Soirée paisible.
Sortie dans Boulogne (92) avec des amis, resto puis bar.
Peu après 11h, on décide de se dégourdir un peu les jambes.
Température agréable, le litre de bière avalé plus tôt rend joyeux, insouciant.
Assis sur un banc, nous parlons, tranquilement.
Nous sommes six.
Un homme, noir, blouson de simili-cuir, écouteur à l'oreille, débarque au milieu du groupe.
"Wesh, t'as pas une clope ?"
Non, j'ai pas de cigarettes, désolé.
"Vazy te fout pas de ma gueule, chui sur qu't'as une clope."
Non, vraiment, nous n'avons plus rien.
La conversation reste sur ce sujet pendant quelques minutes.
L'homme s'énerve tout seul de nos refus sincères et polis.
Je suis assis au milieu du banc, en face de lui.
Douleur. Je porte les mains à mon visage.
Une seconde plus tard, je réalise.
Je viens de me prendre une droite.
Il continue à s'énerver, change de cible. Essaye d'intimider mon ami rubgyman, qui se lève.
Puis se rassoit. Nous ne cherchons pas les coups. Mais lui aussi s'en prend un. Je signifie à un troisième ami de raccrocher son portable. La situation peut très vite tourner au vinaigre.
J'évalue la situation. Sur 6, trois seulement valent quelque chose au combat. En face, le noir et deux de ses amis en pyjama qui se rappochent. L'envie de le frapper me prend. La tension est bien trop élevée.
Un de ses amis essaye de le raisonner, veut le faire partir. Le troisième arrive et nous menace.
"Vous voulez jouer aux chauds avec mon pote ou quoi ? Jouez pas au chaud, j'vous nique tous un par un"
Hmmm, et contre six, tu fais quoi ?
Est-il sous coke ? Pourquoi nous prend-il la tête depuis 10 minutes pour nous soutirer une cigarette qu'il ne mérite pas ? Pourquoi veut-il telement nous montrer sa force, à nous, pauvres étudiants qui n'ont rien demandé ?
Pas d'insultes. Pas de coups. Nous avons encaissé, sommes restés polis, attendant qu'il parte.
Ce qu'il a fini par faire, la mort aux lèvres.
Nous avons quitté la place. Oui, sois fier, tu as chassé les petits blancs de leur territoire. Demain, tu racontera à tes amis comment tu as mis la pression à une bande d'ados, que tu as frappé sans qu'ils ne bronchent.
Et pourquoi n'avons nous pas riposté ? Non, pas la peur. Parce que nous savons. Nous savons que la violence n'entraîne que la violence. Nous aurions pu l'humilier, le mettre à terre. Pourquoi faire ? Pour que la prochaine fois que tu le croisera dans la rue, il ramène toute sa cité pour te massacrer ? Pour te retrouver à te vider de ton sang dans un caniveau, pluerant sur la vie vermeille qui s'échappe de tes entrailles perforées par une lame sournoise ?
Le jeu n'en vaut pas la chandelle. Alors nous subissons. Et le monde entier subit la haine de quelques-uns.
Pleure, petit homme, pleure sur la bêtise humaine.
Pleure sur le monde que tu découvrira en grandissant.
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