Iranon en signe de soutien pour le premier ministre et farouchement favorable au maintien du cpe, se détourna du champs de bataille et sortit dans la rue.
Dehors, des hordes de pantins gesticulaient dans tous les sens, vociférant des slogans insipides. Leurs bannières étaient de soie, dorées à l'or fin, ils se réclamaient d'un combat contre la précarité.
Menés par des enragés cagoulés, on les exhortait à marcher en cadence et à répéter les inepties les plus incongrues. (Sans doute la suppression du service militaire trouvait là une maigre compensation)
Rejoint par des travailleurs de tout bord, ils se félicitaient aux côtés des organisations syndicales de leur force et de l'ampleur de leur rassemblement.
Ces gens qui cultivent leur aigreur - et sur lesquels les médias jettent leur dévolu à défaut de pouvoir trouver des optimistes en colère - semblaient assez fiers d'incarner pour un moment la justice et l'équité.
Convaincus de défendre une cause noble, drapés d'un altruisme de façade, ils se félicitaient d'arborer l'héritage de nos traditions révolutionnaires.
Jamais un foyer de contestation n'avait cessé de se manifester à quelque occasion que ce soit.
Embrigadés par les partis d'opposition successifs, les égarés, les oubliés et tous ceux dont l'esprit s'était suffisamment encombré au point de devenir facilement corruptible, pointaient leur doigt sur un coupable tout désigné.
A quoi bon se remettre en cause lorsque l'on vous propose d'affubler celui qui s'est vu confié toutes les responsabilités ?
La vision la plus triste et qui laissait le goût le plus amer était celle de ces jeunes.
Que des assimilés fonctionnaires, privilégiés au coeur d'un système à qui ils doivent tout se rebellent, soit. Ils n'apportent que la preuve de leur pitoyable condition.
Mais ces jeunes, eux en revanche, comment ont ils pu devenir si vindicatifs ? Peut-on avoir peur pour son avenir avant même d'en avoir savouré tous les mystères ?
Le cpe s'adresse à ceux qui bien avant de se poser des questions sur leur futur s'en posent sur leur présent. Ceux là on ne les voit nul part. Ils ne se plaignent sans doute pas tant que cela d'ailleurs...
Les chiffres du chômage n'indiquent pas combien d'entre eux exercent une activité illicite, vivent chez leur parent, recherchent véritablement du travail. Car du travail de l'accord de tous il y en a et sans pré requis (si si).
Quant à s'indigner de ne pas pouvoir souscrire de crédit avec un emploi encadré par un contrat précaire, on frise le ridicule. Rappelez moi combien de français sont propriétaires de leur logement ?
Tous les autres doivent être stupides ou extrêmement pauvres si des jeunes de - de 26 ans embauchés au travers d'un cpe ont les moyens de le devenir...
Revenons à notre cortège qui s'avançait donc sans hésitation, alors que d'innombrables yeux braqués sur lui restaient figés dans l'ombre.
La frustration était intolérable mais il fallait tenir et obéir. Dressés contre cette menace, seul et unique rempart entre le peuple et ses piteuses élites, d'autres perdants de l'aventure assistaient au spectacle.
Malgré la puissance de leurs arguments, 1+1 = 2 merci, les anti cpe allaient finir par l'emporter. Depuis le rejet de la constitution européenne plus rien ne faisait obstacle à la connerie. Par conséquent il me fallut agir et vite
M'élançant au beau milieu de l'avenue je sortais de mon carquois une flèche en mousse.
Tandis que je bandais mon arc, la foule paralysée, retint son souffle, frappée de stupeur.
Le projectile dans un sifflement aigu frappa violement le président de l'UNEF à la tête.
Le pourceau gisant sur le sol était toujours vivant néanmoins, l'honneur d'un elfe était sauf.
~Fin~
Pardon? 