La plupart des êtres présents en Lorndor ressentent le besoin de raconter leur histoire, leur vie, leurs sensations... A l'instar de ces gens là, peut être pour un soucis de postérité, j'en ressens également l'envi.
L'image que la plupart des races se font des trolls est assez caricaturée, pour ne pas dire faussée. A quoi bon vouloir associer à telle ou telle race des multiples caractères qui devraient lui correspondre intemporellement et quel que soit le membre de cette espèce? Pareil à toutes les différentes formes de vie existantes, les facettes d'un troll sont multiples.
Mon père m'initia très tôt aux joies de la Poésie. Je parle bien de joie. Car comment exprimer autrement cette montée de chaleur au creux du ventre qui accompagne le chant d'un vieil aède ou la prose d'un chantre nouveau.
Et durant toute mon enfance, c'est avec ce divin agencement de mots que l'on appelle Poésie, que j'ai appris la Vie. Et que je sois bien compris, c'est aussi également de cette manière que j'ai appris la Mort...
En effet, mon père pris toujours soins de m'enseigner la Mort au même titre que la Vie, sans jugement de valeur. Il m'apprit à ne pas mépriser les Mort-Vivants dont on entendait les râles depuis ma maison qui surplombait le cimetière de notre village; car ceux-ci n'était qu'une autre facette de tout ce qui composait une existence. Il m'apprit à ne mépriser aucune race, et paradoxalement m'enseigna l'art de tuer de même qu'une fois qu'il me considéra prêt, il m'enseigna l'art de la poésie.
Pour lui, la vision manichéenne du Monde était une hérésie, dans le sens où elle impliquait une notion de Mal absolu ou de Bien absolu alors que ces mêmes notions étaient relatives à la race qui les considérait. En effet, chaque race avait son Dieu qui constituait son Absolu, alors qui des êtres vivants en Lorndor pouvait décider que son Dieu valait mieux qu'un autre, et donc que les valeurs qu'il pronait était plus honorable?
L'honneur donc, qu'il m'apprit également, comme le respect, parce qu'il les considérait comme des impératifs moraux, issus de la raison pure, et qui ne dépendait pas d'un quelconque jugement que l'on pouvait porter sur la vie.
Puis mon père fut tué.
Tué par des barbares nains, elfes, gnomes, humains, taurens, mort-vivants, grunts... et même trolls... Tué parce qu'il aimait déclamer des poèmes dans des auberges...
Suite à ça, je me mis en chemin, armé de l'épée de mon père et de la poésie qu'il m'avait inculqué et dont il m'avait donné le gout.
Sur ma route alors, je rencontrais un mort-vivant qui semblait épuisé. Je l'accostait, suivant le principe de mon père qui voulait que je ne méprise pas ces êtres. Nous passâmes la soirée ensemble à discuter, puis durant toute la nuit je lui récitai des poèmes chantant les Guerres ayant eu lieu en Lorndor.
Puis les jours passèrent, et nous voyagions toujours ensemble et nous décidâmes de fonder un clan. Un clan qui permettrait à toutes les valeurs de mon père de s'exprimer au grand jour. Un clan qui réunirait chaque êtres vivants ressentant le besoin d'exprimer la part de poésie qui sommeille en lui. Les Poètes Oubliés. Ainsi fut baptisé ce clan, et la grande aventure de celui-ci commenca...
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