2- Un Monde Farfelu :
… mais un jour …
Hélas ! Nous n’en sommes pas encore là !
Seytahn reprend donc connaissance. Elle a la tête dans le coccyx, mais s’empresse quand-même d’ouvrir son parchemin, quelque peu froissé par les coups de marteau intempestifs ;
Elle tient à y retranscrire son vécu, car elle s’imagine qu’elle se sentira mieux après ça.
Et en plus elle n’a pas du tout l’intention d’attarder son attention sur le monde qui l’entoure actuellement.
Elle se saisit de la belle plume noire, si douce et moirée, et commence sa narration :
« le 22 Novembre : J’ai été massacrée par trois personnes … et je trouve les actions de la dernière assez lâches, car en deux coups il m’a complètement carbonisée … je lui ai envoyé un courrier bien senti … et j’ai l’intention de mettre sa tête à prix. Maintenant je me retrouve dans le Sud-Ouest, parmi les « Miens ».
Et fait je ne suis même pas morte. J’ai seulement « succombé » ; c’est comme ça que ça s’appelle ici.
Moi qui croyais qu’on ne pouvait « succomber » qu’aux charmes de quelqu’un, ben là j’apprends qu’on peut aussi succomber à des attaques.
Donc j’ai été surtout très estourbie. J’ai aussi perdu une partie de mon or … voilà les effets d’un « succombement » sur Lorndor … ».
Seytahn, à court d’inspiration, sort sa tête du parchemin : le spectacle est douloureux à voir.
Elle est entourée de moribonds. Beaucoup d’entre eux sont allongés, gémissants sans fin.
Certains râlent. D’autres, moins mal en point, se meuvent, certes, mais avec une lenteur déconcertante, en traînant du calcanéum … Elle en voit certains se remboîter le tibia, d’autres se remettre les clavicules en place. Et ça ingurgite des potions médécinales, et ça se bande les os fracturés … une odeur de clou de girofle, de formol et de charogne règne en ces lieux.
Seytahn, de par ses passés, a un sens olfactif extrêmement développé, et ces âcres relents lui retourne le cœur ; mais comme elle n’en a qu’une moitié, de cœur, elle arrive à se contenir.
Elle observe ses alliés de façon plus détaillée ; peu d’entre eux se préoccupent du voisin, elle non plus d’ailleurs, cantonnée derrière sa fonction d’observatrice :
« ce doit être une habitude typique des combattants … ou alors je me trompe, parce que je ne les connais pas assez pour savoir ce qui se passe vraiment. »
En effet, elle n’en connait aucun.
Mais il y en a de plus actifs, regroupés en forme de clans, qui papotent, qui complotent, et qui lancent des cris de guerre du style « Mort aux Elfes » ! ou : « Ca va saigner ! ».
Elle en a froid dans le dos.
Quelques-uns l’interpellent pour qu’elle rejoigne leur clan. Seytahn refuse poliment.
Elle décide enfin de se lever, difficilement, car elle a mal partout.
Ces contusions… ces blessures… ces souffrances…cette fatiiiiiigue…
Mais pourquoi dans les récits de combat rapportés lors des veillées, on ne parlait que du côté glorieux des batailles ? En omettant tout cet aspect de lassitude et de déchéance physique et psychologique que pouvait vivre un combattant ?
Seytahn jette un dernier coup d’œil derrière elle : est-ce qu’elle leur ressemble à ce point ?
Il y en a des complètements décharnés, ce sont de véritables squelettes ambulants.
Ceux qui sont un peu recouverts de chair ont la peau en lambeaux, laissant entrevoir des os nécrosés ou rongés. En y regardant de plus prés, on constate que certains sont en état de décomposition avancée, et ils sont boursouflés de pustules putréfiées.
D’autres présentent fièrement leur ossature rutilante, poncée et satinée comme l’ivoire.
Les moins repoussants sont ceux à l’allure fantomatique, recouverts d’une grande cape élégante et sombre, que seul un regard mystérieux vient éclairer.
Comment va-t-elle s’y faire ?
Aucun Mort-Vivant ne se ressemble.
Chacun transporte avec lui la signature des tourments passés qui l’ont amené jusqu’ici.
Seytahn préfère quitter au plus vite cette ambiance glauque et confinée, même si elle n’a pas encore assez d’énergie pour affronter les ennemis qui l’attendent à l’extérieur.
Elle repère un Portail et s’engouffre.
Que dire …
Elle voulait aller dans une région tranquille, mais se trompe dans sa sélection quand le portailleur lui a présenté les directions.
A peine arrivée, elle se fait attaquer ; elle n’a même pas le temps de regarder le paysage, ni de se défendre de ses deux assaillants, qu’elle est déjà succombée !
Elle se retrouve à la case de départ. Or, il se produit un fait extraordinaire : elle tombe pile poil sur un Undead qu’elle avait déjà rencontré dans le Nord-Est de Lorndor. Ils échangent leurs impressions et leurs informations, et puis Seytahn repart en essayant de mieux choisir sa direction cette fois.
La zone où elle se trouve semble plus calme. C’est aussi en début de matinée : c’est un moment de la journée qui paraît serein, sur Lorndor .
Elle repère un marchand, et tente d’aller voir si elle peut s’acheter quelque chose, mais avec son problème d’orientation elle se s’égare.
Et là, encore un fait incroyable (mais vrai) se produit : elle rencontre l’Undead qu’elle avait déjà connu dans le passé (une des voix de la Rupture). Elle commence déjà à engager la conversation avec lui, mais s’aperçoit qu’il se fait attaquer ; il lui demande de prendre sa défense et elle réalise que dix ennemis les entourent déjà. Elle le fait de bon cœur, tambourinant à coups de poings le garnement qui a affaibli son ami, et essaie d’utiliser les forces qui lui restent pour s’éloigner … mais elle n’ira pas bien loin, car en début d’après midi un certain G*** la prendra pour un punching-ball, et dans la soirée, après avoir reçu de nouveaux coups de poings, elle sera plusieurs fois transpercée par un pieu de glace jusqu’à ce que mort s’ensuive…
Rupture : [ voix : « hé, Seytahn, tu as l’air de bien t’amuser, ! » Seytahn : « Ha, tu trouves ? » Voix : « tu me passes le lien de ton jeu , » ] Fin de Rupture.
Seytahn se retrouve fortement découragée : une mort par jour, ça a de quoi casser un moral des plus costauds…
Elle continue de noter les évènements de ses mésaventures dans le parchemin.
Donc, elle se retrouve dans son domaine encore une fois.
Mais cette fois elle est toute proche du château, et, curieuse, elle décide d’entrer dedans.
Il est à l’image de son domaine : grand, gris, lugubre.
Des courants d’air chuchotent de temps en temps leurs plaintes poignantes.
Des fenêtres claquent avec monotonie, mais à chaque claquement Seytahn sursaute.
Ses pas résonnent sur les larges dalles, les lieux semblent abandonnés. Elle est prête à rebrousser chemin, quand une personne apparaît : c’est un homme de haute taille, vêtu d’une grande tunique noire ; son visage est très pâle, ses yeux sont enfoncés dans leurs orbites, ses lèvres sont exsangues, il y a juste une trace de sang au coin de la commissure… derrière lui, un cercueil est ouvert ; malgré son aspect terrifiant, il n’a pas l’air de vouloir lui faire du mal.
Seytahn n’ose ni bouger ni parler.
« - Bonjour, » lui dit-il en faisant une légère révérence.
« Des monstres ont saccagé mon domaine, pourriez-vous les retrouver et vous occuper de les éliminer, afin qu’ils ne recommencent plus, je saurais vous récompenser comme il se doit. »
Seytanh est surprise par les propos du Seigneur, mais accepte sa requête.
Alors il lui donne des indices sur les monstres en question, et repart silencieusement vers le cercueil.
Contente d’avoir enfin quelque chose d’intéressant à faire, Seytahn traverse les couloirs en courant, elle s’y perd un peu mais fini par vite trouver la sortie.
Même ses alliés Undead lui semblent avoir une tête sympathique ce jour-là …
Elle pense qu’elle va pouvoir vivre des choses moins farfelues que de se faire massacrer sans arrêt, et dés qu’elle voit un portail, elle le franchit…
Dernière édition par Invité le Dim 06 Fév, 2005 1:45, édité 3 fois au total.
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