------------------------------------------ CHAPITRE 10 : la chasse ------------------------------------------
Nous partîmes le lendemain matin, très tôt, Rkull et moi, pour rejoindre l'Obélisque du Lordnor et tenter dy trouver un forgeron. Comme Rkull souhaitait chasser un peu, je pu observer son rituel préparatoire, fondé surtout sur un style vestimentaire plus approprié.
Il s'était habillé différemment, avec des vêtements serrés (je distinguais nettement ses muscles saillants à travers les tissus : ses bras et ses cuisses semblaient dur comme de l'acier; mais je savais que sa peau était douce puisque je m'étais déjà réfugiée dans ses bras pour pleurer). et un bandeau bleu pour nouer ses long cheveux d'or derrière la tête. Il avait aussi acheté auprès de l'aubergiste une longue corde neuve, un filet et plusieurs flèches pour son arc.
Sur le chemin, je compris que l'humeur était à la chasse : il parlait peu. Je le voyais, l'arc en main, observer tout autour de nous et humer le vent, attentif au moindre bruit. Tout d'un coup, il prit une flèche du carquois qu'il portait sur le dos et tira sur notre gauche. Jamais je n'aurais cru qu'il pouvait être aussi rapide !
- C'était quoi ?, lui demandais-je - Un lapin, me répondit-il en riant. Rien qu'un petit lapin !
Je ris aussi. L'atmosphère venait de se détendre enfin, ce qui me convenait mieux. Je recommençai à parler de tout et de rien. Au début, il me répondait, enjoué. Puis la chasse reprit peu à peu ses droits : Rkull cherchait à nouveau une proie.
- J'entends un bruit, derrière ces rochers, dit-il, après quelques minutes de marche silencieuse. Reste où tu es et ne bouge pas.
Il prit son filet, passa son arc autour de lui et commença à s'approcher du rocher, lentement. En effet, j'entendais un bruit moi aussi : un léger grattement qui s'arrêta alors que Rkull atteignit le rocher.
Le Tauren ramassa une pierre sur le sol et la lança à droite du rocher, avec précaution. Aussitôt, une hideuse araignée noire aux longues pattes, effrayée détala par la gauche. C'est ce que Rkull avait prévu: il n'eut plus qu'à jeter son filet pour la ralentir et pendant qu'elle se débattait ridiculement, il attrapa un énorme rocher (pour moi, c'était énorme, pour lui, c'était juste un gros caillou !) et le laissa tomber lourdement. Boum ! l'araignée fut assomée, coupant net ses cris aigus.
- Je n'aurais pas cru que c'était aussi simple de capturer une araignée, lui criai-je. - Elle était jeune et petite. C'était facile !, me répondit Rkull.
Il commença aussitôt à retirer le filet que l'araignée avait presque eu le temps de déchirer entièrement . Puis il entreprit d'attacher les pattes de l'araignée à l'aide de sa corde.
- On la tirera sur le sol en attachant le bout de la corde au cheval, m'expliqua Rkull.
Je le regardais faire depuis le haut de ma jument, contemplant son savoir-faire. Mais un autre son se fit bientôt entendre. Un bruit de petits pas rapides et légers se rapprochaient rapidement . Je levai les yeux et me mis debout sur mes étriers, cherchant la signification de ce bruit. C'est au-delà du rocher que j'en trouvai le sens : trois autres araignées, sorties de nulle part, fonçaient sur nous...
La première était déjà hideuse et bien plus grosse que moi. Mais ces trois là, c'était pire encore. Leurs têtes étaient rondes et très sombres, penchées en avant par leur course vers nous. Chacune de leurs huit pattes devait faire plus de deux mètres, portant bien haut un corps sombre et poilus. J'étais pétrifiée par leurs multiples et ignobles globes oculaires jaunes, soulignés par des paires de mandibules puissantes, capables de couper un arbre en deux d'un seul coup.
Rkull les avait vues, lui aussi : il bandait déjà son arc et visa les yeux jaunes de l'araignée la plus proche. Deux flèches coup sur coup, se fichèrent, chacune dans un globe différent, sans un son. Je cru que c'en était fini d'elle, mais avec horreur, je la vis tenter d'avancer encore, lentement, mètre après mètre, malgré les deux flêches qui lui sortaient des yeux.
S'approchant peu à peu de son meurtrier, elle poussait d'assourdissants cris aigus, ce qui effraya Hchill, ma jument. Je tentai alors de la calmer tandis que les deux autres monstres décidèrent, eux, de foncer sur le Tauren.
- Mon épée, Pois_Len, apporte-la moi. Vite !
Son épée, dont le fourreau était contre les flancs de la jument, était bien trop lourde pour que je puisse la tirer et la lancer au Tauren. J'entrepris donc de forcer la jument à s'approcher du Tauren. Celui-ci ne tirait plus de flèches : les araignées étaient trop proches. Il faisait seulement de grands moulinets avec son arc, cherchant à rapprocher de moi tout en faisant face aux monstres.
L'une des araignées bondit sur lui, crachant tant qu'elle put un liquide visqueux et blanc, sans l'atteindre heureusement. Mais ses mandibules claquèrent sèchement sur le bois de l'arc, et le réduisirent instantanément en miettes.
Avec Hchill, j'étais parvenu à rejoindre Rkull. Il attrapa alors vivement son épée. Il était temps ! La troisième araignée lançait, elle aussi, son attaque ce qui eut pour effet d'effrayer définitivement la jument qui se cabra. Je fus projetée en arrière et retomba lourdement sur le sol, loin derrière. Hchill avait donc choisi de s'enfuir avec mes couteaux et mon piolet...
Rkull tenta aussitôt de me rejoindre, repoussant les attaques des deux monstres par ses moulinets. Je me relevai tant bien que mal et lança quelques sorts d'étincelles. Cela intimida un instant les araignées ce qui permit à Rkull de souffler un peu ...
Puis cela les énerva encore plus. L'une d'elles se rua vers moi. Pour cela, elle avait dû laisser Rkull sur son côté : il s'en rendit compte et d'un geste rapide, il en profita pour lui enfoncer son épée jusqu'à la garde. Et s'aidant des deux mains, il chercha même à ouvrir le plus possible la plaie béante qu'il venait de faire.
L'araignée poussa un terrible cri. M'oubliant, elle chercha par tous les moyens à s'écarter du Tauren comme pour faire disparaître la douleur. Mais il tint bon. Il évita soigneusement ses terribles mandibules et tendit ses muscles pour poursuivre son travail de boucher jusqu'à ce que la plaie soit si large qu'on puisse voir les entrailles de l'animal s'écouler lentement dans un gargouillis horrible.
La dernière araignée fonça alors sur Rkull et le renversa violemment. Le forçant à lâcher son épée. Il tenta de rouler sur le sol pour éviter le monstre qui le poursuivait mais il se retrouva malgré tout, sur le dos, pris entre les pattes de l'ennemi mortel. D'un geste désespéré, il attrapa alors les mandibules pour les éloigner de lui.
Et soudain, dans un sifflement, une hache vint se planter profondément à l'arrière du crâne du monstre. Puis une seconde hâche siffla encore, tournoyant dans le ciel, pour venir se planter juste à côté de la première. Plus profondément, peut-être.
Le monstre n'eut pas le temps d'être surpris. Rkull lui assena un terrible coup de poing pour en éloigner la gueule et s'enfuir. Mais c'était inutile, le monstre était déjà mort.
- ha ha ! quel coup !, cria une voix. - heureusement qu'on passait par là, hein ? ajouta une autre.
C'étaient trois Undeads, maigres et rigolards, qui venaient peut-être de nous sauver.
_________________ [Nlo] Pois_Vif
Magicien gnome, sorts de feu et de morts
Ex-tavernier et Maître Dragon
Biographe de Pois_Len, gnome magicienne
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