[HRP]En réécriture.[/HRP]
I - Un souvenir douloureux :
Eleldith se réveilla subitement ! La nuit était déjà bien avancée, la lune pointait à son paroxysme et il était donc trop tard pour penser à ce qui venait de lui arriver. Cette forêt n'était pas réputée pour être des plus sûres. Il préféra regagner le désert de pierres, là où se trouvait sa cachette.
Il arriva devant la grotte et lança quelques mots elfiques pour ouvrir celle-ci : 'Naur an edraith ammen'. Une flamme jaillit de sa main et libéra un sceau protecteur. Il pouvait désormais entrer sans crainte dans le tombeau de Beldam, où seuls quelques initiés pouvaient entrer. C'était ici que l'Ordre renfermait tout son savoir. Bien qu'étant désireux de partager celui-ci, il préferait tout de même le préserver du monde extérieur, par mesure de sécurité. Le sort mis en place datait de l'Ancien Temps, l'une des ères les plus innovatrices en matière de magie elfique, dont peu ont le savoir. Mieux vaut ne pas s'y frotter... Il traversa plusieurs couloirs dont l'air était embaumé du parfum de parchemins, grimoires et autres recueils de sagesse vieillis par le temps. Tant était enfermé ici, cela lui faisait toujours le même effet : un frisson parcourant tout son dos, de bas en haut... Tout ce qu'il y'a de plus désagréable. Eleldith franchit le pas de la porte pour s'assoir sur son fauteuil, toujours aussi fringuant qu'à son premier jour, contrastant bizarrement avec le reste de la pièce. Il y faisait sombre, la poussière y régnait en maître et on pouvait apercevoir parfois une ribambelle de jeunes rats s'amuser le long de la pile de grimoires, c'était dire l'état de propreté de la pièce. Mais son fauteuil restait son compagnon favori, alors il prenait soin de lui comme si c'était son enfant. (Drôle de coutume...) Il leva ensuite la main puis claqua des doigts trois fois. De sa main s'enfuirent autant de filaments de feu que de claquements, tous se dirigèrent vers un endroit bien précis. L'un s'écrasa contre une torche à l'entrée suivit de près par son frère qui se posa sur la seconde torche de la porte. Quand au troisième, il pris place dans la cheminée pour alimenter un feu depuis bien longtemps dépéris. La lumière emplit la pièce découvrant ainsi le voile sombre habituel, un bureau vit le jour, tout aussi désordonné que le reste : parchemins tâché d'encre renversée, deux-trois plumes dont une brisée en deux ainsi que divers aliments pourris par le temps, notamment une pomme qui abritait désormais tout une famille de vers bien heureux d'un endroit si tranquille et abondant en richesses gustatives.
Cela faisait désormais deux heures que son regard vide se dirigeait vers les flammes crépitantes de la cheminée. Ce souvenir le perturbait un peu trop, il n'arrivait plus à réfléchir avec calme et un rictus au sourcil le tenaillait depuis tout à l'heure, signe de son anxiété. Il se leva brusquement et poussa un cri rauque puis s'effronda au sol, à genou, la tête entre ses mains osseuses. Il se surpris même en train de trembler de la main droite, comme dans son enfance. Il la fixa durement puis l'aggripa de toute sa force pour stopper ce mal, mais rien n'y faisait. Puis son regard se voila, sa main devint une tâche sombre, très sombre, jusqu'au noir complet.
" El ! El !! Réveille toi ! "
L'Undead ouvrit péniblement les yeux, frottant son crâne douloureux. Il était encore allongé au sol, l'esprit ne répondant plus de rien, une mélodie douce et suave lui trottait en continue dans la tête. Dur, dur comme réveil. Clignants des yeux, il essayait de reconnaître qui se trouvait face à lui.
" Hum, Fangorn? Naintrue?
_ Oui c'est bien nous, répondit Naintrue, le plus calmement possible, même si le timbre de la voix indiquait une lueur d'angoisse.
_ Merci bien... Vous pouvez me remettre sur mon fauteuil? Je vais essayer de me reposer puis je prendrai quelques notes plus tard. Il fronça les sourcils comme pour dire l'importance de celles-ci. Vous pourrez me laisser après, j'ai besoin d'être seul...
_ Mais...
Eleldith leva sa main en signe de négation, ainsi Fangorn se ravisa de toutes paroles. Ils l'accompagnèrent sur son fauteuil.
_ Fangorn. Donne moi une plume et quelques parchemins, j'ai à écrire... Merci, je te revaudrai ça. "
Une fois les deux Undeads partis, El s'affala sur le fauteuil, se libérant de sa position droite et bienséante mais qui lui demandait beaucoup d'efforts, il ne fallait pas trop les inquiéter. Il leva la tête au plafond, ferma les yeux et pris une grande inspiration : 'Cuil'. Un halo de lumière se forma autour de ses deux mains. Celles-ci plongèrent dans son torse puis elles ressortirent aussitôt, juste le temps d'un soupir pour laisser place à la magie opérer. La magie Elfique commença alors à faire effet, le torse de l'être s'éleva en l'air, emportant le reste du corps. El était alors en suspension, une source lumineuse blanche et verte se dégageait, on pouvait l'apercevoir grâce au vide qu'offrait l'espace entre les côtes. Puis un flash innonda la pièce, les quelques rats présents prirent peur et s'enfuirent en trombe dans leurs niches. Mais Eleldith resta impassible, toujours les yeux fermés, puis retomba doucement sur le fauteuil. Un sourire vint s'esquisser sur son visage puis ses yeux violets resplendirent de nouveau, il avait repris des forces en un rien de temps, ses qualités de mage était toujours aussi efficaces. Il se décida à prendre du repos, il baissa alors l'intensité du feu en faisant virevolter sa main puis éteignit les deux torches à l'entrée. Son esprit était toujours occupé par de sombres pensées mais la fatigue était trop forte, il s'endormit tout de même.
" Eleldith, mon bon Eleldith... Depuis combien de temps nous connaissons-nous déjà? Depuis quelques millénaires... De trop longues années, épuisantes, mouvementées, mais je ne regette rien. Ma vie fut sans doute l'une des plus agréables et des plus remplies qu'un elfe puisse connaître. Mais il est temps que je me retire, je me fais vieux, je ne suis plus apte à gouverner Elvandhar... Mon fils, Jecht, prendra la suite, comme tu le sais sans doute déjà. Tu connais mieux que moi les rouages de la politique actuelle et ses traditions, ce qui aura été en ma faveur je l'avoue. Je ne sais comment te remercier...
_ Ne le faites pas, messire, votre amitié me suffit amplement.
_ Je ne suis pas sur de t'avoir montré assez d'amitié... mais je n'insisterai pas, je connais ton caractère et tes paroles tranchantes. Je préfère ne pas y goûter aujourd'hui, s'esclaffa-t-il, suivi du rire gêné d'Eleldith. Puis il marqua un temps de réflexion comme pour choisir ses mots à bon escient. Le soleil était sur le point de se coucher, à l'exact endroit d'où les rayons jouaient avec les voûtes du palais pour faire briller de mille feux la salle du trône, spectacle grandiose et magique dont peu arrivaient à ne serait-ce que surmonter le sentiment d'émerveillement. Caïn contemplait ce soleil rougeoyant, un sourire mélancolique au coin du visage, puis reprit le dialogue avec El :
_ Il est une chose importante dont je dois te faire part. J'aimerais obtenir ta promesse, une promesse sur un sujet qui me tient à coeur. Mon fils est encore jeune pour un elfe, obtenir le pouvoir de Yevon ne sera pas tâche aisée pour lui, même si je le sens doué de capacités inées à cela... Je te demande donc en mon âme et conscience de veiller sur lui, de le protéger et de le guider parmi les Terres de Lordnor. Promets-moi de prendre soin de lui durant ta vie, malgré ce qu'il puisse se passer. C'est ma dernière volonté que je t'accorde et je sais que tu sauras y prêter attention.
_ Messire, c'est un honneur que d'obtenir ce devoir. Je ferai tout ce qui est en mon possible pour m'y tenir.
Eleldith s'avança vers Caïn, posa sa main sur son épaule et en signe de fraternité l'enlaça.
_ Je ne faillirai pas à ma tâche, je vous le promets, " sussura-t-il au creux de l'oreille de son frère.
Comme souvent ces derniers temps, Eleldith se réveilla brutalement, le regard vague et une peur panique et comme les fois précédentes, un terrible pincement au coeur. Il lui fallut peu de temps pour se maîtriser et reprendre ses esprits. Il venait de revoir ce souvenir pour la troisième fois de la journée, et bien que celui-ci ne soit d'une gravité apparente, il n'en était pas moins perturbant et lourd de conséquences. Eleldith se leva et se dirigea dans une pièce faisant office de garde-manger, il prit une pomme qu'il leva à la hauteur de ses yeux comme pour mieux en appréhender le goût qui se tapisserait le long de son palais ainsi qu'un pichet d'eau qu'il remplit grâce à un sort. Tout en reprenant son chemin, il pensait déjà à ce qu'il écrirait dans son fauteuil, au coin du feu... Il croqua goulûment dans la pomme et d'un pas décidé s'empressa de retrouver son confort...
Dernière édition par Eleldith le Mer 26 Avr, 2006 13:19, édité 4 fois au total.
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