3ème partie-Raconte moi !
Cela faisait trois jours et trois nuits qu’ils marchaient maintenant, et le Tauren ne semblait accuser aucune fatigue. Syllas, lui, agonisait, tous ces membres lui criaient leur douleur. Au crépuscule de ce troisième jour, Ombalahy s’arrêta.
« Nous dormirons ici cette nuit, et c’est ici commence ton apprentissage. »
C’était ses premiers mots depuis qu’il avait recueilli ce pauvre hère.
« Tu vas commencer par me conter se que tu ressens… »
Ils étaient installé dans une petite clairière, sorte d’îlot au milieu d’une forêt dont émanait des hurlement de loups et d'autres créatures féroces.
Syllas était épuisé.
« Je…je…ne pourrions nous pas attendre demain ? »
« Demain ?...non, nous n’attendrons pas demain, je dispose de toi à présent, la première leçon de ton apprentissage consiste à répondre à toutes mes questions…est ce clair ? »
« Mais…mais Ombalahy.. »
Il n’eut pas le loisir de finir sa phrase, le Tauren se leva l’agrippa et le soulevant aussi facilement qu’une brindille lui hurlat au visage ces mots :
« Tu m’appelleras Maître à présent !! » Une fureur indescriptible émanait de tout son être et sa toute puissance fît chanceler la dernière résistance qu’opposait Syllas.
« Bien,…Maître… »
Ombalahy le reposa à terre, sans délicatesse.
« Alors je t’écoute, qu’éprouve tu après avoir été banni de ton clan, renié par ton propre père, racontes moi en détails ton histoire »
« … »
« Alors ? Trouve les mots, sinon pourquoi devrais je t’épargner ? »
« Je…je… »
Et Syllas exprima son désarroi. Il expliqua qu’il se sentait fier d’être un Haut Elfe descendant de cette lignée de grands guerriers, de ceux qui à l’aube des temps avaient repoussé les démons hurlant venus des failles. Il raconta comment son père plein d’espoir avait essayé de lui apprendre l’art de la guerre, le maniement des armes et les tactiques qui avaient permis à ces ancêtres de remporter de grandes victoires. Puis il raconta aussi comment ses frères se moquaient de lui, lui le frêle, le chétif, le fétu de paille, incapable de bander un arc de combat, ou encore d’enchaîner trois coups d’estoc avec son épée. Mais ces railleries ne le touchaient pas vraiment, non, ce qui le blessait c’était le regard désolé de son propre père. Alroënd, le fier, le fort, le chef du clan, le regardait avec pitié, soupirait devant les vaines tentatives de son albinos de fils à devenir un vrai guerrier.
Puis il raconta comment il fuyait vers la bibliothèque dés qu’il en avait le temps. C’est là qu’il découvrit, après avoir épluché de nombreux ouvrages, le livre qu’il avait encore avec lui. Le livre qui contenait tant de maximes, de préceptes, de sorts, dont il ne comprenait pas toujours le sens. Il expliqua la fascination qu’exerçait ce livre sur lui. Il ressentait la puissance qui en émanait, et savait que si il arrivait à le comprendre alors il deviendrait puissant à son tour et ainsi redeviendrait la fierté de son père.
Puis vint le jour tragique, ou son père le convoqua à l’assemblée. Ce jour là au réveil ses frères l’avaient regardé d’un drôle d’air. Maintenant avec le recul il savait qu’ils étaient au courant du malheur qui allait lui être infligé. Mais aucun ne le prévint, il était le banni, l’honni, l’étrangeté de la famille depuis bien longtemps, et son sort leur était complètement indifférent. Ce jour là il n’y avait pas d’entraînement, Syllas couru donc à la bibliothèque, ou Ellirnid le bibliothécaire l’attendait comme chaque jour depuis quelques temps déjà.
« Alors Syllas, tu vas te replonger dans ton grimoire aujourd’hui encore, ou souhaite tu varier les plaisirs un peu ? »
« Non, merci Ellirnid, je vais continuer ma lecture, je vais comprendre Ellirnid, je vais comprendre les secrets de ce livre. Et ainsi j’impressionnerais mon père, et prouverais à tous que je suis un Haut Elfe moi aussi, capable dans d’autres domaines que ceux qui me sont chaque jour exposés ».
Cela faisait déjà plusieurs heures que Syllas était plongé dans ce recueil d’Arcanes quand les gardes du clan virent le chercher.
« Ton père te réclame dans la salle du conseil, dépêche toi brindille ! ». Tous l’avaient affublé d’un sobriquet, la brindille, le frêle, le faible, le fragile, face de lait, et autres. Cela le faisait enrager mais une série de corrections lui avait coupé l’envie de recommencer à essayer de se défendre.
Il se rendit donc dans la salle du conseil, escorté des deux gardes qui ne cessait de se moquer de lui, de sa frêle stature, de son allure chétive.
Tandis qu’il contait, Ombalahy l’observait, les poings de son jeune disciple se serraient avec rage, et il commençait à transpirer, à n’en pas douter une formidable colère l’habitait.
Syllas entra dans la salle du conseil, sorte d’arène ou siégeaient les membres les plus influents de la communauté, qu’ils soient marchands, prêtres, guerriers. Tous dans cette salle étaient d’illustres Hauts Elfes, tous descendaient en ligne directe des plus grands. Syllas était très impressionné, c’était la première fois qu’il pénétrait en ce lieu avec autant de personnages importants l’observant, lui. Et le silence se fit, plus il avançait au centre de l’arène, face au trône où siégeait son père plus il sentait monter une angoisse en lui. Que se tramait il donc ici, pourquoi tous les regards étaient posé sur lui ? Arrivé au centre il s’agenouilla comme chacun devait faire en ce lieu, en cette place. Et alors Alroënd commença de sa voix grave :
« Syllas, tu a été mon aîné, j’ai essayé de t’apprendre tout ce qu’un Haut Elfe guerrier doit savoir pour être digne de son rang. Mais ta constitution frêle, ta peau laiteuse dénonce ton appartenance au clan. Tu es le fruit d’une anomalie »
Et le couperet tomba, Syllas resta droit, ne comprenant pas vraiment encore ce qui lui arrivait.
« Nos ancêtres ne peuvent reconnaître en toi un digne héritier de notre lignée. Le conseil, et moi-même avons donc décidé de te bannir du clan. Tu es condamné à l’exil, tu ne fais plus partie de l’histoire des Hauts Elfes, et ton nom ne doit plus être prononcé dans notre contrée. »
Quelque chose alors s’effondra en Syllas, ses yeux s’emplirent de larmes, son cœur battait de plus en plus fort dans sa poitrine.
« Je te renie Syllas, désormais mon héritier est Gaelläs, il saurât, lui, être digne de notre clan. Demain à l’aube tu quitteras cette contrée, nous ne voulons plus te voir, ton physique affligeant fait honte à notre race. »
Le Tauren regardait maintenant cet Elfe pleurer, racontant son drame. Syllas ne pouvait contenir ses larmes, larmes qu’il avait du retenir pour survivre jusqu’ici.
Ainsi se passa la première soirée entre les deux êtres si différents l’un de l’autre. Syllas épuisé par tant d’efforts, tant de tristesse s’endormi. Ombalahy lui, resta éveillé, pour guetter et pour réfléchir à la meilleure façon d’aider ce petit être à se reconstruire.
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