Assis nonchalamment sur une espèce de chaise troll répugnante à souhait, fireball, tout en se balançant mollement regardait le forgeron troll réparer son armure et celle de ses partenaires en sifflotant. Pour une fois qu'il avait du travail... Fireball ferma les yeux et repensa à ces derniers jours. Tout était allé très vite.
Quelques jours plus tôt
Cela faisait presque sept lunes que les Sylves et leurs alliés guerroyaient. La fatigue se lisait sur les visages, la plaine était rouge du sang des guerriers morts au combat. Cà et là, dans une clarté orangée d'un crépuscule d'automne, des éclats de luminosité signalaient des échauffourées impliquant des mages. Les bannières des vaincus trainaient dans la boue sanguinolente. C'était là une drôle de bataille. Les camps étaient en mouvement constant d'un côté comme de l'autre, cela changeait un peu des batailles rangées. Un matin, alors que le froid glacial d'une journée sans soleil pénétrait au plus profond des corps, l'Etat major sylve avait fait sonner le rassemblement. La consigne était passée de se préparer à rejoindre les Eldars, le nouveau clan elfique, et quelques amis pour une sauterie sur la statue trolle. La liesse s'empara des fiers combattants et les rangs se rompirent. C'est ainsi qu'après une dernière nuit d'affrontements, la Sylve et leurs amis levèrent le camp vers la statue trolle où campait déjà leurs fidèles alliés.
La colonne Sylve, après une marche harassante sous une pluie fine glaciale, arriva enfin en vue de son objectif. La statue trolle se détachait nettement sur la ligne d'horizon. Une odeur âcre de fumée traversait la colonne. C'était une odeur de mort et de charnier. Les allianceux avaient nettoyé la zone et s'installaient confortablement au pied de la statue. La colonne fit une courte halte, la statue ne serait atteinte que dans l'après-midi et le moral des troupes nécessitait qu'elles se ravitaillent. Heureusement, les vivres ne manquaient pas grâce aux récentes réserves de viande. Plus tard dans l'après-midi, les cors elfiques retentirent pour nous signaler. Le campement fut vite dressé et un rapide briefing fut dispensé auprès des troupes. Bien que ne faisant plus parti de l'Etat major, fireball put contempler la scène avec ce dernier. La longue-vue passa de proche en proche. Devant les portes du royaumes troll se tenait les défenseurs. La TrollGuard et les Tyrans Tueurs de Prophétie avait établi leur campement et s'était retranché. Plus loin, au sud, fireball distingua d'autres campements. Il s'agissait là des campements taurens. Les prochains jours seraient aussi sanglant que ce que la Sylve venait de quitter. Cette intuition fut vite vérifiée.
Fireball se réveilla de sa nuit tout courbaturé. La mort l'avait frappé de son glaive mais une fois de plus Calaelen lui avait refusé le repos éternel. Se remettant tant bien que mal de la douleur, il se dirigea vers la ville elfique afin d'y faire réparer sa jolie robe d'archimage en soie, sauvagement déchiquetée par ses ennemis. Puis direction les portails du royaume. Chanceux comme pas deux, ou victime d'un complot gnome, au choix, il se retrouva très éloigné de ses frères d'armes. De longues heures de marches solitaires, il n'y a que cela de vrai... Il atteint enfin le campement sylvain à la nuit tombée. S'étant identifiée auprès de la sentinelle de garde, il se dirigea vers l'hôpital d'où montait des cris de douleurs. Apportant quelques aides avec sa connaissance des soins, il repartit se coucher, trop épuisé pour tuer qui que se soit. Deux jours après, fireball se releva avec une nouvelle crise de courbatures. La mort l'avait frappé derechef. Qu'à cela ne tienne, sa fidèle monture, Firestorming, connaissait le chemin et il se rendormit. Il arriva de nouveau au campement, toujours endormis sur le dos de son tigre dans la journée. La sentinelle le salua, commençant à le connaitre. Curieux de voir où en était la situation, fireball grimpa sur la colline d'observation et salua d'un bref mouvement de tête les officiers présents. Les défenseurs avaient fondus comme neige au soleil ; seul une quarantaine de résistants campaient encore devant le royaume. Plus inquétant était la croissance des feux de camps tauren qui s'étaient considérablement élargis depuis le début. Le lendemain, à l'aurore, Poppu, chef des armées fit sonner les cors pour rassembler les combattants sylvains. Après une longue diatribe, il annonça le prochain objectif. Les alliés présents, accompagnés par la Sylve, allaient donner l'assaut aux portes du royaume pour l'envahir. Un sentiment d'excitation parcouru l'ensemble des combattants elfiques. Pour la plupart, l'invasion d'un royaume était un fait nouveau et fireball ressentait toujours une grande joie lors de l'annonce d'une invasion. Peut-être à tord, mais il en déduisit que par cette décision, l'Etat major coalisé poursuivait deux buts. Le premier était de marquer le coup en envahissant le royaume et le deuxième était qu'en envahissant le royaume, les allianceux s'éloignaient des campements taurens de plus en plus imposants, ces derniers ne risquant certainement pas de les suivre dans le royaume. La charge avait été programmé pour le lendemain, dans la soirée.
Fireball n'avait pu fermer l'oeil de la nuit. L'excitation sans doute, la peur de mourir de nouveau, peut-être. Ainsi levé aux aurores, il se dirigea vers un feu de camps dressé par les sylvains pour y prendre un petit déjeuner. Il se servit d'une boisson, qu'il ne connaissait pas mais qui avait été ramassé dans les camps des humains BITT. Cette mixture, d'une couleur noirâtre mais d'une odeur douce, avait la faculté d'éveiller les sens, même dans un état de fatigue intense. Les yeux encore embrumés, fireball accompagna la sentinelle faire sa tournée, se laissant distancer pour soulager une envie pressante, il ne fit pas attention aux deux yeux qui brillaient dans le bosquet voisin. La sentence ne se fit pas attendre, fireball s'effondra, la gorge tranchée par une lame troll et pendant que l'herbe buvait son sang, comme un vampire assoiffé, fireball ferma les yeux. Les courbatures furent encore plus douloureuses au réveil à cause de la nuit blanche effectuée précédemment quoique toute trace de fatigue ayant disparue avec la mort. Mais cette fois-ci, la mort gênait fireball, à cause d'elle, il n'avait pas pu prendre part à la charge et à l'assaut du royaume. Un sentiment de profond dégoût l'envahit mais il se dirigea quand même vers les portails. Une fois de plus, probablement maudis par les gnomes, il se retrouva dans une zone éloignée des conflits. Maugréant contre l'injustice de la vie, la hausse des impôts et les déforestations gnomes, il se mit en route en direction de ses frères. Après une chevauchée fantastique, il arriva au crépuscule, en vue du royaume. Il faisait trop noir et son tigre était trop fatigué pour s'aventurer dans une terre qu'il ne connaissait pas. Il fit demi-tour, s'éloignant des campements trolls et taurens et parti cueillir des pâquerettes dans un pré qu'il avait repéré. Avisant un bosquet à l'aspect sécurisant, il se fondit dans la nature pour passer la nuit en toute sécurité. Les premiers rayons d'argent de l'aurore le réveillèrent. Une fois sorti du bosquet et un léger sifflement plus tard, le voilà en train de chevaucher en direction du royaume troll.
D'abord prudent, par peur d'une embuscade, tous les sens aux aguets, fireball se dirigea aux pas vers les portes. Déjouant par tous les subterfuges elfiques qu'il connaissait la surveillance des campements trolls, il pénétra dans le coeur du coeur de la nation trolle. Le sol était jonché de cadavre et les marais avaient pris une couleur vert foncé, tandis que erraient, emplies de rage et de colère les âmes des trolls tombés au combat. L'invasion avait due être sanglante et les allianceux n'avaient pas du faire de quartier. Détachant son regard de cet horrible spectacle, fireball sussura quelques mots à l'oreille de son tigre qui parti au galop en direction de l'imposante citadelle trolle.
A l'approche de celle-ci il ralentit l'allure puis s'arrêta. Il observa cet étonnant édifice. Sortie des marais comme une pustule, la citadelle trolle était imposante, la base de ses murailles étaient ceintes d'une brume verdâtre d'organismes vivants en décomposition. L'odeur prenait à la gorge et faisait ressortir les relans de la décomposition de la chair. *Comment les Trolls peuvent-ils vivrent ici ?* s'interroga fireball avant de reprendre son observation. Les murailles semblaient rattachées aux arbres environnants par des lianes. Les arbres eux-même avait l'air inquiétant. Ils contrastaient énormément avec le vert des forêts elfiques, là, il semblait que les arbres étaient corrompus depuis leurs racines par les agents pathogènes résultants de la pourriture, leurs vert gris foncé semblaient menaçant et arracha un discret cri de douleur de son coeur elfique. Comment la nature avait-elle pu être aussi pervertie par les trolls, pourquoi Gaïa avait laissé faire pareille chose. Le coeur remplit de dégoût, il continua son observation. Une odeur nauséabonde attira son regard sur le sol. Enfin, si on peut parler de sol. Cela ressemblait plutôt à un humus de feuille et d'êtres en décomposition d'où s'écoulait de noirâtres et répugnants rus. Ces cours d'eaux se rejoignaient et former des mares infâmes ou personne n'envisagerait de tremper, ne serait-ce que ces vêtements. Fireball avait entendu différentes rumeurs sur le contenu de ces mares, certains prétendaient que dedans reposait des créatures monstrueuses qui se nourrissait des chaires en décomposition, d'autres prétendaient que ces mares étaient viciés par les centaines de millier de cadavres que les trolls y avaient jeté, ce qui avait transformé leur verte forêt en une sorte de végétation malade. Ces derniers estimaient que les trolls étaient des elfes qui avait été perverti par les marais qu'ils avaient créés. Reportant son regard sur la citadelle, il continua de l'observer.
Tout en haut des murailles, les étendards flottaient mais il ne s'agissait pas des étendards trolls. Ainsi l'alliance et les elfes avait réussi à prendre la citadelle, un léger sourire traversa son visage. S'arrachant à cette perversion de la nature, il se dirigea vers la citadelle pour y pénétrer. Les portes étaient éventrées et les cadavres trolls jonchaient sur le sol. Retrouvant ses frères, il se fit raconter l'assaut de la citadelle. Une fois repus, il pratiqua quelques soins sur les amis présents, notamment, la douce Sumita puis monta sur les remparts. Là où il s'attendait à voir des fumées de campements, il ne vit que les âmes des trolls qui montaient à l'assaut de la citadelle, furieuse de l'outrage que le royaume subissait. C'est de là haut qu'il put mesure l'ampleur de la perversion de la forêt trolle. Partout les marécages inondaient les racines des arbres, les pervertissant jusqu'à la moelle. Secouant la tête, il redescendit vers ses pairs tout en se jurant que les Trolls paieraient pour ce qu'il avait fait à Gaïa.
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"Vous qui, comme moi, êtes elfes, ne vous demandez pas ce que votre royaume peut faire pour vous, mais demandez vous ce que vous pouvez faire pour votre royaume."
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