Forum Heroes' Chronicles

Salutations enjouées à vous tous, aventuriers du Lorndor...
Je suis Arkenaël Ebeligor des hautes plaines de l'Arken, mais appelez-moi Arkenaël…




Aujourd’hui, j’ai marché tout le jour. A la recherche de quoi ? De qui ? A vrai dire, je ne sais pas très bien.

En fait, depuis mon arrivé dans le Lorndor, je n’ai rencontré encore personne. Bien sur, j’ai croisé sur ma route de nombreux êtres, de toutes races, de tout milieu, aux fonctions et aux ambitions bien différentes. Mais aucun n’a semblé me voir. Trop absorbés, certainement, par leur propre quête.
J’ai même assisté, ce matin, à un combat.



C’était l’aube. Une aube magnifique. De celle que l’on apprécie par la beauté du ciel et des paysages. Mais aussi que l’on redoute, à cause du froid cruel qui vous tire du sommeil en vous déchirant les muscles et vous brûle le bout des oreilles. Pourtant j’avais passé une bonne nuit, calme et réparatrice. Mais je fus réveillé par le claquement de mes propres dents qui s’entrechoquaient à un rythme effréné. J’allais raviver les quelques braises qui subsistait du foyer qui avait cuit ma viande la veille au soir, et qui m’avait permis de m’endormir agréablement – après un dernier coup d’oeil à la lune, qui achevait là son cycle majestueux, pour me réapparaître pleine et généreuse la nuit suivante…
J’allais, donc, jeter quelques menues brindilles sur les braises. Quand j’entendis du bruit et des voix derrière moi. Des paroles indistinctes mais assurément belliqueuses qui venaient par l’épaisse barrière de ronces et de chiendent qui séparait la forêt de la clairière où je me trouvais, et s’approchaient petit à petit. Je ramassais alors ma sacoche en toute hâte, me levais péniblement, tout endolori par le froid que j’étais, et envoyais maladroitement un peu de terre sur les cendres pour cacher, tant bien que mal, tout signe de ma présence. J’allais me cacher derrière une haie de houx, et attendais. J’ai attendu un moment, là, seul, guettant l’arrivé de quelque chose, de quelqu’un…
Je me sentais en danger, je tremblais mais je ne savais plus si c’était de peur ou de froid.

C’est à ce moment là que je l’ai vu.

Elle est passée à travers les ronces qui me faisait face, se frayant un chemin en un éclair, d’un coup de dague, dans cette végétation dense et acérée. Elle a légèrement trébuché sur une souche puis a roulé sur le sol en faisant demi-tour pour se retrouver face au buisson qu’elle venait de franchir. C’était une elfe. Petite, fine et très brune. Je m’aperçu qu’elle avait enroulé une manche arrachée à sa tunique autour de sa jambe gauche, en un pansement hâtif et ensanglanté.
Du bruit sur le coté gauche la fit pivoter, la dague serrée dans sa ma droite et prête à pourfendre je ne sais quel agresseur.

Deux non-morts.

Ils surgirent en un bond commun et impressionnant par-dessus les ronces pour s’abattre sur elle comme un seul homme. Elle ne put tenir longtemps. Et avant même que j’ai pu me sortir de ma torpeur, et psalmodier je ne sais quelle incantation qui put lui être salutaire, elle s’écroulait de tout son long, sur l’herbe gelée, la tête à demi tranchée par l’épée rouillée d’une des deux créatures des ténèbres.

Je ne suis pas très fier.

Je n’ai rien pu faire pour aider la jeune elfe, je n’ai pas même pensé à sauver ma propre peau. Pourtant je n’étais pas si bien caché que cela, et mal armé. Je suis donc resté là, ébahi, abasourdi, même lorsque l’un des deux non-morts a regardé dans ma direction avant de repartir à travers la végétation.
Je me suis approché du cadavre gisant dans ce matin froid et rosâtre. J’ai ramassé la dague, l’ai mise dans ses mains jointes sur sa poitrine et je l’ai abandonné ainsi, non sans quelques remords. Sa mort, à laquelle j'ai assisté, ne m'a pas attristé. Mais je n'ai pu me défaire de la journée de cette image d'un autre représentant de ma race se faire assassiner.



Je profite donc de ce premier soir de nouvelle lune pour écrire un peu. Chez nous, les arkenites, la nouvelle lune est signe de renouveau, de pardon et d’amour.
C’est une occasion de nous réunir aux centres des villages sylvains, au sol, et de boire quelques chopes de bière d’érable en écoutant les anciens conter leurs aventures fabuleuses. On rend hommage à nos disparus et on fête les enfants nés depuis la dernière lune. On mari les amants et on met un terme aux petites querelles entre les membres de la communauté. Ce sont des festivités simples mais très importantes dans les plateaux de l’Arken. Le reste du temps nous le passons à travailler la terre, à entretenir les vergers et à assurer une cueillette et une chasse suffisante pour les mois d’hivers.



Cela me manque. Depuis mon arrivé dans le Lorndor, c’est ma première nouvelle lune sans cette fête, sans ma famille, sans mes amis. Mais je vous conterais cela en détail un peu plus tard. Je vais maintenant sécher ma plume, me rapprocher du feu, caller ma tête sur ma sacoche et faire un dernier clin d’œil à la lune, étoile de toute les étoiles, mon guide et ma raison…

Bien à vous, à bientôt à la croisée des chemins et, en attendant bonne nuit...