Chapitre 2 : Déchirures.
Le meilleur entraînement possible ? C’est ce que Lundar croyait… En effet, ses parents l’entraînaient, mais ils le ménageaient tout autant. Ils voulaient qu’il devienne un bon guerrier, mais ils ne voulaient pas qu’il devienne trop puissant et que de ce fait il prenne trop de risques. C’est pourquoi il subit un entraînement intensif, mais pas au mieux des capacités de ses parents. Il serait destiné à être un combattant, mais pas un héros. Enfin d’après la volonté de ses parents.
Mais le destin allait en décider autrement. Il ferait en sorte que Lundar ait la volonté de devenir un héros, par un concours de circonstances plutôt malheureuses, dont voici le " récit ". Dralin et Brillade étaient toujours décidés à œuvrer pour le bien de leur cité, et à la défendre contre toute attaque possible. C’est pourquoi ils décidèrent de quitter la sécurité de leur demeure pour aller explorer les profondeurs, sous la cité, pour en débarrasser ses habitants d’une éventuelle menace. Ils se préparèrent à leur périple, expliquant à Lundar qu’il ne pouvait les suivre, qu’il lui fallait parfaire son entraînement, pendant qu’eux se devaient de faire ce qui fut jadis leur devoir officiel, et qui était désormais leur devoir d’honneur. Lundar accepta cette condition, conscient de la chance qu’il avait d’être entraîné par ces deux personnages importants qu’étaient ses parents. Il ne se permit donc même pas de leur parler de ceci, il se contenta d’accepter ce qu’ils lui disaient, et partit s’entraîner lorsque ses parents descendirent dans les profondeurs. Il leur dit à peine au revoir, chose qu’il regrette encore compte tenu de ce qui arriva dans les souterrains…
Dralin et Brillade avaient déjà parcouru une longue distance sous leur citadelle, n’ayant rien rencontré à part quelques rats et autres bestioles du genre, traînant dans les cavernes. Pas de quoi s’inquiéter. Sauf que… lorsqu’ils arrivèrent au croisement suivant, quelque chose qui n’avait pas été prévu, qui n’aurait pu être prévu par qui que ce soit dans la cité, l’impensable se produisit. Brillade, en tête, insouciante et heureuse, malgré l’expérience qui était la sienne, ne fit pas attention, personne ne pourra dire exactement comment cela s’est passé, car elle n’en a que très peu parlé. Ils furent surpris par un éboulement, nul ne sait comment ni pourquoi, mais ce fut là un tournant de la vie de Lundar. Dralin ayant compris avant sa femme, il se jeta sur elle et la poussa, avec une vitesse stupéfiante, mais ce n’était pas encore suffisant, il avait peut être sauvé sa femme, mais il n’avait pas été assez rapide pour épargner sa propre vie. Ce qui arriva ensuite, comment Brillade réussit à sortir des souterrains portant le corps de son défunt mari, personne ne le sait, elle n’a jamais voulu le dire, tout comme elle n’a jamais voulu donner plus de précisions sur cette histoire.
Toujours est-il que c’est à ce moment que la vie de Lundar changea. Voyant sa mère remonter, portant le corps de son père, inanimé, le chagrin le submergeant, son cœur et son esprit à l’unisson décidèrent qu’il suivrait les traces de son père. Il marcherait sur ses pas, il serait le défenseur de la cité, il garderait ses murs de tous les dangers. Lorsqu’il eut fait le deuil de son père, il n’eut même pas besoin de dire quoi que ce soit à Brillade. Lorsqu’elle le vit arriver, avec la détermination qui était sienne, visible dans en ses yeux, elle comprit pourquoi il était là.
" Mon fils, tu es comme lui, le même regard que lorsque je l’ai connu. La détermination se lit dans tes yeux, tu iras jusqu’au bout, comme le faisait ton père. Je t’enseignerai, tout ce que nous ne t’avions pas enseigné, je vais faire venir tous les meilleurs instructeurs de la cité, afin que tu deviennes le successeur de ton père, il sera fier de toi. "
Alors commença pour Lundar une nouvelle vie. Il s’entraînait toute la journée, tous les jours, personne n’avait jamais vu autant d’acharnement. Il progressait rapidement, mais il était encore loin de son père, il était très bon lorsqu’il s’agissait d’attaquer, mais la défense n’était pas son fort… Il était très souvent blessé à la fin d’un entraînement, mais sa volonté était sans failles, il devait suivre les traces de son père.
Il s’entraîna des années durant, comblant ses lacunes et ses faiblesses par d’autres forces, mais n’y remédiant pas. Il lui manquait quelque chose, il le savait, mais personne n’était capable de lui révéler de qu’il s’agissait. Il cherchait, son entraînement était devenu une obsession, la recherche de ce manque encore plus. Cela commençait à inquiéter ses instructeurs, et il finit lui-même par les rejeter, agacé par leurs avertissements. Finalement, il ne s’entraînait même plus, il cherchait, mais que cherchait-il ? Seule sa mère le savait, mais elle ne lui dirait pas, en tous cas pas avant un long moment.
Après de nombreuses années d’entraînement, il passa aussi de nombreuses années à chercher ce qui faisait de son père un guerrier si exceptionnel, la réponse était simple et évidente, mais il ne la trouvait pas. Il négligeait tellement le reste de sa vie, qu’il ne fit même pas attention au fait que sa mère, vieillissante était devenue mourante. Un jour alors qu’il fouinait encore une fois à la bibliothèque, un de ses "amis", ils étaient devenus rares depuis qu’il était obsédé, vint l’informer que sa mère était en très mauvaise santé, qu’elle était sur le point de mourir. A ces mots Lundar bondit et se rendit instinctivement à l’endroit ou se trouvait sa mère, il ne pouvait croire à une telle chose. Lorsqu’il arriva, il vit sa mère, pour la première fois depuis plusieurs années, il la regarda, et constata que la vieillesse s’était emparé d’elle, et qu’elle était réellement mourante. Il s’en voulait, en une fraction de seconde il se rendit compte de la stupidité dont il avait fait preuve, son honneur était souillé…
"- Mère, je…
- C’est inutile Lundar, je sais ce que tu veux me dire, et tu aurais tord de le dire.
- Mais, mère, je ne peux pas…
- Ecoute-moi mon fils, ce que tu cherches depuis si longtemps, les raisons qui faisaient de ton père le meilleur guerrier de la cité, je vais te les exposer, enfin te l’exposer !
- Mère, non je vous en prie, gardez vos forces, je ne mérite pas de savoir cela. Je…
- Ton père avait foi, il avait foi en ce qu’il croyait, dit-elle en faiblissant à vue d’œil, elle était pale et sa voix perdait en intensité, elle se mourrait, mais elle continua, c’est à dire la justice, le bien et la liberté Lundar, c’est ça qui faisait sa force, dit-elle dans un murmure, elle semblait avoir gardé toute son énergie pour cette dernière révélation, elle continua non sans mal, suis le même chemin et tu deviendras…
- Mère ? ? ? "
Brillade venait d’expirer pour la dernière fois. Elle s’en allait rejoindre son mari et ses ancêtres. Lundar pleurait, il se laissa aller à son chagrin, il pleura, pendant plusieurs lunes, puis vint le jour ou il prit la décision d’écouter les paroles de sa mère, il suivrait les traces de son père, il les honorerait tous deux, en poursuivant leur œuvre.
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