte, avec une tête de reptile attachée à un cou souple et mobile. Cet assemblage invraisemblable exhalait une puissante odeur de décomposition.
Avec un claquement avide de ses mâchoires préhensiles, la bête tourna sa tête aveugle vers les proies qu'on lui offrait.

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Depuis un moment, déjà, Dwärna s'escrimait contre ses liens d'où s'élevait un mince filet de fumée.
Face à l'urgence, elle renforça son sort de feu sans plus de précaution et grimaça sous la brûlure du chanvre. Elle se débarrassa prestement de ce qui restait de la corde, juste assez vite pour rouler sur le côté et éviter la charge furieuse du klerg.

Dans son élan, le monstre percuta la paroi de plein fouet.
Il secoua la tête, puis remarqua le mage toujours attaché. Il avait dû se blesser en touchant le sol : un ruisselet de sang courait sur le roc. La créature renifla l'air et un filet de bave translucide coula de sa gueule d'épouvante.

Dwärna ramassa une pierre et la lui lança à la tête afin de détourner son attention. Elle réussit si bien que la bête oublia totalement la proie facile qui n'était qu'à quelques mètres pour se jeter sur l'elfe avec une agilité de félin.
L'elfe se débattit énergiquement dans l'étau des pattes avant qui se resserrait irrésistiblement sur sa taille. Il fallait qu'elle atteigne le fin poignard dissimulé dans la doublure d'une de ses bottes...
Le klerg ouvrit tout grand les mâchoires... et poussa un sifflement intolérable lorsque sa captive plongea un bras prolongé d'une lame d'onyx dans sa gueule.

Dans un spasme, le monstre projeta l'elfe contre la paroi puis recula maladroitement. Des flots de sang noir éclaboussaient le sol. Ses longues pattes arachnéennes se dérobèrent et il s'abattit d'un bloc. Un gargouillis, puis plus rien. La créature était morte.

Un silence stupéfait s'abattit sur l'assemblée des voleurs massée au bord de la fosse. Peu à peu, des murmures se firent entendre, murmures qui se changèrent en un grondement de frustration.

Ecroulée au pied du mur, Dwärna luttait pour rester consciente. Le choc contre le roc avait été d'une violence extrême. Un goût ferreux lui emplissait la bouche. Elle devait avoir des côtes enfoncées...

Les bandits déçus semblaient prêts à descendre achever la besogne du klerg, quand un mouvement de surprise et de crainte parcourut la foule, ramenant le silence. L'atroupement se scinda en deux pour laisser le passage à une haute silhouette.
On aurait dit un humain... s'il n'y avait eu deux grandes ailes membraneuses qui dépassaient de son long manteau sombre. Les yeux de l'elfe purent percer le secret du lourd capuchon qui dissimulait les traits du nouveau venu, et rencontrèrent deux prunelles jaunes fendues à la verticale.
Une chimère, un hybride de démon et d'homme... Mais loin d'être inquiétant, ce regard était empli d'intérêt.


- Remontez-les tous les deux puis portez-les dans une de mes salles, chuchota-t-il d'une voix basse et pourtant impressionnante. Et faites-le en douceur...

Avant d'avoir pu en entendre plus, Dwärna sombra dans l'inconscience.

****
Une douce sensation de chaleur tira l'elfe de sa torpeur. Ses doigts engourdis se crispèrent sur une couverture épaisse et moelleuse.
Clignant des paupières, elle distingua une silhouette ailée plongée dans la contemplation d'un feu allumé dans une cheminée taillée à même la roche vive.
L'air était beaucoup plus frais ici. La surface ne devait pas être loin...

L'hybride parut sentir le poids de son regard et se détourna. Ils se fixèrent un long moment en silence, puis un sourire ambigu étira les lèvres minces de l'homme.


- Curieux. Tu es bien la seule qui ose de dévisager en face, elfe...
- Où est Ziyardan ? coupa impulsivement Dwärna en tentant de se redresser.

Une onde de souffrance la rejeta en arrière, le souffle court.


- J'éviterais de bouger, si j'étais toi. Je peux faire beaucoup de choses, mais pas ramener les morts à la vie... bien que je sâche comment le faire. Inutile d'empirer les choses en t'agitant ainsi. Le mage est dans une autre salle. Les humains se remettent moins vite de leurs blessures que ceux de ton espèce.
- Mais qui...
- Tu peux m'appeler Azriel.
- Et pourquoi...
- Pourquoi je t'ai sauvée ? Eh bien... ton sang-froid face au klerg était impressionnant... Et j'ai tout de suite deviné que tu étais un peu spéciale. Pas tout a fait un hybride, mais presque. Pourquoi avoir choisi une apparence d'elfe noire alors qu'il t'est beaucoup plus difficile de passer inaperçue ainsi ? Craindrais-tu que quelqu'un ne te reconnaisse sous ton apparence de haute elfe ?

Dwärna en resta pétrifiée : en quelques secondes, cet être des profondeurs avait réussi à mettre le doigt sur ce qu'elle avait même dissimulé à Ziyardan. Ce ne pouvait être qu'un mage spirit, mais d'un niveau très supérieur...

Azriel hocha la tête.


- En effet, tu as vu juste. Mais garde donc tes autres secrets. Je n'irai pas les chercher. J'en ai vu suffisament pour me faire une opinion.

Il vint se pencher sur l'elfe.

- Il reste juste une chose...

Avant qu'elle ait eu le temps de réagir, il lui saisit la main. Elle laissa échapper un cri de douleur et de surprise tout en retirant vivement ses doigts.
Stupéfaite, elle considéra la marque écarlate en forme de V qui venait d'être imprimée sur sa paume comme au fer rouge.


- Bienvenue dans la Guilde des voleurs, jeune elfe...

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Dernière édition par Shandra le Mer 30 Nov, 2005 0:15, édité 1 fois au total.

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MessagePublié: Dim 13 Nov, 2005 22:34 
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Ouf, quel pavé! Mais c'est toujours un plaisir de te lire... :D

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Glorfindel, l'Elfe aux Cent-Morts

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MessagePublié: Dim 13 Nov, 2005 22:44 
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Et encore, je me suis fait violence pour ne pas m'étaler encore plus :P
(GG aux courageux aventuriers qui osent commencer à lire mes gros pavés et vont jusqu'au bout :D
Je suis sympa, je fournis l'aspirine à l'arrivée ^^)

Je suis précisément en train d'en rajouter une couche supplémentaire sur la suite initialement prévue :twisted:

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MessagePublié: Dim 13 Nov, 2005 23:00 
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ouf ! quand j'ai vu "2 réponses- Shandra" avec la journée bien chargée de demain, j'ai cru qu'il allait encore falloir se coucher à pas d'heure...

merci pour l'aspirine ! :D

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MessagePublié: Lun 14 Nov, 2005 11:43 
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Localisation: Ailleurs, ici ? Ou faire, son nid ?
Superbe ce pavé, j'attends avec impatience la suite :D

( attendre.....J'aime pas attendre mince. Tant pis sa va aller avec l'aspirine )

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MessagePublié: Lun 14 Nov, 2005 14:56 
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Localisation: Entre là d'où je viens et là où je vais =)
Ca va, tu n'auras pas eu à attendre trop longtemps ^^ (c'est pas novateur dans le genre, mais j'ai du mal à couper mes racines avec les grands classiques ;))

(@Tom Galin : hum... je suis en train de me demander si je n'aurais pas interverti par inadvertance ton aspirine avec le poison que je garde toujours sur moi au cas où... :twisted: <-- heureusement que je t'apprécie, toi, parce que ça aurait pû être pire... Comme si on pouvait se fier totalement à une elfe dans mon genre... :lol:)

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2. L'avènement de la Veuve noire

*
- Qu'y a-t-il ? J'ai l'impression que tu as été un peu brusque avec ton messager, Azriel... était-ce urgent à ce point ?

L'hybride hocha la tête, l'air préoccupé. D'un geste, il invita Dwärna à prendre place dans le profond fauteuil en face du sien.

La lueur dansante du feu accrochait des reflets rougeâtres aux longues ailes qui l'enveloppaient telles un manteau. Mais elle soulignait aussi les ravages du temps sur son visage habituellement dissimulé dans l'ombre d'un capuchon...


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- En quelque sorte. Tu n'ignores pas les rumeurs qui courent à mon sujet au sein de la Guilde, depuis quelques temps...
- Des histoires...
- Non, n'essaie pas de me ménager. Je sais très bien ce qui se murmure dans mon dos.

Azriel laissa fuser un petit rire sans joie.

- Etre spirit est le meilleur moyen de garder une oreille attentive à tout ce qui se raconte. On me dit vieux, malade, quasi impotent... sénile ! Non, ne m'interromps pas ! J'ai encore toute ma tête... mais je suis vieux, oui. Très vieux. Là où l'esprit continue d'avancer, le corps ne suit plus...
- Tu as encore du temps pour...
- Pour faire quoi ? Prépérarer ma succession ? Joli mot, tiens... mais vide de sens. Je n'ai rien à transmettre. Mon savoir... tu en as appris une grande partie. Je n'aurais rêvé meilleure élève. Mais que se passera-t-il, bientôt ? Le peu de cohésion que j'ai pu instaurer au sein de la Guilde est déjà en train de s'effritter. Nous sommes des êtres de l'ombre. Jamais nous ne pourrons vraiment nous adapter à une vie "normale"... toi, moi... nous sommes pareils : il nous faudra toujours une part d'obscurité pour survivre.

Azriel fixa l'elfe, rêveur.

- Les voleurs de la Guilde... je n'en ai jamais rien eu à faire. Ce sont des pions que je pousse dans un sens ou dans l'autre selon mon humeur. Mes pouvoirs spirits m'ont permis d'organiser des raids fructueux, autrefois. Alors ils me respectent, ils plient l'échine devant moi. Ils ne m'aiment guère, mais je n'ai jamais cherché cela. Ma façon de voir les choses te dégoûte-t-elle ?
- Je ne...
- Non, ne dis rien. Tu es trop jeune. Le pouvoir n'est pas un outil. C'est un maître qui nous rend esclaves et nous rejette sans pitié dès lors qu'on devient trop faible pour l'exercer. Je ne suis qu'un hybride, un être tordu, bancal... J'ai voulu contrôler quelque chose à ma portée : la Guilde. Et je me suis rendu compte que je n'aurais jamais plus... Mais toi... toi, tu pourrais. Considère dons la Guilde comme un terrain d'entraînement. Dirige-la. Si cette vie te lasse, tu pourras l'abandonner sans remords : ce ne sont que des bandits, des voleurs... de la vermine.

Dwärna détourna le regard avec un profond malaise.
C'était la première fois que son protecteur dévoilait sa nature avec une telle franchise... amère, mais presque jubilatoire.
Azriel n'était pas humain... et pourtant...


- Crois-moi, pour les êtres comme nous, l'expérience du pouvoir est un passage obligé. Tôt ou tard, tu auras des choix à faire... avoir déjà tenté l'expérience sur quelque chose comme la Guilde t'aidera à prendre des décisions plus périlleuses. Je sais ce que tu penses... mais tu sais aussi que je n'ai pas tout à fait tort. Comme tu l'as dit, j'ai encore du temps devant moi. Assez pour te laisser y réfléchir...

**

Une salve d'imprécations résonna dans les couloirs, se détachant sur un grondement de foule en colère, arrachant Dwärna à sa somnolence fiévreuse.

- Mais qu'est-ce qui se passe ici, à la fin ?

Elle se releva de son fauteuil et écarta les lourds rideaux écarlates qui servaient de porte à ses appartements souterrains d'un geste sec avant de sortir dans le corridor. Elle n'eut qu'à se laisser guider par les éclats de voix pour déboucher dans la grotte principale.

Une bonne centaine de voleurs se tenait là, et semblait boire les paroles enflammées d'un jeune voleur d'aspect souple mais athlétique.

L'elfe repéra Ziyardan dans les derniers rangs de la foule.


- Ah, Ziy ! Tu vas sans doute pouvoir me dire ce que c'est que toute cette agitation...

Le mage lui renvoya un regard tendu.

- C'est encore Ferlon qui fait des siennes... et cette fois, il n'a pas que des détracteurs...

Cependant, de l'espèce d'estrade naturelle où il se tenait, ledit Ferlon avait repéré Dwärna. Il pointa un doigt accusateur dans sa direction, un sourire goguenard aux lèvres.

- Mais voilà la petite protégée de notre seigneur et maître ! Peut-être pourra-t-elle nous éclairer sur l'état de celui qui est censé nous diriger tous ? N'est-il pas vrai qu'il se fait vieux ? Qu'il sort de moins en moins de son antre ? Qu'il se montre pour le moins discret quand il s'agit d'arbitrer nos conflits, d'organiser nos attaques ?

Des murmures d'approbation se firent entendre, tels le bourdonnement d'un essaim d'abeilles.

- Si tu utilisais ton éloquence pour rétablir le calme au lieu de semer le trouble, je suis sûre que les responsabilités d'Azriel en seraient grandement allégées...
- Eh là ! Quand il n'y a plus personne à la barre d'un navire, il faut bien quelqu'un pour le faire remarquer ! Mais tu as raison, drow... mieux vaut privilégier les actes aux paroles... et reprendre la barre.
- Si tant est qu'on sâche s'en servir ! Et je suppose que le nouveau "capitaine"... ce serait toi ?

Le bandit écarta les mains, d'un air faussement interrogateur.

- Parce qu'il y a quelqu'un d'autre qui réclamerait ce titre ici ?

Les voleurs se tournèrent vers l'elfe.

Dwärna hésita.


- Il... Azriel est encore là, que je sache...
- S'il s'agit là de l'unique obstacle, il peut aisément être balayé !
- Il faudra d'abord que tu m'abattes moi avant de seulement pouvoir l'approcher ! siffla l'elfe, le regard étincelant.
- Ah... voilà pourquoi il s'est trouvé une apprentie... pour combattre à sa place !
- Azriel n'est pas un lâche ! Et je ne combats qu'en mon propre nom !
- Alors toi aussi tu prétends au titre ? insista Ferlon avec un sourire mauvais.

Ziyardan saisit Dwärna par le bras.


- Ne lui réponds pas !

Mais elle se dégagea sans l'écouter.

- Oui ! Oui, je prétends au titre !

Là, les murmures se transformèrent en un brouhaha.

- Mais il n'y en a qu'un, et nous sommes deux... je ne vois qu'un moyen de départage...

L'elfe tira une longue dague de sa botte.

- Moi aussi. Et comme j'aurai du mal à supporter ta présence après, ce sera un duel à mort.
- Dwärna ! Mais qu'est-ce qui te prend ? Il est plus fort que toi !
- Toi non plus, tu crois que je ne vais pas réussir, Ziyardan ? Soit ! Nous verrons bien qui aura raison !

Et avant que le mage ait pû l'en empêcher, elle se débarrassait de sa cape et bondissait sur le surplomb rocheux.

L'assaut fut presque immédiat.

En effet, Ferlon était plus robuste... il avait appris le maniement du couteau dans les ruelles d'Aelred. S'il avait survécu jusque là, c'est qu'à chaque fois, il s'était montré le plus fort, le plus rusé, le plus rapide... Souple et vigoureux, ce n'était pas un adversaire négligeable, loin s'en fallait...

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Dwärna le comprit à ses dépends quand sa lame la cingla cruellement au visage, dessinant une longue balafre écarlate en travers de sa joue.
Si elle n'avait pas reculé aussi vite, elle y aurait perdu un oeil à coup sûr.

Lui revenaient les conseils bourrus d'Alaren... et des souvenirs plus lointains d'entraînements qui se prolongeaient jusqu'au seuil de la perte de conscience sous l'effet de l'épuisement et de la souffrance...
Grandir à Eltherith n'était pas une partie de plaisir. Qu'on soit fils de soldat ou princesse héritière, il fallait le mériter... ou être rejeté.
La sélection était cruelle, impitoyable...

A son tour, le jeune homme étouffa une exclamation et dut changer son poignard de main, son bras blessé serré contre sa poitrine.

A mesure que les coups s'échangeaient, son visage se couvrait de sueur, alors que Dwärna se calmait et guettait la moindre faille.

Lors d'un échange plus violent encore que les autres, l'arme du voleur égratigna la gorge de l'elfe et vint se planter juste au dessus de la clavicule.
D'un coup de pied, elle repoussa Ferlon à l'autre bout du surplomb.

Mais la blessure était sérieuse : Dwärna dut poser un genoux au sol, les dents serrées.

Bien décidé à en finir, son adversaire eut un geste fulgurant, et son poignard traversa l'estrade rocheuse en sifflant.
Cependant l'elfe releva les yeux... et la lame mortelle repartit en arrière à la stupeur générale. Même si le sortilège était spectaculaire, il était trop faible : la dague dévia légèrement pour finir sa course contre la paroi de la salle.

Passé un premier moment d'effarement, Ferlon réccupéra son arme tandis que Dwärna se relevait.
Les deux ennemis se heurtèrent de face.

Un lourd silence s'abattit sur la foule : les deux prétendants étaient debouts, épaule contre épaule. Lequel avait eu le temps de relever sa dague assez vite pour porter le coup mortel à l'autre ?

Lentement, l'elfe fit un pas en arrière, vacillante. Une large tache sombre s'élargissait sur ses vêtements au niveau de la taille.
Ferlon esquissa un sourire qui se changea en grimace incrédule lorsqu'il découvrit le manche qui dépassait de sa poitrine.


- Non, c'est imposs...

Sans pouvoir achever sa phrase, le voleur trébucha, puis s'écroula d'une pièce.

Son adversaire se redressa et parcourut la foule abasourdie d'un regard à la fois las et provoquant.


- Eh bien ? Y a-t-il un autre prétend...

Les forces de Dwärna la trahirent et elle glissa à genoux.
Ziyardan ne fit qu'un bond jusqu'à elle pour la prendre dans ses bras.


- Mais quelle mouche te pique, parfois ? gronda-t-il d'une voix tremblante.
- Je t'avais bien dit que je gagnerais, chuchota l'elfe, l'air presque amusée.
- Oh, si tu n'étais pas notre nouveau chef, je crois que je t'étranglerais !
- Je ne suis pas encore le chef de la Guilde... pas tant qu'Azriel sera là. Je ne veux pas prendre sa place...
- Et pourtant, c'est déjà fait... A présent, c'est toi qu'ils suivront...

***

La lourde charette bâchée tourna à l'angle de la rue en trinquaillant sur les pavés inégaux.
Les cinq gardes à cheval qui encadraient le véhicule se détendirent : la froide nuit hivernale tombait déjà mais le palais du gouverneur n'était plus très loin.
Le voyage avait été plus tranquille que prévu. Pourtant les provinces étaient infestées de bandits de grand chemin, et si des hommes en armes imposaient le respect, ils attiraient surtout l'attention des malandrins sur le chargement mystérieux qu'ils escortaient...
Quand on transporte des armes et de pesants coffres fermés à clef, mieux vaut tabler sur la discrétion...


Postée sur un toit, une silhouette porta deux doigts à sa bouche et fit entendre un sifflement aigu.

Les gardes qui venaient de se rendre compte qu'une carriole était renversée en travers de leur route firent volte-face. Trop tard : un second véhicule venait de bloquer le passage dans leur dos.
Ils mirent aussitôt l'épée au clair, mais une douzaine de bandits armés d'arbalètes surgit de l'ombre.


- Je vous conseille vivement de ranger ça si vous ne voulez pas vous retrouver criblés de flèches avant d'avoir pu esquisser un seul geste, déclara une voix claire emplie d'arrogance.
- La Veuve noire !
- En personne.

Dwärna se détacha de ses hommes. Seuls ses yeux étaient visibles sous les plis de sa capuche. Eux-seuls suffisaient à proclamer sa race, bien que le bas de son visage soit dissimulé et ses mains gantées.

L'attrait de la récompense formidable offerte pour la tête de la voleuse fut plus forte que la raison : un des cavaliers resserra sa prise sur la garde de son épée et se pencha légèrement sur sa selle. Il eut à peine le temps de planter ses éperons dans les flancs de sa monture qu'une violente onde de chaleur traversa les airs.
Le cheval se cabra, envoyant son maître à terre, l'oeil fou, les naseaux dilatés.
Un hurlement épouvantable vrilla les tympans de tous les protagonistes lorsque l'homme s'embrasa. En un instant, il n'y eu plus qu'une trace noirâtre en forme de V sur le sol et deux ou trois débris blanchâtres à la consistance cendreuse...


- Ne résistez pas et je vous donne ma parole que vous resterez en vie, sinon...

Le glissement des lames rentrées dans leur fourreaux lui répondit.

- Bien. Maintenant ne bougez pas. Aucun mal ne vous sera fait si vous vous tenez tranquilles.

Avec une efficacité bien rodée, les autres bandits vidèrent la charrette de son contenu pour transférer le tout dans un autre véhicule qui attendait à quelques distances. L'opération ne prit que quelques minutes.
Les voleurs s'éclipsèrent ensuite comme ils étaient venus.

Restée seule, Dwärna salua élégamment les quatre soldats et le conducteur.


- Vous transmettrez mes compliments au gouverneur... les armes qu'il nous fournit si généreusement sont de première facture, comme toujours. Messieurs, je vous souhaite bien le bonsoir.

Quand les infortunés gardes reprirent leurs esprits, le temps d'un clignement de paupières, elle avait déjà disparu.

---------------------------------------------------------------
La suite va sans doute mettre un peu plus de temps à arriver, alors patience :D
Quelqu'un veut encore une aspirine ? :P

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Dernière édition par Shandra le Mer 30 Nov, 2005 0:19, édité 1 fois au total.

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MessagePublié: Lun 14 Nov, 2005 20:22 
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Localisation: Euh... loin!
Shandra a écrit:
les armes qu'il nous fournit si généreusement sont de première facture, comme toujours.


Ma préférée...
La réplique ou son auteur?

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Glorfindel, l'Elfe aux Cent-Morts

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MessagePublié: Lun 14 Nov, 2005 20:49 
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Localisation: Ailleurs, ici ? Ou faire, son nid ?
( si seulement tout pouvait arriver aussi vite :D )

Peut etre pas tres novateur mais tu as un bon style qui est tres agréable a lire. Et puis comme je suis mordu de fantastique, j'adore encore plus^^

veuve noire ? Je n'ai lu nulle part que Dwärna était neuve....NON pas les casses têtes sur les persos, tu viens de condamner mes nuits a chercher :lol:

et maintenant...sa a marché une fois pourquoi pas deux.

( attendre.....J'aime pas attendre mince. Tant pis sa va aller avec l'aspirine )

( on peut toujours rever :roll: )

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MessagePublié: Mar 15 Nov, 2005 0:03 
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(J'ai une fonction "hypervitesse" de série 8))

Pour la Veuve noire... ah... je le dis ou pas ?
Il y a deux interprétations possibles : il faut savoir que la veuve noire est une toute petite araignée (1 cm pour la femelle, moins pour le mâle) dont la morsure peut être mortelle (son venin contient un agent neurotoxique, il me semble)
Le lien araignée/Drow/Dwärna est aussi aisé à remonter que le mince fil d'une toile... :wink:
Pour la deuxième interprétation... il faudra attendre la suite :P

grom.5 a écrit:
( attendre.....J'aime pas attendre mince. Tant pis sa va aller avec l'aspirine )

Bien essayé, mais ça ne marche pas.
J'ai pas eu le temps de m'y remettre depuis ce midi, moi :shock: J'ai des big superpouvoirs, mais faut quand même pas exagérer :lol:
(et je parie que certains ont cru que j'avais posté la troisième partie :twisted:)

@Glorfindel : oui, elle claque, ma réplique. C'est un bon résumé de ce que peut être Dwärna... enfin moi... ou plutôt une partie de moi... bref.
Je m'emberlificote les pattes dans mon propre piège.
Et c'est quoi cette nouvelle manie d'écrire en tout petit ???

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MessagePublié: Dim 20 Nov, 2005 18:31 
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3- Failles...

*
- Dwärna, tu as changé...

L'elfe regarda Ziyardan qui, les mains dans les poches, semblait totalement oublier les gros flocons de neiges qui venaient fondre sur son col.

Aelred s'étendait en bas des collines enneigées, assoupie dans ces heures incertaines où la nuit d'hiver glisse lentement vers l'aube...


- Que veux-tu dire ?
- Eh bien... c'est dur à expliquer, marmonna le jeune homme en donnant un coup de pied dans une motte gelée. Tu te souviens quand on s'est rencontrés ?
- Comment l'oublier ? sourit sa compagne. On s'est rentrés dedans au moment où toi tu escaladais le mur de clôture pour sortir de cette école de magie parce qu'ils te battaient et moi j'escaladais ce même mur pour aller visiter les coffres des maîtres-mages...

Ziyardan éclata de rire.

- Oh ! C'est vrai ! Dans ma surprise, j'ai glissé et nous nous sommes retrouvés tous les deux par terre. Et c'est là que le vieux surveillant s'est réveillé... Je crois n'avoir jamais couru aussi vite !
- Encore un peu et tu me distançais, oui ! Fallait-il qu'il te fasse peur, ce vieux gâteux édenté !

Le jeune mage fit mine de frissonner.

- Tu ne le connaissais pas !

Il se rembrunit légèrement.

- Non, ce que je voulais dire, c'est que... au début, tu étais moins... moins dure...
- Est-ce que je me suis montrée dure envers toi ? s'inquiéta Dwärna.
- Non ! Pas dure envers moi, mais... Avant, tu pouvais aussi être d'humeur sombre... préoccupée par je ne sais quoi. Maintenant, tu es plus sauvage, plus froide... plus violente, aussi. Je le sens surtout lors de ces fichues expéditions... Ne pourrais-tu pas laisser cela aux autres ? Je ne sais comment, mais tu as réussi à leur inculquer assez de discipline pour qu'ils se débrouillent seuls.
- Ma simple présence suffit à éviter toute effusion de sang...
- Sauf s'il te prend l'envie de donner un exemple aux malheureux que tu es en train de ruiner.

L'elfe serra les dents sous le reproche perceptible dans les paroles de son ami.

- Tu vois, reprit Ziyardan. J'avais entendu bien des histoires au sujet des elfes des profondeurs... De ce genre d'histoires que les femmes racontent à leurs enfants quand ils ne sont pas sages. Quand j'ai appris à te connaître -et ce ne fut pas une mince affaire-, j'ai pensé que c'était faux, tout ça. A présent, j'ai un doute.

Dwärna détourna les yeux et se mordit les lèvres.

- Je sais, Ziy. Ou du moins, je commence à comprendre ce que signifie réellement être une...

Le jeune homme se rapprocha pour la prendre par les épaules. Il écarta une longue mèche couleur de lune qui voilait son regard.

- Tu peux me parler, si tu veux. Avec moi, les secrets restent des secrets...

Une moue malicieuse flotta sur ses lèvres.

- Quoique je me demande quel effet cela ferait sur tes troupes de voleurs si dévoués si je leur révélais qu'une grande voleuse comme toi a réussi à se faire subtiliser ses vêtements alors qu'elle fôlatrait dans une fraîche rivière et que...

Une grosse boule de neige lui coupa la parole.

- Oh, tais-toi, espèce d'idiot !

Tout en riant, il tenta d'éviter ses coups de poings sans conviction. Tous deux finirent par rouler au sol.
Ziyardan parvint à prendre le dessus sans rencontrer grande résistance.
Les poignets maintenus plaqués dans la neige au niveau des épaules, Dwärna le fixa, haletante. Presque insensiblement, leurs lèvres se joignirent.


- Il fait un peu frais, là, non ? finit par murmurer l'elfe avec un sourire.

Le jeune homme parut soudain se rappeler où il était.


- Oh, oui, tu as raison.

Il l'aida à se relever, la mine contrite. Mais le sourire lui revint aussitôt.

- Dommage qu'on soit en hiver : on aurait pû trouver une jolie rivière pour que tu puisses ôter tous ces vêtements inutiles et...

Un baiser l'interrompit, aussi brûlant qu'avait été froide la boule de neige qui l'avait fait taire un peu plus tôt.

- Tu parles trop, Ziy...
- Oui, c'est vrai. Agissons, plutôt !

Sur ce, il la prit par la main et l'entraîna en courant vers la ville...

**

Les voleurs lourdement chargés défilèrent un à un dans le couloir.
La nuit avait été profitable...


- Tu vois ? Tout s'est bien passé, encore une fois.
- Oui, Dwärna... si tu le dis...

L'elfe posa les mains sur les épaules de Ziyardan afin de le regarder droit dans les yeux.

- Qu'est-ce qui te tracasse ? Tu as le droit de me contredire si tu penses que j'ai tort !
- A cette heure-ci, le gouverneur d'Aelred doit grincer des dents de rage... Ta mise à prix atteint des sommets. Es-tu si sûre qu'aucun des membres de la guilde ne sera tenté ?
- Des hommes de confiance surveillent le moindre mouvement en ville. Il n'y a pas une taverne, pas une auberge ou un coin de rue où je n'aie quelqu'un à ma solde. La traîtrise, le désir de traîtrise sont punis de mort.
- Tiens, j'aurais bien une remarque ou deux à formuler à ce sujet, mais... Là n'est pas l'important pour le moment. A force de narguer le gouverneur, il finira par envoyer des troupes dans les souterrains...
- ...et elles les connaissent si peu que nous n'aurons aucun mal à les prendre au piège, Ziy. Pas un seul des soldats qui mettra les pieds dans ces tunnels ne remontera à la surface pour dire ce qu'il aura vu.
- Mais s'ils étaient si nombreux que...
- Tu te ronges les sangs pour rien, je t'assure.

Les jeunes gens pressèrent le pas pour rattraper les voleurs qui avaient pris de l'avance.

Soudain, l'éclat des pierres lumineuses qui jalonnaient le sol faiblit.
Tous s'immobilisèrent, sur le qui-vive.
La lueur clignota, sembla se rétablir, puis s'éteignit tout à fait.


- Qu'est-ce qui se passe ?
- Ces pierres ne se sont jamais éteintes...
- Sauf si...

Une sourde angoisse les saisit à la gorge.

- Par pitié, tout, tout sauf ça... pas si près de la surface...
- Qu'est-ce que vous savez que j'ignore ? interrogea Dwärna d'une voix tendue.
- Dans le souterrains les plus profonds, il y a des choses... mais elles ne remontent pas, d'habitude...
- Silence ! Il vient.

L'obscurité parut devenir si possible encore plus sombre. La température chuta brusquement.
Bien qu'il n'y ait aucun bruit, ils surent qu'ils n'étaient plus seuls dans le tunnel. Et ce qui approchait était pire, bien pire qu'un simple klerg...

L'elfe s'afaissa contre le mur, submergée par une sensation indescriptible de vide et de ténèbres. La chose se trouvait juste devant elle.
Mais la créature se détourna : elle avait repéré une autre proie...

Le hurlement d'angoisse de Ziyardan fit à Dwärna l'effet d'un coup de fouet.


- Fermez les yeux, tous !

Son sortilège de feu toucha le sol dans une myriade d'étincelles et une grande flamme s'éleva jusqu'à la voûte.
Dans ce bref éclair, l'elfe distingua comme une immense ombre noire... un mufle de cauchemar, des yeux blancs et vides flottant dans une brume obscure.

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Un sifflement suraigu résonna dans la galerie avant que l'ombre ne se retire dans les ténèbres qu'elle emporta avec elle. Les pierres lumineuses retrouvèrent leur éclat.


- Ziy !

L'elfe se précipita aux côté du jeune homme effondré en travers du tunnel.
Blême, le regard vitreux, on aurait pu croire qu'il était mort. Mais il cligna des paupières et tourna légèrement la tête vers Dwärna.


- Il... il est entré dans mon esprit. J'ai senti toutes mes forces aspirées..., murmura-t-il d'une voix atone.
- Ne te fatigue pas à parler, supplia sa compagne, les lèvres tremblantes, en lui caressant les cheveux.

Elle se retourna brusquement vers les autres voleurs.


- Eh bien qu'attendez-vous ? Il faut l'emmener vers les grottes, vers Azriel, le plus vite possible ! Bougez-vous !

***

- Tu peux le sauver, dis-moi que tu vas le sauver !

L'hybride se redressa et la prit fermement par le bras pour l'éloigner de Ziyardan qui semblait dormir d'un sommeil fiévreux.

- Ecoute... il a été touché par un dévoreur. Ces créatures ont une prédilection particulière pour les mages... et surtout pour les spirits. Cette chose a aspiré son énergie... et elle continue de le faire.
- Comment ? Mais je l'ai repoussée !
- Le dévoreur l'a touché. Le lien est toujours là.
- Alors... il... il va mourir ?

Azriel ouvrit la bouche mais se ravisa.

- La présence d'un dévoreur aussi proche n'est pas bon signe. Si lui est déjà là, d'autres créatures maléfiques rôdent certainement dans les parages...
- Je m'en moque ! Je veux...
- Ecoute ce que j'ai à te dire !

Le ton cinglant de son protecteur fit reculer la jeune elfe.

- Ces créatures viennent de ce qu'on appelle le monde d'en-dessous. Tu es bien placée pour savoir ce que cela signifie, non ?
- Une faille ouverte, chuchota Dwärna. Alors pourquoi n'arrivent-elles que maintenant ?
- Quelque chose devait les retenir.

L'elfe se rappela certaines histoires entendues plus au nord, dans les montagnes -elles aussi truffées de galeries labyrinthiques où nul être de la surface n'avait posé les pieds.

- Une pierre d'étoile... une pierre prétorienne. Nulle créature étrangère ne peux franchir un passage s'il y en a une trop proche...
- C'est cela. Il devait y en avoir une quelque part sous nos pieds, mais nous n'en savions rien. Un événements a dû se produire, qui a neutralisé les effets de la pierre prétorienne. Il faut savoir quoi. Avec un peu de chance, la pierre est peut-être toujours intacte. Sinon, on court à la catastrophe... et la contrée toute entière aussi. Je n'ose imaginer les conséquence si les monstres gagnent la surface...
- Mais... et Ziyardan ?

Azriel se radoucit.

- Je ne suis pas sûr... mais s'il touche la pierre, je crois que le lien du dévoreur serait rompu.
- Alors je vais descendre. Il faut que je la retrouve.
- Très bien. Je reste ici. J'espère pouvoir ralentir l'action du dévoreur assez longtemps. Ne perds pas de temps : chaque minute nous est comptée...

****

- Prenez garde : en cas de mauvaise rencontre, je doute que nos armes puissent nous venir en aide...

La dizaine d'hommes que Dwärna avait choisie pour l'accompagner se contenta de hocher la tête.

Ils marchaient depuis déjà plusieurs heures dans des tunnels de plus en plus tortueux, guidés par l'éclat de pierres de lumières qu'ils avaient pris soin d'emporter avec eux. Elles se révèleraient utiles pour signaler l'approche d'un dévoreur.
Après, parviendraient-ils à lui échapper ? Rien n'était moins sûr.
Dwärna s'efforçait de ne pas y penser : elle était la seule du groupe a être dotée de pouvoirs magiques. Elle serait donc la cible prioritaire en cas d'agression...
Déjà, lors de l'attaque, elle l'avait échappée belle : la créature s'était intéressée de très près à elle... Mais c'était sur Ziyardan qu'elle avait porté son choix.


- Oh, Ziy ! Tiens bon, je t'en prie ! Accroche-toi !

L'elfe accéléra le pas.
Son émotion était si violente qu'elle avait l'impression que son coeur allait exploser.
Elle tenta désespérément de se calmer : il fallait que son esprit soit dégagé de toute autre préoccupation si elle voulait trouver le mince flux de mana noir qui remontait de la faille. Et plus ils progresseraient, plus le risque de rencontrer des crétures mauvaises augmenterait... Raison de plus pour avoir les idées claires.
Cependant, Dwärna avait beau faire, elle avait l'impression de marcher dans un brouillard. Ses sensations étaient floues, comme étrangères. Elle avait l'impression de glisser... ses pouvoirs de spirit étaient faibles, mais ils avaient suffi à la lier à Ziyardan.
Elle aussi ressentait l'action du dévoreur.
Ses forces déclinaient lentement, mais de façon continue... combien de temps lui restait-il encore avant de s'effondrer à son tour ?

Cela n'allait pas : elle se concentrait plus sur l'étincelle agonisante que représentait son lien avec Ziyardan que sur les émanations de la faille. Toute son énergie était tournée dans le mauvais sens, celui qui ne lui permettrait pas de le sauver... de les sauver, lui et elle. Mais laisser échapper ce fil si fragile était si dur...


- Je dois le sauver... Il le faut...

Pouce à pouce, l'elfe laissait glisser le fil. Puis elle le laissa échapper, au bord des larmes.

- Dwärna ?

Elle se tourna vers un homme d'allure sèche et solide qui répondait au nom d'Enor.
C'était un de ses lieutenants, un de ceux en qui en plaçait une confiance prudente.

Le groupe était parvenu à un nouveau croisement.


- Oui, attendez.

L'elfe inspira profondément et tendit son esprit à la recherche du bon chemin. Il tâtonna un peu, avant de rencontrer un relent lourd et insidieux qui serpentait au ras de la voûte du tunnel de gauche.

- C'est par-là.

Avant de suivre les voleurs, Dwärna effleura la paroi à la jonction des galeries. Ses doigts laissèrent une trace noire sur la roche, comme marquée au feu.
Ainsi, ils sauraient retrouve leur route au retour... si retour il y avait.

Le groupe déboucha dans une caverne dont les extrémités se perdaient dans l'obscurité.
Dans les profondeurs, il était aisé d'imaginer que des créatures monstrueuses se tapissaient aux limites du fragile hâlo lumineux des pierres de lumière...

Ressentant comme un picotement au niveau de la nuque, Dwärna se détourna, mais elle ne détecta aucune présence étrangère. Pourtant, elle se sentait vraiment observée. Et les sursauts inquiets de ses hommes lui indiquaient qu'elle n'était pas la seule à éprouver un tel malaise.
Etait-ce juste la nervosité qui les induisait en erreur, ou bien...

Un des voleurs qui fermaient la marche fit un geste de la main devant son visage, comme pour écarter une toile d'araignée. Mais il écarquilla soudain les yeux et laissa fuser une exclamation de stupeur qui se changea en un gémissement. Gesticulant comme pour se débarasser d'un agresseur invisible, il s'écroula au pied d'un grand rocher, les bras levés dans une vaine tentative de défense.

Pétrifiés, ses compagnons virent ses vêtements s'imprégner de sang. De longues traces écarlates parallèles ne cessaient d'apparaître, sans que le tissu ait reçu de déchirures... Quelque chose que les barrières matérielles ne pouvait arrêter était en train de le réduire méthodiquement en charpie...

Forçant sur sa vue, Dwärna parvint à deviner comme un reflet bleuâtre là où devait se trouver l'être magique.
Elle ajusta un sort que la chose évita en bondissant sur les parois puis la voûte. Elle allait si vite qu'on ne pouvait la suivre des yeux, et même les cliquetis de ses griffes sur le roc semblaient venir de partout à la fois...
La créature redescendit à toute allure le long d'un énorme stalactite.


- Courez !

Les voleurs indemnes ne se le firent pas dire deux fois et s'engouffrèrent dans le premier tunnel qui se présenta.
L'être invisible ne les suivit pas, préférant retourner à sa première victime.


- Mais qu'est-ce que c'était ? haleta un des hommes.
- Comment voulez-vous que je le sâche ? le rabroua aigrement Dwärna en s'efforçant de maîtriser le tremblement nerveux qui l'agitait. Repartons ! Cela pourrait avoir envie de nous suivre, alors autant prendre de l'avance...


Un écho liquide leur parvint aux oreilles, quelques minutes avant qu'ils ne s'immobilisent : la galerie était inondée jusqu'à mi-hauteur, et l'eau venait leur lécher les semelles.

- Bon, nous n'avons pas trop le choix... à moins de repasser par la caverne pour trouver un passage à sec.

La perspective de faire demi-tour les refroidit beaucoup plus que l'idée d'avancer dans l'eau glacée... s'efforçant de faire le moins de bruit possible, ils s'avancèrent lentement, tâtant prudemment le fond du pied, de peur de tomber dans une crevasse cachée.

Un petit bruit de pattes au-dessus de leurs têtes...
Enor dirigea les rayons d'une des roches lumineuses dans cette direction et se détendit : ce n'était qu'une espèce de mille-pattes noirâtre qui s'éloignait, dérangé par les vibrations provoquées par leur approche...

Mais voilà qu'un deuxième le suivit, puis un troisième... Plusieurs dizaines d'insectes sombres quittèrent les fissures où elles se terraient jusque là...


- Oh, oh, voilà qui ne me dit rien qui vaille...

Comme pour confirmer cette impression, une des bestioles se laissa discrètement tomber de la voûte sur l'épaule d'un des hommes.
Quand il sentit la petite morsure dans son cou, il envoya l'insecte dans l'eau d'un geste brusque, mais n'eut guère le temps de réfléchir plus à ce qui venait d'arriver : un spasme violent le secoua, lui faisant remonter une écume blanchâtre aux lèvres, et il s'abattit comme une masse, raide mort.

Dwärna sentit la pointe d'une épée lui effleurer la gorge et se détourna d'un bond, juste à temps pour voir un mille-pattes tomber dans l'eau, coupé en deux par l'arme d'Enor. Le voleur venait de lui sauver la vie.

Le groupe se resserra.
Les insectes étaient à présent des milliers. Ils grouillaient sur la voûte, s'amassant de plus en plsu près malgré l'éclat des pierres lumineuses qui les faisait se tordre avec des claquements de mandibules.


- Plongez !

Sans se poser de question, les voleurs obéirent au cri de Dwärna, et en cela ils firent bien : l'elfe venait de lancer un sort de feu aussi puissant que possible dans la galerie.
Le rai de mana fila dans le tunnel, jusqu'à s'écraser à un retour de paroi. Il y eu une grande lueur rouge, puis un torrent de flammes se déversa dans le couloir dans un grondement sourd.

La drow plongea à son tour.
Plaquée contre, le fond, elle vit l'éclat ardent du feu passer au-dessus d'elle, puis s'éteindre tout aussi vite.

Quand elle revint à la surface, le souffle court, tous les mille-pattes avaient disparu, réduits en cendres qui flottaient sur l'eau fumante.

De la vapeur avait envahi le tunnel, et ce fut en toussant que le groupe reprit sa progression.
Un soupir de soulagement leur échappa quand la galerie remonta, leur permettant enfin de marcher à pied sec.

Cependant, tout en avançant, Dwärna se posait des questions : le flux de magie qu'elle percevait par bouffées lourdes et moites était très intense.
Ils n'étaient plus très loin de leur objectif... et pourtant les créatures qui auraient dû l'accompagner brillaient par leur absence. Quelque chose les tenait à distance... et ce ne pouvait être la pierre prétorienne.

Leur arrivée dans une nouvelle salle aux dimensions encore plus impressionnantes que toutes celles qu'ils avaient pu traverser précédemment interrompit là ses réflexions.

Les parois étaient percées de dizaines... non, de centaines de galeries.
Une vague de désespoir envahit l'elfe : où aller, à présent ?

Le sol s'était soulevé, craquelé, et de vastes failles béaient, se prolongeant en minces fissures sur les murs. Cette grotte était quasiment sur le point de s'effondrer...

Ayant franchi l'éboulis qui bouchait à demi le tunnel, Dwärna pivota sur elle-même... et se figea, les yeux fixés sur l'arc formé par le couloir d'entrée : le roc portait encore les vestiges de sculptures habiles. L'éboulis avait emporté une partie de ce portique... au centre, là où la voûte était la plus haute, on voyait encore une espèce d'alvéole ronde...

L'elfe bondit sur les rochers pour examiner cette niche de plus près.
Du bout des doigts, elle en effleura les contours. Oui, elle sentait qu'un objet puissant avait été incrusté là...

Elle sauta à terre puis étudia l'amoncellement de pierres au pied de la paroi.


- C'est là, c'est là... La pierre prétorienne ne eut être que là-dessous...

Dwärna se retourna vers ses hommes.

- Aidez-moi à dégager cela ! Vite !

Etaient-ils arrivés au bout de leurs peines ? Ce pouvait-il que la pierre protectrice soit si proche, presque à portée de leur main ?
Gagnés par la fébrilité de leur chef, les voleurs se mirent à l'ouvrage...

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Dernière édition par Shandra le Mer 30 Nov, 2005 0:21, édité 1 fois au total.

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MessagePublié: Dim 20 Nov, 2005 18:53 
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Localisation: Ailleurs, ici ? Ou faire, son nid ?
Non et oui....1 c'est pas fini :D 2 devinez quoi :roll:

Continue comme sa, j'adore :D

Bizarre je sens deux trucs arriver gros comme des camions, mais je vois pas a quoi sa va débouler


1 vu que c'est la veuve noire, je pense que le magicien va mourir T_T
2 je m'attend a une grosse mais tres grosse bestiole qui attend que de faire BOUH.


Par contre avec le nombre de théories foireuses que je fait sur d'autre trucs :P
Tu donnes des cours de Rp ??

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MessagePublié: Dim 20 Nov, 2005 19:09 
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Localisation: Entre là d'où je viens et là où je vais =)
Pffff, mes histoires sont tellement prévisibles que ça en devient désespérant...

Enfin, je suis encore en train de me gratter la tête pour savoir quel genre de très grosse bestiole je vais mettre... Je sens que je vais rester dans le gros classique bien bateau, mais toujours efficace :roll:

grom.5 a écrit:
Tu donnes des cours de Rp ??

Ca dépend combien on me paye^^

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MessagePublié: Lun 21 Nov, 2005 16:50 
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Localisation: Entre là d'où je viens et là où je vais =)
Devinez qui sans le savoir m'a donné l'idée pour la vilaine grosse bestiole ? ^^

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4- Les tourments des immortels

*

Peu à peu, le monticule de rocs diminuait... mais toujours pas trace de la pierre prétorienne.

Tenaillée par l'anxiété, Dwärna repoussa l'idée désagréable qui venait de se glisser dans sa tête : et si le précieux objet était tombé dans une des crevasses qui béaient de toutes parts ? Le sol de la caverne était en pente... Non, mieux valait ne pas y penser.
Mais elle ne put s'empêcher de s'écarter un instant pour aller étudier le gouffre insondable le plus proche. Penchée au bord du vide, elle ne vit que ténèbres, n'entendit que silence.

Reculant d'un pas, l'elfe secoua la tête : une torpeur brumeuse l'envahissait, et chaque mouvement devenait une lutte.
Le dévoreur était en train de gagner la bataille...

D'une démarche incertaine, elle rejoignit les voleurs qui ne ménageaient pas leurs efforts.


- Es-tu sûre que ce que tu cherches se trouve là-dessous ? interrogea Enor à voix basse.
- Oui... enfin, je l'espère, concéda Dwärna sur un ton las et traînant. Je ne...

Un malaise brutal la fit vaciller.
Pliée en deux, presque incapable de respirer, elle laissa échapper un cri sous l'effet de la sombre épouvante qui venait d'occulter toutes ses facultés.
Les hommes se redressèrent, frémissants d'inquiétude. Eux aussi commençaient à sentir que quelque chose de terrible approchait, mais ils ne pouvaient encore déterminer quoi.


- Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que c'est ?
- Valarauco, répondit Dwärna dans un souffle, trop secouée pour s'apercevoir qu'elle avait oublié d'utiliser le langage commun.

Ses pensées tourbillonnaient follement dans une bulle de terreur brute.
Que faire ?
Elle n'était pas de taille à affronter ça... ce serait un combat sans espoir de victoire...
Son instinct lui hurlait de prendre la fuite.
Mais Ziyardan ? Il fallait...
Une lueur rouge s'alluma dans les profondeurs d'une des crevasses. Puis il y eut une ombre immense...
Trop tard.

Plus lettré que ses compagnons, Enor murmura :


- Un balrog...

Les voleurs restèrent pétrifiés sous le feu liquide des yeux de la créature ténébreuse.
Puis quelques uns cédèrent à la panique et se précipitèrent dans le tunnel, oubliant totalement l'être invisible qui les attendait dans sa caverne.
Ceux qui restèrent en arrière blêmirent quand le démon se mit à balancer une longue lanière de flammes.

Le fouet ondula à la façon d'un serpent, s'éleva vers la voûte... puis s'abattit avec un claquement.
Seuls Dwärna et Enor gardèrent suffisament de présence d'esprit pour éviter le coup dévastateur. Une forte odeur de chair carbonisée leur prit les narines.

Ignorant le voleur, le monstre de feu et d'ombre visa l'elfe qui se jeta sur le côté. La lanière ardente heurta le sol dans un crépitement d'étincelles, faisant rougir et craqueler la roche.

Et l'action du dévoreur qui se faisait de plus en plus forte...
Le pouvoir qui détruit ceux qui sont trop faibles pour l'exercer... quelle ironie !

L'arme siffla, se tordit comme une créture vivante. Cette fois-ci, Dwärna ne put l'éviter.
Mais la lanière heurta une barrière magique qui vola aussitôt en éclas dans un grand éclair blanc. Sans même y avoir réfléchi, l'elfe avait dressé un bouclier avec les ultimes forces qui lui restaient.
Elle était indemne, cependant le choc l'envoya heurter la paroi dans son dos et elle s'écroula face contre terre, au pied de l'éboulis.

Le balrog s'avança dans une spirale de fumée et de flammes, prêt à lui porter le coup de grâce.
Dwärna se redressa sur un coude. Elle ne pouvait plus rien faire d'autre qu'attendre...

Avec un sursaut de révolte, elle essaya de se redresser, en vain. Elle retomba durement sur les pierres instables.

Et ce fut à cet instant que l'elfe perçut une force vivifiante qui semblait émaner de sous les blocs juste à côté d'elle.
Avec des gestes tremblants et précipités, elle repoussa les quartiers de roc. Ses doigts grattèrent la poussière et les débris accumulés... jusqu'à rencontrer un objet rond et lisse. A ce contact, tout parut s'éclaircir.
Elle l'avait trouvée.

Le balrog leva son arme dévastatrice... puis émit un hurlement épouvantable quand la silhouette fâlote à ses pieds brandit une pierre noire à peine plus grosse qu'un oeuf de pigeon.
L'objet parut s'embraser à son tour : il devint brusquement aussi clair et transparent qu'un cristal, et une lumière bleutée jaillit, pure, aveuglante.

Une main levée devant les yeux pour se prémunir de cet éclat extraordinaire, Dwärna vit le démon reculer... mais il résistait, et la puissance formidable développée par la pierre prétorienne était en train de décroître...

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L'elfe s'avança.


- Vas-t'en ! Regagne les abysses d'où tu viens !

Le balrog cédait pas après pas. Déjà, il se trouvait juste au bord du précipice d'où il était sorti.
Le cristal clignota.


- Vas-t'en !!!

L'être de feu et de ténèbres répondit par un rugissement effroyable, empli de défi et de colère.
Quelques blocs se détachèrent de la voûte de la caverne et s'abattirent autour des deux belligérants.

Dwärna leva brièvement les yeux vers les hauteurs fragilisées de la grotte.
L'idée qui venait de germer en elle était folle, tout comme il était folie d'espérer survivre un fois que la pierre aurait usé presque toute l'énergie qu'elle avait pu accumuler...

Le halo d'azur pâlit un peu plus.
Et le balrog ravança lentement d'un pas.
C'était le moment ou jamais...

Une sphère de feu se forma au-dessus de la main libre de l'elfe. Dwärna la propulsa à la verticale et s'écarta le plus vite possible.
Le bruit de l'explosion du sortilège contre la voûte fut suivit d'un grand craquement.
La salle entière se mit à trembler, et d'énormes blocs s'écrasèrent au sol. Puis se fut une bonne partie de la salle qui s'effondra sur ses bases dans un nuage de poussière.
Dans le grondement de tonnerre de l'éboulement un hurlement sauvage retentit.

Quand Dwärna regarda là où se tenait le balrog, il n'y avait plus qu'une montagne de rocs. L'éboulement avait fait basculer le démon dans la crevasse et l'y avait enfermé...

Une silhouette poussiéreuse émergea de derière un rocher en toussant.


- Enor ? Tu...
- Attention !

Un rocher tomba juste à côté de l'elfe qui s'était rejetée en arrière à cet avertissement.
Dans le mouvement, la pierre prétorienne glissa entre ses doigts et se mit à rouler sur le sol en pente... elle allait droit vers une vaste crevasse !

Avec un cri, Dwärna se jeta en avant, mais, déjà, le précieux talisman avait disparu dans l'abîme. Sans la moindre hésitation, l'elfe plongea à sa suite, arrachant une exclamation d'effroi à Enor.

Le voleur se précipita au bord du gouffre.
Un mince mais solide crochet à trois dents fréquemment employé par les membres de la guilde pour escalader les façades les plus lisses jaillit soudain de l'obscurité et vint râcler le sol à côté de lui, sans trouver de prise.
L'homme attrapa la fine corde de chanvre à deux mains. Le câble se tendit brusquement, lui écorchant les paumes.


- Dwärna ? haleta-t-il, les traits contractés par l'effort. Dwärna, tu n'as rien ?

Un petit moment passa avant qu'une réponse lointaine ne lui parvienne :
- Non, ce... ça va. Je vais bien. J'ai la pierre. Je remonte.

Quelques instants plus tard, Dwärna se rétablissait dans la grotte, pâle, les paumes à vif, sans autre dommage que des contusions dues à sa réception brutale contre la paroi de la faille.
Elle ne prit même pas le temps de remercier son sauveur : se redressant d'un bond, elle s'engouffra dans le tunnel qui les avaient conduits jusque là. Elle courait vite, aussi vite qu'une elfe peut le faire sans s'effondrer, le coeur battant à un rythme fou, la pierre protectrice serrée contre la poitrine.
Aucune créature ne tenta de lui barrer le passage, et elle ne trouva trace des voleurs qui s'étaient enfuis face au balrog. Mais de cela, elle se moquait éperduement...


La première chose qu'elle vit en arrivant devant les salles d'Azriel fut l'hybride en personne, debout devant l'entrée, le visage rigide.
Il ne bougea pas d'un pouce lorsque sa protégée tenta de franchir le seuil.


- Mais qu'est-ce que tu fais ? Laisse-moi passer, il faut...
- C'est trop tard, Dwärna.
- Q-quoi ?

L'elfe le fixa sans vouloir comprendre.

- J'ai la pierre, je dois...
- C'est trop tard, Dwärna, répéta Azriel avec plus de douceur en lui posant les mains sur les épaules. Ziyardan est mort il y a quelques heures...
- Non, je ne te crois pas ! Tu mens ! Laisse-moi passer !

Il s'écarta à contre-coeur et la regarda se précipiter aux côtés du jeune mage qui reposait près du feu puis tomber à genoux.

- Ziy...

Elle effleura le visage froid de son compagnon, puis laissa retomber sa main, l'air assomée par le choc.
Son protecteur se rapprocha, l'air incertain.


- Ecoute, tu as fait ce que tu as pu..., commença-t-il maladroitement.
- Mais ce n'était pas assez ! répliqua l'elfe d'une voix dure, cinglante.

Elle se releva avec brusquerie.


- Ramène-le. Tu peux le faire revivre. Fais-le !

Azriel se tendit.

- Je n'appelle pas ça "faire revivre"... Il ne voudrait pas cela... et toi non plus.
- Si !
- Je ne le ferai pas.
- Alors apprends-moi !
- Je refuse de te montrer comment faire usage de la nécromancie, tu m'entends ? Tu en sais déjà trop... et en même temps pas assez pour mesurer les conséquences ! Tu dois accepter de laisser mourir ceux qui t'entourent...
- Non, je ne l'accepterai pas !

Elle recula, le regard venimeux.

- Ecarte-toi de mon chemin !

La menace qui vibrait dans ses paroles incita l'hybride à obéir, et il ne fit rien pour l'empêcher de sortir à grands pas.
Un soupir de tristesse lui échappa et il se pencha afin de ramasser la pierre prétorienne qu'elle avait jeté avec rage sur le sol.
Il l'examina un instant. Une si petite chose...
Avec un nouveau soupir, Azriel alla la poser avec soin dans une niche creusée dans un des murs avant d'aller s'asseoir dans un fauteuil près de la cheminée.
Il se sentait vieux, si vieux... si usé, soudain...


Dwärna parvint bientôt dans une zone reculée des souterrains de la Guilde.
Aucun de ceux qu'elle avait croisés n'avait osé lui adresser la parole : son expression suffisait à dire qu'ils auraient payé cette témérité de leur vie...
Une caverne se présenta, très sombre, très froide, suintante d'humidité. Là, l'elfe s'afaissa lentement sur les genoux, et des larmes roulèrent sur ses joues.


- Pourquoi ? Pourquoi tu ne m'as pas attendue, Ziyardan ? sanglota-t-elle en donnant de douloureux coups de poing sur la roche luisante du sol. Tu as emporté ce qui me restait de coeur en t'en allant... Combien ? Combien d'épreuves, encore ?

Elle cacha son visage dans le creux de ses paumes déchirées.

- Je ne m'attacherai plus jamais à personne ! L'amour fait trop mal... car plus on aime, plus on souffre quand on perd l'être aimé... Etre vivant, c'est avoir des sentiments... Eh bien je ne veux plus de cette vie ! Je veux oublier. Je veux trouver la paix, enfin...

La vision brouillée par les larmes, elle rejeta le poignard qu'elle avait pris à sa ceinture et regarda le sang qui coulait en fins ruisselets le long de ses poignets tailladés.
La tête lui tournait déjà. Elle glissa sur le côté et baissa les paupières, attendant la mort...

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Combien de temps s'était passé ? Des heures ? Des jours ? Dwärna rouvrit les yeux, le regard vague.
La mémoire lui revint et la douleur lui serra de nouveau la poitrine, aigue, intolérable.
Qu'est-ce qui n'avait pas marché ? Elle aurait dû être morte...
L'elfe se redressa péniblement sur un coude. Du sang raidissait ses vêtements et avait figé en une large flaque autour d'elle. L'esprit à la dérive, elle étudia ses poignets affreusement déchirés.
Même la mort n'avait pas voulu d'elle...


Azriel releva les yeux du manuscrit qu'il lisait, installé dans son fauteuil favori, et eut un sursaut en découvrant sa protégée à-demi effondrée contre la paroi à l'entrée.
Elle avait l'allure d'un spectre : sa peau d'un noir bleuté marbrée de cernes livides et souillée de sang séché, les prunelles immenses et sans éclat, les lèvres exangues étirées en un sourire de cadavre.
Il se leva juste à temps pour la rattraper avant qu'elle ne s'écroule, inconsciente.

**

L'hybride ne ménagea pas ses efforts pour hâter sa guérison, mais celle-ci fut longue et ardue, avec de nombreuses rechutes.
Pourtant l'elfe survécut. Sa convalescence s'annonçait plus longue encore...

_________________
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Dernière édition par Shandra le Mer 30 Nov, 2005 0:24, édité 1 fois au total.

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MessagePublié: Lun 21 Nov, 2005 20:29 
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Héros Adoré
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Inscrit le: Mer 13 Avr, 2005 17:24
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Localisation: Euh... loin!
Tiens, une grosse bêbête pas belle avec tout plein de flammes de partout! Un copain à moi, ça... :D

C'est... stressant, de savoir que tout ça se passe avant... Et ne rien pouvoir faire! Mais j'aime toujours beaucoup.

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Glorfindel, l'Elfe aux Cent-Morts

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 Sujet du message:
MessagePublié: Lun 21 Nov, 2005 20:54 
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Héros Adoré
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Inscrit le: Mar 08 Mars, 2005 20:49
Messages: 3076
Localisation: Beyond the dark keyboard...
Mais euh! Normalement il dois y avoir un magicien et un pont de pierre livré dans le kit avec le mechant pabo ! :lol:

(continue c'est très bien ecrit et j'apprécie bien le style)

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