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 Sujet du message: Eleldith (Livre I en cours)
MessagePublié: Jeu 22 Déc, 2005 4:29 
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LIVRE I


- Prélude :

Adossée à un tronc d'arbre, une jeune gnomette se reposait de sa longue promenade. Un panier bien garni de champignons siégeait à côté d'elle ainsi qu'un bouquet de fleurs et, tandis qu'elle s'étirait compulsivement, un gnoll s'approchait alléché par l'odeur de la vagabonde. Ni une ni deux, là voilà prise au piège du monstre, étreinte de ses bras hirsutes et en proie à son haleine fétide. Rejetant la tête en arrière, elle essaya de se libérer mais le gnoll était robuste. Il l'aggripa sous son bras et l'emmena dans les sous-bois comme un vulgaire sac de victuailles, ne se souciant guère des coups de pieds qu'il recevait.

Mais sa voix stridente l'inquiéta. Il ne faisait pas encore nuit et ses piaillements pouvait alerter les âmes égarées, alors il la projeta contre un arbre et sortit sa hache. Elle releva tout juste la tête quand le gnoll abaissa son arme et, dans un reflexe désespéré, elle bondit sur le côté. Il poussa un grognement de frustration, elle, cria de stupeur quand un deuxième coup fendit l'air, tout juste évité grâce au croc-en-jambe d'une vulgaire branche. La petite fille rampa en arrière sur quelques mètres tandis que l'assaillant se délectait de sa détresse. Une langue pourpre contourna alors les babines du gnoll, laissant un amas de bave dégoulinante à la comissure de ses lèvres. Un autre coup s'abattit, déchirant le haut en feutre rouge de la petite fille lorsqu'elle lui glissa entre les jambes. Elle courut ensuite à tout rompre sans se retourner, fuyant un monstre en furie qui hurlait de rage. Un bruit sec claqua à côté de son oreille. La hache venait de s'enfoncer dans l'écorce d'un arbre à quelques centimètres de son épaule, mais elle courait toujours.

La gnomette s'enfonça un peu plus dans la pénombre puis le silence s'imposa brutalement. Sa main se posa sur une racine, son regard scrutait les alentours dans un mouvement de panique, incertain de tout ce qui était présent. Elle se glissa alors dans une interstice de l'arbre puis se laissa choir sur les fesses pour reprendre son souffle, dévisageant toujours la moindre branche suspecte où le frémissement d'une herbe sauvage. Ses yeux s'élargirent quand plus rien ne semblait alarmant, sa main passa sur son front humide de sueur puis vinrent le temps des larmes. Une goutte, puis deux et enfin une dizaine coulèrent le long de ses joues rosées, son anxiété se déversait jusqu'à épuisement. Elle se calefeutra un peu plus dans les herbes touffues au pied de l'arbre, espérant ne plus revoir cet affreux monstre. Puis sa main heurta quelque chose ; lisse, alternant entre le chaud et le froid, de petite taille mais assez grand pour tenir en sa main. Elle porta une gemme à hauteur de visage, luisante d'une couleur d'aigue-marine, puis des runes inconnues s'y reflétèrent, s'imposant en son esprit :
    Une promesse,
    En sa mémoire
    Et ce,
    Jusqu'a la mort.
Ses yeux se clorent puis plongé dans un sommeil profond, une vision emplis ses pensées. Une grande pièce au murs blancs s'étendait, décoré de plantes et de coussins aux couleurs variées, de deux peintures pittoresques et en son milieu un trône couvert de minutieux détails sculptés. Un Elfe majestueux venait de s'y assoir. Sa longue chevelure blanche lui retombait devant le visage, laissant à peine paraitre son regard placide, profond et d'un éclat bleu étincelant. On pouvait aussi discerner sa couronne d'or dont un saphir ancré au centre ne faisait que rajouter de la splendeur à son visage naturellement beau. L'Elfe jouait avec son épée en la tournoyant comme une toupis, accompagné d'un sourire maussade. La petite fille fut émerveillé de la splendeur des habits de l'Elfe ; un plastron doré aux finitions artistiques le recouvrait, des bottes dans le même ton l'équipait et jusqu'à ses pieds s'étendait une cape. Elle tenta de s'approcher mais une force l'en empêchait, elle était comme fixée au sol. Une voix se fit entendre : « Messire. », impassible. Le son provenait de la bouche de la gnomette mais ce n'était pas elle qui dictait les mots, elle ne pouvait non plus détourner le regard.

L'Elfe assit sur le trône se leva rangeant l'épée dans son fourreau et s'approcha doucement vers elle. « Eleldith, il est temps de se parler... » Cette voix si sur d'elle venait tout à coup de disparaître. La salle devînt trouble puis se dissipa complètement, à la place se trouvait maintenant un gnoll au sourire narquois, haletant, dont le souffle humide insupportait la jeune gnome. Elle ne pouvait plus s'échapper désormais, il le savait. Il en profitait cruellement, sa langue circula le long de sa joue lui provoquant un frisson d'effroi le long de l'échine. Elle lui cracha à la figure, il répondit d'un coup de crocs acérés à la gorge.


Dernière édition par Eleldith le Ven 04 Août, 2006 15:59, édité 12 fois au total.

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MessagePublié: Jeu 22 Déc, 2005 4:32 
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[HRP]En réécriture.[/HRP]

I - Un souvenir douloureux :

Eleldith se réveilla subitement ! La nuit était déjà bien avancée, la lune pointait à son paroxysme et il était donc trop tard pour penser à ce qui venait de lui arriver. Cette forêt n'était pas réputée pour être des plus sûres. Il préféra regagner le désert de pierres, là où se trouvait sa cachette.

Il arriva devant la grotte et lança quelques mots elfiques pour ouvrir celle-ci : 'Naur an edraith ammen'. Une flamme jaillit de sa main et libéra un sceau protecteur. Il pouvait désormais entrer sans crainte dans le tombeau de Beldam, où seuls quelques initiés pouvaient entrer. C'était ici que l'Ordre renfermait tout son savoir. Bien qu'étant désireux de partager celui-ci, il préferait tout de même le préserver du monde extérieur, par mesure de sécurité. Le sort mis en place datait de l'Ancien Temps, l'une des ères les plus innovatrices en matière de magie elfique, dont peu ont le savoir. Mieux vaut ne pas s'y frotter...
Il traversa plusieurs couloirs dont l'air était embaumé du parfum de parchemins, grimoires et autres recueils de sagesse vieillis par le temps. Tant était enfermé ici, cela lui faisait toujours le même effet : un frisson parcourant tout son dos, de bas en haut... Tout ce qu'il y'a de plus désagréable.
Eleldith franchit le pas de la porte pour s'assoir sur son fauteuil, toujours aussi fringuant qu'à son premier jour, contrastant bizarrement avec le reste de la pièce. Il y faisait sombre, la poussière y régnait en maître et on pouvait apercevoir parfois une ribambelle de jeunes rats s'amuser le long de la pile de grimoires, c'était dire l'état de propreté de la pièce. Mais son fauteuil restait son compagnon favori, alors il prenait soin de lui comme si c'était son enfant. (Drôle de coutume...) Il leva ensuite la main puis claqua des doigts trois fois. De sa main s'enfuirent autant de filaments de feu que de claquements, tous se dirigèrent vers un endroit bien précis. L'un s'écrasa contre une torche à l'entrée suivit de près par son frère qui se posa sur la seconde torche de la porte. Quand au troisième, il pris place dans la cheminée pour alimenter un feu depuis bien longtemps dépéris. La lumière emplit la pièce découvrant ainsi le voile sombre habituel, un bureau vit le jour, tout aussi désordonné que le reste : parchemins tâché d'encre renversée, deux-trois plumes dont une brisée en deux ainsi que divers aliments pourris par le temps, notamment une pomme qui abritait désormais tout une famille de vers bien heureux d'un endroit si tranquille et abondant en richesses gustatives.

Cela faisait désormais deux heures que son regard vide se dirigeait vers les flammes crépitantes de la cheminée. Ce souvenir le perturbait un peu trop, il n'arrivait plus à réfléchir avec calme et un rictus au sourcil le tenaillait depuis tout à l'heure, signe de son anxiété. Il se leva brusquement et poussa un cri rauque puis s'effronda au sol, à genou, la tête entre ses mains osseuses. Il se surpris même en train de trembler de la main droite, comme dans son enfance. Il la fixa durement puis l'aggripa de toute sa force pour stopper ce mal, mais rien n'y faisait. Puis son regard se voila, sa main devint une tâche sombre, très sombre, jusqu'au noir complet.




" El ! El !! Réveille toi ! "

L'Undead ouvrit péniblement les yeux, frottant son crâne douloureux. Il était encore allongé au sol, l'esprit ne répondant plus de rien, une mélodie douce et suave lui trottait en continue dans la tête. Dur, dur comme réveil. Clignants des yeux, il essayait de reconnaître qui se trouvait face à lui.

" Hum, Fangorn? Naintrue?
_ Oui c'est bien nous, répondit Naintrue, le plus calmement possible, même si le timbre de la voix indiquait une lueur d'angoisse.
_ Merci bien... Vous pouvez me remettre sur mon fauteuil? Je vais essayer de me reposer puis je prendrai quelques notes plus tard. Il fronça les sourcils comme pour dire l'importance de celles-ci. Vous pourrez me laisser après, j'ai besoin d'être seul...
_ Mais...
Eleldith leva sa main en signe de négation, ainsi Fangorn se ravisa de toutes paroles. Ils l'accompagnèrent sur son fauteuil.
_ Fangorn. Donne moi une plume et quelques parchemins, j'ai à écrire... Merci, je te revaudrai ça. "

Une fois les deux Undeads partis, El s'affala sur le fauteuil, se libérant de sa position droite et bienséante mais qui lui demandait beaucoup d'efforts, il ne fallait pas trop les inquiéter. Il leva la tête au plafond, ferma les yeux et pris une grande inspiration : 'Cuil'. Un halo de lumière se forma autour de ses deux mains. Celles-ci plongèrent dans son torse puis elles ressortirent aussitôt, juste le temps d'un soupir pour laisser place à la magie opérer. La magie Elfique commença alors à faire effet, le torse de l'être s'éleva en l'air, emportant le reste du corps. El était alors en suspension, une source lumineuse blanche et verte se dégageait, on pouvait l'apercevoir grâce au vide qu'offrait l'espace entre les côtes. Puis un flash innonda la pièce, les quelques rats présents prirent peur et s'enfuirent en trombe dans leurs niches. Mais Eleldith resta impassible, toujours les yeux fermés, puis retomba doucement sur le fauteuil. Un sourire vint s'esquisser sur son visage puis ses yeux violets resplendirent de nouveau, il avait repris des forces en un rien de temps, ses qualités de mage était toujours aussi efficaces. Il se décida à prendre du repos, il baissa alors l'intensité du feu en faisant virevolter sa main puis éteignit les deux torches à l'entrée. Son esprit était toujours occupé par de sombres pensées mais la fatigue était trop forte, il s'endormit tout de même.



" Eleldith, mon bon Eleldith... Depuis combien de temps nous connaissons-nous déjà? Depuis quelques millénaires... De trop longues années, épuisantes, mouvementées, mais je ne regette rien. Ma vie fut sans doute l'une des plus agréables et des plus remplies qu'un elfe puisse connaître. Mais il est temps que je me retire, je me fais vieux, je ne suis plus apte à gouverner Elvandhar... Mon fils, Jecht, prendra la suite, comme tu le sais sans doute déjà. Tu connais mieux que moi les rouages de la politique actuelle et ses traditions, ce qui aura été en ma faveur je l'avoue. Je ne sais comment te remercier...
_ Ne le faites pas, messire, votre amitié me suffit amplement.
_ Je ne suis pas sur de t'avoir montré assez d'amitié... mais je n'insisterai pas, je connais ton caractère et tes paroles tranchantes. Je préfère ne pas y goûter aujourd'hui, s'esclaffa-t-il, suivi du rire gêné d'Eleldith.
Puis il marqua un temps de réflexion comme pour choisir ses mots à bon escient. Le soleil était sur le point de se coucher, à l'exact endroit d'où les rayons jouaient avec les voûtes du palais pour faire briller de mille feux la salle du trône, spectacle grandiose et magique dont peu arrivaient à ne serait-ce que surmonter le sentiment d'émerveillement. Caïn contemplait ce soleil rougeoyant, un sourire mélancolique au coin du visage, puis reprit le dialogue avec El :

_ Il est une chose importante dont je dois te faire part. J'aimerais obtenir ta promesse, une promesse sur un sujet qui me tient à coeur. Mon fils est encore jeune pour un elfe, obtenir le pouvoir de Yevon ne sera pas tâche aisée pour lui, même si je le sens doué de capacités inées à cela... Je te demande donc en mon âme et conscience de veiller sur lui, de le protéger et de le guider parmi les Terres de Lordnor. Promets-moi de prendre soin de lui durant ta vie, malgré ce qu'il puisse se passer. C'est ma dernière volonté que je t'accorde et je sais que tu sauras y prêter attention.
_ Messire, c'est un honneur que d'obtenir ce devoir. Je ferai tout ce qui est en mon possible pour m'y tenir.
Eleldith s'avança vers Caïn, posa sa main sur son épaule et en signe de fraternité l'enlaça.
_ Je ne faillirai pas à ma tâche, je vous le promets, " sussura-t-il au creux de l'oreille de son frère.

Comme souvent ces derniers temps, Eleldith se réveilla brutalement, le regard vague et une peur panique et comme les fois précédentes, un terrible pincement au coeur. Il lui fallut peu de temps pour se maîtriser et reprendre ses esprits. Il venait de revoir ce souvenir pour la troisième fois de la journée, et bien que celui-ci ne soit d'une gravité apparente, il n'en était pas moins perturbant et lourd de conséquences. Eleldith se leva et se dirigea dans une pièce faisant office de garde-manger, il prit une pomme qu'il leva à la hauteur de ses yeux comme pour mieux en appréhender le goût qui se tapisserait le long de son palais ainsi qu'un pichet d'eau qu'il remplit grâce à un sort. Tout en reprenant son chemin, il pensait déjà à ce qu'il écrirait dans son fauteuil, au coin du feu... Il croqua goulûment dans la pomme et d'un pas décidé s'empressa de retrouver son confort...


Dernière édition par Eleldith le Mer 26 Avr, 2006 13:19, édité 4 fois au total.

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MessagePublié: Ven 10 Fév, 2006 22:51 
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II – La lettre.

"Hiik, hiik, il a l'air occupé, zou ! Je fonce."

Une forme se faufilait dans la pièce, difficilement identifiable par le peu de lumière mais elle se rapprochait discrètement du fauteuil. Au fur et à mesure qu'elle s'en rapprochait, la cheminée la découvrait, mais cela ne lui faisait pas peur. Le seul danger - si l'on pouvait encore considérer qu'un être affaibli, plongé dans son univers comme le serait un guerrier assoiffé de sang dans une bataille, ne se souciant plus rien du monde extérieur, fusse un danger - était assis le regard tourné vers son parchemin, l'esprit occupé à choisir moult et moult tournures de phrase.

"Sniff, sniff, hum... je le sens, il est dans le coin, encore quelques pas et je le verrai ! Hiik, hiik."

En effet, la petite boule de poil venait de franchir une forêt de poussière et au tournant apercevait enfin le trésor qu'elle était venu chercher : le trognon encore frais d'une pomme ! Elle leva son petit museau vers le meuble qui arborait fièrement cette richesse. Ses petits yeux noirs s'emplirent d'une joie et d'une envie indéfinissable, quelle fierté se serait que de rapporter cela à sa famille.

"Hiik, hiik, allez ! Je vais y arriver, ce n'est pas une simple escalade qui va m'arrêter..."

Elle posa une première patte sur le bois dur et froid de ce meuble, sans doute de l'ébène. Elle le renifla comme pour mieux l'identifier et entrevoir son épreuve. Elle jeta un rapide coup d'oeil alentour et surtout vers l'être assis sur le fauteuil.

"Rien d'anormal, je peux y aller, hiik, hiik."

Un petit saut et c'était parti, elle monta d'une traite la hauteur du meuble et arriva enfin devant le trognon de pomme. Elle le prit dans ses petites mains griffues et l'agita en l'air comme si elle venait de découvrir le Saint Graal. Le feu l'éclairait complètement désormais, sa fourrure blanche tachetée de gris montrait un poil soyeux et lumineux, symbole d'une nutrition saine et équilibré. Mais il était rare pour elle d'obtenir quelque chose de frais, la concurrence était rude. Mais cette fois-ci, c'était Eiko ! Mère de sept petits rats qui venait de remporter la course. Elle enfonça ces deux incisives dedans pour vérifier son état.

"Hiik, un régal ! Allez zou, je dois filer."

Mais un bruit la fit sursauter, lâchant ainsi son trésor. Elle tremblait de toute part et n'osait tourner la tête, puis une douce mélodie vint la réconforter au fond de sa tête, elle ne savait d'où elle venait mais un sentiment de joie l'envahit, elle ferma les yeux et se laisser bercer par le chant. Bizarrement elle comprenait ce qui se disait : il était question d'une pomme, il fallait juste patienter un peu et un plus gros trésor arriverait. Elle rouvrit les yeux, l'air hébété, et vit l'être qui était assis pas plus de deux minutes auparavant en train de marcher en dehors de la pièce. Elle aurait pu fuir, mais elle ne fit rien, comme lui avait indiqué les paroles. Elle ne tremblait plus, l'atmosphère de la pièce était calme, le temps s'était comme arrêté, alors elle attendait que le destin entre en action. L'être revint et dans sa main se trouvait un trésor encore plus fabuleux , une chose qu'aucun rat de cette pièce n'avait eu la chance d'obtenir : une pomme entière ! Un rêve pourtant impossible à réaliser vit enfin le jour pour cette rate, émerveillée, jubilant de tant de chance, elle agrippa la pomme puis descendit en vitesse du meuble pour retourner dans son trou.

"Hiik ! Quelle chance ! Hiik ! Vite, vite, hiik, je dois rentrer, hiik. Ça va être une joie immense pour tout le monde, hiik ! Quelle bonne mère je fais, hi hi, hiiiiiik !"

Elle s'arrêta à mi-chemin, se mit sur ses deux pattes arrières et fit un mouvement de tête en direction de l'être encore debout, qui la contemplait. Eleldith comprit qu'Eiko venait de le remercier. Il arbora un sourire puis retourna sur son fauteuil et se pencha de nouveau sur son parchemin, là où on pouvait déjà lire quelques mots.
Eleldith reprit sa plume, la trempa délicatement dans un encrier puis ajusta celle-ci. Il réfléchit un instant et repris ce qu'il avait écrit auparavant pour mieux continuer :

    A brannon mell.
    Min idhrin ù-pith andna-

    Tu n'as plus de nouvelles de moi depuis que tu as fondé Fael, et par la même abandonné Yevon. Mais il est temps désormais que tu saches ce que je suis devenu. Si je n'ai osé te revoir, ni même t'adresser la parole, ce n'est pas par hasard.
    Il existe en ce monde des magiciens bien plus puissants que ceux existant en Lordnor. Le seul que je connaisse un tant soit peu se prénomme Beldam. Il est la raison de mon éloignement. Ton père, Caïn, m'avait déjà informé de l'existence de ces mages mais je n'y croyais que légèrement. Après tout, qui pourrait croire qu'un autre monde existe sans en avoir jamais entendu parler ni même aperçu âme qui vive ? Pourtant, tout au bout des terres se trouve un passage qui mène au-delà de Lordnor, une vallée dangereuse que je ne pourrais qualifier que de chaotique. Ce chemin, je l'ai emprunté, risquant ma vie à de nombreuses reprises. D'ailleurs je n'en suis pas ressortit indemne.

    Mais avant de rentrer dans les détails, je vais t'expliquer la raison de mon départ. Il ne s'agit nullement du fait que tu aies quitté Yevon, bien que ceci m'ait fortement chagriné et mis en colère, tu as pris cependant des choix qui se sont révélés justes. Ton père pourrait être fier de toi, tu auras fait beaucoup de choses louables dans ta vie, mais le sujet de ma lettre n'est pas de te gratifier de compliments.
    Bref, durant ton règne à Elvanghar je me suis toujours assuré de la sécurité du palais et essentiellement de toi. Pendant les derniers mois de ton règne j'ai perçu de nombreux messages étranges, de même que j'ai constaté que plusieurs gardes souffraient de cauchemars répétés. Il ne m'était pas difficile pour l'époque de lire dans leurs pensées... Un réel danger m'est apparu pour toi ainsi que pour Yevon.

Eleldith prit un temps d'arrêt dans son écriture, les visions perçues dans les pensées des gardes remontaient à la surface de ses souvenirs. Il revoyait à nouveau les flammes se répandre sur le Royaume, réduisant en cendres le palais, accompagnées des cris d'elfes en proie à la mort. Le plafond se fissurait et s'écroula sur un groupe stupéfait tandis que d'autres tentaient de s'enfuir par une porte quand un tourbillon de feu les engloutit, ne laissant d'eux qu'un tas de cendres noires. Les jardins en flammes ne proposaient plus aucun échappatoire pour ceux qui avaient réussi à quitter, déjà bien chanceux, les lieux. Le brasier atteignait une telle puissance que l'on ne pouvait plus percevoir le bleu du ciel, juste la noirceur des flammes... La noirceur de ce magicien, comme l'était l'ensemble de ces visions.

Sa main droite tremblait de nouveau, il ne pouvait rien y faire, c'était plus fort que lui. Dans un fracas terrible il projeta la table de bois contre le mur puis se tenant la tête il hurla intérieurement de toute ses forces. Il ne pût s'empêcher d'envoyer voler dans la pièce les livres sur le rebord de la cheminée en leur jetant une boule de feu au vol. Mais voyant les miettes nonchalantes se laisser glisser au sol dans leur balai d'étincelles, Eleldith se calma et admira. Sa nature d'elfe avait reprit le dessus. Celle qui le poussait à s'émerveiller des mille beautés que réservait la vie. Il surmonta sa rage pour reprendre l'écriture de la lettre, si importante à ses yeux.

    Ce que je pu percevoir au fond de leurs esprits n'était qu'atrocité et désespoir. Ne sachant pas précisément si cela était présage ou fabulation, je n'ai pris que de légères mesures : renforcement de la garde, tissage de nouveaux sorts protecteurs et d’autres encore dont l’énumération serait futile. Dommage qu'il se soit avéré plus grande menace encore.
    Durant mon sommeil, j'ai été moi même victime de ces cauchemars mais une rencontre ma permis de mettre la main sur ce qu'était ce phénomène. Ceci serait bien long à expliquer mais pour résumer, je servais de catalyseur à un être pour faire passer ses messages. Ces messages étaient de possibles scénarios concernant l'avenir d'Elvanghar, inutile de te préciser que j'étais inquiet. J’appris à ne plus m’offusquer lorsque celui-ci entrait dans mon esprit et ce fut même avec un curieux plaisir que j’appris à contrôler l’énergie qui me traversait, bien que pour lui ceci le bridait considérablement. Les pouvoirs psychiques que nous possédons sont effarants, il serait terrible que de contrôler pleinement ce savoir.

    Lors de nos entretiens, je découvris beaucoup par ses récits, tant sur ce qui nous entourait que sur l’autre monde, celui d’où il venait : Aziraphale - l’Ange aux ailes d’un blanc pur et innocent. Ma soif de curiosité était des plus immense et je me souviens avoir été plusieurs fois frustré d’être interrompu pendant nos longs dialogues. Mais l’attente interminable et parfois même insoutenable entre chaque entretien me permettait de me rasséréner, histoire d’avoir les idées plus claires et surtout bien en place.
    Au fil du temps, la menace se précisa. Il était toujours question de la fin d’Elvanghar mais celle-ci ne provenait pas d’un clan ennemi à la rancune si tenace qu’elle en animerait leur folie meurtrière. Elle ne provenait que d’un seul être. Beldam. Un être dont le chaos est synonyme de souffle de vie. Par chance, Aziraphale s'est lié à la communauté elfe (je pense d’ailleurs que je suis en grande partie responsable). Il ne fut alors pas difficile de le convaincre de m’aider dans ce qui serait sans nul doute le combat de ma vie. D’autant plus que ce magicien deviendrait probablement une menace pour les Anges.

    Nous nous décidâmes donc de partir à sa rencontre pour le défaire et assurer la sécurité du palais. Ce voyage aura pris quelques mois, mais une fois face à lui, les jours de marche paraissaient bien lointain tant son regard glacial me donnait l’impression d’un vide en mon corps. Je ne ressentais plus le vent qui deux secondes auparavant caressait délicatement ma longue chevelure ténébreuse. Je ne percevais plus les effluves de souffre s’échappant des failles de la montagne un peu plus en amont. Je ne distinguais plus le frémissement des sapins de la forêt bordant la rivière. Plus je le fixais, plus je me vidais de toute sensation. Il ne me fallut pas longtemps pour m’apercevoir que je m’étais écroulé au sol, les deux genoux posés à terre et les mains en arrière, caressant involontairement les herbes hautes au gré du vent. Mais je n’y pouvais rien, je ne me contrôlais pas et c’est lorsque que l’Ange posa sa main entouré d’un halo aussi blanc que ses ailes que je repris mes esprits. Le message était clair, Beldam était hostile à tout dialogue. Hélas sa puissance atteignait aussi la même clarté…
    Si mes souvenirs sont bons, le combat aurait durée tout au plus deux à trois heures. Nous ne l’avons pas vaincu… Cela nous a coûté cher. C’est à la suite de ce drame que je me suis renfermé sur moi même. Je le maudis de m’avoir ôté ce qu’il y a de plus cher pour un être vivant : la vie. Bien sur je ne l’ai pas perdu complètement, sinon je ne serais là à écrire cette lettre mais je pense que j’aurais préféré perdre toute parcelle de vie. Depuis ce jour, je ressens un vide immense au fond de mon cœur, de mon être et même de mes paroles. J’ai comme l’impression de n’être animé que par la tristesse et le désespoir qui coule en mes veines.

    Comment serait-il possible d’assurer ta sécurité si je n’étais même pas capable d’assurer la mienne ? Était-il possible que je puisse encore ressentir de la compassion pour autrui ? Ou même de la joie ? Tellement de questions ont traversé mon esprit, le choc fut trop important pour que je puisse y répondre de manière raisonnée. Je me suis donc laisser aller à la perdition, boire et manger étaient les seuls raisons qui me permettait de me lever le matin. Pourtant je ne ressens désormais plus le besoin de manger ni même de boire, mon corps n’a plus besoin de ces actes. Il ne vit plus, mais l’étincelle, aussi faible soit elle encore, tient celui-ci en état. C’est donc par manque que j’agissais encore ainsi, me nourrir pour me donner l’impression de vivre encore, pour montrer à ce nouveau corps que je vivais encore, que je n’étais pas à sa merci. Mais la vérité revient toujours narguer sa conscience. Ainsi soit-il, je m’y suis fait.
    Il aura quand même fallu que le passé s’en mêle pour m’aider à retrouver le courage de te parler Cette pierre que je portais toujours autour du cou aura été la clé de mon réveil. Mais aussi de mes souvenirs. Des souvenirs qui me pèsent sur le cœur, j’ai renié ma promesse faite à ton père. J’ai laissé s’échapper la dernière volonté de mon frère. Chaque fois que j’y pense, j’ai un pincement au cœur, une sensation de larme s’écoulant le long de ma joue bien qu’aucune n’apparaissent réellement. Ma main s'est remise à trembler et je me suis même surpris à dire bonjour au sol par le biais de mon crâne. C’est sans doute cette douleur qui m’oblige à reprendre contact avec toi.

    J’ai encore beaucoup à te dire, une lettre ne suffirait par pour tout te raconter. Il est donc temps de se revoir. J’espère te voir d’ici deux jours en Hûn Edhellen lorsque le soleil pointera à la cime des arbres.

    Navaer Nîn tôr

Eleldith posa sa plume puis relu sa lettre. Il n’était pas sûr d’avoir choisi les bons mots mais ce qui l’inquiétait le plus concernait le rendez vous. Viendrait-il ? Il se leva puis regarda attentivement la lettre. Elle se dissipa alors en grains de lumières qui s’envolèrent par la porte comme mille papillons, pour rejoindre la surface, puis sa destination finale, quelque part en Lordnor.


Dernière édition par Eleldith le Sam 18 Fév, 2006 2:38, édité 1 fois au total.

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MessagePublié: Sam 18 Fév, 2006 2:31 
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III – Rencontre avec Naintrue :


Eleldith attendait patiemment la venue de Jecht, son neveu depuis si longtemps inaperçu. Interpellé par les bruits étranges s’échappant d’un arbre, il se leva puis jeta un coup d’œil sur l’une des branches. Il aperçu alors un petit oiseau, d’un bleu azur et d’une queue rayée de noirs s’éparpillant dans un panache flamboyant, poussant de timides et craintifs gazouillis. Il l’approcha alors calmement puis le rassura d’un chant susurré au creux de l’oreille. Ainsi, il pu le prendre sur son épaule. Il chercha au fond de sa besace un peu de mie de pain, fouillant d’un geste hasardeux. Il lui fallu bien dix à vingt secondes avant de trouver ce qu’il cherchait, puis il en pris une pincée qu’il leva au bec noir de l’oiseau. Celui ci s’empressa de le placer au fond de son bec et écarta ses deux ailes d’envergure proche d’un bras d’Elfe. Enfin, dans un battement régulier et mélodieux, il rejoigna son nid où se trouvait trois petits oisillons affamés.

« Toujours aussi proche de la nature, El, poussa une voix familière.
_ Vous voilà enfin, messire, rétorqua Eleldith, le sourire aux lèvres.
_ Mae Govannen, Nîn Aran. »

Jecht venait enfin d’arriver. Il n'étais plus vraiment le même, sa longue chevelure noir laissait désormais place à celle d'un vieil homme aux cheveux grisonnant (Bien que pour l'elfe qui l'est, juger son âge par sa couleur de cheveux est inaproprié). D'une longueur écourté et plutôt ébourrifé, ils lui apportait un côté plus sage. Il avait abandonné ses anciens habits, ceux que tout elfes portait lors de son reigne à Elvandhar. Il était vêtu simplement, d'un pantalon et de bottines en cuir passant par dessus, du même ton marron; de deux ceintures auxquelles étaient accrochés plusieurs potions; d'un pagne long aux couleurs des templiers : blanc et rouge. Il était torse nu, ce qui révélait un tatouage sur le coeur, une croix rouge, le marquant de sa guilde. Il était d'autant plus impressionant que sa stature et sa prestance étaient renforcées par sa monture.
C'était un tigre argenté. Ses yeux bleus ne laissait rien transparaitre si ce n'est le lien qui l'unissait avec son maître, mais ses pensées étaient tournées à tout autres choses que ce qui pouvait se passer entre deux elfes. Il restait calme, et attendait qu'on lui donne un ordre. C'était une bête de sang royale, de la plus pure ligné des tigres argentés d'Elvandhar. Un présent de Dame Lúthien, celle qui partagea ses jours avec Caïn. Son poil resplendissait et ses crocs aiguisés arracheraient sans diffculté le bras d'un aventurier un peu trop téméraire, de même que ses griffes pourraient en éventrer plus d'un. C'était une monture qui convenait parfaitement au statut de Roi d'Elvandhar, à la fois puissante et agile, véloce et adroite, brutale mais aussi chaleureuse.
Après un long môment d'intenses observations entre eux, Eleldith pris la parole.


« Vous souvenez vous de cet endroit, messire ? Je vous y ai vu tellement de fois courir lors de votre enfance, criant à haute voix, vous amusant de ci de là en compagnie d'animaux. Déjà petit vous étiez doté d'un don pour vous lier aux créatures de la forêt. C'est une grande qualité pour un roi Elfique. Je me souviens aussi vous avoir vu grimper aux arbres jusqu'à la cîme avec une agilité presque insolente. C'est là un lieu théâtre de bien de vos fantaisies...
_ J'avais beau être un enfant roi, je n'en restait pas moins qu'un enfant. Mais ne voyez pas en cela une escuse de mon comportement, coupa Jecht vivement.
_ Ne vous inquiétez pas pour cela, moi même j'y suis passé bien que je ne le laisse plus transparaitre, ricana El. Mais je n'ai pas été aussi loin que vous. A vrai dire je n'aurais jamais osé avoir la prétention et surtout l'absurdité de chercher la Dame Glad au fin fond de cette forêt...
Jecht l'interrompit une nouvelle fois puis se mit à narrer la légende de Dame Glad comme s'il récitait une leçon à son maître.

    « Ô Dame Glad

    Sous la coupe des arbres vous vous êtes égaré
    Et l'ont dit que le destin frappa à votre nez,
    Que de sa grande cruauté
    Il vous fit dans ses racines prisonnier.

    Mais votre force fut la vie
    Et celui-ci faiblit puis rougit.
    Devant tant d'animosité
    Vous parveniez alors à vous libérer

    Mais le malin fut rancunier
    Et par sa volonté
    Vous enferma dans un puit
    Prisonnier à jamais de son lit.

    La communauté en pleura d'émoi
    Et fit de vous la Dame de ces bois
    Grande est votre beauté
    Et elle rayonne encore aujourd'hui l'été. »


_ Je vois que tu te souviens encore de ce poème. Dire qu'a cause de celui-ci nous t'avons cherché pendant plus d'une journée. Qui aurait cru qu'un gamin puisse être pris de compassion pour une Dame au point de risqué sa vie au fin fond de la forêt ? Tu es parti bien vite après ce récit, d'un pas décidé afin de la libérer. Si ton maitre n'avait pas été pris de surprise nous aurions pu te rattraper mais en vain, tu y avais mis tant de volonté et de courage. Puis tu étais éffondré devant ce puit, à l'orée d'un dôme de chateigniers, les larmes coulant à flot et te fustigeant de mots des plus dévalorisant. Hélas la légende ne précise pas que Dame Glad se laissa déperrir de tristesse et transmis toute sa beauté et son énergie à la forêt pour repousser le mal de ces terres. Normal alors que ta réaction fut celle d'un enfant face à l'incapacité et à la frustration de ne pouvoir apporter son aide. Mais ton action était louable et t'auras glorifié dans bien des coeurs de la gente féminine. Si jeune et déjà fin charmeur auprès des Elfettes. Jecht rougit puis rejeta l'affirmation d'un geste de la main. Mais toute cette nostalgie ne me rend que plus triste et je m'égare... J'espère ne pas trop t'avoir inquiété dans ma lettre ?

[HRP]Voilà le début, et voui on en apprend pas beaucoup encore une fois ^^ Pour tout commentaire, vous pouvez m'écrire en mp.[/HRP]


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