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 Sujet du message: [HordE] LemHur
MessagePublié: Lun 09 Sep, 2013 12:04 
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Héros Ridicule
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Le mûr poireau quitte la scène.


CHAPITRE 1: DIVAGATIONS GOBELINES

Dans l'auberge, le gobelin saoul ne cessait de répéter des propos insensés à l'assistance hétéroclite, avec toute la force de conviction que confère le delirium tremens. Il aurait vu un tauren mort et en décomposition avancée gisant sur le chemin, événement rare à cause du faible nombre de héros cornus mais surtout parce que les services de nettoyage étaient habituellement prompt à éliminer les cadavres fleurissant régulièrement sur les champs de bataille. Plus surprenante encore était la description de l'entassement de babioles à côté du corps. Une targe cabossée et des fioles de poison eparses, vides, faisaient passer cette vision pour un rite expérimental de quelque nécromancien en manque d'inspiration. Le gobelin, analyste des crimes magiques à ses heures perdues selon ses propres dires, aurait reconnu sur le corps la trace de plusieurs agresseurs différents, ayant attaqué successivement. Sa connaissance hypothétique en profileur de criminel lui aurait permis de déterminer que les deux assaillants étaient des morts vivants, ce à quoi un humain revêche, exaspéré par les ineptie du gobelin, répondit qu'il aurait suffit d'avoir un minimum d'odorat pour reconnaître le parfum de chair en putréfaction, ou pour reprendre ses propos "ça pue la mort".
Le légiste autodidacte ne se laissa pas démonter par cette manifestation de jalousie et acheva son exposé en émettant l'hypothèse surprenante que tout ceci etait peu banal. Convaincus de la sénilité précoce à tendance mythomane de la créature verte, les habitués la jetèrent sans ménagement hors de l'établissement et retournèrent se pochtroner en se demandant comment la gestion commerciale et technologique du monde avait pu être confiée à des êtres aussi peu fiables. Fallait pas s'etonner d'avoir des teleporteurs foireux incapables de détecter un bâtiment en terrain d'arrivée avec des incompétents pareils... Nul ne garda en mémoire le récit incongru, le fait divers tomba dans l'oubli.

Encore éméché et un peu secoué par cette sortie rapide, le gobelin sortit son carnet moisi et y griffonna une description de ses agresseurs afin de les mettre dans la liste rouge de la base de données de téléporteurs pour qu'ils s'écrasent "accidentellement" sur le toit de leur auberge préférée lors de leur prochain déplacement. Ne jamais sous-estimer les gobelins, surtout saoul.
Il se dirigea à nouveau sur la scène de crime poussé par l'intuition d'avoir raté un élément important lors de son analyse. Arrivé sur place, le cadavre et les preuves avaient disparu, seule l'odeur de sang coagulé flottant dans l'atmosphère permettait de savoir qu'il s'était passé quelque chose. Le sol dégagé de la barbaque encombrante révéla un détail invisible jusqu'alors : des trous dans les herbes comme après une pluie acide. Sa formation de détective lui permis de deviner qu'il s'agissait rien moins que des larmes de vampire, reconnues pour leur acidité qui selon un scientifique troll permettrait de déboucher un conduit encombré. Ce chercheur à l'avenir prometteur aurait disparu subitement peu après cette déclaration, la communauté scientifique s'était émue de ce génie trop tôt parti, avant de changer subitement et radicalement l'orientation des recherches vers la distillation d'alcool de moleculus herba, moins sujette à polémique.
Ce nouvel élément indiquait probablement un crime passionnel, mais cette hypothèse ne collait pas avec l’éviscération du corps, blessures caractéristiques d'une attaque d'assassin froid et méthodique. La clé de cette affaire reposait sur la présence post-mortem du corps, il en était sûr.
En fouillant dans sa mémoire éléphantesque des cas de cadavre non éliminé, il réalisa que ce de phénomène bien que très rare avait des précédents. Et lorsqu'il leva les yeux sur l'espace vide où avait git le tauren, il se rappela précisément le contexte des morts stagnantes. C'était un artifice employé par les héros en fin de vie pour faire leur intéressant jusqu'au bout. Lorsque les soldats se sentaient trop vieux, la plupart entraient simplement en léthargie ou s’évaporaient sans déranger les honnête gens, mais quelques fanfarons tenaient à faire suer le monde jusque dans leur mort... D'où cet abandon du corps sans nettoyage ni résurrection. Cette conclusion satisfaisante à la fois intellectuellement et par rapport à la situation présente ne répondait pas à la question de l'assassinat multiple passionnel et froid, mais un seul problème à la fois.
Poussant plus loin l'analogie avec les autres morts stagnantes, il se mit en quête de la biographie posthume. Les fanfarons laissent systématiquement une biographie posthume, c'est leur côté mégalomane. En regardant dans la mare de sang poisseux répandu dans l'herbe, il trouva enfoncé sous l'emplacement du corps un rouleau de parchemin englué dans la boue sanguine, tordu et chiffonné sous le poids du cornu poilu. le gobelin soupira devant tant d'incompétence mêlée de négligence et sortit le chiffon de sa fange. Il vit en déroulant le message que le contenu était encore lisible malgré l'imprégnation en sang. Pas de bol va falloir lire ce navet pour avoir une chance d'éclaircir le mystère du double assaillant. Le gobelin redoutait cette lecture, anticipant qu'un tauren assez débile pour faire le cliché de la mort finale dramatique n'hésitera pas à faire son CV en guise de message d'adieu, coup classique et ennuyeux à souhait. Un cliché n'arrive jamais seul. Il commença la lecture du rouleau de trente pieds de long écrit en pattes de mouches minuscules. Plusieurs heures de lecture passionnante et trépidante en perspective.

CHAPITRE 2 : ÉLUCUBRATIONS BOVINES

"Partie I : Introduction
Si vous trouvez ce parchemin c'est que je suis mort dans votre présent. Je ne vous connais pas et c'est sûrement mieux ainsi, je pense qu'il vaut mieux éviter de savoir que ma lettre de départ a été ramassé par un agriculteur colérique... mais je m'éloigne déjà du but de ce message.
Ma destinée touche à sa fin de façon brutale. Pour comprendre la situation actuelle, il faut reprendre l'histoire depuis le commencement. Je m'appelle LemHur, fraichement débarqué sur les champs de bataille il y a trois hivers plein d'ambition et..."
le gobelin se gratta le cuir chevelu devant cette absence de personnalité généralisée quand il s'agit d'écrire ses derniers mots. Quand comprendront-ils que tout le monde s'en secoue l'amulette ? Il parcouru les lignes suivantes en diagonale, commençant à pressentir la vanité de sa courageuse entreprise.
"... harcelé par des rageux organisés... pourquoi diable ai-je choisi cette voie de punching ball ambulant... aucun respect ... dans les bastons qu'on se poile le plus... clan moribond ... avec une pelle ... les fermiers sont vraiment insupportables ... attaque allianceuse sur le mur ... Garrulfo et Lord ont bien redynamisé la HordE ... chaotiques sympas mais je trouve que leur philosophie est vraiment ... réussi une potion de santé !"
Au bout d'une brassée de parchemin le valeureux gobelin fit une pause pour tenter de remettre de l'ordre dans les émotions qu'avait fait naître en lui ce prologue, tiraillé entre l'ennui mortel, l'exaspération et son obsession pour les mystères non résolus. Rien ne lui serait épargné. Il sauta deux brassées de parchemin traitant apparemment de guerres et de mandales monumentales, beaucoup de plaintes à propos du manque de reconnaissance face au sacrifice fourni, des notes relatives au potentiel de l'arbalète, rien de bien palpitant.
À bout, le lecteur d'infortune eu une idée brillante, du moins il la considéra comme telle sur l'instant : puisque le récit suivait une chronologie linéaire dénuée de tout suspens ou rebondissement, les dernières lignes devraient être la clé de cette histoire si l'écrivain raté avait eu la présence d'esprit d'évoquer la mise en scène de sa mort. Après quelques nœuds dans les méandres du parchemin il arriva au bout du rouleau et tenta de déchiffrer l'écriture encore plus illisible qu'au début du texte. Il retrouva le début du dernier chapitre sensé aider son enquête et le lut avec une attention renouvelée :

"Cette décision ne me revient pas. Mon arrivée sur ces terres de combat éternel n'a pas été gratuite et s'est vue affublée d'une prophétie terrible comme je devais le découvrir tardivement. Chaque heure passée à virevolter sur le champ de bataille s'ajoutait à la dette contractée à mon apparition envers le dieu du temps. Ces derniers mois, en recherchant plus d'informations sur mes conditions d'apparition, je réalisai le poids du destin terrible qui m'attendait. Un shaman tauren porté sur l'herbe mais vraisemblablement digne de confiance me confirma mes suppositions au travers d'augures lues dans des entrailles de cerbère sous l'emprise de Gachprom psychotrope (méthode locale éprouvée qu'il disait), augures qui reformulaient la prophétie sous forme cryptique mais toujours plus explicite que mon doute existentiel antérieur :

Lorsque ton avenir te semblera amène
Qu'une raison d'être éclairera ta vie
La faucheuse viendra sans même un préavis
Pour moissonner son dû contenu dans tes veines.

Le messager final sera incidemment
Un enfant de la mort dont la portée de l'acte
Ne sera révélée qu'après la fin du pacte ;
Un monde de regrets sera ton firmament.


Je sortis légèrement démotivé par les vers compréhensibles de ce torchon prophétique, comme régulièrement après le dévoilement de sa mort par un barbu hilare et halluciné. Les scénaristes de la prophétie étaient visiblement en manque d'inspiration dans la première partie de la sentence parce que même en faisant preuve de beaucoup de mauvaise foi le contenu restait beaucoup trop clair même si rigoureusement imprécis d'un point de vue temporel.
Face à cet inconnue intolérable, je décidai de prendre les devants pour ne pas être pris au dépourvu. Si mon destin était irrévocable, je souhaitais au moins être maître du moment et des modalités de ma mort.
Je commençai dès lors à faire mes adieux aux êtres qui m'avaient accompagné ou supporté, des irréductibles du clan à mes compagnons de bataille. Je rageai intérieurement de devoir couper les ponts avec ces héros formidables qui m'avaient permis de me construire et de profiter de ce milieu hostile. Mais il était de mon devoir de partir convenablement, après toute les plaies ouvertes laissées par la disparition spontanée et inexpliquée de mes meilleurs alliés. Je ne pouvais pas infliger cette souffrance aux soldats qui me faisaient confiance. Les adieux furent particulièrement difficiles avec une amie vampire qui avait réussi à percer ma carapace de gros tank inébranlable. Pour rendre ces adieux mémorables tout en faisant un pied de nez à la prophétie débile, un stratagème fut mis en place en concertation.

À l'heure où j'écris ces lignes d'une main tremblante mais résolue, la scène finale est prête. Les protagonistes sont en place, le metteur en scène ne donne plus de nouvelles depuis l'établissement du script, mais ses instructions nous laissent une certaine marge de manœuvre pour les derniers arrangements. Pas de fioritures décoratives ou de libertés concernant le scénario, on suit la ligne directrice : sobriété tragique. Une seule représentation, la première sera la dernière. Pas de public pour cette chute de tragédie antique, sinon les aventuriers de passage dans le coin témoins malgré eux de la farce macabre.
Je m'arrête là dans la description de l'œuvre, sous peine de dévoiler un élément clé. Et parce que le charme de l'art vivant repose surtout sur l'improvisation et le jeu avec les aléas lors de la représentation.

Cette rétrospective s'achève ici, le point final en suspens. À toi lecteur de ce pavé égocentrique et ennuyeux je présente mes excuses pour ce déballage que tu n'as certainement pas désiré et te félicite pour la force mentale qui t'a permis d'atteindre la toute fin du récit de mes absences d'exploits (pour comprendre la blague, se référer à la partie 14 sur la défense de royaume tauren).

Alichax.

Lem,
Hordien dans l'âme, savateur 3e dan, brouteur semi-profesionnel, future ombre du champ de bataille."


Le gobelin se sentit fatigué après ce marathon oculaire, et un peu déçu par l'épilogue. Il avait pu corroborer une partie de ses présomptions notamment sur le crime passionnel mais il aurait préféré avoir un bulletin régulier sur l'état d'agonie du tauren avec une analyse détaillée des conditions d'environnement. Quitte à être chiant, autant rendre son testament utile et un minimum rigoureux, au lieu de miser sur un flou artistique sans intérêt et ralentissant l'investigation...

Pour boucler cette enquête, il lui fallait retrouver les acteurs et témoins de la scène. Il pourrait ensuite passer à une activité plus intéressante, comme la décoction de feuilles d'Azralae ou l'étude de la croissance explosive des monstres en zone neutre. Il se remit en route, pressé d'en finir avec ce tauren mentalement encombrant.


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 Sujet du message: Re: [HordE] LemHur
MessagePublié: Mer 25 Sep, 2013 13:22 
Hors-ligne
Héros Ridicule
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CHAPITRE 3 : TRIBULATIONS FANTOMATIQUES

Le gobelin ne devait jamais trouver les témoins nécessaire pour terminer sa mission de névrosé et finit par tenter de faire une décoction de monstre en zone neutre dans une certaine confusion douloureuse.
Petit à petit, la trace laissée par le corps du tauren évaporé s'effaça. Une ombre flottait cependant toujours sur l'emplacement du meurtre; l'ombre d'un esprit frappeur. La combinaison de frustration de la cérémonie avortée et de culpabilité face à la douleur assénée à son âme soeœur avaient provoqué une fission du fantôme de LemHur. Son âme, elle, s'était envolée au moment où le coup final l'avait atteint comme réclamait la prophétie, mais pour ne pas inverser la cause et la conséquence, il s'avéra que c'est le poids du remord d'avoir infligé pareille douleur à l'élue de son coeœur, lorsque le cri de désespoir de la vampire résonna, qui déchira le fantôme et rendit l'équilibré incapable de se réincarner.
Forcément, il fallait être naïf pour croire qu'une prophétie suffit en elle-même à torpiller une destinée. Le côté malsain des prophéties est toujours que le témoin de l'annonce provoque tout seul les événements redoutés dans la prophétie... On n'est jamais mieux désservi que par soi-même...

L'esprit frappeur résultant du clivage bouillonnait de haine et de rancœoeur et s'acharna à mener une vie d'enfer à tous les héros qui passeraient sur cette case en jouant avec les probabilités de réussites d'attaques et de défense pour que la frustration qui le rongeait se propage. Il restait cependant à l'écart des vampires en dernier hommage pour celle qui avait été son rayon de lune, glaciale et sublime, jusque dans l'obscurité finale. Parfois l'esprit s'arrête lorsque la peine l'envahit de n'avoir qu'une influence néfaste l'empêchant d'aller consoler la vampire. Alors le vent semble murmurer dans un souffle mélancolique le nom de celle qui reste.

FIN.


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