Il faisait beau ce jour là. Trop beau. Emrys avait réussi, une fois n'est pas coutume, ses prédictions météorologiques auprès du Roy et de la Reine. -"Bonjour Soigneur." -"Messire Roy", se relevant de sa petite courbette -"Tes prédictions du temps étaient justes. Cà nous change." -"Je suis rebouteux de formation, Messire, pas devin." -"J'ai connu des rebouteux moins manches que toi." -"Moi aussi, Messire. Moi aussi." -"J'ai une mission pour toi : en ville, l'on raconte que deux voyageurs aux grands pouvoirs sont de passage. Va t'en les rencontrer, tu apprendras surement beaucoup à leur contact." -"Sans escorte ?"
Avant de pouvoir obtenir une réponse, Emrys était mis à la porte de son laboratoire, un coup de pied bien placé dans son soigneux postérieur.
C'est en grommelant qu'il sortit de l'enceinte du chateau et qu'il se rendit à l'Auberge de Merkamir-le-Nain-Poilu-A-la-Verrue-Nasale. -"Tiens ! L'enchanteur du Roy ! Alors ? Et cette potion de vigueur... Il parait que 10 jours plus tard notre Roy n'avait toujours qu'une limace amorphe entre les jambes." -"MOUAHAHAHAH" -"Uhuhuhuhu" -"IHIHIHIH" -"Gnagnagna... Merkamir, je n'ai jamais revendiqué le titre d'enchanteur. Je suis un rebouteux. Ni plus, ni moins." -"Et cette branche de parciflore que tu m'as donné... qui s'est avéré être un simple bout de peuplier vert ?" -"EH OH ! Je ne suis pas herboriste, ni même spécialiste en arbre." -"Tu sers à quoi alors ?" -"A remettre les membres démis. Et voilà. Pas plus compliqué que çà. Pas ma faute quand même si on me prête des talents que je n'ai pas, non ?"
Un petit vieux leva sa chope et gueula du fond de la salle commune. -"HEY ! Viens par là le Rebouteux. Je me suis démis l'épaule, hier, en moissonant le champ du gendre. Tu veux pas m'y remettre droit ?"
Emrys lissa sa barbe blanche et s'approcha du vieux. -"Euh... Démis... démis comment ?" -"Bin démis quoi... çà a craqué et pis çà m'a fait mal. La gueuse m'a bien donné un onguent, mais avec un bras en moins c'est difficile de se le passer tout seul et..." -"Ah lalalalala...." -"Quoi ?" -"Oulala..." -"Quoi ?" -"Bin çà va être chaud là..." -"De quoi ?" -"Bin votre truc là..." -"Qu'est-ce qui y'a ?" -"Bin çà m'a l'air bien méchant, je vais pas pouvoir faire grand chose..." -"Mais c'est pas ce bras, c'est l'autre !" -"..."
Emrys se caressa à nouveau la barbe, ne perdant pas de son sérieux. -"Raison de plus." -"Comment çà raison de plus ?" -"Nan, mais c'est compliqué, c'est des machins de rebouteux çà. C'est quoi comme onguent qu'elle vous a filé ?" -"De la bouse de vache mélangée à des pistils de..." -"Oué bin c'est çà." -"De quoi ?" -"Bin y'a que çà à faire. Vous mettre la crème de bouse de truc là." -"Mais je peux pas me la passer la crème !!" -"ET BIN ALORS ? C'EST MA FAUTE A MOI SI VOUS VOUS ETES PETE LE TRUC ?" -"Mais je..." -"Nan mais j'vous jure, y'en a qui doutent de rien ! Si on est pas capable de moissoner sans se flinguer un bras, on ne moissone pas. Et pis c'est tout."
Emrys avait claqué la porte de l'auberge, retournant à son laboratoire, laissant derrière lui cris et insultes. Quelle ne fut pas sa surprise de voir la porte ouverte, et quelle surprise plus grande encore de voir 2 individus au teint pâlot farfouiller dans ses affaires. -"Nan mais dites-donc, faut pas vous géner surtout !"
Les 2 personnes se retournèrent simultanément : un jeune damoiseau à l'oeil rusé et à la conjonctive décolorée et sa grue, l'air désolé et la larme facile. Ils regardèrent le rebouteux d'un drôle d'air. Emrys décida qu'il était plus prudent de rester sur le seuil. -"C'est quoi ces têtes de bovins attardés ? Déjà que j'ai pas une thune, alors si vous êtes venus me détrousser va falloir que j'appelle ma garde... GAAAAAAAAARDE !" -"Du calme Noble Enchanteur..." commença le damoiseau, "Nous avons entendu dire qu'un puissant mages vivait en ces lieux et par les cornes du Golgoth, nous avons besoin de ce genre de pouvoir."
Engaillardi par ces mots, Emrys se retourna et fit un petit signe de la main. -"Non non, laissez tomber, c'est une fausse alerte."
Le rebouteux entra dans son antre, refermant soigneusement la porte, sous le regard ébahi de deux paysans qui passaient par là ; le Roy n'ayant jamais trouvé nécessaire de laisser des Gardes aux ordres de son Soigneur...
Gonflant le torse et prenant un air important, Emrys proposa à ses invités de prendre place autour de la table. Après quelques verres d'alcool local, il avait appris que le jeune Chevalier s'appelait Corwin et que sa fiancée se nommait Oihana....
Est-ce de ce premier épisode dont vous parliez, ma chère Oihana ?... Alors je m'en vais continuer...
PS : non, vas-y, dis-moi pour voir...
_________________ Une potion de jouvence ? Mais vous m'avez pris pour Tintin ou quoi ?
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