Forum Heroes' Chronicles

Djib se réveilla brutalement, et se redressa du même coup. Il avait rêvé, pendant toute la nuit, de ses amis. Mais pas un rêve ordinaire, non. Comme s’il pouvait interagir avec eux, et surtout, comme si c’était réel. Le Gnome s’habilla prestement, sortit de sa tente, et fut soulagé de voir la « créature ».

-Bonjour toi ! lança-t-il, ça va ?
-Oui créateur !

Le brouillard mi-gazeux mi-solide entreprit de lui raconter ce qui s’était passé au château, et de lui transmettre tous les messages donnés par les membres de l’[Alliance].

La stupéfaction se peignit peu à peu sur le visage de Djib.

-Euh, j’ai rêvé de ça, exactement, dans les moindres détails…
-C’est normal créateur,… Liaison psychique permanente…Mais pas irrévocable.
-Ah, je vois… Merci euh… Ah oui, c’est vrai, tu n’as pas de nom…

La « chose » prit une terne couleur grise et forma fugitivement deux yeux emplis de tristesse.

-C’est exact… Vous ne m’en avez pas donné lors de ma création. Ce qui me prive d’une identité propre, de la chance –à mes yeux- de dire « je »…Et c’est aussi à ça qu’est due ma forme…Ou plutôt mon absence de forme !…
-D’accord…Disons que pour la forme, là c’est un peu rapide… Mais je peux te donner un nom provisoire, ce sera déjà un bon début, qu’en penses-tu ?

La fumée devint rose, et un grand sourire apparut en plein milieu, puis disparut.

-Je prends ça pour un oui, continua Djib, … Hum… « Fog », ça te va ?
-Oui ! Ça me va ! J…J’adore !

Fog prit une teinte multicolore, s’éleva à toute vitesse dans le ciel, et hurla un énorme « Je », avant de redescendre. Djib avait un grand sourire, une lueur bienveillante emplissait ses yeux.

- Fog, dit-il, j’aimerais maintenant que tu rejoignes mes amis… Et ne reviens que si je te le demande… Ça t’évitera des déplacements inutiles, vu qu’on est liés en permanence… Ok ?
-Oui, créateur !
-Rhoo…Et appelle-moi Djib, voyons !
-C’est noté ? Bien, je pars sur-le-champ !

Fog avait presque crié le mot « je ». Il disparut à l’instant.

Djib, lui, rangea ses affaires et partit sur sa monture. Encore deux ou trois jours, et il serait chez lui.

Lorsque Fog apparut dans le hall du Château, Enelrahc et Elesar étaient, comme d’habitude, en pleine discussion amicale :

-Ele, je te…
-Je t’aime Ene!
-Arrête avec ça! Tu n’es qu’un faible qui n’a jamais tué, qui ne fait que soigner, et mes les Hordeux… Buveur de jus de pâquerettes en plus !

Fog intervint à ce moment là.

-Euh, Ene ? Je te signale que Djib ne boit que du jus de pâquerettes –et de l’eau- et que ça ne t’empêche pas de beaucoup l’apprécier…

Elesar eût un grand sourire.

-Tu peux dire « je » toi, maintenant ? demanda Enelrahc.
-Eh oui ! Djib m’a donné un nom –provisoire- : Fog !
-Mais toujours pas de forme fixe apparemment, lui lança Aunshi, qui venait d’arriver.
-Non, pas encore… Mais ça ne saurait tarder… En attendant, je reste avec vous pour un petit bout de temps… Ça ne vous dérange pas ?
-Pas du tout !, lui répondirent en chœur les trois compères.
-Merci… Fog devint rouge-rosé, et se transforma en un grand sourire. Les trois Elfes éclatèrent de rire.
-Tu n’as qu’à prendre la chambre de Djib, dit Aunshi.
-D’accord, merci !

Les deux jours suivant, Fog arpenta le Château, et fit plus amples connaissances avec les membres du Clan. Il ne se passait pas grand chose en Lordnor, été oblige. Aunshi lui montra comment il avait amélioré la fiche descriptive du Clan créée par Djib, Ene lui présenta ses sœurs, Ele lui apprit les rudiments du soin, Grakouha comment manier la hache –mais abandonna au bout d’une demi-journée, car Fog ne pouvait garder la forme d’un bras pendant plus de dix minutes-, Lloegr lui monta Réglementation du Clan…

Et Fog passa ses deux soirées à faire la fête avec tout le monde dans la taverne.

Le troisième jour après son arrivée se passa comme les autres, mais en milieu de soirée ; Fog sentit une légère agitation du côté de Djib. Il n’y prêta d’abord que peu d’attention –il devait être en train de faire la faire la fête, après tout, il était sûrement déjà arrivé dans son village-mais quelques minutes plus tard, l’agitation se fit plus grande. Mal à l’aise, pressentant un quelconque danger pour son créateur, Fog se précipita vers Ene, Ele, Lloegr et Aunshi. Il était d’un blanc livide.

« Les amis, je crois que Dji… »

Et sous les regards étonnés, inquiets et médusés des quatre Elfes, il disparut.

Lorsque Djib se réveilla, il était installé confortablement dans un lit. L’arrière de son crâne le faisait souffrir. Il se redressa, tenant sa tête, et fouilla du regard la pièce plongée dans une semi obscurité. Il n’y avait personne. Enfin, au premier abord. Car en regardant de plus près, Djib remarqua Fog, au pied de son lit. Le Gnome l’appela :

-Fog, ça va ? Tu sais où on est ?
-Hein… Oh, Djib… Euh, non… Je suis apparu ici contre mon gré… C’est pas toi qui m’as convoqué ?
-Non… Tu sais ce qui c’est passé hier soir ?
-De ton côté ? Non, j’ai senti que tu étais peut-être en danger, et j’ai disparu.
-En danger ? Mais oui ! Je t’explique… Hier, en fin de journée, j’arrive enfin à la Sayhne, une rivière qui coule non loin de mon village. Comme la nuit n’était pas loin, je décide de camper là, et d’attendre le lendemain pour rejoindre Luhtaysse. Peu après avoir tout installé, j’entends des appels au secours, venant de la rivière. Je cours voir, et je découvre, prisonnière d’un Élémentaire d’eau, une Gnomette ! Je plonge donc, la présence hostile de l’Élémentaire m’entoure. Rapidement, je l’affaibli (il était plutôt jeune), et sors à moitié la Gnomette de l’eau. Alors que je finis de la hisser sur la berge, j’entends derrière moi des pas. Je n’ai pas le temps de me retourner que…
-…Que tu es assommé ! Ton agresseur a profité de ton incapacité à le découvrir grâce à la magie (vu que tu étais enveloppé par la présence ennemie de l’Élémentaire) pour te frapper… Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu es là !…
-Fog, cache toi… Quelqu’un arrive, peut-être ne sait-il pas que tu existe !

Fog se fit tout noir, et se glissa sous le lit. La porte s’ouvrit, et un Gnome guerrier entra, suivi par une Gnomette. Tous deux s’approchèrent de Djib. La surprise se lisait sur le visage de ce dernier.

- Vous… Vous êtes la Gnomette que j’ai sauvée hier !
-C’est bien moi, oui… Je m’appelle Klahrah. Et voici moi père, Glarkon.
-Valeureux sauveur, veuillez m’excuser… C’est moi qui vous ai assommé, je pensais que vous étiez mal intentionné…
-Vous êtes pardonné. Je me présente à mon tour, mon nom est Djib. Sommes-nous à Luhtaysse ?
-Oui.
-Enfin ! Pouvez-vous me laisser seul quelques instants ? J’aimerais me préparer.
-Bien, vos affaires sont sur cette commode, répondit Glarkon.
-Rejoignez-nous dehors, enchaîna Klahrah.

Une fois les deux Gnomes sortis, Djib s’habilla rapidement, et sortit, accompagné de Fog, devenu transparent. Les 3 Gnomes s’installèrent dans le jardin pour prendre un verre. Djib ne but que du jus de pâquerettes, comme à son habitude. Au bout d’une heure, il prit congé, non sans avoir promis de revenir. Il erra quelques temps dans son village, suivi de Fog, qui avait repris sa teinte grise-argentée. En début de soirée, il s’arrêta devant une grande maison, située vers le centre de Luhtaysse.

-C’est…ta maison ? demanda Fog
-Ça l’était quand je suis parti, répondit Djib en soupirant.

Le Gnome s’avança sur le perron, et frappa à la porte. Quelques secondes après, elle s’ouvrit.

Une Gnome se tenait derrière. Ses grands yeux bleus s’écarquillèrent, puis laissèrent rouler des larmes sur ses joues. Un sourire immense illuminait son visage. Elle s’approcha de Djib, et le serra dans ses bras.

-Mon fils… tu es revenu…

Elle se détacha de lui, et l’observa. Djib en profita pour faire disparaître les larmes de sa mère. Celle-ci lui chuchota :

-Toujours Mage à ce que je vois…
-Et fier de l’être… Au fait, je te présente Fog. Fog, voici ma mère, Itily.

Djib s’écarta. Fog prit fugitivement la forme d’un grand sourire.

-Enchanté madame.
-Moi de même. Bien, nous n’allons pas rester là. Entrez !

Rien n’avait changé. Djib fit la visite à Fog, et revint dans le salon, où sa mère les attendait avec une grande bouteille de jus de pâquerettes.

-C’est donc de là que te viens ce goût si particulier, chuchota Fog, rieur, à Djib.

Tous deux s’assirent. Quand sa mère eût fini de les servir, Djib la regarda droit dans les yeux, et lui demanda :

-Où est papa ?

Le visage d’Itily se crispa.

-Il…Il a disparu… Il a été enlevé…
-Quoi ?! Par qui ? Pourquoi ?
-Eh bien… Personne ne sait pourquoi, mais depuis quelques jours, des Hordeux enlèvent des habitants du village. J’ai appris que tu avais sauvé Klahrah, nous pensions qu’ils l’avaient emportée. Ton père a été pris il y a trois jours, c’était la sixième –et pour l’instant, la dernière- « victime ».
-Mais il fait partir à leur recherche !
-Tu crois que nous sommes restés les bras croisés ? Tous nos soldats les recherchaient. Trois pisteurs trouvèrent leur camp, ils revinrent brûlés –feu magique, évidemment-. La garnison entière retourna au lieu-dit le lendemain, mais les Hordeux avaient levé le camp.
-Mais… Papa a été incapable de se défendre ? Il était un grand guerrier !
-Le grand Ainechtaïne, oui… Était, tu l’as dit… Il n’a pas combattu depuis ta naissance, alors disons qu’il était un peu rouillé…
-Est-ce qu’on sait qui sont ces Hordeux ? Ils appartiennent à un Clan ?
-Aucun blason visible, d’après les éclaireurs.
-D’accord… Ils peuvent donc être n’importe où dans Lordnor… Et il n’y a rien qui puisse nous permettre de les identifier…
-En fait, si. Tout d’abord, ils sont quatre –deux Taurens et deux Morts-Vivants-, et ils ont tous le même signe, marqué apparemment au fer, sur le front : un pentagone. Les pisteurs les ont vus avant de se faire attaquer.
-Ce n’est pas banal ça, lança Fog.
-Non, en effet… C’est tout ce que nous savons… Il commence à être tard, alors passons à table.

Le repas se fit en silence, puis tout trois allèrent se coucher.

Après un copieux petit-déjeuner, Djib emmena Fog chez son grand-père, quelques rues plus loin. Celui-ci était dans son atelier lorsqu’ils arrivèrent.

-Grand’Pa ! Tu es là ?
-Hein ? J’arrive, j’arrive…

Un Gnome au regard vif sortit de la pièce voisine, des fioles plein les mains.

-Djib ! Djib, c’est toi ? Eh bien, tu as changé ! Dis, tu sais pour ton père ?
-Doucement, Grand’Pa ! Tout d’abord, je te présente Fog.
-Qui ? Où ça ?
-Là monsieur, lança Fog, prenant vite la forme d’une main faisant « coucou ».
-Eh bien… Intéressant… Je n’en avais jamais vu des comme toi avant !
-Normal monsieur, c’est votre petit-fils qui m’a créé.
-Toujours Mage, Djib ? C’est bien… Et toi, Fog, appelle moi Grand’Pa, comme tout le monde.
-Fog, reprit Djib, Grand’Pa est l’un des fondateurs du village… Plus vieux qu’il n’y paraît, hein ? Et c’est un inventeur de génie !
-Ne l’écoute pas, il exagère toujours… J’ai juste eu l’idée de placer le village ici… Et je me débrouille pas mal avec mes mains et mes petites cellules grises ! Alors Djib, tu as appris pour ton père ?
-Oui, maman me l’a dit hier soir… Je compte bien le retrouver, avec l’aide de mon Clan sûrement… D’ailleurs, Fog, tu devrais aller les prévenir !
-Oui, j’y vais de ce pas !

Une minute après, il était toujours là.

-Que ce passe-t-il ?
-Tu voulais te téléporter ? , demanda Grand’Pa.
-Oui.
-Impossible ici. J’ai mis au point une machine qui empêche la téléportation dans tout le village. À cause des enlèvements, vous comprenez… Mais un enfant a brisé une pièce importante en jouant, et il me faudra du temps pour la retrouver ou la refaire… Malheureusement, l’appareil est bloqué. Djib, tu repars quand ?
-Dans trois semaines.
-C’est plus que suffisant. Je dois te présenter quelqu’un. Maintenant filez, et revenez ver 18h00, ok ?
-Mais…
-Oust j’ai dit, dehors !

Une lueur de malice brillait dans les yeux de Grand’Pa. À contrecœur, Djib et Fog sortirent.

Ils passèrent la journée dans les rues, Djib rendant visite à des gens qu’il n’avait pas revus depuis très longtemps. Il promit à tous de leur raconter la totalité de ses aventures depuis son départ, les soirs suivants. À 18h00, impatients, les deux amis se rendirent chez Grand’Pa.

-Je vais te présenter mon apprentie, annonça son grand-père à Djib, cachant quelqu’un derrière son dos.
-D’accord.
-Elle est très doué, et elle s’appelle, dit-il en se décalant, …
-Klahrah !
-Tu… tu la connais ?
-Disons que je l’ai sauvée d’un élémentaire d’eau, avant d’être assommé –puis recueilli et soigné- par son père.
-Effectivement, ça créé des liens…
-Tu l’as dit ! Au fait, Klahrah, que faisais-tu dans le repaire de cet élémentaire, si ce n’est pas indiscret ?

Les joues de la Gnomette rosirent. Grand’Pa expliqua :

-Elle essayait de le contrôler.
-Très drôle, Grand’Pa !
-Je te le promets… Disons qu’elle a les capacités pour…
-Vous voulez dire que… lança Fog
-Oui, c’est une Mage. De l’eau, comme ton créateur, Fog –si tu permets l’expression-. Et comme lui, elle vit dans un village de guerriers. Alors elle ne maîtrise pas très bien ses dons.
-Je la comprend… Et je sais ce que tu as derrière la tête, Grand’Pa, aussi vais-je devancer ta demande. Klahrah, veux-tu être mon élève pendant les trois prochaines semaines ?
-Oui !
-Très bien. Et si nous allions à la taverne ? J’ai des choses à raconter à tout le village !

Le programme de Djib, Klahrah et Fog fut le même durant les trois semaines suivantes. Le matin et l’après-midi, Djib enseignait à Klahrah les bases de la magies de l’Eau. Il lui fallu d’abord apprendre à s’économiser, et à utiliser les ressources naturelles à sa disposition. En effet, la Gnomette finissait trop souvent les exercices au bord d’une grave déshydratation. Mais elle comprenait vite, et fut rapidement capable de déplacer de lourds objets grâce à l’eau, et même d’observer la vie du village dans des flaques. Fog apprenait en même temps, et s’en sortait très bien.
Le soir, tous trois se rendaient à la taverne, et Djib racontait son histoire aux villageois. Ses quelques talents de conteur –Grakouha ne l’avait-il pas surnommé Plume Légendaire ?- lui permettaient de captiver son auditoire. Tous avaient l’impression de connaître le Clan [Alliance] comme s’ils en faisaient parti. Leurs yeux pleuraient lorsque le château tombait ou lorsqu’un ami de Djib quittait le Clan, s’emplissaient de fierté lorsque les guerres étaient gagnées, luisaient de colère lorsque le Clan était trahi, et s ‘allumaient d’une lumière joyeuse et bienveillante lorsque Djib parlait de sa douce Enelrak. Fog, placé à côté du Mage, prenait la forme des personnes citées par Djib, et au-dessus de lui, une flaque sur le mur montrait les évènements correspondants. Les soirées se finissaient bien souvent à l’aube, les villageois étant très curieux. Et plus d’une fois, certains dormirent sur place.

Le jour du départ arriva. Tous les villageois saluèrent Djib et Fog, puis les laissèrent seuls avec Klahrah. Pour une dernière leçon.

-N’oublies pas, Klahrah. Le plus grand atout d’un Mage de l’Eau, c’est son imagination. Nous contrôlons un élément malléable et transformable à souhait. Les seules limites sont celles que tu t’imposes. Surprends, et tu vaincras. Ne soit jamais prévisible lors d’une bataille. Bien que je souhaite que tu n’en connaisse aucune. Et toujours avoir sur soi…
-…deux gourdes pleines d’eau. Car on ne sait jamais.
-C’est ça. Salues ton père et entraîne toi régulièrement !

La Gnomette étreignit Djib puis Fog, et s’en alla. Les deux amis se rendirent chez Itily. Djib promit d’écrire plus souvent, et sa mère de le prévenir en cas de problème. Grand’Pa, venu saluer son petit-fils, lui remis un étrange boîtier.

-C’est un téléporteur portable, expliqua-t-il. Une fois en dehors du village, entre les coordonnées du château, et appuies sur le bouton. Fais attention, il sera détruit après, alors ne te trompes pas !
-D’accord Grand’Pa… Merci, et au revoir ! Tu viendras au château ?
-J’essaierais !

Après des dizaines et des dizaines d’embrassades et d’accolades, Djib et Fog quittèrent la maison d’Itily, puis Luhtaysse. Ils actionnèrent la machine de Grand’Pa, et se retrouvèrent –sains et saufs- dans le hall du château de l’[Alliance]. Pressés de revoir leurs amis, ils se hâtèrent vers la taverne. Djib se demandait quelles surprises lui réservaient les membres du Clan. Absent presque deux mois, il se doutait qu’il s’en était passé des belles. Et il avait raison.

[HRP] Voilà une UP de 10 posts. Le premier date d'avant les vacances, les 9 autres sont une seule et même partie de mon histoire. VOilà bonne lecture[/HRP]