Introduction :
La lune, voilée par les nuages, ne se montre pas dans le ciel : sombre présage.
Un vent glacial mais léger souffle dans les cheveux de Ciàn. Les frémissements de la voûte végétale au dessus d'elle couvrent ses pas. Cela ne la rend que plus dangereuse, plus discrète. Elle grimpe une colline, contourne un bosquet et voit enfin sa cible : une jeune femme, plutôt belle et aux formes généreuses. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Nerveuse, elle jalouse intérieurement la prestence de celle-ci. Elle observe, sa prudence est d'expérience. Elle aperçoit un garde, le trait tiré, normal au lendemain de festivités. Elle sait que la fatigue des uns et la frustrations des autres seront en sa faveur. Rien n'est fait au hasard dans son approche.
Le garde s'éloigne de la tente, là où la Dame continue de s'exercer à la calligraphie à la lueur d'une torche, malgré l'heure tardive. Son pinceau glisse sur le papier avec une grâce déconcertante, mais Ciàn ne se laisse pas plus longtemps envoûter par le ballet de son écriture. Elle attend le moment opportun.
Le garde est désormais peu dangereux, trop loin. Alors l'assassin se glisse furtivement dans le campement. Elle monte sur un arbre puis profitant d'une bourrasque, se jette à terre, amortissant sa chute par une roulade. Elle franchit ainsi aisément la tranchée. Le bruit de l'atterrissage fut couvert, comme elle l'espérait. Sa main se porte à une sacoche et y ressort un fil acéré. Elle s'approche d'un pas certain, en retenant son souffle, aussi silencieuse qu'une chouette s'apprêtant à fondre sur sa proie. Ses deux mains s'écartent pour tendre le fil, celui de la mort. Et, d'un rythme cassant, ses bras s'élancent au dessus de la victime et s'abaissent pour frapper. La pression est trop forte, elle ne peut réprimer un cri, ses yeux se convulsent et la voilà aspirée par le néant.
Ciàn ne se laisse plus aller par son geste, elle a l'habitude désormais, peut-être un peu trop se dit-elle... Mais pas de temps pour la reflexion. Le pas du garde se fait de nouveau entendre. Elle prend le corps encore chaud par les épaules et le cache dans la tente. L'intérieur démontre de l'importance de la personne ; de riches parures sont suspendues, un futon, un coffre, ainsi qu'un bureau finement ornementé meublent la pièce, rare dans un campement. Sur ce dernier se trouve une rose encore fraîche, une plume et son encrier, ainsi qu'une carte. Elle dépose alors le corps sur la couche puis observe attentivement les détails de l'ouvrage et y repère déjà quelques erreurs. Elle prend la plume posée au bord et la plonge dans l'encre pour, adroitement, parvenir à rectifier le tir. Elle balaie ensuite la pièce du regard et s'arrête sur le coffre. Elle l'ouvre doucement pour éviter tout grincement. Sa main attrape un carnet noir, le contenu n'est que comptes et diverses transactions - rien d'intéressant - mais elle reconnaît là l'un des objectifs de sa mission. Glissé désormais dans ses bagages, il parviendra au commanditeur en toute sécurité.
Le garde doit enfin être à l'opposé. Elle se risque à jeter un oeil. Personne. Sans bruit, elle contourne la tente, lance un grappin et se hisse au sommet de la palissade. Son équilibre précaire lui pose problème, mais elle doit prendre de bons appuis pour sauter par dessus la tranchée ; finir empalée par les pieux au fond ne l'attire guère. Après quelques secondes, elle se stabilise puis s'élance de l'autre côté. Sans se retourner, elle s'enfonce dans la forêt et disparait.
Dernière édition par Ciàn le Mer 01 Nov, 2006 21:29, édité 1 fois au total.
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