Elrond a écrit:
déjà pour celui qui dit qu'on est le pays le plus raleur je lui répondrait qu'on est aussi le pays ou existe un des meilleurs système de redistribution, la sécu les alloc, le chomage, le rmi...
Ben justement, tu crois pas qu'il faut qu'on arrête d'en demander tout le temps plus?
Les pays qui n'ont ni alloc chômage, ni sécu, ni prise en charge des frais hospitaliers et médicaux, etc... c'est pas pour ca qu'ils font la grève dès qu'on menace leur petit cursus.
Voila un texte de Roland Barthes qui illustre parfaitement le concept:
Citer:
Le scandale vient d'un illogisme : la grève est scandaleuse parce qu'elle ne gêne précisément ceux qu'elle ne concerne pas. C'est la raison qui souffre et se révolte : la causalité directe, mécanique, computable, pourrait-on dire, qui nous est déjà apparue comme le fondement de la logique petite-bourgeoise dans les discours de M. Poujade, cette causalité-là est troublée : l'effet se disperse incompréhensiblement loin de la cause, et c'est là ce qui est intolérable, choquant. Contrairement à ce que l'on pourrait croire des rêves petits-bourgeois, cette classe a une idée tyrannique, infiniment susceptible de la causalité : le fondement de sa morale n'est nullement magique, mais rationnel.
Seulement, il s'agit d'une rationalité linéaire, étroite, fondée sur une correspondance pour ainsi dire numérique des causes et des effets. Ce qui manque à cette rationalité-là , c'est bien évidemment l'idée des fonctions complexes, l'imagination d'un étalement lointain des déterminismes, d'une solidarité des évènements que la tradition matérialiste a systématisé sous le nom de totalité.
La restriction des effets exige une division des fonctions. On pourrait facilement imaginer que les « hommes » sont solidaires : ce que l'on oppose, ce n'est donc pas l'homme à l'homme, c'est le gréviste à l'usager. L'usager (appelé aussi l'homme de la rue, et dont l'assemblage reçoit le nom innocent de population : nous avons déjà vu tout cela dans le vocabulaire de M. Macaigne), l'usager est un personnage imaginaire, algébrique pourrait-on dire, grâce auquel il devient possible de rompre la dispersion contagieuse des effets, et de tenir ferme une causalité réduite sur laquelle on va pouvoir raisonner tranquillement et vertueusement. En découpant dans la condition générale du travailleur un statut particulier, la raison bourgeoise coupe le circuit social et revendique à son profit une solitude à laquelle la grève a précisément pour charge d'apporter un démenti : elle proteste contre ce qui lui est expressément adressé. L'usager, l'homme de la rue, le contribuable sont donc à la lettre des personnages, c'est à dire des acteurs promus selon les besoins de la cause à des rôles de surface, et dont la mission est de préserver la séparation essentialiste des cellules sociales, dont on sait qu'elle a été le premier principe idéologique de la Révolution bourgeoise.
C'est qu'en effet nous retrouvons ici un trait constitutif de la mentalité
réactionnaire, qui est de disperser la collectivité en individus et l'individu en essences. Ce que tout le théâtre bourgeois fait de l'homme psychologique, mettant en conflit le vieillard et le Jeune Homme, le Cocu et l'Amant, le Prêtre et le Mondain, les lecteurs du Figaro le font, eux-aussi de l'être social : opposer le gréviste et l'usager, c'est constituer le monde en théâtre, tirer du monde total un acteur particulier, et confronter ces acteurs arbitraires dans le mensonge d'une symbolique qui feint de croire que la partie n'est qu'une réduction parfaite du tout.
Désolé si c'est lourd, cela s'adresseaux intéressés ^^
C'est tiré de
Mythologies, et cela date de 1957...
La France veut sa Révolution Bourgeoise, rien de plus.
Et les jeunes en particulier, qui ne veulent même pas essayer avant de contester. Si on les menacait de mort, je comprendrais, mais le fait de ne pas vouloir attendre de voir ce que ca donne pour crier sur tous les toits que c'est mauvais, si c'est pas du luxe...