Forum Heroes' Chronicles


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 Sujet du message: Sire
MessagePublié: Mar 14 Août, 2007 9:54 
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Inquisiteur sénile et gâteux
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Il était assis sur son trône de bois brut. Il était pensif, même totalement absorbé. Sa main droite ne cessait de faire des allers et venues le long de son menton et de sa bouche tandis que le coude était négligemment posé sur la cuisse. Son regard semblait absent et sa respiration était quelque peu saccadée, le dos ainsi cambré.

Par moments, son front se plissait, dans un effort particulier. Il semblait faire remonter à la surface des souvenirs très lointains. La concentration se lisait partout sur son visage. Des bruits provenant de l’extérieur filtraient dans la salle mal insonorisée du palais. Il avait eu l’occasion de voir des salles similaires dans d’autres palais et toutes étaient aussi mal isolées que cette dernière. Il faudrait en parler aux gnomes et aux nains pour qu’ils fassent quelque chose pour le prochain palais.
Car la demeure ~LH~ était déjà la proie des flammes, et beaucoup disaient qu’elle ne tiendrait pas la nuit. Alors quelle importance à présent, d’autant plus que les caisses du clan étaient vides pour le moment ; ce Nakor et son obsession des femmes de petite vertu nous avait coûté une fortune.

Enfin… Il savait qu’il lui fallait prendre une décision rapidement. Les hommes patientaient derrière la porte depuis plus d’une heure maintenant. Il les entendait piailler entre les coups de bélier donnés contre la herse, qui rechignait toujours à céder…

Un faible sourire apparut sur son visage qui se refusait depuis maintes années maintenant à vieillir. C’était le signe d’une libération prochaine, il le savait.

Ses deux mains se posèrent sur ses genoux, ses yeux retrouvèrent leur lumière habituelle de folie tempérée et bientôt sa respiration redevînt on ne peut plus normale. Il allait rendre sa décision…

Sire se leva, essuya avec soin son fessier princier avec la serviette mise à disposition et vida nonchalamment le seau d’eau dans la cuvette des toilettes. Il reposa le seau, attendit quelques secondes que les bruits de couloirs cessent, puis parla enfin :

- « Maître cuisinier, votre salade de la veille a eu du mal à faire son chemin. Elle était trop aigre et filandreuse. J’exige que vous nous prépariez du poisson ce soir, accompagné de patates ou d’une soupe légère. Il m’a souffert de goûter à vos plats. Allez en paix »

Je me retournais sans mot dire, acquiesçant ses ordres.

Ce fut la dernière fois que je reçu un ordre de Sire au sein du palais ~LH~. Cet événement ainsi que ses dernières paroles resteront à jamais gravés dans ma mémoire.



Extrait du journal de Palanqui, premier cuisinier de Sire au palais ~LH~

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MessagePublié: Lun 20 Août, 2007 8:41 
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Inquisiteur sénile et gâteux
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[…]
Tous les jeunes elfes désirant suivre l’enseignement de l’Abbaye devaient au préalable passer les épreuves d’entrée. Elles n’étaient guère compliquées pour un adulte, mais pour quelqu’un de jeune et ne maîtrisant que fort peu ses pouvoirs, cela pouvait se révéler insurmontable, d’autant plus que la sélection était plus que sévère.

Ils étaient onze cette année là. Onze à vouloir passer les épreuves de l’Abbaye du « Taureau né ».
Sire faisait partie de ceux-ci. Je m’en souviens comme si c’était hier.
Ce n’est pas tant son habileté, son talent magique, sa prestance, son charisme ou encore sa force qui m’impressionnèrent ainsi que les autres juges, car il en était totalement dépourvus, mais plutôt son sens de l’initiative, de l’improvisation et une certaine audace, voire effronterie.

Tous les juges, dont moi-même, nous accordèrent rapidement sur le fait que Sire était le plus pitoyable prétendant que l’on n’ait vu depuis maintes décennies. En fait, de mémoire d’elfe, on n’avait jamais vu si mauvais compétiteur à Taureau né (exception faite, bien entendu, d’un certain chef de clan allianceux dont on taira le nom).

Epreuves physique : Il fut incapable de soulever le poids, et donc, bien entendu, de le lancer ; Son sens de l’équilibre inné, ou peut-être son pied bot, ne lui permettait pas de rester sur un même pied plus de deux secondes consécutives ; Courir lui demandait un tel effort que je n’ai l’ai jamais vu faire l’épreuve ; son meilleur saut fut fait hors compétition, lorsque le juge Falk Hon lui annonça qu’il serait privé de repas étant donné ses piètres performances.
En fait, la seule épreuve physique où Sire brilla fut celle de la méditation. Nous ne pûmes rester que pantois devant sa performance : dix huit heures assis par terre, jambes croisées et yeux fermés.

Epreuves magiques : Sire aurait obtenu la note maximale pour l’allumage d’herbe à pipe ou de chandelle, si tant est que l’épreuve existât à la place de celle, officielle, qui consistait à faire prendre feu à une forêt. Ses performances étaient médiocres.
Pour ce qui était de résister à la magie, il était tout aussi mauvais, encaissant tous les coups, ne parant rien et ne parvenant jamais à effectuer le moindre contre-sort ni la moindre esquive.

Par contre, nous ne pûmes que saluer ses performances en matière de mimétisme. C’était en effet le meilleur de la bande des onze pour ce qui était de se cacher ou se fondre dans le paysage. Pour les épreuves grandeur nature de combat, il a toujours fait partie des finalistes, grâce à ce talent. On dit qu’il excelle toujours dans ce domaine.

Si je parle de cette personne dans mes mémoires, c’est par ce qu’il a changé ma vie.
Sire fait partie de la mille huit cent quinzième promotion du Taureau Né, et obtint la précieuse place grâce à un emploi méticuleux, sage et généreux de la bourse qui pendait à son côté.

Sans lui, je serai encore vierge, pauvre et moine dans cette Abbaye paumée. Sa prise d’initiative, le jour des examens, nous dupa tous.

Bref, Sire a brillamment réussi les épreuves de l’Abbaye la plus réputée du Lorndor avec les notes maximales dans toutes les épreuves. Ce fut une stupéfaction pour le père supérieur, mais il accepta l’entrée de Sire pour les sept ans que duraient l’enseignement, comme notre démission de l’Ordre le lendemain, et notre vie future de débauche et de péchés.

[…]


Extraits de « une vie » de Guy de Mots Passants.

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MessagePublié: Mar 21 Août, 2007 9:55 
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Inquisiteur sénile et gâteux
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[…]
Mon arrivée avait été annoncée la veille à Rezyek, notre bienaimé chef via pigeon voyageur. Sire devait venir prendre ses quartiers d’hiver au Palais ROI. Enfin !

Quelle excitation devait régner alors dans les demeures des membres du clan… Tout le monde se préparait à accueillir, comme il se devait, son hôte de marque. Jamais telle effervescence ne se voyait, sauf, peut-être, lors de la fête annuelle des pénitents, lorsque tous les inquisiteurs défilaient, tout de noir vêtu, en fouettant et invectivant les impies, ceux qui refusaient encore la foi allianceuse.

Des milliers de pétales de fleurs odoriférantes avaient été placés délicatement sur le chemin que devait emprunter Sire, depuis le pont levis, jusqu’aux marches menant au donjon.

Et voilà que le clairon sonnait de son instrument, prévenant, par là même, la maisonnée de notre venue, celle d’un être que je savais d’exception…
En quelques secondes seulement tout le monde était aux fenêtres ou dans les rues que devait emprunter le cortège. Tout le monde acclamait le retour de son héros. Je me sentais exulter, au comble de la joie et de la félicité. Cela faisait des semaines que je n’avais pas entendu telles acclamations en mon honneur.

Qui pouvait alors rester indifférent à la vue de ma personne, un si sublime être vivant au regard vert perçant.
Mes muscles, saillants, prouvant encore une fois que je n’avais rien perdu de ma force sans pareille. Mon corps était parfait. Je le savais et en jouais. Nul gueux, mécréant ou maraud, sinon Drogba ou Souma-kun, ne pouvait le nier.
Une aura particulière se dégageait de ma personne. Il était de notoriété publique que j’étais vraiment le digne héritier de ma race.
Une crinière sauvage, d’un blanc nacré à faire craquer n’importe quelle personne de la gente féminine, recouvrait mon chef.
Ma démarche, calme, altière et posée attirait le regard, et quiconque croisait ma personne ne pouvait qu’être emprunt de déférence et respect.

Je savais mes traits légèrement tirés, mais cela m’était facilement pardonné, du fait que je revenais d’une campagne longue et difficile contre les non-morts et autres gueux de bas étages. Mais cela n’était pas sans me donner un charme supplémentaire encore.

Je me rappelle de la fille du cordier qui me sauta littéralement au cou, folle de joie, avec un énorme bouquet de fleurs. Cette action improvisée faillit tout de même faire choir le vieux Sire, n’ayant pas vu venir la belle enfant.
De combien de jeunes filles abusais-je ainsi ? Le décompte serait trop long à faire. Personne ne disait jamais rien. Comment résister au charisme et à l’attrait de ma personne, ou simplement lui dire non… Cela était impossible.
Je fis un clin d’œil à la jeune pucelle, ce qui en disait long sur la suite des opérations prévue à la nuit tombée.

Mon âge était tout de même avancé pour quelqu’un de ma race, mais je n’avais alors rien perdu de ma vivacité d’antan. Le seul signe montrant au novice que je n’étais plus aussi jeune et vigoureux qu’autrefois était mon incontinence.
Et sur une route aussi longue que celle menant au donjon, on m’y prit à trois reprises à uriner à même le sol, et ce, sans la moindre gêne ou pudeur. Mais qu’importait… J’étais enfin de retour, acclamé comme un héros par une foule en délire.

Arrivé en bas des marches de la plus haute tour du palais, Sire descendit enfin, et ce fut un « tonnerre » (oui, oui, mais il n’y a pas de meilleure expression qu’en utilisant ce nom de clan tout pourri) d’applaudissements pour Gnome, le fidèle étalon du vieux. Nulle monture ne pouvait m’égaler en Lorndor, et mon nom était déjà l’objet à l’époque de bien des chansons et des contes.
Quant à mon Maître… L’histoire a retenu son nom, c’est déjà pas mal.

[…]


Extrait de « Biographie des Chroniques d’un Gnome Extraordinaire » de Jean Philippe Rats Mots.

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MessagePublié: Mer 22 Août, 2007 8:01 
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Boudiou… Pour sûr qu’oui que j’me souviens. C’était la journée d’la corvée de chiottes, comme qui dirait. La mère Michou était malade qu’elle disait alors j’ai du la remplacer pour virer toute la merdasse à la jaille.

J’étais dans’le donjon à c’te moment là, et voilà-y pas qu’on entend un gars qui gueule comme un putois d’en bas, de derrière la grille.
Comme c’tait aussi mon boulot de faire ça, j’ai fait ma concierge de service, mais c’tait pas besoin car y gueulait vraiment fort le bougre. Pis c’tait pas n’importe qui en plus. Thanos qui disait qui s’appelait. Et en plus que le vigile d’alors, le mari d’la grosse Berte (c’ui qui a engrossé la p’tite Jeanne à douze ans avant d’violer son frère), y l’y avait ouvert les portes. Et même que Rézi y l’attendait dans la cour, dessus de ses deux jambes bien fermes… Grrr…

Et l’vieux l’est passé d’vant moi à c’te moment là pour voir qui que faisait tou’ce remu-méninge. J’ai détendu l’oreille au plus que je pouvais mais j’comprenais rien à c’qui racontait en bas le chef des éclairs. Il parlait presque plus pire que le vieux grigou et y s’tenait vraiment tout droit, qu’j’ai cru un moment qu’c’était pour nous ramener l’balai d’la mère Dunis qu’elle avait perdu l’jour avant c’ui-ci.

Pis alors que j’réfléchissais à comment que j’allais sortir l’balai du troufion d’l’autre, y’a l’vieux qui s’est mis à parler tout seul. Y marmonnait dans sa barbe et tout que j’ai compris c’est « sénile » et « lâche ». L’arrêtait pas de répéter ces deux mots là.

Ben… Alors j’le vois qui commence à descendre les marches pour rejoindre l’balai parlant, pis que j’lentends qu’y stoppe au premier. Au début j’me suis dit qu’y devait vraiment avoir une grosse envie pour s’arrêter là, mais après j’ai entendu la rambarde du balcon qui grinçait. Cri-cri qu’ça f’sait. Et comme sa donzelle elle était d’sortie, qu’j’ai réfléchi à qui qui pouvait culbuter l’vieux.

Et crébond’la ! Vl’a-t-y pas que l’vieux y tente de se suicider, que j’le vois qui passe ses jambes au dessus d’la barrièstrade comme y disent. La mère Michou qu’elle aurait su quoi faire, mais moi qu’j’y connais rien. D’habitude c’t-elle qui sauve les bestiaux en détresse. Pas moi.

Bon, y met un p’tit temps à passer les deux jambes de l’aute côté l’vieux. Un moment j’ai hésité à lui ram’ner un escabeau pour l’aider. Mais l’a réussi. J’lentendais qui soufflait comme quand Rézi y monte un ch’val.

Pis s’est j’té dans l’vide. Y criait pas. Y disait rien. Mais y bougeait beaucoup des bras, comme quand titou y tient un animal dans la gueule qu’essaie d’fuir. Y gesticotait tout plein. Mais l’vieux, l’a beau pas être grassouillet comme le père Raymond, faut pas déconner. L’vent l’est moins lourd que lui.

Alors s’est écrasé comme quand on jette les raclures d’hordeux du sommet du donjon. Mais en moins vite… L’vieux l’a sauté du premier… Dommage…

Bref, quand j’lai vu étalé d’tout son long et qui bougeait plus, ben, j’ai hésité à lui vider mon seau d’merdasse dessus, pace que faut dire l’vieux l’est pas commode avec nous, y s’plaint tou’le temps, mais c’est pace qu’on comprend jamais quand y parle, avec son langage tout châtré comme y dit.
Mais finalement, y s’est relevé avant qu’j’ai pu prendre le seau, et l’est parti en marchant comme le père la grole, avé c’te démarche de canard bôteux.



Confessions obtenues par les Maîtres armuriers auprès de la « Damoiselle » Rolande, femme de chambre, et à l’occasion vendeuse de charmes, du troisième étage du donjon, alors qu’ils s’étaient simplement enquis auprès de la… de ladite personne… de savoir si leur chambre avait été faite.

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MessagePublié: Lun 27 Août, 2007 7:52 
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Je courrai à en perdre haleine. Comment avais-je pu m’assoupir alors que c’était le jour choisi par notre chef pour enfin faire part de sa « révélation ».
Arrivé devant les immenses portes de la salle du Trône, je ralentis l’allure, afin de ne pas faire trop de bruit et ainsi déranger l’assemblée réunie. J’entrouvris légèrement la porte et entrai.

La salle était plongée dans une semi pénombre. Des centaines de chaises avaient été alignées là où, habituellement, les courtisans, ambassadeurs et autres sujets ROI piaillaient sans relâche, complotant, désirant, quémandant une chose ou une autre.
Au fond de la salle, Sire siégeait, du haut du trône Royal. Cela lui donnait un air mystique, dans cette atmosphère particulière, avec son dossier incommensurablement haut et les deux petites bougies allumées sur chacun des accoudoirs.

Je l’entendais parler, mais n’avais pas encore le temps d’écouter, car je furetais à la recherche d’un éventuel siège vacant. Finalement j’en trouvai un, presque totalement au fond de cette gigantesque salle.
Sire ne m’apparaissait que comme un point lointain, mais sa voix portait jusqu’à moi et ceux qui m’entouraient aussi bien que s’il avait été juste en face. Les centaines de « spectateurs » écoutaient dans un silence monacal. Je l’écoutai alors avec une délectation non dissimulée, buvant ses paroles comme certains boivent du mauvais vin.

« Je sortis alors de la pièce. Il faisait une chaleur étouffante. Nous avions passé une excellente soirée, vraiment, et je comptais prendre un peu de repos avant celle prévue le lendemain. »

Des paroles me parvinrent alors de derrière ma chaise. Une voix, celle d’un elfe, certainement, étant donné le ton haut perché, dit : « c’est clair que je m’en souviens de cette soirée. T’as roupillé jusqu’au lendemain soir », et son comparse, gnome à entendre la voix, de répondre en riant aux éclats...

« J’avançais dans le couloir conduisant à ma chambre lorsqu’elle m’apparu. Elle était telle que dans mes rêves, lorsqu’elle hantait mes nuits. Mais cette fois-ci, elle m’apparaissait alors que j’étais encore éveillé. C’était une première.
Elle était sublime. Une véritable déesse. Sa longue chevelure brune miroitait. Elle était vêtue d’un simple pagne d’une blancheur aveuglante qui épousait ses courbes parfaites. Elle était pieds nus, sur le sol froid de la maison [M] mais ne semblait en ressentir aucune gêne.
Je m’approchai d’elle. Elle recula de quelques pas puis écarta les bras d’un geste ample et rapide, quoique gracieux.

Les mûrs, les portes, les tapisseries et boiseries du château disparurent à l’instant même, rapidement remplacés par un monde noir, sombre, rouge aussi. »

La voix de Sire se tut un instant. Les deux personnes derrière moi continuaient à pouffer, que ça en devenait énervant. Mais il reprit :

« Le monde qu’il me fut alors donné de voir était dévasté… Des hordes de barbares sanguinaires foulaient notre terre. De nouveaux monts avaient été créés. Mais lorsque la déesse me fit signe d’approcher, je vis que ce n’était en fait qu’enchevêtrements de corps sans vie : femmes, enfants, vieillards. Tous morts… Ces collines étaient pourtant immenses. Comment était-il possible… Je ne comprenais pas. Il n’y avait là que des gnomes, des nains, des humains et ceux de ma race. Mais que faisait donc l’Alliance ?

La voix de la jeune femme immisça alors dans ma tête… « Voilà ce qui va arriver Sire. Voilà ce qu’il va se passer. Contemple ce qui peut-être interprété comme une partie de ton œuvre. Oui, oui… Ne nie pas. Car cela sera en partie de ta faute, car tu n’auras rien fait pour l’empêcher. Rien… »

La voix sortit de ma tête. Mais les images se succédèrent ainsi pendant encore de longues minutes.
Ainsi pussé-je voir ce qu’il restait du Royaume Elfe, totalement dévasté et envahi par les ronces, charognards et cadavres putréfiés.
Ainsi pussé-je contempler les derniers hommes de ma race vivants, travaillant sans relâche, sous l’œil inquisiteur de hordeux, à l’édification d’une statue immense représentant une quelconque divinité.

La vision cessa alors… Les mûrs du château reparurent. J’étais à terre, le souffle court. La femme me regardait. Pas un sourire n’éclairait son visage angélique. Des larmes de tristesse et de peine coulaient le long de ses joues.
Elle leva alors sa main droite et dit d’un ton solennel… »

La voix des deux branquignols me parvînt alors aux oreilles : « Il ne va quand même pas raconter ça… ? »

Puis celle de Sire reprit le dessus.

« Tu as été choisi, Sire. Le lourd fardeau qui t’incombe désormais n’est plus que sous ta responsabilité. Cette tâche, qu’est la sauvegarde du Lorndor, t’est dévolue. Tu peux t’y soustraire, mais en ce cas, tu sais ce qu’il arrivera. Si tu ne trouves pas le moyen, personne ne le pourra. »

Dans un souffle venu de nulle part, ce songe vivant disparut. »

On entendait toujours les deux compères ricaner derrière…

« Cela ne pouvait arriver. Je ne pouvais laisser faire ce désastre sans réagir. Aussi ai-je tenté dès la chute de la maison [M] de faire changer les choses.

Voilà pourquoi Sire, le défenseur zélé de l’Alliance devînt ce qu’il est aujourd’hui. C’était une mission divine qui m’avait été confiée, et il faut à présent que je la continue sans relâche, encore, et encore, et encore jusqu’à ce que ma tâche soit accomplit ; que l’Alliance triomphe, et que la horde expie à jamais pour les péchés qu’elle aurait pu commettre. »

Sire se tut alors. Les lumières dans l’immense salle du Trône s’allumèrent toutes à la volée et toutes les gens présentes dans la salle commencèrent à regagner leurs appartements, maintenant que le récit était fini et la soirée plus qu’avancée.

Je commençai donc à quitter cette cathédrale de verre et de marbre, et entendis encore les deux personnes qui n’avaient cessé de discutailler durant homélie. Je reconnus immédiatement Nakor, maintenant que la lumière était revenue, le second de Sire du temps des ~LH~. Par contre, je ne connaissais pas son ami.
Ce dernier bassa soudainement la voix, et dit à Nakor :

- « Franchement, tu n’as pas honte ? Mais va lui dire au vieux qu’il débloque complètement. Il s’était pris une murge ce soir là, et en plus il avait goûté à tes fameuses herbes provençales, lui qui déteste fumer.
- C’est vrai que ça commence à aller loin…
- Et n’oublies pas de lui dire que sa déesse n’était autre qu’un balai adossé un mûr. Rien de plus. Il lui a parlé plus de trois quarts d’heure ce soir là, si je me souviens bien, juste après nous avoir quitté pour dégobiller…
Si c’est ça sa déesse, me demande comment il a trouvé sa femme.
- Hahaha… Oui, je me souviens. On le regardait, affalé par terre à parler tout seul…
- Oui, enfin bon, il commence à prendre un peu trop au sérieux son histoire. Tu as vu tout ce monde réuni ? Au moins six cent personnes.
- Et ? C’est nous qui tenons la caisse non ? Alors ? Tant que le vieux attire les badauds et les foules, laissons-lui croire qu’il a vu je ne sais qui et qu’il a une mission divine à accomplir pour le bien de tous.
- Mouais… Mouais…
- Faudrait penser à organiser des visites guidées et des pèlerinages tiens…
- Dans un couloir ? Pas sûr que ça attirerait trop de monde mais bon…
- Bon, allons compter la recette de la soirée.
- N’empêche que pour inventer une histoire dans le style faut être sacrément dérangé. A croire qu’il a subit des trucs louches dans son enfance. A ce propos, son valet de chambre m’a raconté l’autre jour que le vieux Sire s’était levé en pleine nuit, alors que les… »

Les deux compères sortirent alors de la pièce et s’en furent dans les méandres du palais ROI sans que je ne puisse entendre la fin du récit.

Après quelques secondes, je sortis à mon tour, jetant un dernier regard en arrière sur Sire, mélangé entre l’admiration que j’avais toujours eu pour cet homme et son œuvre, et les propos affligeants et certainement mensongers que je venais d’entendre et qui faisaient écrouler le mythe.



Confession de Mot Lierre, membre du clan ROI

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MessagePublié: Lun 10 Sep, 2007 8:19 
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Il était trois heures du matin passées. Sire venait de quitter son bureau à l’instant même, et j’eus pour ordre de ranger quelque peu la pièce.

J’entrai dans le Saint des Saints muni d’un simple candélabre d’argent, une bougie luisant en son sommet. La lumière émanant de cette dernière était faible, d’autant plus que la pièce semblait très vaste.

Après quelques pas, je trébuchai, me rattrapant de justesse. Maudissant l’objet qui m’avait fait perdre pieds, je me retournai alors et vis un corps, étendu par terre. A en juger par les entrailles répandues un peu partout sur le sol, je déduisis assez rapidement qu’il dut être mort. Pauvre orc… Je lâchai alors un gros coup de pieds dans le monstre qui gisait, pestant sans relâche, sachant que le nettoyage du sang séché sur le tapis me prendrait au moins deux bonnes heures.

Je continuai à avancer presque à tâtons dans la pièce obscure et sombre. J’arrivai jusqu’à un bureau. Je trouvai là deux chandeliers à deux branches, et les allumai prestement.

Quelle ne fut pas ma surprise : Outre l’orc à même le sol, trois autres monstres de race hordeuses goûtaient depuis leur chevalet de mort où ils étaient attachés. Le tauren, le mort-vivant et le troll ainsi plantés étaient tous éviscérés.
Cette vision me répugna, et dus m’asseoir quelques instants à la place du maître de maison.

Doucement, je repris mes esprits, me demandant comment je pourrai nettoyer tout ce chantier avant l’aube.
C’est alors que mes yeux s’égarèrent sur les documents étalés devant moi. Une demi-douzaine de feuilles de parchemin manuscrites.

Mes yeux s’y perdirent quelques instants…

« En cette fin d’été, je me décide enfin à mettre en pratique, et surtout à coucher sur papier, les enseignements et techniques que j’ai longtemps pratiqués.

D’aucuns disent que les haruspices sont des imbéciles. Je sais déjà depuis plusieurs années que ce n’est pas le cas. Mais des choses se trament en Lorndor et il me faut en avoir le cœur net.

Je me suis décidé à commencer avec l’orc. Comme tous les autres il est inconscient et solidement attaché au chevalet de travail. J’approche la petite table à roulettes et la cale au niveau de son ventre. Ensuite, d’un geste sûr et précis, je pratique une légère incision du haut en bas de sa poitrine.
J’écarte doucement les deux parois, et, dans un râle, les boyaux et autres viscères du mécréant se déversent sur la table, m’éclaboussant au passage…

Alors commence la lecture…

Une jeune elfe est dans un carrosse. Celui-ci est rapide, et d’autres personnes l’accompagnent. Des successions de mots épars se suivent ainsi, et, finalement, la machinerie s’arrête dans la cour d’une immense ville.

Je reconnais alors l’infâme créature qui en descend. Ce n’est autre que Dame Argowal… Elle s’empresse, une fois les trois marches descendues, d’aller embrasser PrinceNoir, le vil hordeux qui l’attend là…

La lecture devient malaisée… J’ai du être floué sur la marchandise avec cet orc. Il ne devait pas être de première jeunesse pour lire si peu.

Enervé, je coupai les liens qui le retenaient et il s’effondra sur le sol, telle une loque. Je passai au livre suivant… Le tauren…

Celui-ci ne semble guère en bon état. Une longue entaille coupe déjà son ventre. Apparemment sa capture ne fut pas de tout repos… Je pris à nouveau mon couteau, une fois la table roulante […].

Un dîner… Que de hordeux… : PrinceNoir, Elyra, Argowal, Grom, Khemri et… Hum… un PUC : Kalays. Je ne savais pas son alignement si mauvais. Le dîner semblait bon enfant, dans cette atmosphère viciée. Je lisais qu’ils s’amusaient bien, rigolaient et piaillaient.

[…]

Je tourne l’intestin du troll…
Et ça se dit drow… Apparemment, la réunion des hordeux continue. Dans un parc à présent. Le soleil est haut dans le ciel et l’air est sec et légèrement frais.
Ils jouent, ils s’amusent, ils rient… encore… Mais que vois-je… D’autres PUC ont rejoint celui de la veille… Kaze est là, ainsi que le grand père de Kalays… Jecht.

Et qui se cache au lieu. Qui a les yeux rivés sur le sol pour ne point montrer sa mimine… ? Je trifouille dans les entrailles et entrevois enfin la réponse. Mais est-elle possible ? Macros le Noir et Addax sont tous deux en train d’échanger et de rire avec cette bande d’ivrognes assoiffés de sang d’allianceux…

Tiens… Elfried est là aussi. Pourquoi cela ne m’étonne-t-il guère ? Et certains Fear… Oh… qu’est donc devenu l’Alliance…

Décidément, la lecture de cette créature du démon est instructive…

La fête se poursuit même la nuit tombée. Addax, que les gens l’appellent « biquette », semble avoir été rendu fou par la boisson. Etrange… Addax jouent avec les hordeux. Il a fait équipe avec Macros.
Je ne comprends pas… Je parviens à m’approcher mais… Comment est-ce possible ? Ils me voient ? Ils me parlent ? C’est impossible ! Je lis le futur… Pourtant ils s’adressent à moi, hordeux comme allianceux…

D’un coup de poignard, je répands au sol ces inepties avant de les piétiner sauvagement. Jamais je ne pourrai adresser la parole à ces gueux de bas étages. Impossible !

Mais est-ce vraiment le futur que j’ai vu là ? Où alors un futur de paix, les hordeux ayant baissé les armes… enfin…

Je passe au dernier des prétendants. […]

Ses entrailles sont en mauvais état. J’aurai du le prévoir. Tout est putréfié chez ce mort vivant… Nous retrouvons une vieille équipe. Toujours les mêmes. Ils se promènent dans un par cet dans ce qui semble être la bibliothèque du Lorndor.

[…]

Une fois sortis de l’auberge, ils s’enfoncent dans une taverne. Addax et Macros sont toujours là, accompagnant ces hordeux de bas étages. Comment aurai-je pu me tromper ainsi sur leur destinée. C’est impossible.

Il est deux heures passées. Peut-être la lecture chez des êtres encore en vie n’est-elle pas aussi sûre et certaine que chez des morts ? Il faudra que je parle de tout ceci à Rezyek, il s’y connaît davantage en ce domaine que moi… »

Ces écrits étaient étranges, décousus… Sire parviendrait-il à voir l’avenir dans les entrailles de nos ennemis. C’était vraiment bizarre.

Finalement, après avoir relu quelques passages intéressants, je me remis à ma tâche qu’était le nettoyage de ce cimetière.




Journal intime de « Albert », valet de chambre à la cour des ROI.

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MessagePublié: Lun 05 Nov, 2007 9:44 
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Inquisiteur sénile et gâteux
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La foule devant l’édifice était impressionnante.
Heureusement que nous étions arrivés tôt. Depuis déjà quatre heures nous campions devant la herse, attendant l’ouverture. Environ une demi-heure après le lever du soleil, une petite humaine menue, mais à l’air peu amène, fit entrouvrir la herse et une trentaine de personnes dont moi et ma famille purent s’engouffrer dans l’enceinte du prestigieux palais.

Sans écouter les cris de protestation provenant de l’assemblée qui patientait encore dehors, elle fit signe aux gardes de rabaisser la grille. Elle leva alors une sorte d’ombrelle rose fuchsia et vert kaki, l’agita quelques secondes dans les airs puis parla suffisamment fort pour être entendue de tout le petit groupe :
« Suivez-moi, s’il vous plait… »

Elle commença à avancer dans la cour pavée du palais, puis sa voix monocorde et lancinante débita un texte qu’elle semblait avoir déjà récité des centaines de fois. Nous n’en tînmes pas compte, et écoutâmes avec grands yeux et respect la vieille humaine.

« Nous nous tenons là dans la cour du palais ROI. Telle qu’elle vous apparaît, elle n’a pas changé depuis sa construction, il y a de cela deux ans. Les pavés proviennent de carrières naines réputées, comme celles de Kheled-Zâram, et ont tous été taillés main et positionnés respectant certains angles choisis par des esclaves hordeux sélectionnés avec soin. Vous pouvez voir que les formes géométriques…

Comme je vois que ce que je vous raconte ne vous passionne pas plus que ça, je ne vais pas vous faire perdre votre temps et vous le mien… Nous allons donc directement nous rendre dans les appartements privés de Sire »

Un murmure de contentement traversa l’assemblée et quelques applaudissements se firent même entendre.
La guide leva de nouveau son superbe instrument bariolé de protection contre le soleil, et la visite continua donc…

« Nous entrons par l’entrée principale, plus communément appelée entrée Alliance, du nom du célèbre Dieu qui… ». Le brouhaha incessant durant la montée des marches m’empêchait de tout entendre comme je l’aurai souhaité.
[…] et cet escalier monumental est unique en Lorndor. S’élevant au milieu de la salle des gardes du Château, sa structure est faite de deux hélices, une normale, si je puis m’exprimer ainsi, et une pour les petites gens, telles que les nains ou les gnomes, avec des marches plus petites. Ces deux escaliers en un se superposent, sans jamais se rencontrer, et on dit souvent que lorsque… »

La guide s’était engouffrée par une porte en haut de l’escalier, ne nous permettant pas d’entendre la suite du récit.

« Nous entrons à présent dans la chambre à coucher de Sire.
Allez, s’il vous plait… Entrez, entrez, vous bloquez l’accès aux derniers. Bien…
Alors, je vous prie par avance de nous excuser pour l’odeur, mais les femmes de chambre viennent juste de passer et d’ouvrir les fenêtres… Et comme Sire couche encore ici…

Bref, comme vous pouvez le constater, cette chambre de style Nalin, est entièrement tapissée de rouge et vert.
Cette petite table de travail en marbre et ivoire que vous voyez dans l’angle provient de la collection personnelle de l’ancien Shah des CGT mais n’est guère utilisée que comme ornement, Sire ayant un cabinet de travail. Nous visiterons d’ailleurs tout à l’heure cette pièce là.

La cheminée est une des plus grandes qu’il soit possible de voir en Lorndor. Elle est entièrement de confection naine et sa construction a duré pas moins de six mois…
S’il vous plait Madame, ne vous penchez pas. Cette cheminée sert souvent et n’a pas été ramonée depuis des lustres, les esclaves orcs manquant cruellement ces derniers temps.

Enfin, vous pouvez admirez ce lit, style très… siréen, avec ce dais surplombant l’ouvrage et les pieds du lit en forme de pattes de tauren à l’avant, et pattes de troll de l’autre côté.

Si je puis me permettre, on dit que plus d’une femme a couché dans ce lit, Sklerijenn comprise, heureusement. Certaines grandes Dames sont passées par ici, d’ailleurs, pas toujours de sang bleu, mais qu’importe. D’aucuns disent que Argowal, Curwen ou Alea ont passé plus d’une nuit dans ce lit en compagnie de Sire… Mais allez savoir ce qu’il en est réellement.
D’ailleurs, pour vous Mesdames et Mesdemoiselles, je tiens à signaler que Sire est célibataire en ce moment. Avis aux intéressées…

S’il vous plait… S’il vous plait Mesdames… Un peu de tenue… On ne s’entend plus là. Sire est célibataire, mais n’a pas l’habitude de prendre pour épouse la première gueuse hystérique, gueularde et pithiatique venue.
Oh ! S’il vous plait. Messieurs… Essayez de calmer vos femmes et filles ou la visite va s’arrêter là sans passer par la salle de bain.

Voilà qui est mieux. Je vous remercie…

Si vous voulez bien me suivre, nous allons nous rendre dans la pièce contiguë qui n’est autre que la garde-robe. »

Nous suivîmes à nouveau le guide, et débouchâmes rapidement dans la pièce suivante.

« Vous pouvez admirer sur les quatre murs certains des trophées de chasse de Sire : Orcs, taurens, trolls et non-morts en majorité. Tous ont été empaillés et montés dans les célèbres cavernes elfes de Nargothrond.

Cette pièce n’ayant rien d’extraordinaire, puisque c’est celle où se vêt Sire, nous allons continuer notre visite par la salle de bain personnelle de Sire,… et je vous prierai, Madame, de bien vouloir reposer le caleçon qui était sur le fauteuil là où vous l’avez pris avant de quitter la pièce. Oh… ! Et cessez de le humer comme une démente, c’est indécent ! Reposez-le ! Ce caleçon est sale, je vous préviens… Ah !... Vous êtes répugnante Madame.
Bien, quand même… »

La plupart des gens avaient regardé la femme faire ses mimiques. Beaucoup semblaient scandalisés, mais dans le regard de nombre d’entres eux on aurait pu voir pointer une once de jalousie…

Nous continuâmes à avancer…

« Voici donc le lieu où Sire fait ses ablutions. Cette grande baignoire de porcelaine blanche a été fabriquée sur commande spéciale pour Sire.
Trois personnes peuvent y prendre place en même temps, mais on rapporte que Sire préfère les tête-à-tête. A ce propos, le premier valet de chambre de Sire aurait quelques histoires passionnantes à vous raconter sur l’histoire de ce bain, mais il lui a été intimé l’ordre, ainsi qu’à moi-même, de ne rien dire. »

Une fois un soupir commun de déception passée, l’humaine reprit :

« Une fois sorti du bain, Sire se badigeonne de parfums et fragrances fabriqués par des hommes dévoués, grâce à des alambics gnomes de toute nouvelle génération.

Les petits carreaux bleus aux teintes mouvantes que vous voyez sur les mûrs proviennent d’une carrière de pierres trolle dont je ne puis vous révéler le nom, par souci de discrétion.

Mais que… Monsieur, vous voyez bien que cette femme s’est évanouie, relevez-la voyons !
Allez Madame, on se remet de ses émotions…
- Ne faudrait-il pas lui faire sentir quelque parfum pour la remettre sur pieds
- Oui, ben, on me l’a déjà fait le coup. Ces parfums coûtent une fortune et la gueuse simule… Vous allez voir qu’une bonne baffe va la remettre sur pieds…
Paf…
- Aille !

Allez, on continue la visite… Et vous cessez de tripoter tout ce qui vous passe sous la main, merci…

Nous entrons à présent dans le cabinet de travail.

Vous pouvez constater qu’il n’est pas d’une taille négligeable par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir.

Les étagères sur les trois murs là, couvertes de livres, ont été fabriquées sur commande spéciale. Vous en trouverez une similaire dans le bureau de Rezyek, le chef du clan ROI.

Oh… Ca va, ne vous exclamez pas comme la paysanne qui découvre la ville pour la première fois, Madame. S’il y a autant de livres, ce n’est pas tant que Sire est un érudit, un sage ou je ne sais quelle autre gueuserie dans le genre, comme qui dirait. C’est simplement que Sire est très frileux, comme vous avez pu le constater dans la chambre à coucher, et qu’il n’est pas très doué pour faire des feux. Donc les livres sont la seule chose qui prenne facilement selon lui.
Oui, oui, oui… D’où le nombre de livres dans la pièce.

Sur les plafonds sont peints des scènes de la mythologie lorndorienne. Vous reconnaissez par exemple là-bas la création du monde. Un petit peu plus loin vous pouvez observez la mise en cage d’Irgul, cage récemment retrouvée d’ailleurs. Au centre, vous voyez représenté Alliance.

Bon, voilà Mesdames et Messieurs, la visite est terminée. Si vous avez des questions, je vous serai gré d’être bref. Je tiens aussi à vous rappeler que cette visite fut gratuite, journée du patrimoine en Lorndor oblige. Une petite obole ne serait donc pas de refus.

Allez, suivez-moi jusqu’à la sortie…

Au revoir… »

Je passai devant elle sans rien donner et ne reçu pour au revoir qu’une sorte de ronchonnement légèrement inaudible. Mais qu’importe. Enfin, moi, un petit d’entre les petits de l’Alliance connaissais l’entre de Sire. Un inextinguible sourire s’étalait sur mon visage, et ne devait disparaître que plusieurs jours plus tard.




Récit de boilôt extrait de ses mémoires posthumes.

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MessagePublié: Jeu 08 Nov, 2007 13:10 
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Une silhouette emmitouflée et pliée en deux suivait la visite guidée.
Le resquilleur, qui ne voulait visiblement pas être reconnu, semblait cependant être déçu.
La cour du palais, il l'avait déjà vu depuis la herse, et les fameux escaliers n'étaient pas si impressionnants que ça.


*Bon, la chambre de la vieille carne maintenant... Une odeur de mort vivant, on dirait.*

Citer:
Cette petite table de travail en marbre et ivoire que vous voyez dans l’angle ...

*Une table de travail en marbre, on ne se refuse rien, dis donc.
Mais vaut mieux qu'il s'y habitue, comme à la terre, d'ailleurs. hé hé hé...*

Citer:
...mais n’est guère utilisée que comme ornement, Sire ayant un cabinet de travail. Nous visiterons d’ailleurs tout à l’heure cette pièce là.

*Visiter les toilettes? quelle vulgarité. Le fait qu'il y passe des heures à lire ne rend pas l'endroit plus intéressant.*

Citer:
S’il vous plait Madame, ne vous penchez pas. Cette cheminée ...

*Mais c'est quoi ces groupies, elles sont payées, ou quoi?*

Citer:
Voici donc le lieu où Sire fait ses ablutions. Cette grande baignoire de porcelaine

*Je le savais! Le vieux Sile est un abluti ha ha ha...*

Citer:
Sur les plafonds sont peints des scènes de la mythologie lorndorienne

Voilà, enfin un peu d'espace pour m'exprimer.
Avec son index osseux, le visiteur clandestin, courbé, gravait quelques mots au bas d'une fresque, en ricanant:
Exar was here (ça veut dire Exar était là, en anglais).
Il releva cependant la tête à la mention d'un nom qui lui était familier
Citer:
Un petit peu plus loin vous pouvez observez la mise en cage d’Irgul, cage récemment retrouvée d’ailleurs.

Quoi?
Il venait de graver son nom sur la fresque représentant cette grossière erreur qu'ils avaient tous fait en enfermant le démon.
Et m... trop tard, c'est gravé. J'peux pas laisser mon nom sur c'te croute.
Citer:
Bon, voilà Mesdames et Messieurs, la visite est terminée...Je tiens aussi à vous rappeler que cette visite fut gratuite, journée du patrimoine en Lorndor oblige...

Ah ben mince, c'était gratuit? Je suis passé par l'entrée de service pour rien, alors? tsss.

Mais notre visiteur restait sur sa faim et se décida à poser une question.
Bon, la visite n'était que peu intéressante jusqu'ici, à part les plafonds de la chapelle Sixt'inn.
Mais je ne suis pas venu ici pour rien non plus, donc je vais aller droit au but, quand et où verrons nous la tombe de la vielle carne?
Je suis venu de loin exprès pour ça, hé hé hé...


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MessagePublié: Lun 17 Déc, 2007 9:48 
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Inquisiteur sénile et gâteux
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Un cri retentit dans l’immense demeure. Un cri perçant, qui transperçait l’air, la pierre, les chairs même. Un cri à faire fuir n’importe quel pleutre. Un cri qui aurait pu faire s’effondrer une demeure faite de terre, de chaume et de bois. Heureusement que notre demeure était aussi solide que le roc…

Je me précipitai aussi vite que ma lourde armure me le permettait vers la source de ce vacarme. Plusieurs autres personnes suivaient mes pas à ce que j’entendais.

Arrivé à la source des cris, j’entrai dans le cabinet de travail de notre chef originel, Sire. Je le vis alors, la bave aux lèvres qui dégoulinait le long de son menton. Il fulminait, non… Il criait, non… Il gueulait comme un putois.
Plusieurs autres personnes étaient alors entrées dans la pièce et ne savaient trop que faire. Tous regardaient Sire, qui éructait, criait encore et toujours quelque chose de tellement fort que c’en était incompréhensible. Il était rouge de colère et de rage…

Alors, il s’aperçu de notre présence. Il nous dévisagea un court moment, puis, se précipita… sur moi. En quelques petites foulées il arriva jusqu’à ma personne. Il s’arrêta alors, puis tira sur le cor de garde que je portais à mon côté droit dans le but, sans doute, de me l’arracher. Après quelques secondes à tirer comme un forcené musclé comme une serpillère, il s’arrêta, reprit son souffle après cet effort, puis se pencha et souffla dans le cor aussi longtemps de possible sans qu’aucun son n’en sortit. Finalement, après plusieurs secondes, et un essoufflement certain, il m’ordonna de souffler moi, puisque tel était mon métier, dans la corne.

Dans le même temps, Sire se précipita à la fenêtre, et hurla aussi puissamment qu’il lui fut possible que nous étions assiégés.

D’un coup, ce fut l’effervescence. La herse du palais fut abaissée tandis que le pont levis était remonté. Il s’en fallu de peu pour que certains visiteurs ne puissent quitter le pont mouvant avant qu’il ne soit en haut… Les brochets vivant dans nos douves étaient nourris quotidiennement, donc beaucoup eurent de la chance, puisqu’ils avaient déjà reçu leur pitance le matin même.

Sire fonça alors sur un mur de la pièce où nous nous trouvions, et montra à toute l’assistance la fresque montrant Irgul se faisant enfermer par la déesse dans sa sphère de magie. C’est seulement lorsque nous nous approchâmes que nous vîmes l’horreur, que dis-je, l’abomination qui avait été perpétrée en ce Saint lieu.
En grosses lettres de sang, nous pouvions tous lire « Exar was here ».

Une fois remis de notre surprise, Sire reprit sa litanie :
« Exar… Exar a pénétré au sein même de notre demeure. Ce traître, ce pariât, ce pleutre, ce pendard, ce vaurien, ce maraud, ce cuistre, ce bélître… », il reprit alors son souffle, puis cracha toujours sur le même ton : « ce gueux de bas étages, ce quémandeur, ce renégat, cet inférieur, ce vil hordeux quoi, a mis les pieds ici, dans mon cabinet de travail, sous vos yeux.

Je ne sais pas quelle malédiction il a écrite sur le mur, car je ne sais quelle langue maudite il a usé pour réveiller les démons de l’autre monde, mais Exar est passé ici, car aucun allianceux saint d’esprit n’aurait osé profaner ce lieu. »

Après qu’il nous eut regardé tous un par un dans les yeux, il reprit : « Je veux et j’ordonne que tout le palais soit fouillé de fond en comble. Exar est peut-être entré, mais s’il en encore dans cette enceinte, il ne pourra s’en échapper sans y laisser quelques os.
Le Palais est certes grand, mais il n’existe nul lieu en son sein où il puisse se cacher. Nos sens allianceux sont plus aiguisés que les siens. A vivre sans cesse dans la pénombre, il ne peut, ici, que ce déplacer à tâtons, étant donné la clarté de nos pièces. A force de vivre dans la pourriture de ses cavernes, son odorat totalement déficient ne peut dénoter nos approches. A entendre les hordeux agonisants hurler jusqu’à la mort à tue-tête, son ouïe lui fait défaut, et ne pourra nous entendre.
Mais malgré toutes ses faiblesses, il nous faut nous méfier, car il est rusé, vil, fourbe, car, par définition, il est hordeux. Et ne me parlez pas d’intelligence. Tous les hordeux naissent sans cervelle ou presque, cela a été prouvé scientifiquement je vous le rappelle. Malheureusement, la chance le suit, car certains Dieux dont les noms n’ont pas à être prononcés ici, tiennent à ce qu’il reste en non-vie…

Que chacun soit vigilant, sur ses gardes… Bonne chasse ! »

Sire se précipita alors vers la fenêtre, enjamba le parapet, hésita un instant, puis rebroussa chemin pour se diriger vers la cour principale.

Il crachait des ordres à tous les hommes qu’il croisait. Lui-même prenait part aux recherches, suivit toujours des deux mêmes acolytes : un serviteur, qui transportait avec lui une chaise pour qu’il puisse se reposer dès qu’il le souhaitait, et son médecin personnel qui prenait peur à chaque fois que Sire essayait de courir.

Mais à la tombée de la nuit il fallu se rendre à l’évidence. Le palais avait été passé au peigne fin. Pas une pièce, pas un centimètre carré n’avait pas été épargné, ausculté par nos soins.

Sire, toujours aussi rouge de colère à l’idée seule qu’un non-mort, serviteur de la horde, ait pu se rendre dans notre palais rendit alors son verdict.

« Puisque vous ne pouvez le trouver, nous allons l’obliger à sortir de sa cachette… Enfumez-le ! Mettez le feu au palais, il sera bien obligé de sortir de sa minable cachette ! ».

Se rendant vite compte que personne ne bougeait, Sire s’empara d’une torche que tenait un garde juste à côté de moi, et commença à s’approcher des écuries. Mais avant qu’il n’ait pu lancer son flambeau, il reçu de la part de Nakor un coup derrière la nuque et s’effondra dans l’instant.

L’officier ROI parla alors :
« Bon allez… On est tous fatigué. Fini les conneries pour aujourd’hui. Au lit maintenant ! ».

Nous laissâmes Sire dormir à même le sol et rejoignîmes tous nos chambrées dans les minutes qui suivirent.


Récit de Allégoriz, garde du Palais.

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MessagePublié: Lun 11 Fév, 2008 17:44 
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Inscrit le: Jeu 16 Mars, 2006 11:49
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- C’était comme le plus beau jour de ma vie…
- Racontez-moi, Sire… Je meurs d’envie de savoir ce qu’il s’est passé…
- Et bien… Hier soir, je suis allé à une soirée… Elle était différente des précédentes à laquelle j’avais assisté jusque là. Je dois bien le dire…
- En quoi était-elle différente ?
- Et bien… Quand je suis arrivé, seules deux personnes étaient déjà présentes : Zelltemplar et Méphisto. Tous deux discutaillaient joyeusement. Je me suis joint à eux, tout naturellement.
Pendant quelques minutes, nous avons devisé, tranquillement sur l’avenir du Lorndor, thème de la soirée qui devait avoir lieu.
Puis, alors que Méphisto était en train de parler de la nouvelle façon dont il avait usé des potions d’invisibilité sous les douches du clan Hirdéor, une foule d’invités est entrée.

Méphisto et Zelltemplar ne semblèrent pas surpris de voir venir là la totalité ou presque des plus grands chefs et officiers de clan allianceux… Mais aussi hordeux. Hordeux au sens large, bien entendu, ce qui inclus des clans comme les DTC ou encore les Drow…
- Que s’est-il passé alors ?
- Et bien, comme nous autres, les nouveaux venus se débarrassaient de tout leur attirail à l’entrée, le port d’armes étant interdit durant le banquet, histoire d’éviter tout incident. Je dois avouer que j’étais heureux d’être mage alors…
Nous avons gentiment discuté pendant l’apéritif. Je me surprenais moi-même, car parvenais à être poli, respectueux et même agréable avec tous les invités, quels qu’ils soient. Beaucoup de chefs hordeux sont venus me saluer et, je dois bien avouer que, excepté Earendil, la plupart m’ont semblé plus que sympathiques…
- Pourquoi Earendil ne vous a pas semblé sympathique ?
- Et bien, sans doute est-ce dû au fait que ce vil hordeux s’est acoquiné avec mon ancienne femme, Dame Sklerijenn, cette catin, épouse infidèle, mauvais mère et…
- Oui, oui, je sais, continuez si vous voulez bien, il me tarde de connaître la suite.
- Et bien, donc, beaucoup sont venus me saluer. Je me souviens particulièrement de PrinceNoir, qui est arrivé en volant, pour faire le malin sans doute, puis il a effectué une petite courbette devant ma personne. Je dois bien dire que cela m’a fait un choc, mais que j’ai apprécié le geste. Il était sympathique, et, contrairement à ma croyance, savait, comme beaucoup des hordeux présents, s’exprimer autrement que par des barbarismes ineptes et autres cris gutturaux.

Après l’apéritif, nous sommes passés à table. Le palais possédait une immense salle de banquet, et la table était immense.
Le plan de table avait été fait par Dame Seytahn. Certains avaient voulu me donner cette tâche, mais finalement, ils s’étaient ravisés… Il y avait alternance… : chaque hordeux avait un allianceux de chaque côté et en face de lui, et il en était de même pour tous les allianceux avec des hordeux de tous côtés.
Aussi étais-je affublé à ma droite de Dame Argowal, à ma gauche du Sieur Nyark et en face de moi du dénommé Exar. Belle brochette de gueux, n’est-ce pas ?
- En effet, c’est le moins qu’on puisse dire… Et ils étaient comment ?
- Et bien… Dame Argowal ne cessait de me dévorer des yeux que c’en était presque gênant. Nyark ne pensait qu’à son assiette et n’était pas bien bavard. Quant à Exar, il était fort sympathique, mais avait la méchante manie de ponctuer chacune de ses phrases ou presque par « tuez Irgul ». Mais bon… Force est de constater que ce fut un repas fort agréable que j’ai passé là. Pas une seule fausse note.
- Tout le monde était dans votre cas ?
- Je dois bien avouer que oui… Tout le monde avait mis ses rancunes de côté. Nombre de hordeux présents durant le repas m’avaient maintes fois mis en pièce, mais le fait de parler ensemble et de constater, avec un certain effroi, que, finalement, nous étions tous de la même trempe, à défendre nos idéaux et peuples, je me suis fait à la pensée que nous étions tous semblables…
- qu’avez-vous mangé durant ce repas ?
- Certains avaient insisté pour manger leur plat préféré, comme de l’elfe farci, ou du nain grillé, mais finalement, nous nous sommes tous rabattus sur des plats classiques à base de viande d’animaux réputés non intelligents (je tiens à vous rassurer, il n’y a pas eu de troll au menu).
Enfin, cela n’a pas empêché certains hordeux de faire des blagues salaces sur le fait que, nous autres, elfes, étions souvent filandreux… Mais je vais vous épater… Ca m’a fait rire… Les hordeux m’ont fait rire.
- Qu’est-ce que cela a-t-il d’exceptionnel ?
- Et bien, jusque là j’avais toujours pensé que la seule chose que je pouvais obtenir des hordeux était leur sang ou leur chair. Mais… Mais j’ai vu les choses différemment durant cette soirée là.
- Et qu’avez-vous fait après le repas ?
- Et bien, nous nous sommes installé dans un petit boudoir d’abord, entre hommes, afin de fumer et boire un alcool fort qui m’était totalement inconnu. Puis nous nous sommes tous rejoins ensuite dans une salle de réunion à l’ambiance tamisée, excepté Chouga qui avait voulu faire le malin quelques minutes auparavant, et qui cuvait à présent sa vinasse à côté.
Une fois les serviteurs sortis de la pièce, celle-ci fut verrouillée par le noble Symoney, et nous avons commencé à parler de l’avenir du Lorndor…
- Qu’en est-il ressorti… ?
- Et bien, contre toute attente, cela a duré fort peu de temps. J’en étais moi-même stupéfait, tout comme certains étaient stupéfaits que je ne fasse pas de scandale. Durant ce banquet, hier, nous avons tous signé un pacte instaurant la paix en Lorndor. Enfin il n’y a plus de guerres. Enfin, hordeux et allianceux peuvent vivre en harmonie sur la même terre à chasser le monstre et les parias. Même Jcette a approuvé cet accord… A croire que nous avions tous été drogués, héhé…
- On pourrait le croire en effet…
- Mais c’était magnifique… Jamais je n’aurai cru possible telle chose : Rencontrer les hordeux, s’asseoir à la même table qu’eux, discuter tous ensemble et surtout, parvenir à un accord…
- Et alors Sire… Expliquez-moi… En quoi ce rêve de paix entre les races et les clans vous dérange-t-il ?
- Mais c’est pourtant simple à comprendre… Ce n’est pas là un rêve que j’ai eu la nuit dernière, mais un véritable cauchemar. Comment pourrai-je jamais m’accoquiner avec ces hordeux de bas étages. Rien que de prononcer le nom d’un d’entres eux peut me mettre dans une fureur noire. Comment est-il possible alors que mon esprit ait décidé de me tourmenter ainsi, me proposant une paix avec ces pleutres, ces gueux de base…
Pourquoi mon esprit m’a-t-il obligé à m’asseoir à leur table alors que leur simple vision me suffit habituellement à rentrer dans une rage noire. Je ne comprends pas… Expliquez-moi Docteur ce qu’il m’arrive.
Ce n’est pas la première fois que je vois des hordeux durant mes nuits. Avant ce n’était que pour les étriper, les éventrer, les tuer, tout simplement. Mais à présent je les vois comme des amis, des frères. Dites-moi ce qu’il m’arrive…
- Il est vrai que votre cas est quelque peu particulier Sire. Fixons votre prochaine séance pour dans deux jours… Tâchez de vous reposer, de vous ménager aussi. Vous travaillez trop. J’ai entendu dire que vous meniez une étude sur le comportement de ces bêtes, je veux dire des hordeux, au sein même de votre cabinet de travail. Est-ce exact ?
- En effet, j’essaie depuis quelques temps de vérifier certaines théories relatives à la vision dans le futur. Mais je ne pense pas que…
- Je suis désolé Sire, mais j’ai un autre rendez-vous à prendre et je suis déjà en retard. Pensez bien à tout ce que je vous ai dit et à très bientôt…
- Mais vous ne m’avez strictement rien dit Docteur…
- A bientôt Sire…

Cas désespéré. N’est absolument plus apte à diriger un clan. Il serait temps qu’il pense à sa retraite. Dois le revoir dans deux jours. Mais depuis que les séances ont commencé, il y a de cela un bon mois, son état ne cesse d’empirer. On dénote des tendances sadomasochistes dans ses propos. Verdict du jour : à enfermer à Lorquin.


Extraits des dernières pages du carnet de liaison du Docteur tel que retrouvées deux jours après son suicide dans son cabinet par pendaison, bras et jambes attachées et gravement mutilées.

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