Inscrit le: Mer 01 Mars, 2006 21:39 Messages: 14
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La musique provient de cette pièce, Myrok saute de ses bras et franchit la porte. Tythia quant à elle reste interdite, seule. La musique s’arrête soudain et à la place de celle-ci une voix grave teintée de tristesse se fit entendre. D’une manière douce il prononça de tristes paroles :
La vie nous réserve parfois bien des surprises,
Auras tu le courage qu’il faut dans cette crise ?
Ménage donc les restes de ton pauvre cœur,
Oublie Lanos qui ne t’apporte que douleur.
Rien dans cet amour ne peut être rattrapé,
Tout est prévu et tu ne peux y échapper !
Déjà au fond de toi-même, le doute te ronge,
Une douleur ultime et ton cœur qui songe
Ne le nie pas, à la mort dans laquelle il te plonge.
Aimer n’est plus aimer sans ta confiance
Mais il suffit pour toi de te laisser aller,
O tu t’accroches sans avoir aucune chance,
Utopiquement…Mais j’en ai trop dévoilé
Retiens ces mots ces dont tu comprendras le sens
En prononçant le dernier vers IL apparut sur le seuil, et la fixa avec des yeux tristes. Quelque chose d’étrange se produisit alors, une sensation bizarre envahit Tythia, une sensation qui naissait dans le bas de son ventre, remontait au niveau de sa poitrine, rendant sa respiration haletante et faisant battre son cœur à la chamade. Cette sensation n’était pas désagréable…bien au contraire…
« Aydic, je m’appelais Aydic… »
Il avait dit cela sur la même voix triste et grave. Un halo de tristesse recouvrait ses yeux…prononcer ce nom semblait être douloureux pour lui, le rattachant à un passé qui n’existait plus pour lui. Il s’approcha alors de Tythia s’arrêta à un pas en face d’elle...L’atmosphère de la pièce prenait une tournure toute particulière.
Le coeur de Tythia continuait de battre à tout rompe, du désir commençait à s’installer en elle …oui elle le désirait…elle le voulait. Elle voulait qu’il la prenne, elle voulait faire souffrir Lanos, elle voulait le tromper, elle voulait lui faire mal autant qu’il lui en ferait. Elle voulait qu’il souffre comme elle souffrait, qu’il ressente cette sensation d’impuissance, d’abandon et de trahison. Elle voulait marquer sa chair d’une autre odeur, d’une autre personne, d’autres cris et gémissements. Mais plus que tout elle voulait de l’affection, qu’on prenne soin d’elle, qu’on lui dise qu’elle était belle, qu’on la veuille et qu’on l’aime. Lanos ne lui offrait plus tout cela et en face d’elle se trouvait cet homme, qu’elle désirait, cet homme à qui elle voulait s’offrir, cet homme qui lui permettrait dans le vice d’accomplir sa vengeance, de calmer sa douleur et sa peine. Elle avait trop donné sans rien avoir en retour.
Aydic se tenait face à Tythia. Il comprenait très bien tous ce qui se passait dans sa tête, quelles émotions elle ressentait, il sentait le désir dont il était l’objet, et si cela n’avait tenu qu’à lui il se serait depuis longtemps jeté sur elle, assouvissant lui aussi le désir et l’envie qu’il avait d’elle. Sauf que cela ne dépendait pas de lui, qu’il n’était pas la seule personne mise en jeu, et que son sens de l’honneur ne le lui permettait pas. Depuis le début il ne jouait pas franc jeu avec elle, il lui cachait le plus important, il n’avait pas le droit de lui dire certes : on ne contrebalance pas ainsi les lois de la nature, mais il aurait pu l’aider, la mettre sur le chemin. Au lieu de cela il avait fait exactement le contraire, lui mentant, lui parlant de vie, de mort alors que ce n’était pas le cas…tout du moins pas encore. Ce qu’il lui cachait était odieux et à cause de cela il ne pouvait pas la posséder impunément, il ne pouvait pas l’utiliser comme un jouet. Ce n’était pas encore l’heure. Un jour sûrement très prochainement, tout aura été expliqué et compris, un jour il n’aura plus son code de l’honneur derrière, et ce jour là elle ne voudrait sûrement plus de lui. Désirant plutôt mourir que de continuer à ses cotés, le haïssant, ressentant une colère immense et le sentiment de trahison…Ce jour…il l’attendait avec impatience...et ses yeux brillèrent d’une lueur sadique .Il prit la parole :
« Non, Tythia, ce n’est ni le lieu, ni le moment. Tu ne peux pas ni ne dois pas faire ça ! Vas tu donc te laisser emporter par un sentiment de bestialité précaire sans penser à tout ce que cela peut entraîner derrière ? Voudrais tu que dans un moment d’insouciance nous nous unissions, ne répondant qu’à l’appel de nos désirs ? Aurais tu donc oublié Lanos ? Pour le moment à ce que je sache il ne t’a rien fait ? Pourquoi agir ainsi ? Ne t’ai-je pas déjà dit que tout contact avec moi ne pourrait être que néfaste ? Va…Va le retrouver… »
« Mais… »
La phrase Tythia resta en suspend. Elle ne s’était pas du tout attendue à ce genre de réponse. Elle avait même ouvert un bouton de sa robe afin de laisser apercevoir la naissance de ses seins, dans l’espoir d’attiser son désir. Ainsi lui aussi la repoussait, que Lanos le fisse cela lui faisait déjà énormément de mal mais lui ….Elle était donc condamnée à se faire rejeter de tous les cotés…A ne pouvoir se donner entièrement ni à l’un ni à l’autre. Les larmes lui montèrent aux yeux de douces larmes délicates et salées qui coulèrent le long de ses joues .Elle se sentait abandonnée, dans la vie, dans la mort elle n’avait pas sa place. Elle aurait voulu aimer pourtant : elle qui avait tant de choses à offrir, tant d’amour à donner. Elle aurait aimé rendre quelqu’un heureux, prendre soin de lui, le cajolant, le rassurant, l’aimant. Etre là à ses cotés partageant les moments difficiles, mais aussi les bons. Elle avait tant à donner….
Elle sanglotait doucement, la tête penchée, les épaules remuant par à-coups. Elle se trouvait debout toujours en face d’Aydic, quand tout à coup elle releva la tête, la vue brouillée par ses larmes elle s’écria :
« Mais…mais…mais je pleure, des larmes coulent…je ressens le chaud, le froid ...La peine et la douleur… » Elle mit sa main sur sa poitrine et sentit le battement régulier de celle-ci « et mon cœur bat… » Elle le fixa alors « Aydic, que cela signifie t il ? »
En entendant son prénom, il frissonna. Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait pas entendu…Aydic se mordit la lèvre, non si prés cela serait dommage de tout gâcher. Le regard de Tythia le gêna de nouveau. Il faut dire que ses deux grands yeux noirs mettaient mal à l’aise. Ils étaient si purs, le noir leur donnait la douceur de la fourrure, la beauté d’une nuit sans lune, la gourmandise d’un chocolat amer. Et malgré la douleur qu’elle ressentait ils pétillaient, ils pétillaient de vie…Une vie qu’elle devait certainement mordre à pleine dent, une vie dont elle voulait profiter à chaque instant…Une vie dont il allait la priver. Tout son corps, tout appelait à la volupté, à la vie…Elle lui rappelait …sa gorge se noua…Non il ne devait pas penser à elle…Tythia n’avait rien à voir avec ELLE…Même si la même candeur se retrouvait, le même désir de vie, une beauté différente mais remarquable chez les deux… Mais il la haïssait, il haïssait Tythia, il haïssait cette naïveté qu’elle avait, il haïssait son bonheur, il haïssait sa beauté, tout en elle il le méprisait.
Une chose étrange se produisit alors : Tythia, Myrok, les bruits…tous se retrouva figé. Comme il l’avait fait déjà avec Lanos et Tythia dans la douche, Aydic pouvait arrêter le temps. Le figer temporairement, le temps de remettre de l’ordre dans ses idées…et dieu seul sait combien il en avait besoin à l’instant même. Il regarda la scène d’un regard indifférent et s’assit dans un fauteuil, prenant la tête entre ses mains, il se rappelait, les souvenirs lui revenaient toujours…Il ne pourrait jamais oublier, jamais il ne pourrait L’oublier. Comme il ne pourrait oublier ce jour où il l’avait perdue. Jour où il ne l’avait pas comprise, jour où son égoïsme avait été la raison de leur perte à tous deux. Sa tête toujours entre ses mains il laissa dériver ses souvenirs. Tout comme Tythia il voyagea, entre ses souvenirs, le rêve, la réalité, l’illusion.
Le vent caressait son visage, un vent chaud des fins de soirées d’été. Adossé contre un arbre, il écrivait, composait. Proche la nature, il se sentait dans son milieu, dans son élément. Un bien être et une paix intérieure, s’emparaient de lui chaque fois qu’il se retrouvait dans ce lieu. Il savait qu’ELLE ne tarderait pas, qu’il pourrait enfin la revoir. Il passa ses mains sur ses grandes oreilles, un elfe pouvait vivre longtemps, mais il ne voulait pas de cette vie sans elle. Il s’étira, le soleil était encore haut dans le ciel, elle n’arriverait pas avant quelques heures. A coté de l’arbre se trouvait un lac, le bruit du vent sur la surface de l’eau et la chaleur étouffante qui régnait l’appelaient à la baignade. Il enleva ses vêtements, dévoilant alors à la nature son corps musclé et halé. Il piqua une tête dans le lac et nagea, il ne comptait plus le temps, il était bien dans cette eau, faisant des longueurs, se reposant, se rafraîchissant.
C’est alors qu’un bruit sourd se fit entendre : des branches craquaient. Ses deux grandes oreilles se redressèrent : c’était elle, il le savait. Un bonheur immense l’envahit. En deux brasses il se retrouva sur le bord. Elle apparut alors, resplendissante. Elle était blonde, la peau pâle...Ses deux grands yeux bleus rieurs donnaient un air enfantin à son visage. Quand elle aperçut Aydic, elle lui sourit et d’un doigt sur sa bouche lui ordonna le silence.
Elle s’assit en tailleur au bord de l’eau, caressant la chevelure mouillée d’Aydic. Celui-ci prit sa main et d’une voix tendre où transperçait tout son amour, lui parla
« Brune…Comme à ton habitude tu donnes raison à cette journée : sa beauté n’a d’égal que ta grâce et ta délicatesse. Pourquoi m’imposer ce silence ? Mon cœur souffre de ne pouvoir t’exprimer tout ce qu’il ressent. Tu resplendis, tu illumines ces lieux et mon être de ta présence. Et tu voudrais par mon silence que prisonnier je ne puisse rien faire que t’obéir. ? »
Il la tira alors à lui. Brune surprise, bascula et se retrouva toute habillée dans l’eau. Elle se mit alors à rire, le poussant à son tour. Ils s’amusèrent ainsi tel des enfants, Brune avait la beauté qui convenait à la candeur. Cette candeur n’avait pour effet que d’attiser le désir d’Aydic. N’y tenant plus, il l’attrapa et l’embrassa. Brune eut alors une réaction étrange, un voile sombre traversa son regard. Elle le repoussa, les larmes lui venaient aux yeux. Aydic observa la scène d’un regard surpris, Pourquoi sa petite Brune le repoussait elle ainsi ? Il la regarda pleurer, il était désemparé et ne savait que faire :
« Brune, mon ange, qu’as-tu ?pourquoi es tu si triste ? »
Brune ne répondait pas, son regard était ailleurs, perdu dans le vague, les larmes coulaient de ses yeux. Il attrapa son bras, il voulait établir un contact entre eux deux, pouvoir essayer de la comprendre. Posant sa mains sur son poignet, il sentit alors un alors une impression visqueuse. Sa main se rougissait de sang. Il retira sa main aussitôt, paniqué, Brune toujours perdue dans le lointain se mit à murmurer doucement :
« Hais moi Aydic pour ce que je suis en train de faire, hais moi mais je t’en prie mon amour ne me juge pas »
Elle referma ses grands yeux, sa voix se faisait de plus en plus lointaine :
« Notre bonheur à deux était fantastique malheureusement ce n’est plus de nous deux qu’il s’agit mais de nous trois »
En disant cela elle posa la main sur son ventre. Elle sombrait de plus en plus, seulement retenue par les bras de Aydic :
« Hais moi mon amour pour mon égoïsme, je vais bien rassure toi, mais je ne peux supporter d’être mère. Mon amour je m’en vais décidant à la fois d’un avenir à deux, d’un avenir à trois. Ne le regrette pas, cet enfant n’est pas de toi »
Sa voix était de plus en plus faible, ce qui donnait une note mortuaire aux mots et à la scène :
« Mon amour je m’en vais te laissant seul ; hais moi mon amour je t’aime trop. Nous nous étions promis de nous aimer jusqu’à ce que la mort nous sépare…Je n’ai plus le droit de t’aimer mon amour…Je dois mourir, Jamais mon sein ne portera un autre enfant que le tien »
En disant ces mots, elle sombra complètement. Elle ne bougeait plus, elle était comme une poupée de chiffon sans vie entre ses mains. Ses paupières fermées avaient englouti à jamais le bleu de ses yeux.
Aydic se mit alors à pleurer : ses vêtements étaient tachés de rouge, et dans ses bras se trouvait celle pour qui il aurait voulu tout donner. Un bruit sourd le ramena tout à coup à la réalité. L’enfer et la souffrance qui suivirent, il ne voulait pas s’en rappeler. Il rouvrit les yeux, regardant Tythia. Non elle n’avait pas droit à ce bonheur, elle n’y avait pas droit. Il devait aller jusqu’au bout de ce qu’il avait entrepris. Elle lui rappelait trop Brune, il voulait se venger. De plus sa solitude commençait à lui peser et elle seule était digne de l’accompagner. Il ne lui restait plus qu’une solution, s’il ne voulait pas avoir à s’embarquer dans des explications ardues et dangereuses :il n’avait plus le choix.
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