Loin de l’odeur du sang et des horreurs de la guerre, MephistO, regardait d’un air paisible ses pâquerettes en train d’infuser. Il avait réaménagé une petite maison dans ce qui avait été son paradis durant de nombreuses années : Elvandhar. Que de souvenirs, de balades, de nostalgie habitaient ce lieu anciennement empreint de magie. Il avait été peu à peu abandonné pour l’Alliance, pour finir par tomber en décrépitude. La forêt avait repris ses droits. Des chemins Elfiques restaient encore quelques édifices ça et là, mais ce n’était pas pour déplaire à l’Elfe, après tout, la Nature lui donnait tout de bon cœur, elle pouvait aussi se servir.
Le potage était maintenant prêt et l’Elfe s’assit sur une des meilleures chaises qu’il avait pu dénicher, quoi que bancale, elle arrivait à le soutenir avec assez d’aplomb. Alors qu’il savourait les effluves de son bouillon, il entendit un cri ancestral, son cœur bondit, il reconnu immédiatement cette trompette, un Thoron - ou Aigle en langage commun -, un messager de l’Alliance, qu’il n’avait plus entendu, ni aperçu depuis des Lunes. Désarçonné, il prit un instant pour se relever, il redoutait de découvrir l’animal majestueux poindre dans le ciel, car l’Elfe savait qu’il venait pour lui, personne d’autre ne vivait aux alentours. Prenant son courage à deux mains, il sortit de sa cabane et contempla le ciel Azur. Au nord, au milieu de ce bleu vif, un point noir s’élargissait au fur et à mesure que le temps s’égrenait. L’Elfe soupira longuement mais ne put cacher sa curiosité et sa fierté.
L'Aigle savait précisément où il allait - comme si l’être que constituait l’Elfe était gravé dans son cœur -, ainsi certaines choses ne changeaient pas. Il commença sa piquée vertigineuse vers l’Elfe pour venir se poser majestueusement sur l’avant-bras. Pendant un instant, pris au dépourvu, il cru reconnaître son messager d’antan. Le même plumage, la même fougue, les mêmes yeux et surtout le même cœur, quoi que plus téméraire encore.
- Aia, onóro !
L’aigle battit des ailes et se mit en équilibre sur une patte, montrant la seconde à l’Elfe. Ce dernier prit le parchemin des serres puis caressa chaleureusement le rapace.
- Les temps ne sont plus les mêmes aujourd’hui, mon frère. Tes aïeux ont connu le Chaos sur ce monde, mais toi tu n’as certainement aperçu que sa décrépitude.
Un léger rictus de satisfaction naquit sur le visage Elfique
- Au moins, dois-tu te sentir plus libre ! Vole par-delà les montagnes et les plaines, vit sans te soucier de nous. Le monde de demain t’appartient, la Nature reprendra ses droits et l’équilibre sera rétabli.
L’aigle regarda subrepticement MephistO dans les yeux et s’envola rejoindre le ciel, quelques minutes plus tard, il avait disparu. L’Elfe retourna d’un pas nonchalant, parchemin en main, se rasseoir sur sa chaise branlante. Il déposa le manuscrit sur la table, contemplant le sceau antique de l’Alliance. Perdu dans ses pensées, il resta immobile pendant de longues minutes, puis d’une main engourdie brisa la cire. Il déplia le papier pour y lire une retranscription de ce qui devait être une déclaration de Guerre écrite en langage Tauren. Ainsi, la Horde tentait un dernier assaut, fière de sa gloire passée, sûrement voulait-elle goûter à nouveau au sang et à la peur. L’Elfe secoua la tête, sortit, et se retrouva à marcher sur les anciennes routes d’Elvandhar. Il se demandait quoi faire mais au fond de lui-même, il le savait déjà. Comme pour répondre à ses plaintes intérieures, le vent se leva et Elvandhar elle-même se souleva. Son peuple, ses amis, ses frères lui disaient d’aller au combat, une dernière fois.
- Mais n’y a t-il jamais une dernière fois ? pria l’Elfe.
L’agitation se fit soudain plus forte, les cheveux de l’Elfe flottaient dans l’air, tourbillonnaient.
- Alors, accompagnez-moi une dernière fois, prêtez-moi votre force, et allons anéantir le Mal de ce monde pour de bon !
MephistO serra les poings et rejoignit sa hutte. Il dégagea un coffre d’un recoin pour prendre son bâton antique dans la paume, prit sa cape qui sommeillait sur une branche et se mit en route.
- J’ai quelques jours pour rejoindre ce qu’il reste de ma Famille, une marche comme jadis !
_________________ Modérateur Guérilla
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