Le jeune homme ne réagissait pas, sauf quelques frémissements quand les doigts d'Azriel effleuraient plus significativement la bosse sur son crâne. Trop proche de lui, Azriel ne voyait pas son visage, et en profitait pour laisser son regard vagabonder dans la salle. Lequel regard croisait fréquemment deux yeux mordorés, aussi brillants et pétillants que la chevelure et la bière blondes derrière lesquelles ils se dissimulaient pour mieux le tenter... Il sourit, et laissa parler son oeil brun en un clin d'oeil, mais la jolie guerrière se tourna soudain vers sa sombre voisine, et l'embrassa sur la joue. Etonnant comme il faisait froid hors du feu de ses yeux, et comme l'on imaginait la chaleur de son baiser pour se réchauffer...
Azriel se reprit et décida de s'occuper de son jeune blessé, toujours muet... Prenant ce mutisme pour un silencieux acquiescement, Azriel s'apprêtait à se rapprocher encore plus, quand une petite créature fit voler en éclats par ses vociférations éthyliques l'ambiance doucement feutrée qu'il avait réussi à installer...
Il se retourna d'un air agacé, et s'apprêta à lui faire part poliment de son mécontentement, mais se rendit compte qu'il fixait le vide. Son regard descendit. Descendit encore. Et encore, jusqu'à découvrir le bas du comptoir, auquel il n'avait jamais prêté qu'une importance toute relative (ne pas le heurter en faisant du pied). Il découvrit une (très) petite créature rondelette, vraisemblablement féminine, et le visage barbouillé de larmes mal essuyées, qui essayait vainement d'attirer l'attention du Tavernier.
Fascinant, déclara Azriel d'un air indifférent, en l'observant. La vie se développe donc sous les comptoirs de Taverne... L'évolution joue décidément de curieux tours...
Il se pencha vers elle avec le sourire faussement amical que l'on réserve d'ordinaire aux enfants turbulents en les empêchant de manger du charbon incandescent, alors qu'on n'a qu'une idée, leur mettre la tête dedans.
Vous savez, je ne crois pas que les taverniers aient l'habitude de bavarder avec le bois de leur comptoir, et je crains que de leur point de vue, cette situation y ressemble furieusement... Si vous pouviez, au moyen d'un banc ou d'un tabouret, gagner en hauteur ce que vous perdriez en volume sonore, je vous en saurais un gré infini... déclara-t-il avec un sourire exquis, avant d'ajouter:
Et ne reniflez pas, c'est répugnant...
_________________ En vous voyant, j'ai trouvé la plus belle fleur du Jardin des Délices... Et le plus beau fruit...
Dernière édition par Azriel le Lun 28 Août, 2006 14:47, édité 1 fois au total.
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