Soyinka, assise dans l’herbe, serrait toujours Elyra dans ses bras, et se sentait un peu dépassée par la situation. C’était la première fois qu’une chose pareille lui arrivait, et elle craignait de faire quelque chose de travers, sans compter qu’elle pleurait toujours, ce qui était passablement surprenant et agaçant, mais incontrôlable… Elle ne savait pas comment réconforter l’elfette qui continuait de sangloter convulsivement sur son épaule, et serrait un pan de sa robe comme si sa vie en dépendait.
Heureusement que je ne suis pas maquillée… songea-t-elle fugacement. Par contre, ma robe…
Elle chassa ces pensées futiles qui n’arrangeaient en rien son humeur, et se concentra sur l’elfette qui murmurait désespérément son nom… Cela fit couler ses larmes de plus belle, et la désempara… Comment lui faire comprendre ? Un bribe de phrase la fit réagir vivement :
Comment ça, tu ne « mérites pas » ?? J’aurais plusieurs choses à répondre à ça : que le sang que j’ai répandu et répandrai ne me fait pas mériter l’amitié que tu m’as accordée, que rien que le fait d’être toi mérite notre amour à tous, mais surtout ceci… Pourquoi devrait-on mériter quelque chose d’aussi simple et lumineux que l’amitié ? Ne peut-on pas aimer comme ça, sans contrepartie, juste parce qu’on en a envie ? Ne…
A cet instant, interrompant un discours passionné dont le lyrisme émouvait presque son auteur, un imposant Tauren fit son entrée dans la clairière. Soyinka en le voyant, eut une pensée de compassion et d’admiration pour sa monture, puis une pensée perplexe au sujet de la lumière qu’il évoquait… Elle supportait la lumière, mais à petites… Aïe. Avant de fermer des yeux déjà pleins de larmes de tristesse et de douleur mêlées, elle vit de petits flocons blancs tomber doucement, donnant un ravissant spectacle dans cet endroit si sombre… (J’espère que ça ne reste pas accroché aux cheveux, pensa-t-elle néanmoins)
Un échange entre Elvea et le Tauren (Whoami, si sa mémoire était bonne) lui rendit sa perplexité… Apparemment, Whoami avait fait parvenir à Thanos un message comme quoi tout allait bien… Soyinka espéra avec ferveur n’être pas dans le coin quand tout n’irait pas bien ! Elle n’eut pas le temps d’approfondir plus la question, car le corps d’Elyra se tendit brusquement, puis elle retomba sans connaissance sous les yeux ahuris et paniqués de la Vamp… Soyinka commençait à s’affoler. Autant elle pouvait espérer raisonner une elfette désespérée et sanglotante, autant elle ne savait que faire dans ce cas… Tout ce qu’elle connaissait en matière de guérison impliquait blessures et sang, et elle sentait instinctivement que le contexte n’était pas des plus favorables à ce type d’intervention… Elle releva l’elfette inconsciente, cala la tête de celle-ci dans le creux de son épaule, tout en la tenant fermement dans ses bras, et commença à chanter, consciente qu’elle devait avoir l’air ridicule à chanter ainsi au beau milieu de la nuit, des bois, et de gens qu’elle connaissait à peine... Une comédie musicale n’aurait pas osé faire une chose pareille, songea-t-elle. Elle continua néanmoins sa chanson, une chanson douce et mélancolique, pas une berceuse, mais merveilleusement apaisante… au moins pour l’interprète.
_________________ Mieux vaut être belle et rebelle que moche et remoche!
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