Inscrit le: Dim 17 Juil, 2005 21:26 Messages: 2710
|
Nom: [Klone]Toupitoui Race:Elfe
Avant tout, je tiens à remercier Shandra pour les belles illustrations qu'elle m'a offertes, ainsi que Fort, pour ses premières relectures attentives et Bloodychrist, pour son soutien et ses conseils si précieux.
Je m’en vais vous conter la légende d’une jeune elfette originaire d’Erwingol. Son nom elfique était Annwyl, mais en langage commun, cela se disait: Toupitoui.
Elle vivait avec son père, Ceridwen, fier guerrier, et sa mère Eirween, passée experte dans la maîtrise du tir à l’arc, dans un village à l’orée du bois d’Erwingol. Leurs ancêtres avaient depuis longtemps fait en sorte qu’aucun ennemi n’osât franchir les limites du territoire sacré des Elfes de cette contrée. Fille unique et chérie, ses parents étaient aux petits soins pour elle, et avaient toujours veillé à ce qu’elle ne manque de rien. Depuis quelques années déjà, elle suivait les enseignements de son maître, et apprenait l’art du combat et celui de la magie, en compagnie des jeunes elfes de son âge.
Lorsqu'elle n'était pas à ses entraînements avec Maître Jarang, Toupitoui aimait se prélasser, allongée dans l'herbe, dans la petite clairière non loin du village. Romantique, elle fermait les paupières et là, se mettait alors à rêver... C'était d'ailleurs toujours le même rêve : elle se voyait dans ses songes accompagnée d'un jeune Elfe mystérieux, dont elle ne parvenait jamais à discerner le visage. Un jour c'était de grandes balades avec lui, sur le dos de sa monture, Smirnoff la sauvage ; un autre c'était une baignade dans le petit lac d'Irouie, près de la cascade, et ils s'amusaient tous deux dans l’insouciance et la joie.
Elle avait dans son entourage tout un choix de jeunes gens, qui auraient très bien convenu, aux dires de sa mère, mais aucun ne trouvait grâce à ses yeux. Elle voyait autour d’elle de jeunes couples se former, c’était « l’âge qui voulait ça », selon son père. Elle aussi aurait aimé un compagnon à ses côtés qui partagerait ses entraînements, et sa passion de la forêt… Elle finissait par se trouver trop exigeante, mais refusait de se contenter d’un compagnon qui ne lui plairait qu’à moitié. Alors elle préférait rester solitaire, entourée de ses amis, mais sans compagnon. Elle les regardait partir le soir deux par deux, et elle rentrait seule chez ses parents, la mine un peu déconfite, mais toujours aussi déterminée dans son choix.
En dehors de ses entraînements, Toupitoui aimait partir seule en forêt. Un jour comme tant d’autres, le déjeuner familial à peine terminé, elle se précipita dans sa chambre, attrapa à la volée sa cape et son panier et s’apprêtait à sortir tout aussi rapidement. Sa mère l’apostropha avant qu’elle n’ait le temps de passer la porte :
« Hé là Annwyl, où crois-tu courir si vite, ma fille ? - Oh, je… je vais juste faire un petit tour dans la forêt. - Et tu as encore l’intention d’y aller seule, je suppose. Tu sais que ta mère et moi n’aimons pas ça, Annwyl, intervint son père. - Oui, je sais, je sais. La forêt est dangereuse, les Morts-vivants qui y ont été repérés il y a quelques temps rodent toujours, une jeune fille ne doit pas se promener toute seule, et cætera. J’ai vu passer Maëllys tout à l’heure, je lui demanderai de m’accompagner, si ça peut vous faire plaisir. - Je discutais avec sa mère tout à l’heure, Maëllys a prévu d’aller voir Judwal cet après-midi, je ne crois pas qu’elle acceptera de venir avec toi cette fois-ci. - Et bien j’irai avec quelqu’un d’autre. De toute façon, il faut que j’y aille, Jarang m’a demandé d’aller ramasser des Astrae Luna impérativement pour demain. »
Et sans attendre la réponse de ses parents, Toupitoui se rua hors de la maison. Eirween poussa un léger soupir et continua à débarrasser la table. Mais Ceridwen était toujours très inquiet quand il voyait partir sa fille unique.
« J’espère qu’elle va trouver un ami pour l’accompagner, j’ai toujours peur qu’il lui arrive quelque chose en forêt. On ne sait jamais ce qui peut arriver. - Tu devrais t’y faire depuis le temps. Tu la connais, elle dit cela pour nous faire plaisir, mais au fond, elle préfère mille fois se promener seule. - Ce n’est tout de même pas prudent. Et puis, elle est si jeune! Elle va encore rentrer après la tombée de la nuit, ce n’est vraiment pas raisonnable, pour une jeune fille de son age! - Que pouvons-nous y faire? Elle a besoin d’aller courir les chemins, cette petite, tu ne pourras l’en empêcher. Et les enseignements de Maître Jarang la rendent moins vulnérable, c’est une élève très douée, elle apprend vite. Ne t’inquiète donc pas tant pour elle, Ceridwen, et viens plutôt m’aider à ranger, tu ne peux pas rester sans rien faire jusqu’à ce qu’elle rentre ! »
Ce jour-là, Toupitoui avait décidé de trouver un arbre confortable sur lequel se percher pour lire tranquillement son dernier recueil des légendes du Lorndor. Perdue dans ses lectures, elle ne regardait que distraitement où elle allait, et faillit trébucher sur un jeune elfe, appuyé contre un arbre.
Il était mal en point, gravement blessé à plusieurs endroits. Toupitoui s’agenouilla près de lui. Il respirait encore, difficilement, certes, mais il vivait. Il était inconscient, mais ses blessures et son épuisement apparent n’altéraient en rien son étonnante beauté. On aurait presque pu penser qu’il dormait, si l’herbe autour de lui n’avait pas été maculée de sang. Toupitoui lui prodigua les premiers soins grâce aux sorts que lui avait appris son maître, mais n’osait pas le quitter pour aller chercher les plantes nécessaires à des cataplasmes. Elle resta à son chevet, lui donnant à boire comme à un nourrisson. Il reprenait parfois conscience, mais retombait très vite dans un profond sommeil. Le soir tombait, Toupitoui ne pouvait le laisser seul ici et il était trop faible pour marcher jusqu’au village.
Elle se maudissait de n’avoir emmené avec elle sa monture, quand elle se souvint de l’existence d’une petite caverne, toute proche de là. Elle força l’Inconnu à se réveiller, et l’aida à se relever. Ils marchèrent péniblement jusqu'à l’entrée de la grotte. Elle lui fit un lit de feuillages et d’herbes et l’installa le plus confortablement qu’elle pût. Enfin, à regret, elle abandonna l’Inconnu pour la nuit, lui promettant de revenir dès le lendemain… Cette nuit-là, Toupitoui n’arriva pas à fermer l’œil. Elle se réveillait sans cesse, se demandant si elle n’aurait pas mieux fait de rester avec l’Inconnu, il pourrait avoir besoin d’elle… S’il devait mourir cette nuit, elle ne s’en remettrait jamais… Elle ne connaissait même pas son nom… Enfin, la nuit prit fin. Aux premières lueurs du jour, elle se précipita dans la forêt pour retrouver le mystérieux Inconnu.
Toupitoui, chevauchant aussi vite que le lui permettait sa monture, se hâtait de rejoindre l’abri où elle avait laissé le blessé. Il réussit à ouvrir les yeux en l’entendant arriver, et à esquisser un sourire. Toupitoui examina ses blessures, et réitéra ses soins, arrachant à l’Inconnu quelques grimaces de douleur qu’il ne put masquer. Elle était soulagée de voir qu’il semblait se sentir mieux, même s’il était encore trop faible pour parler. La jeune fille brûlait d’en savoir plus sur son Inconnu, qui il était, d’où il venait… Elle resta toute la journée auprès de lui, lui donnant des potions et lui parlant de temps en temps. Elle doutait qu’il ne l’entende réellement, mais elle continuait malgré tout. Le soir arrivant, Toupitoui décida de ramener le blessé au village. Elle l’aida à se relever, et le fit péniblement monter sur sa monture. Marchant à côté, elle trouva le trajet bien plus long que d’ordinaire, et avait hâte d’arriver chez elle pour installer confortablement le jeune homme. Elle craignait que ces jours et ces nuits passés dans la forêt n’aient déjà été trop de temps sans soin digne de ce nom.
Après ce qui lui parut durer une éternité, Toupitoui aperçut enfin les volutes de fumées au-dessus des premières cheminées de son hameau. Elle pressa un peu plus sa monture. Elle entendit les murmures interrogateurs de ses frères sur son passage, mais y resta indifférente et conduisit l’Inconnu jusqu’à sa chaumière. Toupitoui n’eut même pas le temps d’expliquer la situation à ses parents, que sa mère était déjà partie concocter quelque potion et un bon repas pour rasséréner le blessé.
L’Inconnu se remettait peu à peu, s’éveillant de temps en temps pour boire et manger, mais n’avait généralement pas la force de rester longtemps éveillé. Après deux jours, grâce aux bons soins et à la sollicitude d’Eirween et d’Annwyl, l’Inconnu semblait en bien meilleure forme. Toupitoui allait enfin pouvoir assouvir sa curiosité et poser toutes les questions qu’elle tournait dans sa tête depuis sa première rencontre avec lui
Toupitoui profita de ce que l’Inconnu était éveillé pour lui poser toutes les questions qu’elle retenait depuis trois jours. Mais malgré son insistance, elle n’en apprit pas long sur lui. Ce dernier, sans pour autant éviter les questions, répondait toujours de façon très évasive. Elle apprit néanmoins qu’il se nommait Bloodychrist, et appartenait à un clan composé d’elfes, de gnomes, de nains et d’humains. Ils se faisaient appeler les Klone. Bloodychrist, que Toupitoui, en elle-même, continuait à appeler l’Inconnu, ne parlait pas beaucoup de lui, mais les quelques fois où il prononça le nom des Klone, sa voix s’était enflammée et ses yeux avaient brillé d’une lueur particulière; il était aisé de voir à quel point il était attaché à ses compagnons.
Malgré le désir non dissimulé de Bloodychrist de retrouver les siens, il devait patienter encore quelques temps avant de pouvoir repartir, comme le lui avait fortement conseillé Jarang. Il resta donc auprès de Toupitoui, et tous les deux ne se quittèrent plus un instant. Jarang se fit un plaisir d’accueillir Bloodychrist, qui bénéficia des mêmes enseignements que Toupitoui, bien que celui-ci fût bien plus expérimenté que la jeune Elfe. Les deux jeunes elfes partaient tous les jours se promener en forêt. Bloodychrist apprit à Toupitoui à mieux manier l’épée, qu’elle avait depuis trop longtemps délaissé pour se consacrer à la magie. Toupitoui apprit à Bloodychrist à reconnaître les plantes de sa région et à s’en servir pour concocter des potions. Ils rentraient chaque soir un peu plus tard au village, souvent oublieux du temps qui passait, trop occupés qu’ils étaient à s’amuser. Le temps passait, et Toupitoui pensait chaque jour un peu plus au moment où Bloodychrist devrait partir. Elle ne le reverrai certainement jamais, mais comment oublier cette rencontre des plus inattendues, et cet homme, le seul qui l’ait autant fasciné au premier regard… ?
Un jour qu’ils étaient partis se balader, après deux heures d’entraînement intense à l’épée, ils s’étaient assoupis au pied d’un arbre pour une courte sieste.
« Toupitoui… Toupi… » Une voix tentait de réveiller l’elfette endormie. Elle sortait difficilement de sa torpeur, quand elle sentit une présence au-dessus de son visage, et la sensation d’un tendre baiser sur ses lèvres. Ouvrant les yeux de surprise, elle vit Bloodychrist penché au-dessus d’elle...
Il devait faire nuit depuis un bon moment déjà. Rentrer au village à cette heure n’était guère prudent, ils décidèrent donc de passer la nuit dans la caverne dans laquelle Toupitoui avait conduit son ami quelques jours auparavant. Quelques jours seulement… Elle avait l’impression que cela faisait des années qu’elle connaissait le jeune homme. Toupitoui blottie dans ses bras, Bloodychrist s’endormit rapidement. Elle, par contre, n’arrivait pas à trouver le sommeil. Elle regardait l’Elfe tendrement, fermait les yeux un instant, et les rouvrait, pour le simple bonheur de voir qu’il était toujours là. Elle l’avait enfin trouvé, ce compagnon dont elle rêvait depuis si longtemps. Malgré sa fatigue, Toupitoui se refusait au sommeil, elle voulait profiter jusqu’au bout de cet instant auprès de lui. Elle ne s’était jamais sentie aussi heureuse que depuis leur rencontre.
Malgré ce bonheur apparent, Toupitoui était rongée par le doute. Bloodychrist semblait apprécier sa présence, mais était-il aussi attaché qu’elle ? Ne pourrait-il pas la décevoir, et la faire souffrir ? Une partie d’elle lui disait qu’il ne lui ferait jamais de mal, qu’il avait un cœur trop pur, mais cela ne la rassurait pas entièrement. Et puis, il devrait bientôt partir rejoindre les siens, ces Klone auxquels il tenait tant. Toupitoui ne pouvait se résoudre à se séparer de lui, mais elle savait qu’elle n’aurait bientôt plus le choix.
En dépit de ces sombres pensées, Toupitoui, extenuée par cette journée éprouvante, ne pût lutter plus longtemps contre la fatigue et s'endormit. Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsqu’elle entrouvrit les yeux. Emergeant doucement de son sommeil, elle se tourna sur le côté pour se blottir à nouveau dans les bras de Bloodychrist. Mais celui-ci était déjà parti. Toupitoui se réveilla dans un sursaut, se demandant où il avait bien pu partir pour la laisser seule ainsi.
Dernière édition par toupitoui le Mar 21 Fév, 2006 18:57, édité 30 fois au total.
|
|