Introduction
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-“Et plus loin, toujours plus loin, nos fidèles destriers nous menèrent, au travers de ces vertes plaines, de ces douces collines, de ces étranges forêts, et de ces solides montagnes, vers des contrées toujours plus belles. Mais le phénix du Nord soufflait, apportant avec lui l’odeur de nouvelles batailles »-
Crystal Faust, le « Fou perdu »
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-« Des rois, des reines, des nobles…Mais de quel sang es-tu ? Nous sommes de simples soldats, chevaliers sans or, mais notre valeur, nous, rois de rien, nous fera rois de tout »-
Gravure anonyme, entrée du palais caché de l’ordre du Phénix
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« Qui observe le vent ne sème pas, et qui considère les nuages ne moissonne pas »
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Un large chemin de terre, asséché par le soleil brûlant du Lorndor. Une terre rude, de par la vie que menaient ses habitants : ici, nul ne pouvait être faible, à moins d’être soutenu par d’autres.
Autour du chemin, encore sec et poussiéreux, des champs…Ceux-ci étaient rouges, comme le sang giclant vigoureusement des artères d’autres plus glorieux, selon certains : ceux des multiples batailles de ce monde. Pourtant, les champs étaient de fleurs, aussi belles que l’éclat d’un rubis, au sein de l’obscurité des dangereuses nuits du Lorndor.
Soudain, sortant d’un léger nuage de poussière, un chariot, mené par deux grands et solides chevaux. Ces deux splendides animaux, dont le courage était régulièrement relancé, et leur cuir ainsi marqué, tractaient un homme.
Ce dernier était affublé d’un sombre chapeau, d’une chemise blanche, d’un pantalon crasseux, et transportait d’étranges sacs vides…Sauf un, là, un peu plus sombre, juste à côté de lui, sur lequel il jetait un regard mêlé de joie et d’anxiété.
Au bout du terreux chemin sur lequel était le véhicule grinçant, une bâtisse. Cette dernière, au toit jaune de chaume, aux murs de moellons gris, et aux portes et fenêtres solides, possédait à ses côtés quelques enclos, où l’odorat, la vue, et l’ouïe étaient mis en éveille par la présence d’imposants et sombres porcidés.
Un peu plus loin, on pouvait apercevoir d’autres petits bâtiments, semblant pouvoir s’envoler dés la moindre rafale. Mais, tout comme de nombreuses choses en ce monde, ils avaient sût, jusqu’à cette heure, faire face.
Le cocher jeta quelques instants son regard vers les cieux : les nuages s’alourdissaient…Mais il savait que cela lui serait profitable.
Ainsi, les gouttes d’eau commençaient à se faire sentir sur la peau fatiguée des êtres du Lorndor, et, malgré cela, un petit homme aux cheveux couleur pivoine, et portant un étrange symbole temporal, sortit de la bâtisse, tout en se mettant à courir vers le cocher qui n’était autre que son père : Marcus Faust.
Depuis que celui-ci avait réussit à vendre ces fleurs en ville, le soleil avait déjà traversé une fois le gris horizon d’automne, et la journée de retour en famille s’était bien déroulée.
Mais la nuit suivante fût tout autre. Ainsi, alors que toute la famille Faust s’était paisiblement endormie, et que la gardienne blafarde éclairait la cime des arbres, une massive tour de tuffaut, pointant le ciel à la limite des champs rouges des Faust, se mit à cracher de hautes et vives flammes. Et de simples cris, ainsi que d’atroces hurlements résonnèrent dans la nuit. Il s’agissait, là encore, d’une attaque nocturne visant les biens de la famille de Marcus, presque non atteinte par le chaos ambiant de cette partie des terres Lorndoriennes.
En effet, la région des Faust était dans le même état que la plupart de celles du monde dans lequel ils vivaient. Leur situation était celle d’un affrontement, souvent cruel et sans pitié, mais bénit par certains dieux guerriers, entre divers groupuscules, tribus, clans, ayant tous pour objectif d’asseoir leur autorité.
Ainsi, en cette nuit assassine, une des tours de garde, payée par la famille Faust à une faction d’un de ses groupes, afin de les protéger, eux et leurs terres, fût attaquée. Mais aucune des blanches pierres du bâtiment fortifié ne céda. Toutes ses morts avaient-elles eût lieu davantage pour protéger la vie, que pour protéger des biens matériels ?
Cependant, en plus de ces attaques régulières, paraissant alors de moins en moins menaçantes, Marcus s’inquiétait pour sa production, car il en tirait de moins en moins de bénéfices. C’était ainsi: en cette période de troubles, les gens préféraient davantage les épées et boucliers aux inutiles et superficielles pivoines.
Ainsi, face à ces divers ennuis, l’homme se jura de tout mettre en œuvre pour arriver à faire vivre, ou plutôt survivre, les siens. Et il savait que s’il poursuivait ses efforts, s’il ne lâchait prise à aucun moment, il y parviendrait.
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Petit commentaire entre amis : « Après l’effort, le réconfort, dites-vous ?… Mon pauvre ami, si seulement c’était tout le temps ainsi ! »
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Depuis le jour où Marcus Faust s'était fait cette promesse, douze années s’étaient lentement écoulées. Années qui, par ailleurs, n'avaient pas toujours été facile à vivre.
La promesse n’avait jamais été rompue, et cela en partie grâce à l'aide de ceux qu’il avait, jusqu'ici, faussement considéré comme une gêne: sa femme, Lannia, et ses enfants –l’aîné, Tymaël, le second, Crystal, et sa petite dernière, Nataïra.
Marcus avait réussit à diversifier ses cultures, et même à débuter une rénovation des divers bâtiments lui appartenant. Mais un problème davantage relationnel pointait: son second fils, Crystal, supportait de moins en moins les tâches agricoles. C'est pourquoi des disputes avaient souvent lieu entre le père et le fils, et d'autres, moins violentes, entre le jeune homme et le reste des membres de sa famille.
Il ne supportait plus de rester « cloîtré » dans cette ferme, ces champs, ces habitudes... Ni d’être encore avec ceux qui exerçaient ce travaille, qu'il détestait de plus en plus. C’est alors qu’arriva ce fatidique soir d’hiver.
Crystal n'avait jamais vu les terres du Lorndor: ces parents lui en avaient dépeint un tel tableau, et l'avaient tant culpabilisé vis-à-vis de leur activité agricole, qu'il n'avait jamais osé dépasser les limites du territoire familial.
Mais une chose l'attirait: ce besoin de connaître, de savoir. Savoir pourquoi ces cheveux possédaient ces étranges reflets rouges. Savoir si une autre personne possédait la même caractéristique physique. Savoir, enfin, s'il n'était pas seul, s'il n'était pas une « tare » de la nature...
Car ni Lannia, ni Marcus, n'avaient été capable de répondre aux interrogations de leur fils. Inquiets, ils avaient en vain cherchés une réponse à cela, auprès des diverses villes dans lesquelles ils étaient allés, afin de vendre leurs produits. Mais nulles réponses, aucun début d'explications... Avec seulement, de temps à autres, quelques railleries.
C'est pourquoi ils décidèrent d'abandonner leur infructueuse recherche, expliquant à Crystal qu'un de leurs ancêtres avait déjà eût des cheveux d'une telle couleur. Ce dont ils essayèrent de se persuader pour, finalement, éviter ce sujet.
Mais Crystal n'était qu'à moitié convaincu. C'était une des raisons pour laquelle, au fil du temps, les terres Lorndoriennes lui semblèrent de plus en plus attrayantes... Cette question sans réponse, cette lassitude. Quitter ce lieu, ces arbres, ces animaux, ces senteurs, et même les couchers de soleil de cette ferme...
Le jeune homme n'en pouvait plus: il devait quitter cette « prison ».
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Petit commentaire entre amis : « Pensez donc à ce « paradis », décris par ces nouvelles religions monothéistes… Comme l’on doit s’y ennuyer : tout est trop sage, trop calme… En les écoutant parler, je me dis que je préfère vraiment l’Olympe, ou pour vous, très cher, le Walhalla. Mais si, comme avec tant d’autres, ils nous obligeaient par la force à être de leur religion, je me dirigerais dans ce qu’ils considèrent comme le « camp du mal », « l’enfer »… Au moins, je m’y ennuierais peu. »
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Un soir, dans une des réserves de la ferme des Faust. Nous étions en hiver, et Marcus, accompagné de son second fils, faisait les comptes des produits restants. Crystal semblait ailleurs. C’est pourquoi Marcus décida de le questionner quelques peu.
Marcus, se retournant vers son fils:
« Mais qu'as-tu donc, Crystal ? Quand je pense que c’est toi,
habituellement, qui me redonne le moral. Pourquoi souffles-tu
ainsi, avec des yeux semblant indiquer que tu es loin du lieu
dans lequel nous sommes vraiment ? »
Crystal, regardant ailleurs:
« Je t'en prie, laisses-moi. Toute vérité n'est pas
bonne à dire... Du moins, pendant un certain
temps. Mais ne t'inquiètes pas, car bientôt
viendra le moment, où tu connaîtras la raison de
mes rêves éveillés. »
M. , cherchant le regard de son fils:
« Réfléchis un instant : ce n'est pas forcément la meilleure
solution que de tout garder pour soit... Mais... Attend...
Est-ce qu'il s'agit encore de cette histoire de voyage ? Je t'ai
déjà dit que tu pouvais nous laisser, mais sache que... »
C., se retournant vivement vers son père:
« Arrête ! Arrête de me donner cette liberté, tant attendue
depuis mon enfance, pour enfin me la reprendre avec les
pièges de la peur et de la culpabilité ! Je ne suis plus un
enfant ! Je suis plus courageux et moins stupide que ton
esprit tordu ne te le fait croire ! »
M., haussant les épaules, se retournant, et s'éloignant de
quelques pas:
« Bien, mon fils... Nous souhaitions simplement te protéger,
et tu refuses cette aide. Tu sais qu'en contrepartie, nous
avions ton travaille, et... »
C., se rapprochant de son père, tout en le pointant du doigt:
« Tu vois ! Tu recommences, et cela sans aucune culpabilité !
Tu te glisses entre les mots, comme un vulgaire serpent ! Je
suis un adulte, maintenant ! ... »
M., se retournant et se rapprochant de son fils, tout en lui
donnant un coup sec sur la main :
« Ne me lance pas de tels mots, et de telle façon! Surtout sur
celui qui t'a permis d'être sur cette terre! Ne me crie pas
dessus, comme jure les charretiers sur leur attelage ! ... Tu
veux être adulte, jeune fils naïf ? Alors, prouve-le ! Prouve-le
aux rudes terres du Lorndor ! »
C., soupirant, et se retournant, les yeux dans le vague:
« Tu obtiendras réponse à ces paroles acerbes. Et bien plutôt
que tu ne le penses, « papa ». Bien plutôt. »
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« Plus que ce soir-là, bien plus que ce soir-là... Ce sont tous ses jours passés, depuis mon enfance, qui me poussèrent à partir de cet endroit »
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Chapitre 1 Des monstres et des Hommes
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« Ici commencent les Chapitres Qui relatent la Sortie de l’Ame Vers la pleine Lumière du Jour, Sa résurrection dans l’Esprit, Son entrée et ses Voyages Dans les Régions de l’Au-delà. » Livres des morts des anciens égyptiens (Chapitre 1, Premier paragraphe)
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Ainsi, le second fils de Marcus, amer, partit un matin d'hiver, alors que les rayons du soleil commençaient à peine à caresser le ciel bleu azur. Crystal était-il chanceux, ce matin-là ? Sans doute, car contrairement à son habitude, celui avec qui il s'était disputé la veille ne s'était toujours pas levé: peut-être avait-il deviné le sérieux des paroles de son fils... Peut-être avait-il, enfin, détecté la maturité de Crystal et ne souhaitait donc pas voir celui-ci partir : la douleur lui aurait été certainement trop insupportable.
Quel que soit la véritable raison de l'absence de Marcus, Crystal délaissa sa famille. La terre du chemin gelé craquait sous ses pieds et la ferme rapetissait à vue d’œil: il était véritablement pressé de quitter ce lieu, où les heurs étaient de plus en plus nombreux et violents.
Arrivé à une des tours de gardes, délimitant la propriété familiale, un homme en arme l'accosta, tentant brièvement de ne pas le laisser passer, suite aux consignes qu'il avait reçues des Faust. Cependant, le jeune homme ne l'écouta point et continua son avancée, tandis que le soldat soupirait, tout en marmonnant qu'il lui était, de toutes façons, impossible de se battre avec le fils de ceux dont il recevait une partie de sa solde.
Au bout de quelques minutes, le temps que les tours soient cachées par les arbres de la forêt dans laquelle venait d'entrer Crystal, celui-ci ralentit sa marche, observant les alentours. Les lieux étaient calmes, vraiment très calmes : le vent faisait doucement danser les feuillus dénudés par l'hiver, tandis que les sapins défiaient la saison du froid... Et aucunes voix, aucuns bruits dus à une quelconque activité humaine... Ou autre.
Crystal se sentait bien, et se laissait guider par ses seuls pas.
Après avoir passé plusieurs croisées de chemins plus ou moins empierrés, le jeune Faust observa le ciel quelques instants : il n'avait guère vu le temps passé, trop occupé à déguster sa toute nouvelle « liberté »... Le soleil avait déjà dépassé le centre céleste, que son estomac commençait à émettre les mêmes bruits que ceux des crapauds au printemps. S'asseyant, alors, sur une vieille souche, tout en sortant de son sac quelques provisions, il réfléchit à combien de lieues pouvait se trouver la prochaine ville...
Regrettant d'être partit trop vite, sans réellement s'être préparé, et, donc, sans avoir recopié une des cartes de son père, Crystal repensa aux paroles de ce dernier : « ...Prouve-le ! Prouve-le aux rudes terres du Lorndor ! ». Espérant que celles-ci ne seraient pas trop dures avec un mauvais voyageur comme lui, le jeune homme repartit avec l'estomac plein, l'esprit inquiet, et un profond sentiment d'inutilité...
Alors qu'il continuait sa marche, impatient de découvrir le prochain lieu urbanisé, il fût, pendant quelques instants, légèrement éblouit. Mettant machinalement sa main devant ses yeux marron-verts, il s'aperçut qu'une vieille épée avait été plantée dans un sapin. S'approchant, alors, doucement de l'arbre blessé, et après avoir regardé autour de lui quelques secondes, le jeune humain prit l'objet, et, rageant que celui-ci soit autant émoussé et rouillé, le mit tout de même à sa ceinture: cela pouvait toujours servir, pensait-il... Surtout après l'image que lui avaient donnée ses parents de ce monde, bien qu'il essayait de s'en débarrasser.
Lorsque vint le soir, son inexpérience le poussa à réaliser un feu de camp qui, pour la mêmes raison, lui valut quelques brûlures. Au loin, des êtres, ou « non-êtres » selon certains, aperçurent ce feu, et aiguisèrent leurs armes... Proches de cette lumière, l'humain endormit ne se doutait pas qu'il s'apprêtait à vivre ces derniers instants, rêvant à bien d'autres choses que la mort. Les secondes rythmaient sa respiration, rythmant les pas des assassins, avançant doucement dans cette sombre forêt. Chacun de leurs pas rapprochait de plus en plus Crystal d'un sommeil définitif...
Mais ce n'était pas cette nuit que les « non-morts » allaient enfin pouvoir « jouer », car des flocons de neige bienfaiteurs éteignirent progressivement les quelques flammes, si dangereuses pour l'humain somnolant. Grognant, ceux d'outre-tombe tournèrent aussitôt leurs pensées vers d'autres objectifs... Mais ils restaient tout de même encore très dangereux. Ceux-ci une fois éloignés, le silence de la forêt revint, du moins pendant quelques heures, tandis qu'un nouveau et fin manteau blanc recouvrait peu à peu le paysage nocturne. Le jeune Faust avait eût de la chance... Et il allait, sans doute, en avoir encore besoin.
Le lendemain matin, donc, après une nuit « fraîche », Crystal se réveilla difficilement, trempé jusqu'aux os et grelottant, mais heureux : l'air battait légèrement son visage, l'horizon, rougeoyant, était splendide, et le vent agitait quelques hautes herbes encore un peu gelées... Mais, surtout, il était enfin seul. C'était paradoxal: la solitude, qui lui plaisait, le poussait à découvrir de nouvelles choses, de nouveaux êtres. Que pouvait-il bien se cacher, là-bas, derrière ces arbres ?... Sa marche solitaire reprit donc de nouveau. , plus vive qu'auparavant.
Sa curiosité fût enfin satisfaite, puisque, quelques ampoules aux pieds plus tard, d'importants bruits de batailles se firent entendre : des cris, rauques et aigus, des entrechoquements d'épées et autres armes... Crystal frémit, non pas de peur, -quoique celle-ci n'était guère absente chez lui- mais d'excitation. Se rapprochant doucement du lieu d'où semblait provenir cette étrange cacophonie, il finit par déboucher sur une clairière, au centre de laquelle trônait un étrange rocher noirâtre : celui-ci semblait avoir été taillé par un outil quelconque. A quoi était donc destinée cette immense pierre ?
Curieux, et oubliant le bruit des combats se rapprochant de plus en plus, le jeune humain tenta de comprendre l'objet, le regardant de haut en bas, de gauche à droite. Cependant, tandis qu'il faisait consciencieusement le tour de sa « trouvaille », un rire retentit à ses oreilles : un rire grave, profond, accompagnée d'une ombre, s'accrochant au rocher, rampant sur la terre humide... Avant de laisser se présenter un troll hideux et joufflu.
Le monstre souriait. Cet être devait bien mesurer plus de deux-mètres ! Sa peau était parsemée de bubons et autres choses moins définissables, tandis que de ce corps habillé de guenilles, émanait une odeur particulièrement pestilentielle. Éclatant à nouveau de rire, son double-menton se mit à trembler comme de la gelée... Comment Crystal avait-il bien pût ne pas s'apercevoir plutôt de la présence d'une telle... « Chose » ?
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Petit commentaire entre amis : « La curiosité est un vilain défaut, dites-vous ?… Nous avons pourtant découvert tant de choses, que vous utilisez d’ailleurs, grâce à ce « défaut » ».
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Une petite clairière, au centre de laquelle se trouvait une étrange pierre, ainsi qu'un immonde troll et Crystal, jeune humain.
Le troll, sûr de lui, se rapprochant de Crystal :
« Que fais-tu donc ici, homme inconscient ? D'ailleurs,
inconscient, l'es-tu réellement ? Ou bien as-tu été rejeté par
ceux qui se disaient être les tiens ? ...Que ce soit l'un ou
l'autre, je vais te montrer ce que Krog réserve au cousin
des elfes... Ma hache fendra ta carcasse, aussi facilement qu'elle fend la tempête ! »
Crystal, recula et jeta un coup d’œil à sa misérable épée.
Relevant aussitôt la tête, sa marque temporale se mit
légèrement à luire :
« Pourquoi montres-tu autant de colère envers les miens ?
Quelle raison te pousse à haïr de telle manière ceux
différents de toi ? Je ne connais guère ceux que tu as
croisés, mais ils auraient dû te tuer ! ... Mais je m'emporte,
et préfères te présenter une autre requête: les trolls sont-ils
donc tous comme toi, à avoir peur de se, et de ceux, qu'ils
ne reconnaissent pas ? Roulez vos muscles et présentez
fièrement vos corps de géant autant que vous le souhaitez,
car tant que vous recèlerez cette peur, je ne vous craindrais
pas ! ... »
T., arrêta net sa marche. Puis, tout en souriant, il prit sa
hache :
«Tu parles de tolérance, et d'idées préconçues... Mais tu as
déjà un avis tout fait sur ce que sont les miens, rien qu'en
m'observant ! Tu poses des questions, mais tu as déjà les
réponses en tête! Alors, pourquoi devrais-je me comporter
différemment de toi ? ... Nous ne sommes pas si différents,
finalement : notre point commun, l'intolérance. Et soit
réaliste, en nul endroit des terres Lorndorienne, tu ne
trouveras la paix : en ce monde, la vie n'est que sang,
larmes, et mort... Et seuls les non-vivants l'ont compris
parfaitement. »
Pour la première fois de sa vie, Crystal se devait d'affronter un des « monstres » dont lui avaient parlés ses parents, un de ses mythes du coin du feu, pour les enfants, mais qui sont une dure réalité pour les adultes.
Ce jour-là, le jeune homme se retrouvait face à ce qu'il avait toujours craint. Il devait être courageux, et laissé son regard plongé dans celui de cet ange faucheur qu'était la mort : froid et rigide... Impalpable.
Ainsi, tandis que notre jeune Faust luttait contre la représentation de cette mort, un autre être, en un autre lieu, allait l'étreindre, comme tant d'autres dans les terres du Lorndor. Mais le tout était de savoir si celle-ci allait être une ombre, ou bien révélatrice d'une lumière ardente... Et l'être, inconscient, marchait sur ce chemin de pierre, le guidant vers son destin. Qui était-il ?
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Chapitre 2 : Forces de la nature
Quelques jours avant la rencontre avec ce monstre, Crystal s’endormait près d’un feu, et quelques flocons de neige salvateurs avaient commencé à caresser le sol. Les êtres qui avaient discrètement observé le jeune humain, et qui l’avaient finalement délaissé, puisqu’il ne pouvait plus le voir de loin, grâce, ou à cause, du feu éteint, avaient foncé droit sur les lueurs plus lointaines d’un village voisin.
Pestant, donc, contre cette neige gênante, les bandits « décomposés » se dirigèrent d’un pas vif, presque en courant, vers le petit bourg… Etrangement, nul souffle ne sortait de leur bouche, nulle fatigue ne semblait les arrêtés, et, en quelques minutes seulement, ils furent devant les portes de ce village, nommé par les humains y habitant, « Shat-Mat », comme le demi-dieu de la nature qu'ils adoraient. Et celui-ci n’était pas du genre à apprécier qu’on ne respecte pas le cycle de la vie… Et de la mort.
Stevensi. Voilà le nom que portait un autre héros, à cette époque. Avant l’obscurité, avant la mort. Avant Shat-Mat, et avant la nuit perpétuelle. Mais ce nom, il ne souhaitait plus s’en souvenir.
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Petit commentaire entre amis : « Vous imaginez, vous, le cycle perpétuelle de la vie ?… Je veux dire, lorsqu’on en a terminé une, on recommence… ? Et après ? A quoi cela sert-il ? A nous améliorer ? Mais pourquoi ? Pourquoi dois-je encore et toujours m’améliorer ? Dans quel but ? Pour réussir ? Mais réussir pourquoi, pour quelles raisons ?.. En sommes, à quoi peuvent bien servir la vie, la mort, et la renaissance ?…»
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Ses bois. C’était ses bois… A lui… Les siens… Lorsqu’il voulait se retrouver seul. Non pas que ceux de son village l’exaspéraient, bien au contraire. Mais il en avait besoin, simplement besoin, afin de pouvoir « respirer ».
Marchant nonchalamment, comme d’accoutumée, Stevensi allait régulièrement vers les bois Nord, extérieurs à son village. Paraissant froid, il était sans nul doute celui dont le cœur était en réalité le plus chaud.
Quelques membres de sa famille vivaient dans une ville, plus au nord. Il avait décidé de venir ici, au calme, contrairement à une grande cité où, selon lui, tout bougeait trop vite. Ici, il pouvait vivre à son rythme. Prendre son temps pour observer les gens l’entourant, mieux les connaître.
Comme elle, Daria. Il l'appréciait. Du moins, il faisait croire à cette jeune fille qu'il ne ressentait rien de plus pour elle que de l'amitié, mais c’était, de fait, loin d’être le cas. Lors de son arrivée à Shat-Mat, il l'avait tout de suite remarquée, avec ses longs cheveux bruns, sa peau cuivrée, et ses yeux d'un vert étrange. Mais il n'osait pas aller davantage vers elle. Et sans doute allait-il le regretter, plus tard.
Le travaille qu'il exerçait au sein du village était celui de boulanger, même si, avec les dégâts dus au climat, la farine arrivait à manquer. Certains villageois l'avaient même accusé de garder du pain pour lui, et, à plusieurs reprises, il avait dû en venir aux mains pour les faire partir de sa boulangerie...
Cette violence n’était rien comparée à celle à laquelle avait dû faire face le village. Cependant, jusqu'ici, les raids des divers clans et autres tribus ne l'avaient guère atteint, car protéger par le demi-dieu en personne. Mais pourquoi une telle protection ? La seule réponse qu'apportaient les prêtres était que ce village avait toujours été fidèle à Shat-Mat. Stevensi laissait cela de côté: pour lui, la religion passait toujours au second plan, la considérant comme futile, inutile.
Ainsi vivait Shat-Mat, petit village perdu dans les terres Lordorienne, tandis que son boulanger continuait presque paisiblement son travail, regardant de temps en temps Daria, songeur.
Cette dernière allait en forêt assez régulièrement. Tout comme Stevensi, pour « échapper » à ceux de son village, mais aussi afin de prier devant un petit sanctuaire, récemment mis en place. Elle et Stevensi s'étaient déjà croiser plusieurs fois à cet endroit... Mais, ce soir-là, le boulanger avait débuté plus tôt...
Près du sanctuaire, Daria priait. Le soleil avait déjà laissé sa place à la lune depuis quelques heures, tandis que la neige s’était mise doucement à tomber. La jeune fille, sous l'effet du froid, tremblait légèrement. Soudain, venant de derrière elle, un bruit de branche brisée résonna.
Daria:
« Qui est-là, à m'observer sans que je le sache ? Est-ce donc toi,
Stevensi ? Stevensi ?... Mais répondez ! Ne vous cachez pas plus
longtemps, lâche ! Qui êtes-vous donc, pour agir ainsi ?... »
Mais, dans la nuit de Shat-Mat, personne ne répondit, et la statue du demi-dieu borgne continuait paisiblement de regarder les flocons tomber.
D.:
« Le froid me rend folle... Oh, Shat-Mat, pourquoi l'hiver est aussi
rude avec nous ? »
Soudain de l'endroit d'où semblait provenir le bruit, une silhouette humanoïde apparût. S'adressant avec dédain à Daria, elle s'exprima d'une voix étrange:
Ombre :
« Mais peut-être car il ne vous considère, toi et ton village, tout
simplement que comme de vulgaires jouets... Vous n'êtes que de
simples fourmis, pour tous les dieux, demi-dieux, et autres
pseudos-créateurs... Acceptez-le, et faites comme nous, esclaves
de la mort... »
Sortant de l'ombre de l'arbre sous lequel il s'exprimait, un « non-être » laissa les rayons de la lune éclairer sa peau usée et fatiguée, son corps de mort... On pouvait voir, par endroit, un liquide noir s’écouler de plaies encore légèrement ouvertes. Devant ce sinistre spectacle, Daria recula, affolée.
D.:
« Vous... Un sans-vie... Que voulez-vous? Jamais vous ne passerez
les portes de notre village. Et vous le savez, à voir la façon dont
vous regardez la statue, n'est-ce pas ? »
Mais, contrairement à ce qu'attendais la jeune femme, Barius, le sans-vie auquel elle avait à faire, éclata de rire. Rire résonnant jusqu'au village. Barius ne craignait pas Shat-Mat, et continuait d'avancer vers Daria, tandis que d'autre fils de la mort sortait de l'ombre.
La jeune femme se devait d’agir: maintes fois, la puissance de son demi-dieu avait sût repousser ce genre d'attaque. Tant et si bien, que cela faisait longtemps qu'aucun être maudit n'avait osé attaquer le bourg.
Mais, en cette nuit froide, allait-ce être le cas ? La jeune fille était confiante. Touchant du bras gauche la petite statue, Daria se mit à réciter une prière qu'elle avait apprise toute petite, de par les prêtres et scriptes de son village.
Soudain, alors que Barius et son sinistre groupe s'apprêtait à fendre la tête de la jeune humaine, une lumière verte entoura cette dernière, les faisait alors tous légèrement reculer.
Maudissant l'effet qu'avait sur lui et les siens cette aura protectrice, Barius prit, d’une de ses mains décharnées, un pendentif, représentant un serpent autour d'une pomme. La lutte entre le respect du cycle de la vie et le rejet de celui-ci commençait en cette froide nuit. Tandis que plus loin, à côté de braises encore chaudes, Crystal Faust dormait, et que, dans sa boulangerie, Stevensi travaillait sans relâche. Chacun menait son propre cycle, sa propre vie.
Quelques minutes s’écoulèrent et, près du sanctuaire, le fracas des armes et des os broyés s'étaient tût. Un silence de mort régnait. Et Des corps. Partout des corps, des arbres, des pierres éclatées, comme si une tornade était passée par-là. Dans cet amas de corps allongés, on pouvait apercevoir une chose plus humaine que les autres : Daria.
Barius, qui s'était relevé depuis quelques instants, s'était approché de la statue de Shat-Mat, le visage presque collé à la face du demi-dieu. Le non-vivant semblait heureux.
B:
« Je te l'avais dit, Shat. Ils ne sont que des jouets, déjà mort pour
moi. Les tiens le seront-ils tout autant ?... »
Soudain, le corps de Daria se releva. Celle-ci semblait être ailleurs, perdue. Voyant cela, Barius sourit, recommençant à s'adresser à la statue d'un être éternellement absent.
B:
« Et bien non ! Il ne meurt pas pour toi, mais se relève de la vie
avec ma force ! ... Tu as perdu, le Grand Shat-Mat ! Tu as perdu, et
il en est de même pour ce village !... »
Avançant dans la nuit, Barius repartit vers la forêt avec son groupe, se relevant difficilement de la bataille menée contre Daria. Celle-ci, après que Barius lui ai chuchoté à l'oreille, repartit en direction du village. Elle avait changé, cherchant la sortie de cette malédiction nouvelle, laquelle avait laissé des traces dans son bras droit : la morsure du dieu de la mort...
Le village de Shat-Mat accueillait, pour la dernière fois, ce qui restait de l'humaine Daria. La protection du demi-dieu allait bientôt la repousser, comme tous les sans-vie. Mais elle était encore suffisamment humaine, et agissait vite.
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Petit commentaire entre amis : « Si même les dieux se mettent à se battre entre eux, c’est qu’ils sont aussi pitoyables que les hommes qui les ont créés… Alors, à quoi peuvent-ils bien servir ?… »
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Le lendemain matin, Stevensi, fatiguée par son harassante nuit, sorti tout de même de sa bâtisse, afin de prendre l'air. La forêt l'appelait.
Après avoir passé quelques arbres, le jeune humain, content de la vie qu'il menait, s'asseya sur un rocher, au bord d'un petit ruisseau passant près du village. La neige avait cessé de tomber, mais le décor était toujours recouvert d'une fine couche blanche et étincelante au soleil.
Le froid se faisait moindre, mais Stevensi avait tout de même emporté avec lui sa longue veste sombre, que des amis lui avaient offert il y a longtemps. C'était là le seul lien qu'il avait encore avec la ville où il avait passé son enfance. Repensant à ce passé, il se mit, aussi, à imaginer quel serait son avenir, ici, à Shat-Mat. Et l'image de Daria lui revint en tête. Mais, fatigué, il se redirigea vers le village.
De retour devant chez lui, Stevensi remarqua une silhouette à l'allure étrange, déambulant. En regardant mieux, il s'aperçut qu'il s'agissait de Daria. Hésitant encore à aller lui parler, il ouvrit la porte de sa boulangerie, et fût étonné de ne pas y trouver Scavro, un jeune garçon devant vendre son pain. D'habitude, l’artisan retrouvait toujours l’apprenti à cette heure matinale, préparant sa journée.
Décidant de l'attendre, afin de lui demander pourquoi un tel retard, le boulanger resta à l'extérieur, tout en continuant d'observer l'étrange démarche de Daria Tabmis. Non, décidément, son comportement était inhabituel. Stevensi voulait savoir ce qui n'allait pas. Et ses pas allèrent bientôt satisfaire sa curiosité.
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Chapitre 3 A moitié ennemi
Crystal s'éveilla avec un indescriptible mal de tête et, par réflexe, posa délicatement sa main juste à l'endroit où la douleur semblait être la plus aiguë.
Tout était flou, et un léger bourdonnement se faisait entendre. Du moins, pour le jeune homme. Ce dernier ressentait aussi une chaleur intense, et ceci malgré le froid hivernal et la neige qui commencaient de nouveau à chuter. En se levant, il fit quelques pas, nauséeux. Il ne pût s'empêcher de tituber, puis finalement de régurgiter une matière blanche et jaunâtre sur une autre, davantage cristalline et froide.
C'était lui. C'était bien ce « monstre », cette « horreur », ce « gros balourd », qui l'avait ainsi blessé à la tête. Le troll. « Krog ».
Tandis qu'il se rasseyait non loin du gros rocher noir, Crystal repensa à ce qu'il venait de vivre. Les nausées diminuaient peu à peu. Les « non-vivants ». Apparemment, ces êtres l'avaient involontairement sauvé du combat contre Krog.
Ainsi, quelques minutes plutôt, alors que ce troll venait de lâcher, et de façon particulièrement hautaine, quelques mots, une flèche l'avait atteinte à l'épaule. La forêt, encore blanche, avait frémit sous le cri de douleur de Krog « le massif », tandis qu'une partie du sol forestier rougeoyait légèrement.
Comprenant alors l'occasion se présentant à lui d'échapper à cette bataille en faveur du troll, Crystal avait relâché l'étreinte de son épée et s'était mis à courir vers la partie est des bois. La fuite...
Cependant, et il l'ignorait parfaitement, la colère des trolls peut leur octroyer une vitesse et une agilité surprenante, et cela malgré leur corpulence.
C'est ainsi que la hache de Krog finit sur l'arrière du crâne de Crystal... Ce dernier s'effondra alors sur le sol enneigé, après avoir seulement eût le temps de crier de douleur, et d'entendre le troll vociférer que, décidément, il détestait les sans-vies. Faust avait eu de beaucoup de chance, ou alors le troll était doué et, finalement, presque pacifiste ; car seul le manche ferré de l’arme de ce dernier avait frappée Faust à la tête.
Le mal de ce dernier était passé, mais à l'endroit où l'arme de son adversaire l'avait heurté, une énorme bosse y prenait place. Krog n'avait pas hésité…
Plusieurs choses intriguaient Crystal. Tout d'abord, pourquoi Krog n'avait-il fait que l'assommer ? Etait-ce vraiment ces « non-morts » qui avaient ainsi décoché la flèche ? De plus, le jeune Faust se demandait ce que pouvait bien faire un troll ici, en pleine forêt, ces derniers préférant généralement se mouvoir sur de vastes plaines caillouteuses ... C'est du moins ce qu'il avait appris des histoires de sa mère. Et il semblait comprendre la difficulté que pouvaient ressentir des êtres comme Krog à passer entre les arbres.
Se relevant de nouveau, Crystal fit encore quelques pas et ramassa sa vieille épée. Celle-ci semblait maculée d'une étrange matière, noire comme la nuit, et liquide comme le sang.
Curieux, le jeune homme glissa son index gauche le long de la lame rouillée, tandis que, de derrière le rocher, sortait le troll, sourire aux lèvres. Ses blessures étaient nombreuses, dont la flèche, toujours en son épaule.
Effrayé par la vision de Krog avançant vers lui, Crystal recula et s'appercu que, plus loin, et à droite du rocher, la neige avait disparue, laissant une terre nue, apparemment brûlée. Que s'était-il vraiment passé ?
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Petits commentaires entre amis : « Les secrets les plus lourds sont souvent les moins bien gardés… A moins que ce ne soit l’inverse. Pensez-vous qu’il s’agit d’un problème de personnes, ou bien de faits ? …
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Une lourde main s'abattue sur son épaule, et l'étonnement remplaça la stupeur, lorsque Crystal s'appercut que Krog l'avait sortit de sa réflexion, non pas pour le frapper à nouveau, mais pour lui parler sereinement, et toujours avec un sourire étrange, mêlé de fierté et ... De peur.
K:
« Et bien, mon nouvel ami humain, mieux
vaut t'avoir avec soit, que contre, lors de batailles...
J'en ai connus, des fous de guerre, des mages
machiavéliques, des tortionnaires immondes,
des êtres abjectes. Mais toi, tu es le plus fou de
tous. N'est-ce pas ?... Je te parle, le rouge... »
Mais Crystal ne comprenait pas le changement de comportement, à son encontre, de Krog. Fixant de ses yeux pleins d'incompréhensions la montagne de muscles qu'était le troll, Crystal bafouilla.
C: « Heu... Apparemment, le fait de mettre en
déroute ces non-vivants t'as quelque peu perturbés,
mon... Heu... « Ami » Krog. »
Et le géant ne pût s'empêcher d'éclater de rire, tout en continuant de s'adresser au jeune Faust avec familiarité.
K:
« Les mettre en déroute, hein ?... J'aime
moyennement ton humour sordide, même si ça m'a
fait plaisir de voir les non-vivants.... Moins vivants ! »
Et le rire du troll repartit de plus belle, tandis que Crystal, rangeant son épée, lui proposa des soins. Celui qui l'avait traité avec dédain, voir avec haine, lui semblait de plus en plus « humain ». Mais Krog, en entendant la proposition du jeune homme, cessa son rire rauque et se pencha vers celui à la chevelure rougeâtre.
K:
« Ecoute : j'ai toujours sût me débrouiller seul et,
surtout, tu es bien meilleur assassin que médecin.
Aller, je te laisse, jeune humain... Et fais attention
aux choses que tu pourrais rencontrer dans cette forêt. »
Sur cette dernière phrase, le troll partit de la clairière, sa masse sombre s'enfonçant péniblement dans la forêt. Crystal n'en revenait pas : lui, un tueur ? Il avait vécût toute sa jeunesse dans une ferme, et n'avait rien appris du combat à l'épée.
Pendant qu'il réfléchissait à ce qu'avait voulut dire Krog – Sans doute était-ce de l'ironie, après tout -, Crystal vit un amas de « choses », desquelles émanaient une odeur pestilentielle. S'en rapprochant, après avoir dépassé le gros rocher noirâtre, il vit ce qu'il redoutait le plus, depuis quelques minutes. C'est à dire les cadavres des sans vies, entassés les uns sur les autres. Et, de nouveau, un liquide sortit de l’estomac de Crystal… Sa tête tournait légèrement.
Leurs corps avaient été comme brûlés, après avoir été transpercés de part en part... Ainsi, c'était lui, le jeune Faust, qui avait tué tous ses sans-vies ? Mais il se reprit, et hurla.
C:
« Menteur ! Saleté de troll ! Tu n'es même pas
capable d'assumer tes propres actes ! Immonde
créature !... »
Cependant, malgré ce dégoût vis-à-vis de cet acharnement dont avait, semblait-il, fait preuve le troll, Crystal le remerciait intérieurement. Car si celui-ci n'était pas intervenu, sans doute les sans-vies l'auraient-ils tué.
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Tandis que Faust regardait les différentes traces de batailles -Les cadavres, les marques de brûlures de l'herbe, les coups d'épées et de hache sur les arbres, les écorces brûlées...-, des yeux scrutaient la moindre de ses réactions. Un être l'observait, témoin privilégié de la fureur du schizophrène Crystal Faust.
? :
« Je t'ai vu, jeune humain. Je t'ai vu changé au cours
de la bataille. Je t'ai vu te relever et, tandis que ta
marque temporale se gonflait de sang, diriger ton épée
vers les sans-vies. L'un après l'autre, tu les as tués,
dans une rage folle, les yeux noirs de haine, les cheveux
hérissés. Comment est-ce possible ? Je croyais que tous
ceux du.... Tous de ceux de cet ordre avaient été
supprimés, il y a longtemps... »
La masse sombre se remise debout et partie, inquiète, malgré son physique impressionnant de...Troll.
C'était bien lui.
C'était bien Krog, le « Massif ».
Lui qui, jusqu'à présent, n'avait jamais ressentit la moindre peur.
Il le pouvait désormais, rien qu'en repensant à l'état second dans lequel avait été quelques instants l'humain.
Malgré cette sensation lui disant de fuir le plus loin et plus vite possible, Krog décida de rester là, dans cette maudite forêt, trop petite pour lui, à observer le jeune Faust.
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