Forum Heroes' Chronicles

Ça commençait à être temps dites donc! Il y a un an que je joue à HC et pas de fiche de perso convenable! ... Peut-être est-ce dû à ma tendance à faire des romans? ^^ Enfin... je m'y suis mis et j'ai commencé le roman, c'est déjà ça de bien ^^

Évidemment, l'histoire commence par l'enfance du personnage, loin sur le continent de Karrog Nur, celui de la Génèse. J'ai essayé d'en faire resortir un peu la culture des Trolls, très stratifiés, des castes et des codes, un décalage bien définit entre dirigeants et dirigés, guidés par l'Ombre d'Hëlmor. Évidemment, cela rend la famille royale et le jeune Raven très... antipathiques. Je trouve même que je n'en ai pas mis suffisemment, je les voulais méprisables, mais enfin, j'étofferai plus tard... ^^

Quoi qu'il en soit, ceci n'est qu'un début doublé d'un squelette destiné à des ajouts. Comment Raven s'est retrouvé en Lorndor et surtout pourquoi s'est-il retrouvé à la tête d'un Empire (ça, ça se comprend) qui défend l'Ordre et la Lumière et veut unir les peuples (ça, ça se comprend moins ^^) seront des choses expliquées dans les chapitres suivants... En même temps que j'accorderai à mon personnage un peu plus d'humanité... il est le héros, après tout, il n'est pas destiné à être un méchant dans l'histoire malgré ses débuts ^^

P.S. Et si la phrase du second chapitre rime, c'est pas voulu! (je la changerai quand je rédigerai le dit chapitre, qui a de fortes chaces de ne même pas traiter de la dite guerre...)

Histoire de Raven

"Just because I'm misunderstood doesn't mean I'm evil"

1 - La Cérémonie



Kaz'an, cœur de la civilisation Troll en Karrog Nur...

Kaz'an, cœur de la civilisation Troll en Karrog Nur...

Sombre, froide et humide. Comme depuis toujours. Dieu qu'il haïssait cette moiteur collante qui envahissait la jungle en permanence, l'odeur répugnante de la forêt trempée par l'orage, les feuilles mortes pourrissant sous les arbres en lisière de la cité ! Embrassant du regard le reste des siens grouillant dans les rues aux dalles encore luisantes, comme un millier d'insectes désorientés, il quitta le balcon avec un haut-le-cœur, pénétrant dans l'ombre accueillante et la fraîcheur plus sèche de la chambre.

Non... a bien y penser, ces gens n'étaient pas les siens... Ils étaient de sa race, certes, mais n'avaient rien à voir avec son sang. Il en avait la preuve chaque jour, à travers les dires et les gestes de la cour. Les gens du palais méprisaient profondément ceux des rues... qui pourtant les idolâtraient, eux, comme les dignes représentants de la volonté d'Hëlmor. La Dynastie de Kaz'an était à la tête de la cité portant son nom depuis la naissance de son peuple, depuis des millénaires. Raven était le troisième hériter de cette lignée élevée au rang d'envoyés des Dieux, après son frère aîné puis sa sœur. Demi-frère et demi-sœur, plutôt. Comme eux, il était le fils de l’une des trop nombreuses concubines de l’empereur. Mais sa propre mère était morte il y longtemps, et la reine était la leur.

En se dirigeant vers la porte de la pièce, il passa devant une glace lui renvoyant un reflet estompé par le peu de lumière disponible dans ses appartements. Pourtant, même les ténèbres les plus profonds ne savaient occulter l'éclat d'un bleu glacé réfléchit sur le verre, celui de deux yeux brillant d'une lueur amusée et suffisante, presque... non, définitivement malfaisante. Un regard qui constamment lui donnait " l'air d'avoir demandé à son père de faire tuer toute ta famille et de se moquer en lui-même que tu ne le saches pas encore ", pour citer un des serviteurs. Il avait trouvé le concept digne d'intérêt et avait tenté l'expérience le lendemain... On lui avait appris très tôt que le manque de respect des domestiques à l'égard de la famille royale était inadmissible.

Le jeune prince s'approcha et examina son image avec plus d'attention. Si la majorité de son peuple, même les habitants de la ville, allait toujours torse nu dans les allés et se vêtait encore de peaux et de plumes comme dix siècles auparavant, lui-même affectionnait davantage les tuniques de tissu et de cuir, préférablement de couleur sombre. Elles témoignaient évidemment d'un rang et de moyens supérieurs, seyaient davantage à un monarque, mais avant tout étaient plus chaudes. Il était de constitution fragile, même pour son jeune âge, ses mains étaient toujours engourdies et glacées et son sang figé dans ses veines. Son état expliquait également qu'il avait jusqu'alors passé le plus clair de son existence entre les murs du palais.

Raven fixa ensuite son attention sur son visage au teint bleu foncé de sa race. On le qualifiait " d'anormal ", il ne possédait pas les hideuses défenses si caractéristiques des Trolls. Bien sûr, il avait des crocs longs et aiguisés qui donnaient un pli cruel à son sourire, mais pas ces longues canines incurvées dont lui-même s'était persuadé de l'inutilité et de la laideur. Les autres étaient difformes et anormaux, lui et sa sœur étaient simplement la prochaine étape dans l'évolution de sa race. En effet, Shkala portait la même différence que son jeune frère.

Satisfait de l'examen de sa personne, le jeune Troll à peine adolescent quitta la chambre noyée d'obscurité et s'engagea dans un couloir éclairé par quelques torches étouffées par leur fumée. Les murs étaient hauts et brillants, taillés dans une pierre noire comme l'obsidienne, le plafond était invisible loin derrière les volutes tourbillonnantes qui masquaient ses profondeurs à la vue. Deux serviteurs en pleine conversion émirent un hoquet et déguerpirent à son approche alors qu'il émergeait dans la lumière du corridor. Le jeune prince était connu pour son caractère imprévisible et sa précocité dans les " arts ", un mélange dangereux pour la santé des domestiques qui en avaient maintes fois fait les frais. Ils l'évitaient comme la peste et redoutaient ses appels.

Raven les suivis sans se presser et déboucha à son tour dans le hall du palais, inhabituellement inondé par la lumière traversant les vitraux découverts, agression inattendue qui lui brûla les yeux. Malgré tout, il semblait que les nuages se soient enfin retirés à l'extérieur... Bien. Le peuple serait rassemblé en nombre pour la cérémonie. Son frère partait à la guerre avec dix mille hommes de sa race et l’événement se devait d’être souligné. Il apporterait l'Ombre d'Hëlmor et le règne de l'Empire de Kaz'an dans ce Pays des Songes, ce... comment s'appelait la Nouvelle Terre déjà? Ha... oui, il se souvenait des paroles de son père. " Ces peuples insoumis, ces sauvages et ces barbares qui se cachent dans la lumière... Ces Peau-Blanche et ces Oreilles-Pointues qui défient notre autorité, ils seront conquis. Lorndor s'agenouillera devant la parole d'Helmör! "

Depuis que les Orcs avaient les premiers traversé les montagnes, on ne parlait plus que de guerres et de conquêtes. Des émissaires des Peau-Vertes et des Deux Fois Nés, des Chefs et des Chamans Taurens et des représentants de tous les clans de Kaz'an affluaient dans la cité en file ininterrompue depuis des semaines, occupant les chambres et les auberges, logeant dans des campements en bordure de la jungle. La rumeur disait que tout Karog Nur se rassemblait à l'ombre des montagnes et se préparait à l'assaut le plus grandiose jamais mené par ses habitants, soudés par ce but commun.

Bien sûr, le prince était lui-même trop jeune pour partir à la guerre. Et quel intérêt ? Que son frère aille à la boucherie, d'accord, cela le rapprochait du trône. Mais lui-même n'était pas emballé à l'idée d'aller massacrer des peuples inconnus pour " la gloire et les honneurs ". À la limite, pour le " règne de Kaz'an " était une cause plus noble. Mais il sentait certaines faiblesses dans ces paroles, plutôt poussées par l'insistance des Orcs et des Taurens, secondés des Morts-Vivants. Les Trolls ne combattaient définitivement pas pour leur Empire, ni même pour leurs clans, bien que leurs ordres émanent de tous leurs dirigeants. Ils combattaient pour la volonté d'autres peuples... des gens inférieurs que nous devrions conquérir avant d'aller voir derrière le roc des montagnes, pensa-t-il...

Il chassa ses pensées en s'apercevant qu'il avait poursuivi son chemin sans s'en apercevoir, arrivé maintenant derrière le trône de son père et devant la plus grande assemblée qui fut jamais offerte à ses yeux... Sa sœur et sa mère étaient présentes, assises en retrait avec les prêtres et les conseillers, groupe qu'il alla rejoindre discrètement en passant derrière la garde déployée devant les membres de la cour.

- Vont-ils commencer bientôt, demanda impatiemment Raven?
- Ils attendent notre frère et les capitaines de l'armée, chuchota sa sœur par-dessus son épaule.
- Ils ne sauraient plus tarder, jeune maître, ajouta le vieux Gardien du Temple en se penchant vers lui.

Le Troll prit place entre eux, les deux seules personnes qu'il considérait comme des amis et des égaux, les deux seules personnes qui comptaient vraiment dans sa vie.

Il les regarda tour à tour. Shkala, dont la figure plus humaine que la normale et le regard aux éclats céruléens ressemblaient tellement aux siens, mais emplis d'une expression triste et lasse, et le vieux Mal'gûn, droit et fier dans sa toge d'un noir de jais, ses yeux brillant eux aussi dans les profondeurs de son visage autrement impassible. De cinq ans son aînée, elle était beaucoup plus qu'une sœur pour lui, une confidente et la remplaçante d'une mère qu'il ne pouvait prétendre ni connaître ni aimer. De même pour le vieux prêtre d'Hëlmor, agissant comme un père et un mentor et lui apprenant tout son savoir magique et le peu d'escrime qu'il maîtrisait...

Encore une fois, Raven fut tiré de sa rêverie, cette fois par le son tonitruant des tambours et des cors et les acclamations assourdissantes de la foule. Il se couvrit les oreilles en un geste agacé et porta son regard sur l'extrémité Ouest de la place. Ils arrivaient...

Et bien sûr, il était en tête du cortège. Le troisième héritier du trône poussa un soupir discret en constatant l'arrivée de son frère, " la fierté de son père et l'avenir de son peuple ". Les milliers de soldats cuirassés d'or et d'argent, dressant lances, haches et épées vers le ciel, avançaient en rythme et fendirent la foule à pied ou montés sur des Raptors, le vacarme de leurs pas se répétant à l'infini au-dessus des lieux, renvoyé en échos par les montagnes toutes proches. Enfin, ils s'arrêtèrent devant les marches du palais et l'assemblée royale, se tournant et saluant d'une même voix.

" Trolls, gens de Kaz'an et de Karrog Nur, commença le vieux monarque déifié, nous partons à la guerre! "

" Pour Kaz'an, pour les Trolls et leur Empire ! " scandèrent en retour la foule et les soldats. " Pour l'Ombre d'Hëlmor! "

Dans l'ombre du trône de son père, Raven soupira à nouveau...


...

2 - Le Rêve

Un cris perçant, déchirant. Un hurlement qui sembla durer des années et occulter tout autre chose sous son désespoir et sa peine, emplir l’esprit pour éclater en un millier de lames acérées. Et des flammes et des ombres, dansant enlacées dans la nuit, envoyant les lueurs de leur valse se noyer dans des ténèbres insondables. Leurs braises incandescentes qui voltigeaient dans l’obscurité laissaient pourtant ce monde si froid et vide !

Il y eut une voix. Des mots cruels mordant son âme plus profondément qu’une épée. Des paroles de destinée, d’inévitable, de résignation. Des paroles qui enserraient ses pensées et se refermaient sur son cœur comme une serre glacée, et qui pourtant s’en retiraient aussitôt pour sombrer dans l’oubli. Puis la voix, toujours murmurante mais à présent claire et tranchante, dit :

" Tu seras la lame traîtresse parmi ta race, la flamme qui fera s’éteindre les ombres. Ton histoire s’écrira par le sang et les larmes des tiens, et nombreux maudiront ton nom. Mais tu es l’un de ceux qu'en ce jour je choisis, et l’acte plongera le nom dans l’oubli. Ce que tu accompliras sera plus grand que le règne de tous les rois de la terre. Par toi, nous serons plus que Dieux. "

La voix éclata de rire, un rire dissonant et blessant les sens. Au cœur de la nuit, le Troll se réveilla en sursaut. Les dernières paroles s’étaient dissipées, évanouies, comme les précédentes, mais un rire terrifiant résonnait toujours dans son esprit.

3 – La Mort

Un an plus tard...

La gloire et les honneurs promis au peuple Troll furent très tôt occultés par les morts et les blessés à présent comptés par milliers dans les lointaines terres de Lorndor. Nombre de guerriers valeureux périrent sous ces cieux étrangers aux mains d'ennemis inconnus mais détestés plus encore à chaque nouvelle perte. Pendant une année entière, le Pays de la Horde Sauvage déversa sa colère et sa hargne, ce qu'il comptait à la fois de meilleur et de pire, par-delà les montagnes couronnées de nuages et de fumées. Les raisons premières qui avaient poussé les peuples de Karrog Nur à marcher sur ce nouveau monde étaient oubliées, si du moins elles avaient déjà été connues. Il ne restait plus qu'un immense vide, rapidement comblé par un désir implacable de vengeance.

Kaz'an, autrefois calme et silencieuse, froide et noble, se dressant inflexible et grave au cœur de la jungle dévorante comme un pilier de marbre, était maintenant un enfer de bruit et de tumulte. Le fer des marteaux frappait contre l'acier des lames, la rumeur incessante des murmures des soldats qui se pressaient à travers les rues et les places faisait vibrer l'air rendu brûlant et étouffant par les flammes des forges et des vigies.

Seul le palais demeurait un refuge de paix au cœur de cette tempête, ses halls centenaires inviolés par l'agitation extérieure. Raven, maintenant âgé de quatorze années, n’en quittait les salles sans lumière que moins souvent encore. Le Troll tourna au coin du couloir qu’il remontait d’un pas rapide. Il était contrarié. Interrompu dans ses études de la Magie du Feu, il avait été convoqué aux appartements de son père, appel qui n’était jamais bon signe. Il gravit les escaliers de pierre menant à la chambre royale et se força à en pousser doucement la porte, qui grinça néanmoins sur ses gonds rongés par l’humidité enveloppant la région en permanence. Son père lui apparut immédiatement, silhouette sombre découpée dans un flot de lumière déversé par l’ouverture béante de l’immense fenêtre taillée dans le mur se dressant derrière lui. Élancé et robuste malgré son grand âge, il semblait cependant aujourd’hui courbé sous le poids des ans. Raven examina la pièce et constata seulement à cet instant la présence de toute sa famille et de plusieurs membres de la cour, tous rassemblés autour du vieil empereur. Il y avait même parmi eux un Orc et un des Immortels, immobile dans le peu d’obscurité permise par la fenêtre. Il ne manquait personne à la réunion, semblait-il, sauf son frère guerroyant toujours au loin pour la plus grande fierté de son père…

- Ton frère est mort, annonça alors ce dernier.

Il fallut un moment à Raven pour assimiler la nouvelle. Il avait toujours haïs son frère et toute l’admiration que lui portait sa famille et son peuple, et maintenant qu’il n’était plus il sentait tout ce mépris s’effondrer comme un château de carte. Pourtant, il éclata simplement de rire et déclara :

- Qui mènera vos troupes à la guerre alors, père, qui sera la prochaine fierté du peuple Troll ?
- Certainement pas toi, Raven, répondit brusquement le roi.

Le ton venimeux et brutal fut comme une gifle. Tous les yeux s’étaient posés sur lui. Ceux , désapprobateurs, parfois même méprisants, des membres de la cour. Le doux regard de Shkala, déçu par les paroles du père et du fils mais si apaisant parmi ces visages hostiles. Et enfin les yeux du Deux Fois Né, puits d’ombre indéchiffrables.

***
Le corps avait été ramené la veille, sous un linceul noir l’abritant de la pluie battante. Abri bien inutile, pensa le prince. Il avait fallu deux semaines au régiment ramenant la dépouille pour traverser les montagnes, à travers la chaleur humide et les moustiques. En fait, l’étoffe servait bien davantage à protéger les yeux des veilleurs. Cependant, tous les honneurs au sang royal avaient été rendus. À l’extrémité Nord du cimetière, qui avait triplé de taille depuis trois ans, le corps avait été mis en terre, la fausse recouverte du rectangle noir d’une immense dalle d’obsidienne, nue et lisse à l’exception du sceau de Kaz’an.

Raven se tenait près du monument funèbre d’un lointain ancêtre et observait la cérémonie d’un regard absent. La haute stèle de marbre piqueté de noir faisait obstacle au vent et aux gouttes, qui frappait et mordait la peau du reste de l’assistance comme des dizaines de minuscules éclats de verre. Shkala, à côté de lui à l’abri des éléments, pleurait. Il l’avait déjà vu verser des larmes, mais que celles-ci soient destinées à son frère qui les avait toujours considérés lui et sa sœur comme des parents gênants le troublait. Son père se tenait près de la tombe, droit, stricte, le regard dans le vague tout comme son second fils. Mal’gûn officiait à la cérémonie, qui s’acheva après un long silence quelques minutes plus tard.

L’assemblée se dispersa en groupes qui firent route vers la masse sombre et imposante du palais au centre de la ville, haute pyramide encadrée de tours.

- Père est très affecté, commença Shkala…
- Évidemment ! À en croire ses paroles, toute la lignée vient de s’effondrer ! Raven eut un rire dédaigneux. Il n’a aucune considération pour nous… Il n’en avait que pour Razan. He bien il n’a que ce qu’il mé…
- Raven, ton frère est mort !
- Ce n’était pas mon frère.
- Cesse de te cloîtrer derrière tes histoires de sang. Il l’était autant que mois je suis ta soeur.
- Tu n’est pas comme lui.
- Le même sang coule dans mes veines.

Il plongea son regard d’un bleu de glace dans l’azur violacé des yeux de sa sœur aînée et murmura, une tardive sensation de perte venant enfin troubler sa voix malgré les mots qu'il prononça...

- Mais toi… je t’aime, Shkala.