20. Cogne Dur
-------------
Je repris le chemin du parc de la dernière fois. Le même arbre m'attendait, et remplie de doute sur le lendemain, m'endormis. Le réveil fut encore délicat, les premières lueurs du soleil, ne me réchauffaient que peu. Cette fois-ci plus maline, je pris une brioche aux cassis et commença mon petit-déjeuner. Je me dirigeais vers la ville, vers Tête Benquoui, vers ma nouvelle vie.
Arrivée devant sa porte, je frappai doucement. La porte s'ouvrit aussitôt et un jeune homme m'observa de la tête aux pieds, ce qui ne manqua pas de me mettre mal à l'aise. Les joues couleurs pivoines, je balbutia timidement, "je viens voir Cogne Dur". Durant un temps qui me sembla interminable, il continua à me dévisager; enfin il s'écarta et me fit signe d'entrer. Assis autour d'une lourde table en chêne, un groupe de jeunes gens me fixait des yeux. Nulle part, je ne pouvais apercevoir mon ami. J'attendais debout, ne sachant où me mettre. La porte derrière moi s'ouvrit soudain et l'on me poussa hors du chemin, deux nains inconnus entrèrent, soutenant sur leurs épaules un nain sanguinolent. A travers ses cheveux collés sur son visage, par un sang sombre, je reconnus Tête Benquoui, une blessure abominable lui barrait la moitié du visage, son torse découvert montrait des rigoles sanguinolentes. Tous se levèrent, et le nain fut posé sur la table. Il me semblait être la seule à m'inquiétier. J'appris, que mon ami avait été attrapé par un vieux tauren et son troupeau de fils, et qu'il avait réussi à blesser l'un de ses adversaires avant de recevoir la charge du groupe. Une jeune femme sortit alors d'une pièce attenante, une fiole contenant un liquide rouge translucide. Elle versa lentement le liquide sur les blessures, qui se refermaient les unes après les autres, parfois en délivrant un petit pop, lorsqu'une bulle d'air s'y formait. Rapidement, seuls ses vêtements gardèrent la trace de son état précédent. Cogne Dur ouvrit alors les yeux, rota bruyamment et s'exlamma "Je prendrais une 'tite bière pour commencer la journée !". Il se redressa, sous les éclats de rire de ses compagnons. Il m'apperçut enfin. Sans montrer la moindre surprise, il me présenta au groupe, "Galize, camarade lors de la plus courte croisade de l'histoire. C'est d'elle dont je vous ai parlé hier." A ces derniers mots, ils me regardèrent tous curieusement. Un vieil elf me demanda alors de raconter ce que j'avais senti lors de l'affrontement avec le sorcier et son loup. Toute timidité m'avait quittée, je me lançais dans une description la plus précise possible, me retenant d'y ajouter des touches colorées d'héroisme personnel. Mon récit terminé, mon interlocuteur hocha la tête, puis me tendant une chope de bière, lança le cri de guerre le plus célèbre contre la sobriété, "A la vôtre". Le goût de la bière me sembla un feu fade, surtout si tôt le matin, mais je devais être la seule gênée, et curieusement après quelques gorgées, cette sensation disparut et je me surpris à discuter naturellement avec mes voisins. Après quelque chope, je me retrouvais enfin à discuter avec mon ami.
"Je suis content que tu sois venue."
"Moi aussi, je veux savoir ce qui s'est passé"
Il se pinça les lèvres et avoua son ignorance, ses compagnons non plus ne savaient pas expliquer le pouvoir qui avait surgi en moi. Seul le temps pourrait peut-être m'en apprendre davantage, si je désirais rester avec eux. La joie m'emplit le coeur, il m'invitait à joindre l'équipe, à rentrer dans la seconde croisade.
_________________ clic -> les Aventures de Galizée
|