Ainsi donc fûmes-nous conviés à cette menue gueuserie…
Non point que je fusse intéressé par cette sauterie, mais Lutèce était sur mon passage pour me rendre en Bretagne marier mon vieux frère, mais c’est une autre histoire…
Ainsi donc, je me levai, en ce samedi vingt-sept juin aux alentours de cinq heures du matin. Mes insomnies, fréquentes, me permirent de ne point trop souffrir de ce sommeil brutal.
Comme convenu, nous allâmes prendre place en notre voiture, cette dernière ayant été réservée quelques jours auparavant auprès de la Société Nationale des Chemins de Fers Français, compagnie nouvelle créée d'après les renseignements que je pris.
Alors que la demie de huit heures venait tout juste de sonner, nous arrivâmes en vue de la capitale de l’Empire. Le voyage fut agréable mais nous avions quelques minutes de retard sur l'horaire prévu. Aussi prévînmes-nous très vite le Sieur Khemri, par des moyens modernes, que nous arriverions en retard dans l’antre du troll. Nulle réponse de sa part. Il devait donc avoir accusé réception de notre pigeon moderne.
Aux alentours de dix heures, nous arrivâmes dans cette ville digne d’un ROI, connue sous le nom de Versailles. Je m’y sentais parfaitement à mon aise, mais fus quelque peu désappointé de constater que nul coche n’avait été dépêché pour transporter ma malle de voyage au logis. Quel affreux oubli ce fut là de la part de notre hôte…
Aussi fûmes-nous obligé de convoyer ce bagage à pieds jusqu’à la demeure des Sieurs Grom et Laurent. Le voyage fut long et éprouvant, surtout pour un débris comme nous, mais nulle pitié ne semblait avoir touchée ceux qui cheminaient par la route à bord de grosses machineries bruyantes. Quelle déchéance pour notre vieille personne…
Enfin, après bien des minutes de marche, nous arrivâmes au lieu dit. Là se dressait, fière et imposante, la bâtisse du gros Grom. Nous montâmes les marches jusqu’au deuxième étage, comme il nous fut indiqué de le faire lors d’une cession précédente. Heureusement que Grom n’avait pas de protection quelconque pour sa demeure, tel un pont levis, des douves ou une herse… La tâche me fut donc facilitée…
Mais la montée fut un calvaire… J’étais, moi, Sire, relégué à transporter mes pauvres bagages en plus de mes loques, tel un vulgaire valet. Quelle honte. Heureusement, nulle peinture ou gravure n’immortalise ce passage honteux de ma longue vie, indigne de notre auguste personne.
Arrivé devant la porte, exténué et las, nous sonnâmes.
Pendant un instant je restai indécis… Les hôtes de ce lieu auraient-ils donc oublié le vieux et se seraient-ils enfuis par une porte dérobée pour échapper à notre courroux ?
Mais non… Après bien des longues secondes, j’entendis des bruits de pas derrière la porte puis, quelques temps après, le bruit caractéristique de quelque cliquetis ou clenche. Enfin, la porte s’ouvrit à notre auguste personne.
Le jeune Hebi, gnome de son état, s’était déplacé tant bien que mal jusqu’à la porte pour venir ouvrir à son serviteur. Trop de bonté.
Nous entrâmes dans l’antre du troll après avoir salué ce dernier, puis vîmes pour la première fois un des plus fiers nains qui peuple le Lorndor… : Amonli. Avec respect et admiration nous lui rendîmes hommage, comme il était de coutume.
Après ces échanges d’amabilité, nous vîmes que Khemri, plus mort que vivant, gisait, affalé, sur un lit de fortune. Quelques gargarismes sans nom s’échappèrent de sa gorge sèche, mais nous parvînmes cependant à le saluer comme le frère de l’hôte qu’il était.
Bon, nous allons passer outre quelques événements sans importance pour revenir à l’essentiel… : Nous eûmes le temps, durant cette courte matinée, de prendre un petit déjeuner, de finir les chroniques de la lune noire et de voir apparaître l’orc puant et dormeur.
Enfin, vers quatorze heures, nous quittâmes l’antre pour rejoindre le lieu de rendez-vous tant attendu…
Sire
_________________ Au jeu d'échec, les fous sont les plus près du Roi.
|